Bonjour, c’est Lionel à New York, où l’intelligence artificielle s’apprête peut-être à détruire un symbole de la ville. Des dizaines de milliers de chauffeurs de taxis jaunes anticipent l’arrivée des véhicules autonomes de Waymo. Pour l’heure, New York n’a pas approuvé leur déploiement.

Au menu ce matin: la guerre Israël-Iran, surtout, mais aussi ChatGPT qui rend idiot et des étudiants dans l’angoisse.

photo journaliste

Lionel Pousaz à New York
20.06.2025

Play Podle

Les infos que j'ai retenues pour vous

Donald Trump décidera «dans les deux semaines» de l’entrée des Etats-Unis dans le conflit israélo-iranien. La porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, s’est fendue hier de cette singulière déclaration en réponse aux nombreuses spéculations sur le sujet. Plus tôt dans la journée, Donald Trump avait nié avoir convenu avec Israël d’une entrée prochaine des Etats-Unis dans la guerre, si Téhéran n’acceptait pas le démantèlement total de son programme nucléaire – une information publiée dans la nuit par le Wall Street Journal.

The Hill (EN)

Ali Khamenei «ne devrait absolument pas continuer d’exister», déclare le ministre de la défense israélien. L’élimination du guide suprême de la Révolution islamique est nécessaire à l’atteinte des objectifs de l’armée, et celle-ci en est consciente, a ajouté Israël Katz. Selon la Maison-Blanche, Donald Trump se serait opposé cette semaine à un projet israélien d’assassinat. Plus tard, le président américain a contesté l’existence d’un tel plan, «du moins pour l’instant».

The Times of Israël (FR)

Une cour d’appel fédérale autorise Trump à déployer la Garde nationale à Los Angeles. Revers pour les autorités californiennes. Dans un jugement de 38 pages, les trois juges de la cour de San Francisco ont estimé que «le fait que le président américain n’ait pas émis l’ordre de fédéralisation directement «à travers» le gouverneur de Californie ne limite pas son autorité par ailleurs légale d’appeler la Garde nationale». Le gouverneur de Californie, le démocrate Gavin Newsom, avait attaqué ce déploiement en justice en dénonçant un virage autoritaire.

Reuters (EN)

Il est temps de raconter le monde

Photo article

📖 Ozempic, la révolution de l’obésité. Issu de l’Exploration Minceur sur ordonnance publiée en ligne sur Heidi.news, ce livre aux éditions Odile Jacob prolonge l’enquête de Fabrice Delaye, avec une préface de Patrick Aebischer.

Comment un médicament antidiabétique est-il devenu un coupe-faim star, symbole d’une nouvelle ère dans la lutte contre l’obésité ?
Entre espoir médical, engouement mondial et risques sous-estimés, cette enquête décrypte un phénomène qui bouleverse à la fois la médecine, les marchés… et notre rapport au corps.

Profitez d’un rabais de CHF 6.- avec le code promo OZEMPICHD (réservé aux lecteurs et lectrices de Heidi.news).

Commander le livre

Dans mon radar aujourd'hui

Pourparlers Iran-Europe: l’entretien de la dernière chance? Les ministres des affaires étrangères français, allemand et britannique rencontrent aujourd’hui à Genève leur homologue iranien. La négociation aurait été approuvée par la Maison-Blanche, selon des sources anonymes qui se sont confiées avant-hier à l’agence Reuters. L’implication des Etats-Unis dans le conflit dépend-elle de l’issue de ces pourparlers?

The Guardian (EN)

Le Conseil de sécurité se rassemble aujourd’hui sur le conflit Israël-Iran. La réunion a lieu à la demande de Téhéran avec le soutien de la Russie, la Chine et le Pakistan. Cette semaine, les Nations unies ont exhorté plusieurs fois les parties à la désescalade et à la reprise urgente de négociations – des appels qui semblent se perdre dans la fièvre des événements.

Security Council Report – What’s in Blue (EN)

Le Royaume-Uni pourrait-il se retrouver impliqué dans le conflit? Les médias d’Albion sont nombreux à s’inquiéter d’une répétition du scénario de 2003, quand le pays avait rejoint l’allié américain dans la guerre contre l’Irak. Tout en s’accordant sur le fait que les risques semblent faibles. D’une part, si le premier ministre a légalement les coudées franches, l’exécutif préconise depuis 2011 un droit du Parlement à débattre la question. Mais surtout, Keir Starmer s’est montré plutôt favorable à la voie diplomatique. La BBC liste toutefois les implications régionales du Royaume-Uni susceptibles de faire pencher la balance: rôle de la Royal Navy dans le détroit d’Ormuz, installations militaires sur Chypre et co-gestion avec les Etats-Unis d’une île et base militaire de l’océan indien, à 3700 kilomètres (tout de même!) de l’Iran.

BBC (EN)
Ca m'est arrivé cette semaine

D’ordinaire, je vous raconte ici mon quotidien à New York: une rencontre, une scène dans le métro ou au supermarché, une expo à Midtown… De petites tranches de vie qui, je l’espère, éclairent à chaque fois la métropole d’un rai de lumière inattendu. Mais cette semaine, nous l’avons vécue à l’intérieur, sans trop de sommeil, désorientés et confus face à des écrans.

Ce qui nous a tenus en éveil, ma femme et moi, ce ne sont pas les klaxons de la 5e avenue, mais les bombes israéliennes. Sa famille – et donc une partie de la mienne aussi – vit dans le pays. Heureusement, loin de l’action, dans une petite ville perdue aux portes d’un désert si vide que ça lui a donné son nom et, surtout, à des centaines de kilomètres du prochain objectif stratégique de Tsahal. Du moins l’espérons-nous. Pour l’heure, pas une bombe n’y est tombée.

Je ne comprends pas toujours ses émotions. J’ai beau être concerné, moi aussi, ce ne sont pas les lieux de mon enfance qui sont sous le feu d’Israël. Quoi qu’il arrive, les bombes n’éradiqueront ni ma mémoire ni mes amis. Mes parents, ma soeur et mes cousins n’auront pas à souffrir les contrecoups économiques, l’arrêt des climatiseurs par 40 degrés ou la répression d’un gouvernement qu’on imagine sur les dents. Son angoisse n’est pas toujours la mienne.

L’Internet se ferme peu à peu comme un goutte-à-goutte dont on resserre le robinet. Le débit s’appauvrit, on ne se parle plus, mais on échange encore des WhatsApp avec Kerman, tandis que plus rien ne sort de Shiraz et Téhéran. Ce matin, on a reçu un message vocal de ma belle-mère, ma femme s’est empressée de répondre, tant que l’on peut. Fil après fil, la ligne est coupée, et une chape de silence glacial s’abat sur des milliers d’Iraniens de l’étranger.

Et moi qui parle trop, qui ai sans doute trop parlé ces derniers jours encore, je me suis fait la promesse d’écouter. J’ai des progrès à faire, mais, du coup, je n’ai pas vu grand-chose à New York cette semaine.

Mon labo américain

Photo article

Andrea Notter / US Army

Le général américain qui mène les affaires avec l’Iran. Le dossier devrait être entre les mains du secrétaire à la défense Pete Hegseth. En réalité, ce serait le général Michael Erik Kurilla qui en aurait les commandes, selon Politico. Connu pour ses positions bellicistes à propos de l’Iran, «Gorilla», comme on le surnomme, disposerait d’une autorité inhabituelle sur cette affaire. Ses demandes de déplacement des forces aériennes seraient systématiquement acceptées, il disposerait d’un accès facilité au président et plusieurs observateurs notent qu’il aurait pris le dessus sur les pontes du Pentagone. Pete Hegseth, ancien officier de la garde nationale et ex-présentateur sur Fox News, avait pourtant promis de réduire l’influence des militaires et de renforcer le contrôle civil au sein de son département.

Politico (EN)

L’intelligence artificielle rendrait tout de même un peu con, finalement. Cette étude du MIT est certes préliminaire et non encore publiée dans une revue peer-review, mais les résultats ont de quoi alimenter le débat. 54 étudiants se sont vu confier la tâche de rédiger des essais – un premier groupe sans aide aucune, un second avec un accès Google (sans IA), et un troisième avec ChatGPT. Dans ce dernier, l’EEG montrait une activité cérébrale nettement diminuée pendant l’exercice. Pire encore: quand tous les groupes ont rédigé un essai sans assistance aucune, les étudiants qui avaient utilisé l’IA n’activaient plus les zones cérébrales en fonction chez leurs homologues – une répercussion à long terme que les scientifiques ont désignée sous le nom de «dette cognitive». La mémoire était aussi affectée. Aucun étudiant du groupe IA ne pouvait se souvenir de la moindre phrase de son essai, contre 88% dans les deux autres cohortes.

Massachusetts Institute of Technology (MIT) (EN)

Des étudiants du monde entier en attente de leur visa pour les Etats-Unis. Ils sont des milliers à poireauter dans l’incertitude après avoir été acceptés dans une université américaine. Et quelques-uns sont suisses, note la RTS. Fin mai, Washington avait suspendu les entretiens pour visa étudiant dans les ambassades. Une décision prise alors que les campus continuent d’être agités par des militants propalestiniens, fustigés par les conservateurs pour leurs affinités supposées avec le Hamas. Le traitement des demandes de visa devrait reprendre, a annoncé le gouvernement mercredi. Mais les demandeurs devront déclarer leurs comptes sur les réseaux sociaux et les rendre publics. Ce dernier mois, l’administration Trump a lancé une salve d’offensives pour limiter l’octroi de visa étudiant à travers son travel ban, en refoulant les requérants chinois ou en interdisant à Harvard de recruter en-dehors des frontières nationales.

Radio Télévision Suisse (FR)

Une raison d'espérer

Le péage urbain à New York, ça marche. Ca vous étonnera sans doute moins de votre côté de l’Atlantique, mais au pays de la grosse bagnole reine, le principe est loin d’être acquis dans les esprits. Depuis son introduction, le controversé péage urbain de New York – l’administration Trump a juré sa perte et s’y emploie – a permis de réduire les retards de trafic de 25%, et les effets positifs se font sentir jusqu’au New Jersey voisin. Reste que le modèle est difficilement exportable ailleurs aux Etats-Unis, où presque toutes les villes, construites autour de l’idée de la voiture, s’étalent en infinies banlieues à basse densité.

Bloomberg City Lab (EN)
En direct de la Trumposphère
«J’ai mis un terme à la guerre entre l’Inde et le Pakistan»

Mercredi à la Maison-Blanche, Donald Trump évoquait en ces termes son succès de médiateur entre les deux puissances nucléaires rivales. Quelques jours plus tôt, il préconisait un «deal» entre Israël et l’Iran «comme celui que j’ai pu faire faire à l’Inde et au Pakistan».

Douche froide hier, avec la déclaration officielle du secrétaire indien aux affaires étrangères: «le premier ministre Modi a fermement exprimé que l’Inde n’accepte pas et n’acceptera jamais de médiation. En Inde, le consensus sur ce point est total». Le même jour, Narendra Modi aurait exprimé sa frustration à ce propos lors d’un appel téléphonique avec le président américain.

Votre correspondant. Journaliste et communicateur scientifique, procrastinateur professionnel, j’ai repoussé l’écriture de ce maigre autoportrait un peu comme le président des Etats-Unis repousse sans cesse les échéances de ses propres décrets. Ca nous fait un point en commun.

Vous avez aimé? Partagez:

Facebook Twitter Linkedin Instagram
b696e884-f624-429e-91a6-1af20f5cf9e3.png

Avenue du Bouchet 2
1209 Genève
Suisse