Bonjour, c’est Eric à Hong Kong, où des informateurs pro-Pékin, qui dénoncent leurs concitoyens pour de supposées infractions à la sécurité nationale, s’affichent à visage découvert. La plupart demeurent quand même des «corbeaux»…
Ce lundi, je vous parle aussi des visions divergentes d’une possible rencontre Zelensky-Poutine à Istanbul, d’un gros scandale médical en Chine et d’une faible lueur de liberté de la presse à Shanghai. Sans oublier le petit cadeau du Qatar à Donald Trump: un Boeing 747 de luxe. |
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Les infos que j'ai retenues pour vous
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky à l’issue d’une réunion de la «Coalition des volontaires» au palais Mariinskyi, Kiev, le 10 mai 2025. @ Keystone / EPA / Sergey Dolzhenko
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Guerre en Ukraine: Volodymyr Zelensky «attendra» personnellement Vladimir Poutine en Turquie jeudi.
Le président ukrainien a appelé à nouveau la Russie à accepter «un cessez-le-feu complet et durable, à partir de demain [lundi]», dans un message publié sur X. Le même jour, le président russe a proposé l’idée de négociations «directes» et «sans condition préalable» entre Kiev et Moscou dès jeudi, ignorant ainsi l’appel à un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours dès lundi, lancé par Kiev et ses alliés européens samedi. Le président américain, Donald Trump, a soutenu l’initiative poutinienne, exhortant les deux partis à se rencontrer sans délai.
France Info (FR)
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Libération prochaine du dernier otage américain détenu dans la bande de Gaza.
Le Hamas l’a annoncé hier: Edan Alexander, détenu depuis le 7 octobre 2023, devrait être libéré dans les prochaines 48 heures. L’envoyé spécial du président américain Donald Trump au Moyen-Orient, Steve Witkoff, a indiqué que le geste intervenait dans le cadre d’efforts visant à instaurer un cessez-le-feu, à rouvrir les points de passage vers le territoire sous blocus israélien et à reprendre l’acheminement de l’aide. Mardi, Donald Trump, qui a salué une «nouvelle monumentale», démarre une tournée au Moyen-Orient.
Associated Press (EN)
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Première prière dominicale pour le pape Léon XIV.
Au balcon de la basilique Saint-Pierre, il a récité le «Regina Caeli» («Reine des cieux»), une prière à Marie. Puis, devant une foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes, il a appelé les «grands du monde» à arrêter la guerre, plaidant pour une paix «juste» et «durable» en Ukraine. Il a aussi appelé à un cessez-le-feu à Gaza et à la libération des otages. La prière de dimanche ouvre une séquence de consultations intenses pour le chef de l’Eglise catholique, qui recevra lundi des représentants de la presse, puis vendredi le corps diplomatique. La messe solennelle de son intronisation se tiendra dimanche 18 mai place Saint-Pierre, en présence de plusieurs dirigeants étrangers.
France 24 (FR)
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Il est temps de raconter le monde
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Le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, à gauche, et le représentant américain au Commerce, Jamieson Greer, à Genève, le 11 mai 2025. @ Keystone / EDA / Martial Trezzini
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Les Etats-Unis et la Chine seraient parvenus à un accord commercial.
Et on devrait en connaître les détails seulement aujourd’hui, selon le secrétaire au Trésor et principal négociateur américain Scott Bessent, même s’il a déjà indiqué que cela impliquait la mise en place d’un mécanisme pour de nouvelles discussions. Côté américain, on parle de «progrès substantiels». Côté chinois, de «premier pas important», selon les mots du vice-premier ministre He Lifeng. Et le vice-ministre chinois du commerce Li Chenggang d’y ajouter une dose de sagesse millénaire: «Comme on le dit en Chine, si les plats sont délicieux, le moment n’a pas d’importance […] Dès que l’annonce sera faite, ce sera une bonne nouvelle pour le monde.» A voir…
Bloomberg via MSN (EN)
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Ca m'est arrivé cette semaine
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Le bonheur de la recherche.
Cette semaine, j’étais encore en vadrouille. Cette fois en Asie du sud-est, à Jakarta. Pas longtemps, seulement quatre jours, mais pour un projet de recherche sur une étude comparative dans la gestion du Covid-19 en Europe et en Asie que je pilote depuis maintenant deux ans. Comme l’équipe à laquelle j’appartiens est avant tout composée de chercheurs en sciences sociales, nous nous intéressons surtout à la question de la «confiance» dans les autorités publiques et le corps médical, notamment en rapport avec les politiques vaccinales, leur succès et leurs déboires, ainsi que les facteurs qui ont facilité ou, au contraire, ralenti la mise en place des campagnes de vaccination.
La vaccination, me direz-vous, et nous disent aussi nos interlocuteurs, n’est qu’un des critères, parmi bien d’autres, de la réussite des politiques publiques dans la lutte contre la pandémie. Et puis le terme même de réussite peut s’interpréter de diverses façons. On peut aussi discuter du choix des entités politiques et de leur «comparabilité»: le Portugal, la Grèce et la Bulgarie pour l’Europe; et Singapour, Hong Kong et l’Indonésie pour l’Asie. Le projet, financé par l’Union européenne, a été rédigé mi-2022, et à l’époque la grande question tournait autour des vaccins, de leur disponibilité et des obstacles que pourraient rencontrer les campagnes vaccinales. En Asie, l’anticipation était que certains pays allaient vraiment être à la peine: l’Indonésie en particulier, avec ses 289 millions d’habitants répartis sur 6000 îles habitées d’un archipel qui en compte 17’000, devait faire figure de lanterne rouge.
Et bien, il n’en a rien été s’agissant du vaccin. Le taux de vaccination a très vite atteint les 80%, et autant le défi logistique lié au caractère éclaté du territoire que les problèmes d’approvisionnement, grâce notamment au vaccin chinois CoronaVac, ont été admirablement surmontés. Principale question au départ, le caractère Halal ou non du vaccin, une exigence à laquelle s’est bien vite pliée la société chinoise Sinovac Biotech qui avait conduit ses essais cliniques de phase III, au milieu de l’année 2020, en Indonésie notamment. Et puis, le Conseil des oulémas du pays a rapidement prêté main forte au président Joko Widodo. En réalité, les atermoiements et erreurs dans la gestion du Covid-19 se sont surtout manifestés au début de la crise, dans la phase de détection, de traçage et d’isolation. Et les chercheurs indonésiens que nous avons rencontrés, notamment ceux de la toute nouvelle Agence nationale de la recherche et de l’innovation, ont été on ne peut plus clair sur ces échecs initiaux. Un vrai bol d’air de liberté académique tranchant franchement avec ce que nous vivons à Hong Kong…
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Le Dr. Xiao Fei, l’une de ses maîtresses et la lettre de dénonciation de l’épouse de Xiao © Collage de What’s On Weibo
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Le plus grand scandale médical de l’année (pour le moment).
A priori, les révélations sur les relations extraconjugales d’un chirurgien pékinois semblent relever d’une simple affaire de mœurs un peu torride, la faute médicale en plus. De quoi fournir de la matière pour une version chinoise de Grey’s Anatomy, à peine plus. Il faut donc considérer la personnalité et le parcours des impétrants – le chirurgien infidèle autant que ses maîtresses – et le contexte – tout cela se passe au sein du prestigieux et très exclusif hôpital sino-japonais de l’amitié de Pékin – pour comprendre pourquoi l’affaire est devenue virale sur les réseaux sociaux chinois. Au menu, un prétexte pour explorer l’éthique médicale et personnelle en Chine aujourd’hui, l’intégrité de la recherche avec des soupçons de fraude à la publication, ainsi que les privilèges excessifs et la concurrence déloyale dont bénéficie une certaine élite dans les milieux universitaire et de la santé, notamment après avoir fait un passage par l’étranger.
China Digital Times (EN)
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Près d’un tiers des travailleurs migrants ont plus de cinquante ans.
Depuis les années 1980, le «miracle économique» chinois s’est appuyé sur ces petites mains de la migration intérieure. Ce sont elles qui sont venues se masser dans les grandes villes côtières et les zones économiques spéciales pour transformer le pays en «atelier du monde». Mais sur les 300 millions de travailleurs migrants en 2024 (40% de la population active), près d’une centaine de millions a plus de cinquante ans, une proportion qui a pratiquement doublé en 10 ans. Un défi à la fois économique, pour le secteur industriel qui est toujours un des piliers de la croissance chinoise, et social, puisque le système de protection sociale pour cette main-d’œuvre vieillissante comporte de nombreuses lacunes.
Yicai Global (EN)
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A Shanghai, certains itinéraires de bus publics sont à la carte.
Ce nouveau système baptisé «DZ» pour dingzhi (personnalisé) invite depuis le 8 mai les habitants à proposer des itinéraires via une plateforme dédiée. La panacée pour les commuters (banlieusards), les écoliers ou les personnes âgées devant régulièrement se rendre à l’hôpital. Dès qu’un certain seuil est atteint (généralement 15 à 20 passagers par trajet sur un même parcours), le nouvel itinéraire est mis en service. Plus de 220 lignes DZ ont déjà été lancées dans les 16 arrondissements de la ville. Sur la plateforme, les usagers saisissent leurs points de départ et d’arrivée, leurs horaires préférés et la fréquence de leurs trajets. Si leur demande est approuvée, les lignes peuvent être mises en service en l’espace de trois jours seulement. En somme, le mariage réussi des besoins individuels et des exigences collectives…
Sixth Tone (EN)
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Image du naufrage de quatre bateaux sur la riviére Wu, province du Guizhou, 4 mai 2025. @ Shanghai Observer
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Le Shanghai Observer fait de la résistance.
Cela constitue un maigre lot de consolation pour la liberté de la presse dans le pays, plus encore quand le classement établi par Reporters sans frontières montre que la Chine recule toujours, en passant cette année de la 172e à la 178e place, sur 180. Mais quand un média chinois se permet de dévier ostensiblement du narratif imposé par l’appareil de propagande, cela mérite d’être relevé. Alors que les vacances du 1er mai battent leur plein, quatre bateaux sur une rivière du Guizhou ont chaviré, balayés par des vents violents: 84 touristes se retrouvent à l’eau, et au moins dix personnes périssent dans l’accident. Pour presque tous les médias, la grande mécanique de contrôle du récit se met en place, avec pour objectif de tourner la page au plus vite. Mais pas pour le Shanghai Observer (shangguan xinwen), un média numérique fondé en 2014, qui publie un article plus approfondi reprenant les témoignages de première main des survivants. Les négligences des autorités publiques y sont alors pointées du doigt.
China Media Project (EN)
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En direct de la Trumposphère
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«Des losers de classe mondiale»
C’est le plus gros cadeau jamais reçu par le gouvernement américain. La Maison-Blanche s’apprête à accepter un Boeing 747-800 de luxe de la part du Qatar. Cet engin, d’une valeur d’environ 400 millions de dollars, servira de «Air Force One» pour le mandat de Donald Trump, avant de lui revenir personnellement à la fin de sa présidence. Il a publié, hier, sur son réseau Truth Social un message traitant de «losers de classe mondiale» les démocrates «véreux» qui interrogent la déontologie du cadeau. «C’est GRATUIT», a-t-il insisté.
The New York Times (EN)
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Votre correspondant.
J’ai découvert l’univers chinois dans les années 1980, avant de m’installer à Hong Kong en 1994. Depuis, je m’efforce de rendre cet Orient de moins en moins lointain aussi accessible que compréhensible. Parmi «Les parrains intellectuels du protectionnisme» décrits par The Free Press, figure Michael Pettis qui vit à Pékin depuis 2002, et dont les opinions sur le déséquilibre commercial entre la Chine et les Etats-Unis sont suivies de près par les responsables de l’administration Trump.
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Dans le Point du Jour de lundi dernier, je parlais d’une «rétroaction positive» concernant la mort des récifs coralliens permettant une plus grande captation du CO2 atmosphérique. Comme nous le signale un lecteur attentif, c’est d’une «rétroaction négative» (negative feedback) dont il s’agissait, en anglais, ou encore d’une «contre-réaction», en bon français. Seul le résultat est globalement positif…
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Avenue du Bouchet 2
1209 Genève
Suisse
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