Les infos que j'ai retenues pour vous

Karin Keller-Sutter et Guy Parmelin hier à leur arrivée au département d’Etat américain. Keystone / AP photo / Mark Schiefelbein

Keller-Suter et Parmelin rentrent les mains vides de Washington. Après un entretien qualifié d‘«amical et ouvert» avec le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio, les deux conseillers fédéraux se sont envolés hier de Washington sans avoir annoncé d’avance sur la question des taxes douanières. Une conférence de presse est prévue à leur arrivée. Swissinfo explique comment l’industrie pharmaceutique suisse – paradoxalement exempte de droits supplémentaires – pourrait être au centre du problème.

150’000 soldats russes en exercice en Biélorussie. C’est le plus important mouvement conjoint de ce genre depuis le début de l’invasion en février 2022… Invasion qui avait été lancée depuis la Biélorussie, où l’opération avait justement été précédée d’un exercice militaire. Les troupes du Kremlin sont arrivées hier chez le pays voisin, mais Kyiv Independent indique que leur localisation précise n’a pas été communiquée. Minsk a laissé entendre que les troupes pourraient s’échauffer du côté des frontières occidentales avec la Pologne et la Lituanie.

Valse à Moscou. Vladimir Poutine a passé la journée d’hier à recevoir au Kremlin: d’abord l’émissaire américain, Steve Witkoff, venu délivrer un message de son patron à deux jours de l’expiration de son ultimatum. Les discussions ont été «utiles et constructives», selon Moscou. Puis c’était le tour de Ajit Doval, conseiller à la sécurité nationale du Premier ministre indien Narendra Modi, venu parler hydrocarbures, alors que les Etats-Unis veulent taxer l’Inde pour ses achats de pétrole russe. Enfin, le roi Ibrahim de Malaisie a effectué une première visite d’Etat en Russie. Pas sûr que Poutine ait eu le temps de lui faire visiter la Place rouge…

Beyrouth veut désarmer tout le monde, le Hezbollah refuse. Un «péché grave»: c’est en ces termes que le Hezbollah a réagi à la décision de l’Etat de récupérer le monopole sur les armes d’ici à la fin de l’année. Le groupe a ajouté qu’il ferait «comme si cette décision n’existait pas», accusant le gouvernement d’exécuter une mesure «dictée par l’émissaire américain».

Il est temps de raconter le monde

🌍📱Migrants TikTok: Je suis arrivé, j’ai réussi, pourquoi pas vous? Bienvenue dans un monde dystopique où les passeurs sont sur WhatsApp, les influenceurs d’exil sur TikTok, les carnets de bord sur Snapchat. Et les migrants, toujours plus nombreux à braver le voyage vers un Eldorado chimérique.
Pendant des mois, le journaliste Amaury Hauchard, correspondant régulier de Heidi.news, et le photographe Michele Cattani ont plongé dans les réseaux sociaux de la migration. Depuis l’Afrique de l’Ouest où ils habitent, ils ont tiré le fil des deux principales routes migratoires de la région, vers l’Europe et les États-Unis.

Dans mon radar aujourd'hui

Le temps de la décision du Conseil constitutionnel en France. Plus de deux millions de personnes ont signé la pétition contre la loi Duplomb, qui veut assouplir les normes environnementales et sanitaires imposées aux agriculteurs, afin de renforcer la compétitivité face aux pays étrangers, notamment au sein de l’Union européenne. C’est le seul organe, avec le président de la République, qui peut mettre un point final à ce projet de loi décrié. En cas de censure totale, explique Reporterre, le texte ne pourra pas être appliqué et aucune possibilité de recours ne sera ouverte.

Invisibles. Avant-hier soir, j’ai bu un verre dans le quartier de la Plaine à Marseille, l’un des épicentres des sorties nocturnes de la ville. Il y a plusieurs siècles, la plus grande place du quartier était un champ de manoeuvres militaires; aujourd’hui, elle est ornée d’un collier de bars en tous genres, où des milliers de personnes passent la soirée.

A chacune des terrasses estivales viennent demander une pièce des femmes et des hommes de la rue, souvent avinés, parfois drogués, toujours en détresse. Avant-hier soir, un homme est venu. Il avait la quarantaine, une barbe de quelques jours, grise, des cheveux crépus courts mais en bataille, et un t-shirt noir tâché au niveau du nombril. Avec mes trois amis, on a cherché une pièce, il a dit qu’il était Congolais.

Je lui demande de quel Congo – la plupart des gens disent Congo pour la République démocratique du Congo. A cette question, il a fait un grand sourire. «De RDC, de Lubumbashi, vous connaissez?» Je réponds oui, sourire encore plus grand.

Il s’appelle Christophe, il est venu avec sa femme en Europe, rêvait d’une autre vie mais voilà, c’est dans la rue qu’il habite désormais avec Madame. On a parlé un peu, du Congo, qu’il évoquait avec nostalgie, mais on ne se connait pas, alors il a vite tourné les basques, en lâchant quand même un «Ca fait plaisir de parler, merci».

Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à toutes celles et ceux qu’on a croisés il y a plusieurs mois lors de l’Exploration des Migrants TikTok. J’ai écrit à plusieurs, un m’a répondu tout de suite: Mohamed Ayefoune Assongnibe le Togolais croisé à Tapachula au Mexique. Il a voyagé à Tijuana, sur la frontière américaine, le dernier arrêt avant le passage du Mur. Il est convaincu qu’il y arrivera. Et n’a toujours pas rallumé ses réseaux sociaux, pour ne pas montrer les difficultés.

Je me demande: Christophe a-t-il pu dire à ses proches à Lubumbashi qu’il dormait dans la rue à Marseille? Sans doute que non. Courage à toi, Christophe !

Mon labo africain

Cette photo a été prise le … 12 octobre 1997. Cela faisait déjà seize ans que Paul Biya était au pouvoir. Vingt-neuf ans plus tard, les affiches n’ont guère changé | KEYSTONE / AP / DAVID GUTTENFELDER

Tout est si simple en démocratie. Au Cameroun, la présidentielle d’octobre commence à ressembler à une mauvaise farce. Je vous avais parlé du ched de l’Etat, 92 ans au compteur, qui se représente pour la septième fois à son poste. C’était le début de la pièce de théâtre, et voici l’acte 2: le principal opposant, arrivé deuxième en 2018, Maurice Kamto, a été interdit de scrutin mardi. Le Conseil constitutionnel, aux ordres, a rejeté sa candidature. Et qu’importe si ses partisans ont manifesté devant son siège, on les a dispersés à coups de lacrymo.

Jihad dans les Savanes. «Depuis juin 2022, la région des Savanes, dans le nord du Togo, vit sous état d’urgence»: les premiers mots de l’article du journaliste togolais Robert Kanssouguibe Douti posent les bases d’un récit fouillé et passionnant sur le quotidien des populations, de cette zone frontalière du Burkina Faso où sévissent les fantassins d’Al-Qaïda et de Daesh. La région est devenue «un avant-poste de la guerre contre la nébuleuse djihadiste», ce qui a eu pour conséquence d’appauvrir encore un peu plus des populations rurales déjà précaires.

«Le conflit le plus nihiliste de la planète». Si des journalistes soudanais luttent jour après jour pour chroniquer la guerre qui se déroule dans leur pays, l’Américaine Anne Applebaum, de The Atlantic, a réussi le coup de maître de raconter le vide immense qu’elle provoque. Elle met des mots sur ce scandale propre à la guerre civile soudanaise: elle n’intéresse personne. Elle évoque «la fin de l’ordre mondial libéral» en détaillant les autocraties qui se servent, avec une attitude «totalement amorale et complètement transactionnelle» sur la bête en train d’agoniser.

Une raison d'espérer

On peut avorter à 15 ans au Rwanda. Grâce à l’approbation d’une loi par les députés du pays, lundi, les adolescentes auront accès à la pilule dès quinze ans, et non dix-huit comme auparavant. Selon le ministre de la Santé Sabin Nsanzimana, à l’origine de la «loi réglementant les services de santé», l’inaccessibilité de certains services aux mineurs était responsable du nombre élevé de grossesses non désirées. Reste que l’avortement n’est légal au Rwanda que s’il résulte d’un viol, d’un inceste ou d’un mariage forcé.

Hier matin, Sami vous parlait des points de hotness que Donald Trump a décerné à Taylor Swift et Sydney Sweeney. Ce matin, ce n’est plus une actrice ou une chanteuse mais le pays tout entier qui est «hot».

Suivant ses habitudes autocongratulatrices, le président américain devait s’ennuyer quand il a pris son portable et téléphoné à CNBC: «Il y a un an, notre pays était mort. Maintenant, on a le pays le plus hot du monde, DE LOIN…» Tout est histoire de point de vue, sans doute.

Votre correspondant.

Il ne faut pas gâter l’affaire! C’est ce qu’on dit aux journalistes toubab débarquant sur le continent africain en quête d’histoires aussi exotiques qu’extravagantes. Alors depuis sept ans, j’essaie de raconter la normalité. Parisien d’origine, j’ai roulé une petite bosse ici et là en Afrique, du Malawi à la Guinée-Bissau, du Mali à la Centrafrique, du Cameroun à Sao Tomé. Depuis le début de l’année dernière, mes valises sont posées au Tchad mais aussi à Marseille, un pas ici, un pas là-bas.