Bonjour, c’est Florent à Kyiv, où les hurlements des sirènes antiaériennes ont le bon goût de couvrir le râle de mon ordinateur agonisant, alors que je finis cette lettre sur mon lit.
Au menu du jour, pas de retour prévu pour les Gazaouis selon Trump, rencontre entre Zelensky et Vance sur la paix en Ukraine et la crise politique qui s’enlise en Roumanie. |
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Les infos que j'ai retenues pour vous
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Des personnes marchent avec leurs affaires sur le pont de Wadi Gaza entre la ville de Gaza et Nuseirat, le 10 février 2025. Eyad BABA/AFP
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Pas de retour pour les Gazaouis, dit Trump.
Le magnat de l’immobilier et président des Etats-Unis a une lubie : transformer la bande de Gaza, «un terrain magnifique», en «Riviera». Acclamé par le Premier ministre Israélien Benyamin Netanyahou, pour qui le projet est «révolutionnaire», il a surtout créé un tollé dans le monde arabe. Hier, Donald Trump a enfoncé le clou au micro d’un journaliste de Fox News, qui lui demandait si les Palestiniens auraient «le droit au retour» dans le territoire ravagé par la guerre. Réponse de l’intéressé: «Non, ils ne pourront pas, car ils auront des logements bien meilleurs». Face au refus de l’Egypte et de l’Algérie d’accepter sur leur territoire une population gazaouie exilée, Trump a évoqué la possible fin des aides bilatérales que leur verse Washington — respectivement 1,45 et 1,3 milliards de dollars
AP (EN)
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Rupture entre Israël et le Hamas qui s’accusent de violer le cessez-le-feu.
La tension remonte au Proche-Orient alors que le mouvement palestinien a annoncé hier le report sine die de la prochaine libération d’otages israéliens prévue samedi. En réponse, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a appelé son armée a se préparer à «tous les scénarios». Le bureau de Benyamin Netanyahou avait annoncé un peu plus tôt le retour de la délégation israélienne du Qatar, censé préparer la deuxième phase de l’accord de cessez-le-feu.
France 24 (FR)
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Accident tragique au Guatemala.
Un autocar a basculé dans un ravin hier, tuant 51 des 75 passagers à bord. Le bus aurait percuté plusieurs voitures avant de tomber du pont de Belize, principal axe permettant d’entrer dans la capitale du pays, Guatemala. Le président Bernardo Arévalo a décrété hier un «deuil national» suite à cet accident, l’un des plus meurtriers de ces 10 dernières années en Amérique latine .
Voice of America (EN)
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Il est temps de raconter le monde
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Dans mon radar aujourd'hui
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L’équipe de Trump se rendra en Ukraine.
C’est un bond en avant pour de possibles pourparlers entre Kyiv et Moscou. Volodmyr Zelensky rencontrera le vice-président américain J-D Vance vendredi, lors de la Conférence de Munich sur la sécurité. Durant l’événement, les Etats-Unis devraient présenter leur plan de paix pour mettre fin à la guerre entre l’Ukraine et la Russie. Keith Kellogg, l’envoyé spécial du président américain sur ce dossier, se rendra quant à lui en Ukraine le 20 février. Une première depuis la nomination de Donald Trump, qui avait promis une paix en «24 heures».
Swiss Info (FR)
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Un Ukrainien, perdu dans la brume à Kyiv. (Florent VERGNES/Heidi News)
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Ca m'est arrivé cette semaine
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Mais en fait, ça veut dire quoi être ukrainien ?
Il vous sera bien difficile de répondre à cette question, sachant que les intéressés eux-mêmes ne cessent de se la poser, même si, au quotidien, elle se formule autrement.
Il y a trois ans, cette même semaine, Washington lançait des alertes à répétition: la Russie s’apprête à envahir l’Ukraine. Peu sont ceux qui écoutent, et rares les journalistes qui y croient. Pourtant, 1082 jours plus tard, «l’opération spéciale» de Poutine, qui se voulait éclair, continue de faucher les vies, grossissant chaque jour les tristes rangs de l’armée des morts. Plus d’un demi-million de chaque côté.
Mais cette semaine, les pourparlers de paix semblent prendre corps et le président Zelensky s’apprête à rencontrer l’administration de Trump. «Une aubaine», pensent mes amis français, qui voient la fin de la guerre proche. Pourtant, ici, ce nouveau saut dans l’inconnu soulève des questions. Que va-t-il advenir de l’Ukraine ? Est-ce qu’un Etat amputé de cinq régions, c’est toujours l’Ukraine? Est-ce qu’on est un lâche si on ne veut pas mourir pour sa patrie, même si tout semble perdu? Dois-je fuir à l’étranger ou rester?
Dans la voiture qui nous amène dans le centre du pays, mes deux collègues abordent la question sans la formuler. Serhii vient du Donbass, à l’extrême Est. Vitalii de la région de Kyiv, la capitale. J’ai changé les prénoms, pour des raisons d’anonymat.
L’accord de paix, c’est une défaite», s’emporte le premier. Lui, qui a toujours refusé de se battre, par peur et par dégoût de la corruption, l’assure: «Si Zelensky appelle aux armes, je les prendrai.
«Et moi, je prendrai de tes nouvelles depuis la côte espagnole», ironise le second.
Chacun est touché par la guerre, Serhii a ses parents bloqués du côté de Bakhmout, en zone occupée par la Russie. Vitalii a ses deux frères et son père sur le front, et sent l’étau se resserrer autour de lui, à chaque fois qu’il fait un pas dehors. Les deux sont ukrainiens. Mais Serhii, qui se disait russe et parlait russe avant 2022, est aujourd’hui celui qui veut le plus en découdre. Le combat doit se faire jusqu’à la mort du dernier homme encore debout, même sans aide américaine. Une opinion partagée par de nombreux militaires sur le front, qui ne lâcheront pas les armes même en cas de paix. Pour Serhii, une élection, voulue par Donald Trump, sonnerait la fin de l’Ukraine et verrait, grâce à la désinformation, l’émergence d’un nouveau pantin de Moscou. Comme avant 2014, avant que le peuple n’en décide autrement durant Euromaïdan.
Vitalii, quant à lui, veut laisser le Donbass. C’est fini. La zone minière de l’Est est perdue, tout comme la Crimée. Il faut se concentrer pour reconstruire l’Ukraine qui reste. Au début de l’invasion, le 24 février 2022, le soulèvement populaire avait permis de faire reculer Moscou et de l’empêcher d’entrer dans la capitale. Hommes et femmes, jeunes et vieux… ils étaient nombreux à avoir brassé du cocktail Molotov, appris le maniement des kalachnikovs dans leur jardin et soudé des herses pour bloquer les chars. Aujourd’hui, le dépit semble l’avoir emporté. «Et il faut faire avec», soupire Vitalii.
«Mais sans le Donbass, ce pays est-il encore l’Ukraine ?», demande Serhii. Touché.
Un point les met d’accord cependant. Quoi qu’il advienne, la Russie attaquera à nouveau, jusqu’à ce que tout ce territoire, qu’ils appellent leur pays, finisse par disparaître.
Déjà cerné à l’Est par la Russie qui continue son assaut et ses frappes quotidiennes, par un président biélorusse pro-Kremlin et hostile au Nord, un populiste en Hongrie et un état indépendantiste assujetti à Moscou à l’Ouest… Voilà maintenant que la Roumanie semble sur le point d’élire un président qui assure que l’Ukraine est un «état artificiel» et menace d’en annexer une partie.
Ca veut dire quoi être ukrainien? La réponse est autant plurielle que sa société est fracturée. Malgré les accords de cessez-le-feu qui semblent ravir mes proches en France, l’Ukraine est aujourd’hui plus que jamais menacée, alors que le crépuscule de la guerre rangée fait dresser sur le pays le spectre d’une guerre civile.
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Le président roumain Klaus Werner Iohannis au Parlement européen à Strasbourg, le 7 février 2024. Frederick FLORIN/AFP
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La Roumanie s’enfonce dans la crise politique.
C’était une première pour un pays de l’Union européenne: les élections présidentielles avaient été annulées en novembre du fait de soupçons d’ingérence russe suite à la percée du candidat d’extrême droite Calin Georgescu, laissant le sortant en poste. Mais hier, face à la grogne de dizaines de milliers de Roumains qui on dénoncé un «coup d’Etat», Klaus Iohannis, le président libéral et europhile au pouvoir depuis 10 ans, a annoncé quitter ses fonctions. Les élections, prévues en mai, inquiètent l’Ukraine. Calin Georgescu, l’outsider prorusse, l’avait qualifié «d’Etat artificiel» et fait part de ses désirs d’annexer les régions ouest du pays.
France Info (FR)
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La Transnistrie rejette l’offre de l’UE pour l’énergie.
Cette région séparatiste prorusse de Moldavie, voisine de l’Ukraine, est confrontée à de graves pénuries d’énergie. Gazprom y a suspendu ses livraisons de gaz en janvier, suite à la fin d’un accord de transit par l’Ukraine. Dans le même temps, la fourniture d’électricité de la Moldavie dépend entièrement d’une centrale au gaz située en Transnistrie. L’Union européenne avait proposé un soutien de 56,35 millions de francs suisses à la région autonome. Pour le Premier ministre moldave, Dorin Recean, il faut voir dans le refus d’hier la main de Moscou, qui tente d’influencer la politique de la région.
Kyiv Independent (EN)
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Les Etats baltes connectés à l’énergie européenne.
Dépendants de l’électricité russe depuis la fin de l’Union soviétique, la Lituanie, l’Estonie et la Lettonie ont achevé dimanche leur intégration au réseau de l’UE. Ces trois Etats membres de l’Union et de l’Otan ont accéléré le retrait du giron de Moscou suite à l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, redoutant les chantages via l’approvisionnement en électricité. Dans le même temps, plusieurs câbles sous-marins de télécommunications et d’énergie ont été endommagés en mer Baltique ces derniers mois, et certains dirigeants européens pointent Moscou du doigt.
RTBF (FR)
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En Australie, l’oeuf qui accouche de l’espoir.
La perruche nocturne est décidément un animal particulier. L’oiseau, qui vit dans des terriers, est très discret à l’état sauvage. Si discret qu’on l’a cru disparu pendant une centaine d’années, jusqu’à ce que l’on identifie à nouveau un individu en 2013. ABC Australie a rapporté, la semaine dernière, la découverte d’un œuf de perruche nocturne – le second jamais observé. Un signe que la population croît. Si l’œuf n’a pas été fécondé, il reste d’un grand intérêt pour les scientifiques, qui veulent comprendre la méthode de reproduction de l’animal pour mieux le protéger.
ABC Australia (EN)
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Votre correspondant.
Plus ou moins journaliste, plus ou moins photographe, j’aime les pancakes et les bonnes histoires. Historien de formation, aussi organisé que l’armée russe et ponctuel qu’un bus malien, je fuis les lourdeurs de l’administration dans les pays où il n’y en a plus. Après douze palus et trois typhoïdes en Afrique, je redécouvre les saisons en Ukraine.
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Avenue du Bouchet 2
1209 Genève
Suisse
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