Bonjour, c’est Florent à Kyiv, alors que je me prépare à quitter le pays pour passer les fêtes en France. J’espère que mon sommeil y sera plus profond, alors qu’une frappe russe sur la ville de Dnipro a fait quatre morts la nuit passée.

Au menu du jour, la tournée diplomatique se poursuit pour un Zelensky affaibli, acculé par les États-Unis et la Russie qui le poussent vers une paix sous forme de reddition. Certains commentateurs y voyant le chant du cygne de l’Ukraine et de son président.

photo journaliste

Florent Vergnes à Kyiv
02.12.2025

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Les infos que j'ai retenues pour vous

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Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron à Paris lundi. Christophe ENA/AFP

Une «semaine cruciale» en vue pour Kyiv, qui commence par la France. C’est ainsi que la cheffe de la diplomatie de l’UE, Kaja Kallas, a résumé la tempête déclenchée par le plan de Trump pour la paix en Ukraine. A Paris, Volodymyr Zelensky s’est entretenu avec Emmanuel Macron sur les prochaines étapes, alors que Bruxelles et Kyiv serrent les rangs pour éviter une paix au forceps favorable à Moscou. Si le président français a salué «l’effort de médiation» américain, il a insisté qu’»aucun plan finalisé» n’existe à ce stade, affirmant que toute solution doit être négociée «avec les Européens autour de la table».

RTL (FR)

Zelensky veut parler avec Trump des «questions clés». Car le plan américain reste flou sur le sort des territoires occupés par la Russie, qui couvrent près de 19 % du pays. Dans la première version, saluée par Moscou, le Donbass passait sous contrôle russe. Mais dans la mouture remaniée par Kyiv et ses partenaires, la question de ces régions orientales, épicentre du conflit depuis 2014, a disparu. Une ambiguïté qui, pour l’heure, convient à Kyiv comme à Moscou.

L’Express (FR)

L’Irlande, talon d’Achille de l’Europe face à Moscou ? À la veille de la visite de Volodymyr Zelensky à Dublin, des experts ont mis en garde contre la vulnérabilité de l’Irlande face aux opérations hybrides russes. Pays neutre et non membre de l’Otan, l’Irlande consacre seulement 0,2 % de son PIB à la défense, bien en deçà des standards européens. Son armée ne dispose d’aucun avion de combat, sa marine se limite à huit navires dont la moitié est hors service, et elle n’a ni capacités sous-marines ni radar primaire. Une fragilité jugée préoccupante: l’île, devenue la Silicon Valley de l’UE, abrite 75 % des câbles sous-marins reliant l’Europe aux États-Unis, indispensables à internet et à 8000 milliards de francs suisses de transactions par jour.

France 24 (FR)

Il est temps de raconter le monde

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🦅 Retour vers le sauvage. Face à la sixième extinction de masse, des pionniers se battent au jour le jour pour restaurer activement les écosystèmes. Qui sont ces réensauvageurs et surtout, que peuvent-ils?

Notre grand reporter Fabrice Delaye a sillonné la planète pour répondre à ces questions. Il en a tiré une enquête exceptionnelle par sa taille et son ambition, dont voici le premier tome (📖 feuilleter un extrait).

Elle nous mènera des hauts plateaux réensauvagés du Portugal à la luxuriante campagne anglaise, de la brousse kenyane à la jungle australienne.

Retour vers le sauvage - Tome 1

Dans mon radar aujourd'hui

Steve Witkoff rencontre Vladimir Poutine aujourd’hui. L’émissaire de Donald Trump doit s’entretenir pour la deuxième fois avec le maître du Kremlin, dans la foulée des négociations entre Américains et Ukrainiens dimanche. Cette réunion pourrait éclairer les intentions de Moscou concernant le plan américain, remanié la semaine dernière par les Européens et Kyiv. Mais une ombre plane: une fuite récente a entaché la crédibilité de Witkoff, soupçonné d’être acquis à la cause russe, compliquant encore la perspective d’un accord de paix.

RBC (EN)
Ca m'est arrivé cette semaine

Et si mes nuits troublées marquaient le début de la fin? Le ballet diplomatique s’intensifie, et les frappes aussi. Cela va bientôt faire un an que Trump tente d’imposer sa paix «en 24 heures» entre l’Ukraine et la Russie. Un an que je vis, tous les six mois, une espèce de tempête internationale qui nous fait pilonner les alertes et les urgences sur nos claviers au bureau de l’AFP. À chaque fois, on sort aussi déçus que lessivés de ces intenses semaines, mais avec un point positif: en ces périodes d’ergoteries, la Russie cesse ses frappes sur le pays. Hélas, pas cette fois.

Vendredi, le feu d’artifice à Kyiv a commencé aux alentours de 23h00. Timidement, d’abord: quelques drones, quelques tirs de mitrailleuses pour les abattre. Vers 3h00, ce sont les missiles qui sont entrés en fanfare. Une dizaine d’explosions, soutenues par le bourdonnement des shahed. Ensuite, viennent l’entracte et le message pour la suite du spectacle: «plus de 200 Shahed se dirigent vers la capitale», nous informe Telegram.

Les explosions se mêlent à mes rêves, ou me réveillent avec le cœur qui bat à 100 à l’heure. J’en profite pour remarquer que mon cycle de sommeil s’est habitué à celui des tueries. Mon oreille s’évertue, tout en dormant, à estimer la distance d’un drone ou celle du vol du missile au-dessus de la maison. Alors qu’un Kinzhal, missile supersonique, résonne dans ma chambre, ma compagne bondit, me regardant les yeux écarquillés, pour savoir s’il faut, ou non, aller se mettre dans le couloir. «Boarf, il ne va pas vers nous. Vu le son, il est déjà passé», lui dis-je encore assoupi.

L’attaque aura duré onze heures et prendra fin vers 9h00 du matin. Elle aura fait un mort, onze blessés, et privé 600’000 habitants de courant. Sans eau, je me suis lavé à la bouteille, bercé par le ronron des générateurs dans la rue. Pourtant, la vie reprendra à Kyiv, comme si de rien n’était.

Pourquoi cette fois-ci la Russie semble-t-elle se moquer totalement des conséquences diplomatiques de ses actes ?

«Vladimir, STOP !», avait lancé Trump en avril, après une frappe massive russe contre la capitale, alors en plein processus de paix. Là, rien. Les mauvaises langues diront que le dernier plan a été rédigé partiellement, voire entièrement, par le Kremlin, via des intermédiaires proches de Donald Trump. Peut-être, tout simplement, que la Russie n’a plus peur. Et c’est tout sauf une bonne nouvelle.

Mon labo slave

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Roustem Oumerov s’exprime lors d’une réunion avec le secrétaire d’État américain Marco Rubio en Floride, le 30 novembre 2025. Chandan KHANNA/AFP

Qui est Roustem Oumerov, nouveau négociateur en chef ukrainien? Après que l’ancien chef de cabinet du président, Andrii Iermark, a été chassé du palais pour soupçon de corruption, Volodymyr Zelensky a confié au secrétaire du Conseil de sécurité la mission de poursuivre les négociations de paix aux États-Unis. Né en exil en 1982, ce Tatar de Crimée, discret mais influent, a débuté en politique en 2019 avec le parti réformiste «Voix» avant de diriger le Fonds de la propriété d’État, puis le ministère de la Défense en 2023. Oumerov s’est illustré par ses pourparlers avec Moscou et des échanges de prisonniers, qui lui ont valu la réputation d’un négociateur pragmatique. Zelensky lui a fixé pour objectif de «travailler rapidement et substantiellement à mettre fin à la guerre». Mais le pari est risqué : Oumerov est visé par une enquête anticorruption dans la même affaire qui a entraîné la chute de Iermak.

Kyiv Independent (EN)

L’avancée russe s’accélère. Le Kremlin a affirmé hier avoir pris le bastion stratégique de Pokrovsk, dans l’est de l’Ukraine. Ce nœud logistique, crucial pour l’armée ukrainienne, était au cœur des affrontements depuis des mois. 32,5% des attaques russes y ont eu lieu en novembre pour 56,5 km² capturés. Ce dernier mois, la Russie aura conquis 701 km² en Ukraine, la plus grosse avancée depuis le début de la guerre. DeepState, qui publie des cartes open source, estime les gains à 505 km², concentrés à 40 % autour de Huliaïpole, dans la région de Zaporijjia.

RTBF avec l’AFP (FR)

Bruxelles hausse le ton contre Minsk. L’UE prépare de nouvelles sanctions contre le Bélarus, accusé d’orchestrer une «attaque hybride inacceptable» contre la Lituanie, a indiqué la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, hier. Depuis octobre, l’Etat balte voit passer des ballons météo chargés de cigarettes de contrebande venues du Bélarus voisin. L’histoire se serait arrêtée là s’ils ne s’étaient pas multipliés ces dernières semaines, poussant Vilnius à fermer ses frontières. En réaction, Minsk a saisi quelque 2000 camions lituaniens, après quoi l’UE a convoqué le chargé d’affaires bélarusse à Bruxelles.

Euroactiv (EN)

Heidi.news c'est...

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Ouvrier en train de replanter pour le projet Auro Verde à Eunápolis, dans la région de Bahia. | Re.green, courtoisie

Les milliards de Nestlé sauveront-ils la forêt de Darwin? Les crédits carbone offrent un espoir: employer l’argent des multinationales du Nord pour diminuer les émissions en restaurant les forêts au Sud. Mais le secteur, miné par les scandales, fait parfois figure de repoussoir. Au Brésil, la start-up Re.green semble vouloir tirer les leçons du passé. Au point de convaincre des entreprises comme Nestlé, qui y jouent leur réputation.

Heidi.news (FR)

Une raison d'espérer

Vous reprendriez peut-être un verre d’humidité? Des ingénieurs du MIT ont mis au point un dispositif ultrasonique capable de récupérer l’eau absorbée par des matériaux de captage atmosphérique en quelques minutes, contre plusieurs heures avec les systèmes thermiques. Le procédé repose sur des vibrations à haute fréquence qui rompent les liaisons entre les molécules d’eau et le matériau, permettant de former des gouttelettes. Alimenté par une petite cellule solaire, le système pourrait répéter l’opération plusieurs fois par jour. Selon les chercheurs, cette méthode est 45 fois plus efficace que l’évaporation solaire: peut-être une solution précieuse pour les régions désertiques.

MIT News (EN)
A votre service
«Tuez-les tous» : Pete Hegseth et ses probables crimes de guerre.

Le secrétaire américain à la Défense aurait ordonné de tuer «tous» les membres d’équipage d’un navire soupçonné de narcotrafic lors d’une opération en septembre.

Après une première frappe qui a détruit le bateau, deux survivants auraient été visés par une seconde frappe pour exécuter l’ordre.

Si les experts dénoncent un crime de guerre, le ministre joue la carte de la «fake news» et assure que les frappes étaient légales. Dans la foulée, le Congrès, y compris des élus républicains, a annoncé vouloir renforcer son contrôle sur le Pentagone.

Huffington Post (FR)

Votre correspondant. Plus ou moins journaliste, plus ou moins photographe, j’aime les pancakes et les bonnes histoires. Historien de formation, aussi organisé que l’armée russe et ponctuel qu’un bus malien, je fuis les lourdeurs de l’administration dans les pays où il n’y en a plus. Après douze palus et trois typhoïdes en Afrique, je redécouvre les saisons en Ukraine.

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