Les infos que j'ai retenues pour vous

Keir Starmer en tenue de combat. © The Daily Telegraph

Keir Starmer prêt à envoyer des soldats britanniques en Ukraine si nécessaire. Dans un article exclusif publié dans The Telegraph hier, le premier ministre britannique assure ne pas «dire cela à la légère». Et d’ajouter: «aider à garantir la sécurité de l’Ukraine, c’est aider à garantir la sécurité de notre continent et la sécurité du pays». Un recentrage pro-Européen bienvenu alors que Keir Starmer doit participer à la réunion de Paris aujourd’hui (voir notre radar), et alors qu’il a souligné à nouveau que «le soutien américain restera primordial et la garantie de sécurité américaine est essentielle pour une paix durable parce que seuls les Etats-Unis peuvent dissuader Poutine d’attaquer à nouveau».

Benyamin Netanyahou et Donald Trump unis contre Téhéran. Le premier ministre israélien a promis, à l’occasion d’une conférence de presse aux côtés du secrétaire d’Etat américain Marco Rubio, en visite en Israël, de «terminer le travail» contre l’Iran avec le soutien du président américain. Le voyage de Rubio, premier dans la région, coïncide avec l’envoi par Washington d’une cargaison de bombes lourdes à l’Etat hébreu. Les agences de renseignement américaines avertissent néanmoins que des frappes israéliennes sur les sites nucléaires iraniens pourraient provoquer l’extension de la guerre au Moyen-Orient.

La crise humanitaire et sécuritaire s’accentue en République démocratique du Congo. Des milliers de Congolais ont fui vers le Burundi après la prise de Bukavu, la capitale de la province du Sud-Kivu, par les combattants du M23, d’anciens rebelles tutsis du Congrès national pour la défense du peuple, et les troupes rwandaises. Cette situation alarmante, avec plus de 10’000 réfugiés arrivés depuis vendredi, soulève des inquiétudes quant à une possible escalade du conflit. L’Union africaine a appelé au retrait immédiat du M23, tandis que la communauté internationale craint une déstabilisation accrue de la région. Les pillages et l’insécurité à Bukavu ajoutent à l’urgence de la situation.

Il est temps de raconter le monde

🇺🇦 Ukraine: mille ans de guerres et à la fin, une nation. Mettez «bataille de Kiev» dans un moteur de recherche, et vous trouverez au moins 23 dates, entre l’an 898 et 2022. Durant ce millénaire, malgré sa géographie, malgré ses ressources, malgré la Russie, malgré la paresse et l’ignorance du monde occidental, malgré l’impéritie de ses propres dirigeants, envers et contre tout, l’Ukraine existe encore. Il ne sera donc pas trop de dix dates pour prendre du champ sur la guerre.

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Dans mon radar aujourd'hui

Le premier ministre britannique Keir Starmer, le président français Emmanuel Macron, la Haute représentante pour les affaires étrangères Kaja Kallas et le premier ministre polonais Donald Tusk à Bruxelles, le 3 février 2025. © Keystone / EPA / Olivier Hoslet

Un sommet d’urgence sur l’Ukraine à Paris. Il devrait réunir, à l’initiative d’Emmanuel Macron, les principaux dirigeants européens, alors que les Etats-Unis mènent des pourparlers de paix avec la Russie sans l’Europe - Donald Trump a assuré hier que sa rencontre avec Vladimir Poutine pourrait intervenir «très bientôt». Le ministre français des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a minimisé l’importance de la rencontre, la qualifiant de simple «réunion de travail» sur la sécurité européenne, histoire de ne pas se faire entièrement dicter son agenda par Washington. Mais l’absence de l’Europe dans les discussions de paix suscite des inquiétudes croissantes, alors que la Chine affiche chaque jour plus ardemment sa volonté de jouer à plein son rôle de facilitateur.

L’ancien chef de la triade 14K de Macao, Wan Kuok Koi, alias «Dent cassée» (au centre) lors d’une cérémonie à Kuala Lumpur en juillet 2018 marquant l’établissement du siège de l’Association mondiale d’histoire et de culture Hongmen. © Capture d’écran de vidéo promotionnelle

Les triades, encore. Ce week-end, des élèves de première du Lycée français international m’ont interviewé sur les triades à Hong Kong. Je connais leur prof d’histoire, et puis il m’est arrivé d’écrire sur le sujet et j’ai récemment été à la manœuvre pour réaliser tous les entretiens à Hong Kong et Macao pour le docu en trois épisodes d’Antoine Vitkine sur le sujet, intitulé La mafia chinoise à la conquête du monde. Il est disponible jusqu’en janvier 2026 sur Arte, donc si vous ne l’avez pas déjà vu…

S’agissant de l’histoire, ça m’a donné l’occasion de rappeler que contrairement à ce qui se dit souvent, la naissance des triades aux 17e et 18e siècles est avant tout liée aux «désordres» de l’époque et aux défaillances de l’Etat qui ne parvenait pas à protéger les segments les plus pauvres de la société. Ce sont donc des associations d’entraide et d’auto-défense. Et le côté patriotique de la lutte contre la dynastie Qing (1644-1912), d’origine mandchoue, par fidélité aux Ming (1368-1644), d’origine plus chinoise, est un artifice marketing qui est venu s’ajouter pour justifier une certaine tolérance à l’égard de ces organisations qui prospèrent grâce à leurs activités illégales, souvent violentes. En gros, ces sociétés dites secrètes apparaissent et se développent dès que l’Etat n’assume plus correctement ses fonctions protectrices. Même chose avec l’arrivée des puissances coloniales au 19e – Hong Kong est fondé en 1842 – et puis à chaque période de troubles (la révolte des Taiping dans les années 1860) ou de changement radical de régime (la République de Chine en 1912, la République populaire en 1949 ou autour de la rétrocession de Hong Kong en 1997). C’est là aussi que l’on réalise que les valeurs d’ordre peuvent être disjointes de la lutte contre la criminalité.

Sur la présence toujours effective des triades aujourd’hui à Hong Kong, il suffit d’ouvrir le journal pour s’apercevoir que le Organized Crime and Triad Bureau, créé en 1956 à une époque où les rivalités entre les communistes et les nationalistes faisaient des morts par dizaines dans l’ancienne colonie britannique, n’a toujours pas été dissout. Chaque année, il organise d’ailleurs une grande opération de nettoyage de la ville jamesbondesquement appelée Thunderbolt. Et puis, pas plus tard que la semaine dernière, la rivalité entre la Wo Shing Wo et la Sun Yee On a fait un mort alors que les petites frappes se trouvaient en cellule dans un commissariat de Yuen Long… Yuen Long? La grande banlieue où des groupes mafieux s’en sont pris aux manifestants pro-démocratie le 21 juillet 2019 et où la police a quelque peu tardé à agir! Mais je m’égare. Soyons honnête malgré tout, le Hong Kong d’aujourd’hui n’a plus grand chose à voir avec celui des années 1970, et ce qui a vraiment changé la donne c’est la création de l’Independent Commission Against Corruption en 1974, à une époque où l’administration coloniale britannique commence à se soucier un peu plus sérieusement de lutter contre la criminalité, et donc de nettoyer les écuries d’Augias de sa police coloniale.

Quatre ans avant la rétrocession à la Chine, en 1993, le ministre chinois de la sécurité publique Tao Siju n’avait pas hésité à dire que tant que les triades étaient «patriotiques», et se souciaient avant tout «de la prospérité et de la stabilité de Hong Kong», il ne fallait pas hésiter à «s’unir» avec elles. Lors des grandes manifs prodémocraties de 2014 et 2019, des chercheurs de Hong Kong ont d’ailleurs révélé que ce «patriotisme» signifiait un alignement strict avec les volontés de Pékin.

Je vous passe mes années Macao – 13 ans quand même – où l’on peut dire que la remise en cause du pacte entre les casinos et les triades ne date vraiment que de novembre 2021, avec l’arrestation d’Alvin Chau, le patron de Sun City, la plus grosse des junkets du territoire, ces sociétés euphémisées en «promoteurs du jeu» qui trônaient jusqu’alors sur les salles de Baccarat privées. Lui-même ancien de la 14K, l’une des plus importantes triades de Hong Kong, Chau a tout de même écopé en 2023 de 18 ans de prison pour «fraude, paris illégaux et association de malfaiteurs». Un désamour tardif, mais coûteux…

Mais ces mafieux survivent parfois à la prison: Wan Kuok-koi, alias «Dent cassée», un ancien de la 14K qui avait écopé de 15 ans d’institution de haute sécurité pour avoir, entre autres, tenté d’assassiner le chef de la police de Macao, opérerait aujourd’hui dans les bitcoins et les fermes à arnaques en ligne à la frontière birmane. Depuis 2017, Wan dirige aussi la World Hongmen History and Culture Association, une organisation qui se réclame de la Tiandihui, l’une des premières triades fondées au 18e siècle…

Mon labo chinois

Mise à jour de la fiche Taïwan sur le site du département d’Etat américain. © Capture d’écran

Statut de Taïwan: un pas de côté pour la diplomatie américaine. Le Département d’Etat américain vient de discrètement retirer de sa fiche d’information sur Taïwan la mention selon laquelle les Etats-Unis ne soutiennent pas l’indépendance taïwanaise, l’une des principales garanties politiques que Washington concède à Pékin depuis plus de quarante ans. Cette mise à jour, supposément de «routine», réaffirme néanmoins l’engagement des Etats-Unis à résoudre les différends entre les deux rives du détroit de manière pacifique, et leur opposition «à tout changement unilatéral du statu quo». Le ministère taïwanais des affaires étrangères n’a pas manqué d’exprimer sa gratitude pour ces ajustements, saluant les «positives Taiwan-friendly wordings» comme une avancée majeure!

Un record de désamour. En 2024, le taux de mariage en Chine a chuté de 20%, atteignant son niveau le plus bas depuis 1986, année des premières statistiques disponibles. Une tendance qui s’est accentuée et qui reflète un changement profond dans les attitudes envers le mariage et la famille, malgré les incitations gouvernementales. Nombre de jeunes Chinois, confrontés à des pressions économiques et sociales croissantes, semblent de plus en plus réticents à convoler en justes noces, préférant souvent une vie de célibat ou reportant indéfiniment cette étape traditionnelle. Côté officiel, on s’inquiète des répercussions sur la crise démographique du pays, et donc des contrariétés politiques et économiques qu’elles ne manqueront pas d’engendrer.

La Chine construit des alliances spatiales en Afrique. En réalité, près d’une vingtaine d’accords dans le but de surpasser les Etats-Unis dans ce domaine. Les investissements dans les satellites et les infrastructures permettent à l’Empire du milieu de gagner des amis – et de mieux surveiller le ciel – alors que les Etats-Unis réduisent leur aide aux pays en développement. Et ce n’est qu’un début: en septembre dernier à Pékin, le président chinois Xi Jinping a déclaré que les satellites, ainsi que l’exploration de la Lune et de l’espace lointain, figureraient parmi les priorités des 50 milliards de dollars de prêts et d’investissements chinois destinés à l’Afrique au cours des trois prochaines années. Des investissements qui permettent aussi à la Chine d’accéder aux données de surveillance collectées par les satellites et les télescopes ainsi que d’assurer une présence permanente dans les installations qu’elle a contribué à construire.

Les médicaments génériques de moins en moins efficaces. Et la colère des patients gronde en Chine contre les prescriptions des hôpitaux publics. Les médecins attribuent le problème au système d’approvisionnement en médicaments du pays, qui privilégie les génériques bon marché au détriment de la sécurité des malades. Les autorités ont beau clamer que les plaintes sont subjectives, les craintes du public ne semblent pas en passe de s’apaiser. Une controverse qui jette une lumière crue sur les défis auxquels est confronté le système de santé chinois, déjà sous pression en raison d’une population vieillissante et de ressources limitées.

Une raison d'espérer

Cure de jouvence pour les batteries au lithium. Des chercheurs de l’Université Fudan à Shanghai sont parvenus à prolonger la durée de vie des batteries lithium-ion de 500 à 2000 cycles de charge jusqu’à 60’000, soit au maximum 120 fois plus! Leur méthode est pour le moins révolutionnaire puisqu’il s’agit d’injecter dans les batteries amorphes un sel de lithium organique, sans démontage ni recyclage coûteux. Une technologie également susceptible de réduire les coûts de remplacement pour les utilisateurs et les coûts opérationnels de tout le secteur de l’électricité. La Chine a mis hors service plus de 580’000 tonnes de batteries de véhicules électriques en 2023, un nombre qui pourrait atteindre 3,5 millions de tonnes par an d’ici 2030.

Votre correspondant. J’ai découvert l’univers chinois dans les années 1980, avant de m’installer à Hong Kong en 1994. Depuis, je m’efforce de rendre cet Orient de moins en moins lointain aussi accessible que compréhensible. Il faut lire le très beau portrait publié dans Foreign Policy vendredi dernier de «Jerry» Cohen, une légende vivante sur le droit chinois, pour se rappeler que les Etats-Unis peuvent aussi et souvent produire les intelligences les plus subtiles et humaines de la planète.