Les infos que j'ai retenues pour vous

Des combattants du Hamas retirent un corps d’otage d’un tunnel de Khan Younès, au sud de l’enclave. Crédits: Keystone / EPA / HAITHAM IMAD

Israël pilonne Gaza malgré la trêve. Hier soir, Benyamin Nétanyahou a ordonné des frappes «immédiates et puissantes» sur l’enclave, suite à des tirs contre des soldats israéliens à Rafah qui ont fait un mort, une attaque qu’Israël impute au Hamas, mais que nie la mouvance islamiste. Selon l’Etat hébreu, le Hamas a en outre restitué les restes d’un otage dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée par l’armée. En réponse, Tsahal a effectué une série de bombardements, faisant au moins 38 morts, selon le dernier bilan de la défense civile de Gaza publié cette nuit. Il ne s’agit toutefois pas de la première violation de la trêve: depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, le 10 octobre dernier, une centaine de Palestiniens ont été tués dans des raids israéliens.

Un rapport de l’ONU accuse Moscou de crimes contre l’humanité. Selon un document de la commission d’enquête internationale indépendante des Nations unies sur l’Ukraine, la Russie s’est rendue coupable de crime contre l’humanité en effectuant des frappes de drones «ciblant intentionnellement» la population civile et les infrastructures publiques de Dnipropetrovsk, Kherson et Mykolaïv, forçant ainsi «des milliers de gens à fuir». La commission accuse également la Russie de crime de guerre, pour avoir transféré de force des civils depuis des zones occupées dans la région de Zaporijjia, en 2022 et 2023.

Les Etats-Unis signent un accord avec le Japon sur les terres rares. Le document, paraphé à Tokyo par Donald Trump et la nouvelle Première ministre japonaise Sanae Takaichi, prévoit une coopération renforcée et une mobilisation de capitaux publics et privés pour soutenir dans les deux pays l’exploitation minière et le traitement de ces métaux essentiels pour le secteur technologique. Cet accord intervient peu après que la Chine, qui assure 60% de leur extraction et 92% de leur production raffinée à l’échelle mondiale, a annoncé un contrôle accru de ses exportations, sur fond de guerre commerciale avec les Etats-Unis.

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La 8ᵉ édition du Forum Santé aura pour toile de fond une question simple, mais cruciale: et si l’on remettait enfin la santé… au cœur du système de santé?

Au programme: comment mieux intégrer la prévention dans notre système de santé, les outils numériques peuvent-ils aider à mieux prévenir la survenue de pathologies, et faut-il repenser totalement le fonctionnement des assurances maladies? Ne manquez pas la présence exclusive d’Élisabeth Baume-Schneider, qui viendra parler de coûts de la santé et des efforts de la Confédération pour les réduire.

Dans mon radar aujourd'hui

La trêve à Gaza tiendra-t-elle? C’est la grande question qui se pose ce matin après les bombardements nocturnes d’Israël, qui accuse le Hamas d’avoir violé le cessez-le-feu. La mouvance islamiste se dit «toujours engagée en faveur de la trêve», malgré les attaques de la nuit. Le vice-président américain J.D. Vance estime que «le cadre général de l’accord reste en place», mais que «cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de petites escarmouches ici et là». Trump a abondé dans son sens plus tard cette nuit, déclarant que «rien» ne compromettra la trêve, tout en estimant que les israéliens «devaient riposter». Benyamin Nétanyahou a ordonné à son armée de reprendre du terrain dans l’enclave (dont elle ne contrôle plus que la moitié depuis le début de la trêve). Il ne s’est pas prononcé sur la poursuite ou non du cessez-le-feu.

Kheops privé de son énergie? Cette semaine, j’ai hébergé quelques jours mon amie Eman, Egyptienne de naissance, émigrée au Canada alors qu’elle était enfant, et revenue à ses racines depuis deux ans. Forte dans tous les sens du terme, bien dans ses bottes, voix grave et gros tatouage de pharaon sur l’avant-bras droit, Eman est une life coach qui ancre sa pratique New Age 2.0 dans l’Egypte antique. Sur Instagram, où elle compte plus de 3000 abonnés, elle se présente ainsi: Wizard Eman 𓂀 Ancient Egyptian Yin Yoga + Life Coach 𓂀 Master of Equanimity - Helping you build your capacity for JOY+EASE+PEACE🫀Life Coach 𓋹 Yin Yoga🧘🏽‍♀️Meditation 🕸️ Storyteller 🦚 Retreats 🌍 Nomad.

Son core business, c’est le life coaching: ses clients américains et canadiens l’appellent en visio pour qu’elle leur donne des conseils de vie, afin qu’ils soient plus successful ou qu’ils find their way, souvent les deux à la fois. Mais à côté de cela, Eman a une myriade d’autres activités plus ésotériques, dont les retraites spirituelles. En gros, il s’agit de se connecter à des lieux chargés en énergie, par des rituels collectifs. C’est ainsi que l’autre jour, elle est revenue à la maison avec des étoiles dans les yeux: elle venait de diriger une cérémonie, de nuit, dans la chambre funéraire de Kheops, que ses clients ont privatisée en payant quelques milliers de dollars.

«Je les ai fait respirer profondément, puis entonner un son continu qui a fini par se synchroniser collectivement. Et comme ce lieu agit comme amplificateur, je leur ai demandé de scander un message à envoyer au monde. Alors on a répété, pendant vingt minutes, le mot Selem (paix en arabe). Sami, that was insane!». Elle a ensuite fait ses valises et poursuivi l’épopée spirituelle avec le groupe en direction de l’oasis de Siwa, près de la frontière algérienne, où je me demande s’il n’y aura pas quelque rituel en lien avec l’Oracle d’Amon, qui avait prédit à Alexandre le Grand son auguste destinée.

Deux jours plus tard, je bois un thé à la maison avec une autre amie, Inès, journaliste italienne aux longs dreadlocks, qui vit au Caire depuis la révolution de 2011. Quand elle ne bosse pas pour les médias italiens ou tessinois, Inès est elle aussi dans le business New Age 2.0. Ses clients viennent du monde entier pour suivre ses cérémonies dans les temples. Elle me raconte comment elle s’arrange avec les gardes de la vallée des rois pour s’allonger dans les sarcophages afin de ressentir leur énergie, et comment une fois elle s’est amusée à surprendre un groupe de touristes chinois en «ressuscitant» subitement. Elle aussi a dirigé des cérémonies dans les pyramides, mais elle estime que ce n’est plus la même chose. «Maintenant, il y a trop de monde qui fait ça, et souvent des gens qui n’ont aucune idée de comment s’y prendre. Résultat, l’énergie de tous ces lieux sacrés est foutue en l’air! C’est tellement triste».

Je ne sais pas dans quelle mesure Eman est une vraie maîtresse de cérémonie ou un de ces charlatans que visent Inès – et d’ailleurs je ne sais pas quelle est la différence entre les deux. Mais force est de constater que, cinq jours après son incantation pour la paix dans le monde, les bombardements reprennent à Gaza et des massacres ont lieu au Soudan…

Mon labo arabe.

Des soldats RSF célèbrent leur victoire à Al-Fasher. Crédits: canal Telegram des RSF

Victoire cruciale pour les rebelles au Soudan. Dimanche, les Forces de soutien rapide (RSF) ont pris le contrôle de la ville d’Al-Fasher, assiégée depuis 18 mois, dernier bastion des Forces armées soudanaises (SAF) dans le Darfour. Des vidéos d’exécutions de masse ont été publiées sur les réseaux sociaux. Selon l’armée régulière, plus de 2000 civils non armés ont été tués depuis dimanche. L’ONU met en garde contre le risque d’«atrocités à grande échelle motivées par des raisons ethniques». Avec cette conquête, les paramilitaires contrôlent désormais tout l’ouest du pays, un territoire équivalent à la surface de la France, rendant plus probable que jamais un scénario «à la libyenne», avec une scission du pays en deux entre l’ouest et l’est.

En Syrie, HTS attaque le prédicateur français Omar Omsen et ses djihadistes retranchés. Je vous parlais il y a quelques semaines d’Omar Omsen, ce prédicateur franco-sénégalais. «Libération» lui avait rendu visite près de la frontière turque, où il vit retranché avec quelques dizaines de djihadistes français après avoir combattu Bachar Al-Assad ces dix dernières années, notamment aux côtés de HTS lors de leur offensive victorieuse de décembre dernier. Il y a quelques jours, ses anciens alliés se sont retournés contre lui et ont lancé une offensive armée contre le camp, dans le but de l’arrêter, sous prétexte qu’il a enlevé une fillette et refuse de la livrer aux autorités. Les résidents du camp ont résisté et obtenu un cessez-le-feu. La France, qui ne souhaite pas les rapatrier pour les juger, reste passive.

Les Etats-Unis mijotent un nouveau plan pour soulager Gaza sans l’ONU. Alors que l’aide humanitaire est toujours bloquée par Israël, qui réclame le retour de tous les corps d’otages, les Etats-unis planchent sur un nouveau plan d’aide, suite à l’échec de sa controversée Gaza Humanitarian Foundation (GHF), dont les distributions s’étaient accompagnées de nombreuses morts civiles. Le nouveau plan, qu’a pu lire Reuters, s’articule autour d’une «Gaza Humanitarian Belt» le long de la ligne de retrait israélienne, où seraient placés 12 à 16 «hubs humanitaires». Mises de côté, les Nations Unies et les autres ONG actives dans l’enclave se montrent critiques de ce plan, qui prévoit, à l’instar de la GHF, des escortes armées. La nouvelle organisation serait opérée par une organisation évangélique américaine et la Croix rouge marocaine.

En Egypte, le duel de la «Good Beach» face à l’«Evil Beach» révèle les fractures du pays. Cet excellent article du New York Times raconte comment le Sahel, la côte nord égyptienne où s’évadent les Cairotes pendant l’été, s’est scindée en deux ces dernières années: d’un côté les plages populaires – prix abordables, chaises en plastique, burkinis et ambiance famille – et d’un autre côté les nouvelles plages VIP – lounge, bikinis, cocktail. Pour accéder à celles-ci, il faut débourser jusqu’à 6000$ la semaine de location de chalet et montrer un QR code à l’entrée, seuls moyens de s’assurer que tout le monde est sur la même longueur d’onde. Cet exemple est révélateur du fossé économique qui s’est creusé depuis trois ans en Egypte, sur fond de crise économique, entre une élite toujours plus riche et le reste de la population.

Une raison d'espérer

Un groupe de 20 jeunes Gazaouis évacués vers la France. Ils et elles sont étudiants, artistes, poètes ou encore designers, et ils ont été choisis pour poursuivre leurs études en France, aux côtés de quelques Palestiniens adultes ayant un lien avec l’hexagone. C’est la première fois depuis trois mois qu’une telle opération a pu être mise en place. En juillet, il s’est avéré qu’une étudiante gazaouie ayant bénéficié du même traitement avait publié précédemment sur X des propos haineux, ce qui a entraîné le gel de ces procédures. Désormais, les contrôles ont été renforcés, assure la France.

Vous voulez gagner les faveurs du président américain? Rien de plus facile, il suffit d’acheter une grosse bagnole, américaine de préférence, et la lui mettre sous le nez dans un lieu symbolique. C’est ce qu’a compris la Première ministre japonaise Sanae Takaichi, qui a intelligemment placé des pickups Ford F-150, que le président américain adore, dans la cour du palace Akasaka, où les deux dirigeants se sont rencontrés hier. «Elle a bon goût, ce sont des hot trucks» (ce qu’on pourrait traduire par «des pickups sexy»), a lâché le président américain aux journalistes, enthousiaste à l’idée que le Japon pourrait en acheter quelques dizaines.

Pourtant, derrière ces flatteries, les Japonais n’aiment pas du tout ce genre de véhicule, beaucoup trop gros pour un petit pays au trafic dense – et à la philosophie éloignée du gigantisme ostentatoire. «Pourquoi les voitures américaines se vendent-elles mal au Japon? Parce qu’elles ne sont pas adaptées à nos conditions routières et urbanistiques, ainsi qu’à nos exigences en matière d’économie d’énergie», résumait l’ancien Premier ministre nippon Shigeru Ishiba devant son parlement en avril dernier.

Paradoxalement, le président américain a, plus tôt lors de sa visite du navire de guerre USS Washington amarré au Japon, enjoint les soldats américains à acheter des Toyota fabriquées au Japon, après que le constructeur a annoncé 10 milliards de dollars d’investissements aux Etats-Unis.

Votre correspondant. Lausannois aimant à me définir comme un «arabe raté», je me suis installé en Egypte il y a deux ans pour enfin apprendre cette langue que feu mon père tunisien ne m’a jamais transmise. Au Caire, je suis correspondant pour Le Temps et Libération. Ces jours, après un mois et demi de travail ininterrompu surtout en raison de Gaza, j’ai caressé le rêve d’une courte pause, voire d’un weekend à la plage – Good ou Evil, à ce stade je m’en fiche. Puis hier soir, Israël a repris ses frappes. Au revoir la mer, bonjour Al-Jazeera.