Les infos que j'ai retenues pour vous

Le président russe Vladimir Poutine à Moscou, le 19 décembre 2024. © Keystone / EPA / Yuri Kochtkov

Reprise de contact possible entre Poutine et Macron. Le maître du Kremlin se dit «prêt au dialogue» avec le président français, en écho aux propos d’Emmanuel Macron qui juge qu’il va «redevenir utile de parler» à son homologue russe. L’Elysée a souligné que tout échange se ferait «en toute transparence» avec Volodymyr Zelensky et les Européens. Par ailleurs, le Financial Times affirme que c’est le président français qui a freiné l’utilisation pour l’Ukraine des 210 milliards d’euros de fonds russes gelés en Europe exigée par chancelier allemand Friedrich Merz, et cela pour gagner le soutien de Georgia Meloni dans le report de la signature de l’accord de libre-échange avec le Mercosur.

Washington traque un nouveau tanker au large du Venezuela. Les autorités américaines poursuivent le pétrolier Bella 1 en haute mer après une tentative d’interception avortée par les garde-côtes américains. Le tanker est soupçonné de faire partie de la «flotte fantôme» impliquée dans l’acheminement d’hydrocarbures sous sanctions, notamment en provenance d’Iran. Le président vénézuélien Nicolas Maduro dénonce un blocus illégal et promet des recours devant les instances internationales.

Nigeria: tous les collégiens de Papiri ont été libérés. Les 130 derniers élèves enlevés le 21 novembre dans le dortoir d’un collège catholique à Papiri, dans le centre-nord du pays, ont été remis en liberté, selon les autorités nigérianes et une source onusienne. Ils rejoignent la centaine d’autres otages relâchés ou échappés plus tôt, alors que plus de 400 personnes avaient été kidnappées en quinze jours en novembre – des écolières musulmanes, des fidèles d’une église évangélique, des agriculteurs, une mariée et ses demoiselles d’honneur, etc. –, déclenchant un émoi national.

Dans mon radar aujourd'hui

La centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa. © Tepco

Retour du nucléaire dans la préfecture de Niigata quinze ans après Fukushima. Le symbole est fort, puisque les autorités japonaises de cette région meurtrie s’apprêtent à valider aujourd’hui le redémarrage de Kashiwazaki-Kariwa, la plus grande centrale nucléaire du monde. L’exploitant Tepco met en avant d’importants investissements de sûreté pour convaincre une population encore sceptique. Depuis la catastrophe en 2011, 14 des 33 centrales encore en exploitation dans le pays ont été remises en service. Tokyo voit dans cette relance un levier pour réduire la facture des importations fossiles et sécuriser l’approvisionnement électrique.

Le pavillon en bambous du festival de Kam Tin Jiao, le 16 décembre 2025. © South China Morning Post / Eugene Lee

Identité locale. Comme je l’ai évoqué brièvement la semaine dernière, se tenait à Hong Kong, du 13 au 19 décembre, le festival de Kam Tin Jiao, un rituel taoïste organisé par l’un des grands clans des Nouveaux Territoires – les Tang – tous les dix ans… Depuis 1685 ! Même si cela fait plus de trente ans que j’habite dans le coin, je n’avais jusqu’à présent – à mon grand tort – pas jugé bon d’y faire un saut. Comme je n’avais pas envie d’attendre une autre décennie pour me déciller les yeux, j’ai décidé d’enfin m’y rendre jeudi soir dernier.

Grand bien m’en a fait. C’était absolument incroyable de ferveur et d’enthousiasme, avec en prime un des moments les plus importants de la semaine: l’embrasement de la grande statue de Dashiwang, le Roi des esprits, dont le renvoi vers l’au-delà – avec toutes les âmes errantes qui l’accompagnent – vient clore le festival et refermer l’espace-temps rituel, afin d’éviter que les esprits ne restent dans le village. Une sorte de purification collective qui met en scène l’élimination des maladies, malchances et énergies impures.

Cela permet aussi de délimiter la frontière entre le village des vivants et le royaume des esprits, indiquant que l’ordre quotidien reprend, que les dieux et les ancêtres ont été honorés, mais que les esprits errants ne sont plus censés rôder librement. C’est surtout une occasion unique de rassembler le clan élargi – dont les membres sont venus des quatre coins du monde –, de participer à toutes sortes d’activités festives – danses du lion et processions rituelles incluses – et de festoyer ensemble pendant plusieurs jours, en partageant notamment le traditionnel poon choi, ce plat de banquet communautaire servi dans de grands bols à étages. Tout cela sous un immense pavillon de près de 4000 m², construit à partir d’un entrelacs de plus de 25’000 bambous, entré cette année dans le Livre Guinness des records !

Et puis très clairement, l’engouement pour le Kam Tin Jiao a cette année largement dépassé le cadre clanique de ces Nouveaux Territoires, rattachés tardivement à Hong Kong en 1898. Pour les dizaines de milliers de badauds venus de tout le territoire, le festival fait partie d’une identité proprement hongkongaise. Et d’ailleurs, dans cette foule compacte qui m’a plusieurs fois englouti ce jeudi, on ne parlait que cantonais, et parfois un peu anglais. Mais mandarin, jamais.

Mon labo chinois

Un poster indiquant le lancement officiel des opérations douanières spéciales à l’échelle de l’île toute entière dans le port franc de Hainan, à compter du 18 décembre. © Compte X de l’agence Xinhua

Un nouveau régime douanier pour Hainan. Jeudi dernier, l’île tropicale de Hainan, qui était depuis 1988 la plus grande Zone économique spéciale de Chine – à l’instar de Shenzhen ou Zhuhai – est devenue «le plus grand port de libre-échange au monde en termes de superficie», dixit le très officiel Quotidien du peuple. Surtout, il est dorénavant doté d’opérations douanières indépendantes du reste du pays. En gros, l’île devient un énorme duty free expérimental, où l’on teste des règles plus souples sur le commerce, l’investissement et les services, un peu comme si Pékin avait décidé de créer son propre Monaco tropical pour économistes en manque d’adrénaline. Sur les réseaux sociaux chinois, les influenceurs s’écharpent pour savoir si l’iPhone 17 Pro y est vraiment moins cher que sur les grandes plateformes. Ici, on y voit surtout un succédané de Hong Kong…

Taxer les préservatifs pour relancer la natalité? Ce sera fait à partir du 1er janvier, avec une TVA de 13% sur le plus vieux contraceptif du monde. Objectif: relancer une natalité en chute libre depuis trois ans et corriger les effets de plusieurs décennies de politique de contrôle des naissances, seulement assouplie en 2015. Cette mesure, qui s’inscrit dans un arsenal plus large de politiques pro-fécondité, suscite moqueries et éclats de colère en ligne, où de nombreuses femmes dénoncent une ingérence de l’Etat dans leur intimité et promettent de recourir à l’abstinence plutôt qu’à la maternité. Plusieurs experts alertent sur un risque accru de grossesses non désirées et d’infections sexuellement transmissibles. Ils soulignent que les véritables freins au baby-boom souhaité par Pékin sont plutôt dûs au coût de l’éducation des enfants, à la précarité de l’emploi et aux inégalités de genre.

TikTok évite l’interdiction aux Etats-Unis. En signant un accord avec des groupes d’investissement proches de l’administration Trump, l’application va donc devenir une co-entreprise américaine, mettant fin à des années de bras de fer politique et judiciaire. La nouvelle entité, majoritairement contrôlée par le géant technologique américain Oracle, le fonds de capital-investissement californien Silver Lake et la société d’investissement des Emirats arabes unis MGX, sera chargée de la gestion des données, des algorithmes et de la modération des contenus des utilisateurs aux Etats Unis. Cette restructuration répond à une loi bipartisane et à un arrêt de la Cour suprême exigeant le désengagement de ByteDance, jugée trop proche de Pékin, sous peine d’interdiction pure et simple du service sur le sol américain.

Une raison d'espérer

La France et la Suisse en tête du découplage entre PIB et émissions de CO2. Dix ans après l’Accord de Paris, près de la moitié du PIB mondial provient de pays qui réussissent à faire croître leur économie tout en réduisant leurs émissions, selon un rapport de l’Energy and Climate Intelligence Unit fondé sur le Budget carbone mondial 2025. La France et surtout la Suisse figurent parmi les champions de ce découplage absolu, avec certaines des baisses d’émissions proportionnellement les plus marquées d’Europe occidentale. «Le découplage est désormais la norme, et non l’exception», insiste John Lang, l’un des auteurs du rapport, balayant l’idée qu’il faudrait «réduire la croissance» pour faire baisser les émissions de CO2. Pas suffisant, certes, puisque les émissions mondiales continuent d’augmenter, mais encourageant!

«Je viens d’apprendre que le très respecté conseil d’administration du Kennedy Center, composé de personnalités parmi les plus influentes du monde entier, a voté à l’unanimité pour renommer le Kennedy Center en Trump-Kennedy Center, en raison du travail incroyable accompli par le président Trump au cours de l’année écoulée pour sauver le bâtiment.»

C’est en ces termes que la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a commenté sur les réseaux sociaux le changement de nom de cette institution rebaptisée en 1964 par l’ancien président Lyndon Johnson en l’honneur de son prédécesseur assassiné seulement deux mois auparavant. En février dernier, l’actuel occupant de la Maison-Blanche avait limogé plusieurs membres du conseil d’administration du Kennedy Center et en était devenu le président. Plusieurs membres de son administration avaient ensuite été nommés au conseil, notamment sa cheffe de cabinet, Susie Wiles, l’épouse du vice-président, Usha Vance, le chef de cabinet adjoint, Dan Scavino, et l’ambassadeur des Etats-Unis en Inde, Sergio Gor. Apprenant l’annonce jeudi, Donald Trump s’est dit tout autant «honoré» que «surpris». Problème: sans l’approbation du Congrès, il n’est pas sûr que ce changement de nom soit légal.

Votre correspondant. J’ai découvert l’univers chinois dans les années 1980, avant de m’installer à Hong Kong en 1994. Depuis, je m’efforce de rendre cet Orient de moins en moins lointain aussi accessible que compréhensible. Pour continuer sur le sujet de la condamnation de l’ancien magnat de la presse prodémocratie Jimmy Lai la semaine passée sous le couvert de la loi sur la sécurité nationale, je vous conseille la lecture de l’excellent portrait qu’a fait la BBC de l’ancien patron du Apple Daily.