Bonjour, c’est Amaury à Sanary-sur-Mer, dans le sud de la France, où je suis venu quelques jours pour échapper aux tourments du monde.
Je me dis que finalement, ne pas avoir des mille et des cent, c’est pas mal quand l’économie est dans la tourmente. Raisonnement par l’absurde, je vous l’accorde.
Ce matin, je vous parle bien entendu donc de la reculade de Trump sur les droits de douanes, mais aussi de turpitudes au Sahara et de Bamako (endeuillé) après le décès d’Amadou Bagayoko, binôme de Mariam dans le duo éponyme. |
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Les infos que j'ai retenues pour vous
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Trump rétropédale I: la bourse américaine rebondit.
Pendant une période moratoire de 90 jours, les taxes douanières seront ramenées à un taux universel de 10% pour tous les pays. La Chine fait exception et se voit même infliger un droit d’importation de 21%, portant le total à 125%. Une punition motivée par «l’irrespect dont la Chine a fait preuve pour les marchés mondiaux», s’est justifié le locataire de la Maison-Blanche qui, décidément, ne manque pas de souffle. La bourse américaine, qui n’a jamais été aussi étroitement corrélée aux caprices d’un seul homme, a rebondi d’environ 10% dans le sillage de l’annonce présidentielle.
CNN (EN)
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Trump rétropédale II: l’aide alimentaire d’urgence américaine partiellement rétablie.
Après avoir confié au DOGE d’Elon Musk le soin de tronçonner son Agence pour le développement international (USAID), Washington avait annoncé le weekend dernier la fin de ses financements pour le Programme alimentaire mondial de l’ONU. Dans une reculade dont elle semble avoir le secret, l’administration Trump a restauré son soutien à certains pays. C’est notamment le cas pour la Somalie, la Syrie, le Liban, la Jordanie, l’Irak et l’Equateur. L’Afghanistan et le Yémen, par contre, ne réintégreront pas la liste des bénéficiaires, et l’assistance à plusieurs autres nations reste dans la balance.
Associated Press (EN)
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Drame à Saint-Domingue.
L’une des boîtes de nuit les plus en vues de la capitale de la République dominicaine, le Jet Set nightclub, a connu un drame dans la nuit de lundi à mardi. Le nombre de victimes se porterait à plus de 124. La catastrophe est due à l’effondrement du toit de l’établissement, où «le Merengazo a lieu tous les lundis depuis un demi-siècle, une fête qui rassemble les citoyens les plus riches du pays et attire les plus grands groupes de bachata et de merengue», raconte El Pais. Le journal recense les victimes: un chanteur star de merengue qui se produisait, une gouverneure locale, un joueur de baseball de la MLB américaine, un cardiologue, le président d’un club de foot, et tant d’anonymes venus profiter…
El País (EN)
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Il est temps de raconter le monde
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Dans mon radar aujourd'hui
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Le Republican Palace, la résidence officielle du président soudanais, lors d’une visite organisée pour la presse par l’armée soudanaise après l’avoir repris en mai des mains des Forces de soutien rapides (FSR), en mars | KEYSTONE / AP / STRINGER
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Un anniversaire dont on se serait bien passé.
Depuis le 15 avril 2023, le Soudan est pris dans un ouragan que le reste du monde semble ignorer. Les Forces de soutien rapide du général Mohamed Hamdan Daglo font la guerre à l’armée soudanaise de l’allié d’hier, le général Abdel Fattah al-Burhane. Atrocités, massacres à grande échelle et viols de masse se succèdent. Au Darfour, la ville d’El-Fasher a un pouls si faible qu’on se demande si elle respire encore. Mardi prochain, cela fera deux ans tout juste que les hostilités ont commencé, et la seule issue probable, à l’heure actuelle, c’est la partition de facto du pays, à la manière du voisin libyen.
Norwegian Refugee Council (EN)
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Ca m'est arrivé cette semaine
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Préparation de reportage.
J’ai bien réfléchi, et je prends le parti de vous raconter ce reportage pas encore réalisé. Et ce, malgré toute la superstition qui m’interdit de le faire. Je me suis aussi dit que si ce texte était lu par les autorités des pays concernés, cela pourrait entraver ledit reportage.
J’ai tranché. Notre métier est de raconter les coulisses du monde, alors vous avez bien le droit de connaître les nôtres. Je ne citerai pas les pays en question, mais je vous détaille le reste et la galère qui, parfois, accompagne la préparation d’un reportage.
Avec un ami, on veut se rendre dans une région tenue par un groupe armé en conflit avec l’autorité centrale. On l’appellera «Pays A». Pour y accéder, de façon pratico-pratique, il faut être dans le pays voisin, «Pays B», approcher la frontière, et hop! sauter le pas. Dit comme ça, on dirait du James Bond. En vrai, c’est plutôt fluide avec les bonnes autorisations.
Obtenir ces sésames est un travail lent et long, de ceux durant lesquels on s’arrache les cheveux face aux réponses peu claires («Ok, bien reçu ca va aller insh’Allah», c’est positif ou négatif?) de ceux qui peuvent, plus rapidement qu’une drogue dure, vous faire passer d’une immense extase à la déprime totale. Ou l’inverse, en fonction.
Dans le cas présent, le groupe armé du Pays A a demandé nos passeports pour vérifier qui nous sommes, tout en promettant un accord de principe et la délivrance d’une lettre d’autorisation. Cependant, il a conditionné celle-ci à deux détails: que l’on se greffe à une ONG active sur place, afin de faciliter la logistique (le transport et le logement, en bref) ; et que l’on soit en règle avec le Pays B.
Celui-ci n’autorise en théorie pas le passage de la frontière vers le Pays A sans visa. Mais plusieurs acteurs humanitaires font du cross-border, c’est-à-dire un passage de la frontière pour travailler dans le Pays A tout en étant enregistré dans le Pays B. Donc, si nous sommes identifiés comme voyageant avec une ONG, cela peut aller.
Ensuite, pour approcher la frontière, nous avons besoin d’une autorisation spéciale de l’autorité centrale du Pays B attestant de la logique de notre présence dans la zone. Enfin, pour la traverser, il nous faut une autre autorisation de l’autorité locale. Trois papiers différents au total, donc, qui prennent chacun du temps à obtenir, mais rien d’impossible. L’imbrication du tout arrive à ce moment: comprenant que nous avons cruellement besoin de l’appui d’une organisation humanitaire, nous nous lançons sur plusieurs pistes.
Le détail important à ce stade: les relations entre les différentes ONG et le groupe rebelle du Pays A sont bonnes à certains moments et plus compliquées à d’autres. Cela rend les organisations un peu frileuses à l’idée d’emmener des scribouillards qui pourraient, s’ils écrivent des bêtises, casser des mois de travail. Compréhensible et logique. A ce niveau, les relations interpersonnelles de confiance sont importantes.
La première ONG 1 nous a répondu: «si vous parvenez à arriver jusqu’à (l’endroit) où nous travaillons», aucun souci pour vous le faire visiter. Mais pas d’appui logistique. La seconde: pas d’appui de transport, mais vous pouvez dormir dans notre base si vous arrivez à entrer dans le Pays A. Génial, déjà ça de pris! Une troisième: Pardon, trop sensible, on ne veut pas de problèmes. Une quatrième: depuis que Trump a coupé les robinets, on a réduit au maximum nos activités, c’est trop compliqué pour nous, désolé.
Nous en sommes à ce stade. Me trouvant en France, j’ai pris un train vers la mer, pour me baigner et réfléchir sereinement à la solution. On a encore quelques semaines pour débloquer tout ça. Promis, dès que j’entrerai puis sortirai du Pays A, je vous raconterai.
«Ca va aller insh’Allah.»
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Le duo iconique dans la vie et sur scène, Amadou et Mariam, lors d’un concert en banlieue parisienne en 2022 | KEYSTONE / EPA / YOAN VALAT
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«Ce dimanche à Bamako, c’était jour de deuil».
L’Afrique de l’Ouest a pleuré le weekend passé l’un de ses musiciens les plus appréciés. Amadou Bagayoko, plus connu sous son nom de scène avec sa femme, «Amadou et Mariam» est décédé brutalement le 4 avril. Il était de retour d’une tournée à Ségou, dans le centre du pays, d’où tout le groupe serait revenu malade. Pour Wakat Sera, le public «peut tout de même se consoler, car en Afrique, les morts ne sont pas morts». Que la Terre lui soit légère, comme on dit!
Wakat Sera (FR)
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Le torchon brûle dans le ciel saharien.
Vue d’Europe, la brouille entre Paris et Alger occupe tout l’espace médiatique. Mais de l’autre côté de la Méditerranée, c’est une autre querelle qui mobilise les inquiétudes: Alger-Bamako. Les deux pays partagent une frontière de sable et de montagnes, où se cachent des rebelles indépendantistes et des djihadistes qui font la guerre, chacun de son côté, au Mali. Les généraux autopromus de Bamako font souvent voler des drones dans ce coin. Sauf que le 31 mars, excédés de voir ces drones entrer sur leur territoire, les Algériens en ont abattu un. Depuis, c’est «l’escalade», dit Maroc-Diplomatique: rappel des ambassadeurs, interdiction de survol, fermeture de l’espace aérien, invectives…
Maroc Diplomatique (FR)
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«Le sort s’acharne» sur le Congo.
Des inondations diluviennes ont causé la mort de plusieurs dizaines de Congolais dans la capitale Kinshasa. «De mémoire de certains Kinois, ils n’ont jamais vu un tel déluge qui a fait sortir la rivière Ndjili de son lit», dit le média burkinabè Le Pays. Et de faire le lien avec les autres «calamités» qui frappent la République démocratique du Congo, au premier chef desquelles la guerre dans l’est du pays, pris d’assaut par le groupe armé M-23, soutenu par le Rwanda voisin. On en est à la énième médiation, et c’est désormais le président du Togo, Faure Gnassingbé, qui est pressenti pour devenir médiateur.
Le Pays (FR)
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Malgré la crise, un petit média audacieux.
On peut dire ce qu’on veut de l’état de la presse papier et de l’intérêt des lecteurs, qui ne cesse de s’éroder au profit des écrans de leur smartphone. Reste que trois jeunes plumitifs n’ont pas attendu les réponses qui tardaient à arriver à leurs propositions de piges pour se lancer par eux-mêmes: et pourquoi pas? La revue «Invendable», qui se définit «à mi-chemin entre le long reportage et le carnet de voyage», dixit l’un de ses fondateurs, en est à son troisième numéro. Elle vient de sortir un hors-série sur le Cachemire, et on ne peut qu’espérer que ça continue longtemps. Chapeau, les artistes!
Revue Invendable (FR)
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Votre correspondant.
Il ne faut pas gâter l’affaire! C’est ce qu’on dit aux journalistes toubab débarquant sur le continent africain en quête d’histoires aussi exotiques qu’extravagantes. Alors depuis sept ans, j’essaie de raconter la normalité. Parisien d’origine, j’ai roulé une petite bosse ici et là en Afrique, du Malawi à la Guinée-Bissau, du Mali à la Centrafrique, du Cameroun à Sao Tomé. Depuis le début de l’année dernière, mes valises sont posées au Tchad même si cela fait plusieurs mois que je vagabonde ici et là pour une Exploration que vous avez pu commencer à lire sur Heidi.news…
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Suisse
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