Bonjour, c’est Amaury à N’Djamena, d’où j’écris ce Point du Jour en profitant des derniers pourcentages de batterie de mon ordinateur et smartphone en partage de connexion. Encore une coupure!

Ce matin, je vous parle aussi d’une IA en Wolof, de footballeurs nigérians bloqués dans un aéroport libyen et d’une théorie afroptimiste sur Christophe Colomb…

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Amaury Hauchard à Adré
17.10.2024

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Les infos que j'ai retenues pour vous

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Une photographie street-art de l’activiste Paul Watson à Paris, fin septembre. | Keystone / AP / Louise Delmotte

Paul Watson demande l’asile en France. Le feuilleton sur cet activiste écologiste, détenu depuis le 21 juillet au Groenland sur la base d’un mandat d’arrêt international lancé en 2012 par le Japon, continue. Toujours en détention provisoire à Nuuk, dans l’attente que la justice danoise se prononce sur la demande d’extradition japonaise, il a demandé, selon son ONG Sea Shepherd, à la France un asile politique. Le militant «n’aura jamais de procès équitable» s’il est extradé, a accusé mercredi son avocat François Zimeray, partageant sa conviction que «s’il est incarcéré au Japon, il n’en sortira pas vivant».

France Info (FR)

Lafarge sera jugée pour «financement du terrorisme». Après sept ans de procédure judiciaire, le couperet est tombé mercredi: l’entreprise française de matériaux de construction Lafarge, désormais filiale du groupe suisse Holcim, sera jugée en France. Le cimentier est soupçonné d’avoir versé en 2013 et 2014, par l’entremise de sa filiale en Syrie Lafarge Cement Syria, 5 millions d’euros à des groupes djihadistes. Une autre information judiciaire, qui concerne des soupçons de complicité de crimes contre l’humanité de la société, est toujours en cours.

Le Monde (FR)

La mission de l’ONU au Liban dénonce un tir de char israélien sur une de ses positions. La Finul, la Force intérimaire des Nations unies au Liban, continue d’être prise en étau sur la frontière sud du pays. Depuis la mi-septembre, elle affirme avoir subi plusieurs incidents sécuritaires de la part de l’armée israélienne, qui tente de lui faire quitter ses positions du sud du Liban, ce que l’ONU refuse catégoriquement. Mercredi, les seize pays de l’Union européenne membres de la mission ont réitéré qu’ils resteraient, et dit vouloir «exercer une pression maximale aux niveaux politique et diplomatique sur Israël» afin d’éviter «de nouveaux incidents». De son côté, l’Etat hébreu a assuré que les Casques bleus n’étaient «pas une cible».

L’Orient-Le Jour (FR)

Il est temps de raconter le monde

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🌱🧑‍🔬 Au cœur de la lutte contre les semences industrielles. Quatre géants de l’agrochimie contrôlent 60% des semences certifiées de la planète, avec leurs engrais, leurs OGM et des graines qu’il faut parfois racheter chaque année. Résultat? Les cultures se sont standardisées, les sols se sont appauvris et les plantes sont devenues vulnérables au moindre choc. Une bactérie, une guerre, un climat détraqué, et adieu les patates.

Notre journaliste a arpenté les champs, les fermes et les stations de recherche pour découvrir que le remède à l’effroi, c’est l’espoir. Feuilleter un extrait ici.

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Dans mon radar aujourd'hui

Que va devenir l’influenceur anti-occidental Kemi Seba? Ce pourfendeur de la politique française en Afrique, activiste panafricain qui écume le continent pour dénoncer le néo-colonialisme hexagonal dans ses ex-colonies, a été arrêté lundi à Paris. Il est détenu depuis par les services de renseignement français et accusé, dit son avocat, d’«intelligence avec une puissance extérieure». Plusieurs enquêtes de médias, notamment Jeune Afrique, ont exposé par le passé les liens entre l’activiste et Moscou, qui le financerait depuis plusieurs années. Alors qu’il est né et a vécu une large partie de sa vie en France, Paris l’avait déchu de sa nationalité en juillet pour ces raisons. Il serait entré sur le territoire français le week-end dernier avec son passeport diplomatique nigérien, qu’il tient de son poste de conseiller spécial à la présidence des autorités militaires qui ont pris le pouvoir par les armes en 2023. A la fin de sa garde à vue, qui a été prolongée mercredi pour une nouvelle journée, il risque une extradition vers le Bénin, dont il détient également la nationalité. Mais son avocat, Juan Branco, estime qu’une extradition vers Cotonou serait synonyme d’«arrestation» pour Kemi Seba tant il a dénoncé la politique du président Patrice Talon. Affaire à suivre…

Wakat Sera (FR)
Ca m'est arrivé cette semaine

Vingt-quatre heures sans Internet. En écrivant le titre, je me suis demandé si ça valait vraiment le coup d’en parler: finalement, vingt-quatre heures sans réseau, c’est pas mal, non? Et puis, j’étais plutôt content de ne plus avoir un portable qui vibre au fond de la poche… Sauf que ça en dit beaucoup, quand même. Je vous raconte.

Mardi matin, aux alentours de 9h, les trois barres du réseau Internet des deux opérateurs téléphoniques présents au Tchad ont cessé de s’afficher. Les coupures sont courantes ici, mais celle-ci a été particulièrement longue: ce n’est qu’à 10h12 hier matin, après une journée d’absence, que la connexion est revenue.

Tout le pays a été coupé du reste du monde pendant vingt-quatre heures. La faute à une «coupure de la fibre optique internationale», a expliqué par texto mon opérateur à 12h09. Il était obligé de se justifier tant les coupures du réseau internet sont davantage politiques que techniques dans cette région du monde. La dernière en date aussi longue que celle d’hier remonte à février quand une opération militaire était en cours pour interpeller un opposant majeur — il a finalement été tué d’une balle dans la tête lors de ladite opération.

C’est la première raison d’en parler: dans un pays où le pouvoir politique agite le spectre des multiples risques de déstabilisation — qui sont parfois justifiés, bien sûr — les questions ont vite circulé. «Il se passe quelque chose?», demande un ami en milieu d’après-midi mardi. «C’est bizarre, non?», dit un autre en fin de journée. A ce moment de la journée, devenu moi-même sceptique, je fais la tournée en moto de gens qui, je pense, pourraient en savoir plus. Mais personne ne sait. Silence radio.

La deuxième raison, plus compliquée à saisir à chaud, est l’impact économique d’une telle coupure. «J’avais une réunion en ligne très importante que j’ai ratée», poste sur les réseaux sociaux un fonctionnaire international tchadien. Plus largement, quid des banques, des hôpitaux, des acteurs économiques, des administrations publiques et des échanges commerciaux? «Ces coupures d’Internet nous ralentissent!», peste le directeur d’une grande banque en province.

Mercredi en milieu d’après-midi, le premier ministre a reçu les opérateurs téléphoniques, dénoncé un «sabotage de l’action gouvernementale» et demandé des comptes. En attendant, il est 19h30 mercredi, heure à laquelle je vous écris ces lignes, et l’Internet est revenu… Mais c’est le courant électrique qui vient de sauter!

Mon labo africain

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Les joueurs de l’équipe nationale de football du Nigeria en train de dormir dans l’aéroport d’Al Abraq en Libye. | Compte X / William Troost-Ekong, capitaine des Super Eagles

Bloquée vingt heures dans l’aéroport… Et puis s’en va. L’équipe nationale de football du Nigeria a tourné casaque mardi après avoir passé un peu moins d’une journée bloquée dans un aéroport secondaire de l’est libyen, où leur avion a été détourné lors de sa descente sans qu’une raison soit avancée. A leur arrivée dans l’aéroport d’Al Abraq, pas d’accueil ni staff dédié, pas de bus pour faire sortir l’équipe du terminal et rien à se mettre sous la dent. Voilà les joueurs qui s’endorment sur les sièges de la salle d’attente, se filment, préparent des publications furieuses pour leurs réseaux sociaux (il n’y a pas Internet dans l’aéroport)… Finalement, le match a été annulé par la Confédération africaine, le Nigeria a dénoncé un traitement inhumain et une enquête a été ouverte.

Afriqinfos (FR)

«La Noire de…» retour en salles. C’est le premier film répertorié d’un cinéaste africain, et pas n’importe lequel: Ousmane Sembène, monument sénégalais du 7e art et de la littérature, réalisateur des premiers films décoloniaux et critique jamais rassasié des affres de la colonisation française. Dans La Noire de…, qui vient de ressortir en salles en France, une jeune nourrice sénégalaise Diouana est emmenée à Antibes (sud de la France) par ses «patrons» pour y garder les enfants. Elle qui rêvait de la France déprime, déchante. On est en 1966, six ans après l’indépendance, et les thèmes ne peuvent être davantage d’actualité: la relation entre l’ex-colon et l’ex-colonisé, l’exil et la santé mentale qui y a trait, le rêve d’Europe…

TV5 Monde (FR)

Avant Christophe Colomb, des Ouest-Africains aux Amériques? C’est une théorie passionnante qui tient à un seul texte du 14e siècle: un compte-rendu d’un entretien entre l’empereur du Mali Mansa Musa et le sultan du Caire, ville-étape du premier lors de son pèlerinage à la Mecque en 1324. Dans ce texte, l’empereur évoque son prédécesseur, parti en pirogue vers l’Ouest, à travers l’océan Atlantique découvrir sa «limite». Il n’en est jamais revenu. Le média nigérian The Republic revient sur cette «hypothèse controversée» et propose, qu’elle soit vérifiée ou non, d’en tirer des conclusions: «décentrer Colomb comme emblème d’une histoire impériale» et, pour écrire une histoire commune, «nous devons recadrer notre pensée, en imaginant un avenir — ou peut-être un passé — plus coopératif que nous ne le pensons aujourd’hui».

The Republic (EN)

Une raison d'espérer

Une IA en Wolof. On en a déjà parlé ici par le passé: l’appropriation des avancées technologiques en langues vernaculaires, ou au contraire la barrière qu’elles forment aux IA pour intégrer des contenus, sont des barrières immenses. La toute jeune start-up sénégalaise Andakia vient d’annoncer le lancement d’AWA, «la première IA capable de comprendre et de parler parfaitement le Wolof» selon l’un de ses concepteurs sur les réseaux sociaux. «Et bientôt d’autres langues africaines». Il est encore un peu trop tôt pour l’essayer, mais la promesse est de taille: proposer aux quelque 560 millions d’Africains ne parlant ni anglais, ni français, selon l’équipe d’Andakia, d’accéder à une IA dans sa langue.

X (FR)

Votre correspondant. Il ne faut pas gâter l’affaire! C’est ce qu’on dit aux journalistes toubab débarquant sur le continent africain en quête d’histoires aussi exotiques qu’extravagantes. Alors depuis sept ans, j’essaie de raconter la normalité. Parisien d’origine, j’ai roulé une petite bosse ici et là en Afrique, du Malawi à la Mauritanie, du Mali à la Centrafrique, du Cameroun à Sao Tomé. Depuis le début de l’année, mes valises sont posées au Tchad.

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