Les infos que j'ai retenues pour vous

Irruption du Kracheninnikov, 3 août 2025. © Keystone / EPA / Institute of Volcanology and Seismology of the Far Eastern Branch of the Russian Academy of Sciences

Russie: le volcan Kracheninnikov s’est réveillé dans la péninsule du Kamtchatka. Et ce serait une première depuis… 600 ans si l’on en croit les spécialistes russes de l’équipe d’intervention locale et depuis 475 ans selon les données du Global Volcanism Program de la Smithsonian Institution, basé à Washington. L’éruption s’est produite dans la nuit de samedi à dimanche après qu’un puissant séisme de magnitude 8,8 a frappé l’Extrême-Orient russe tôt mercredi, lequel a provoqué des tsunamis de faible amplitude au Japon et en Alaska, et a déclenché des alertes à Hawaï, et jusqu’en Nouvelle-Zélande. Le Kracheninnikov a projeté des cendres à 6 kilomètres de hauteur, selon le personnel de la réserve de Kronotsky, où se trouve le volcan. L’éruption a été accompagnée d’un séisme de magnitude 7,0, déclenchant une alerte au tsunami, bien vite levée, dans trois zones du Kamtchatka.

Guerre Israël-Hamas: pour le Hamas, les otages israéliens «n’auront aucun traitement de faveur». «Les otages mangent ce que nos combattants et tout notre peuple mangent, [et ils] ne recevront aucun traitement de faveur tant que se poursuivront le blocus et la politique de famine». C’est en ces termes que le Hamas a réagi à la demande d’Israël de permettre à la Croix-Rouge d’apporter une aide aux otages retenus à Gaza. Dimanche, en réaction à la diffusion d’images de deux otages israéliens très affaiblis retenus par le Hamas qui avait commencé de circuler jeudi dernier, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, avait sollicité le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Le Hamas se dit par ailleurs prêt à répondre «positivement» à toute demande du CICR, mais a exigé au préalable «l’ouverture de corridors humanitaires […] pour le passage de nourriture et de médicaments» dans la bande de Gaza.

Yémen: au moins 68 morts après le naufrage d’un bateau de migrants. Et le bilan devrait s’alourdir, car il y aurait des dizaines de disparus après le naufrage, hier, au large du district d’Ahwar au sud du Yémen, de cette embarcation qui transportait 154 Ethiopiens. Seulement douze personnes avaient pu être initialement secourues. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) basée à Genève, le Yémen continue d’enregistrer une augmentation significative du nombre de migrants clandestins en provenance d’Afrique. Chaque année, les migrants montent à bord d’embarcations précaires pour traverser le détroit de Bab el Mandeb, qui sépare Djibouti et l’Erythrée du Yémen, dans l’espoir d’atteindre l’Arabie saoudite ou d’autres pays du Golfe et d’y trouver du travail. L’OIM estime que plus de 60’000 migrants sont arrivés au Yémen l’an passé.

Il est temps de raconter le monde

🌍📱Migrants TikTok: Je suis arrivé, j’ai réussi, pourquoi pas vous? Bienvenue dans un monde dystopique où les passeurs sont sur WhatsApp, les influenceurs d’exil sur TikTok, les carnets de bord sur Snapchat. Et les migrants, toujours plus nombreux à braver le voyage vers un Eldorado chimérique.
Pendant des mois, le journaliste Amaury Hauchard, correspondant régulier de Heidi.news, et le photographe Michele Cattani ont plongé dans les réseaux sociaux de la migration. Depuis l’Afrique de l’Ouest où ils habitent, ils ont tiré le fil des deux principales routes migratoires de la région, vers l’Europe et les États-Unis.

Dans mon radar

Mercure brûlant: une nouvelle vague de chaleur s’installe sur la péninsule ibérique. Plusieurs régions espagnoles sont en alerte orange, avec des températures jusqu’à 10°C au-dessus de la normale, tandis que le Portugal est en alerte pour un risque très élevé d’incendies. Cette nouvelle vague de chaleur qui se profile pourrait être la deuxième de l’été dans la région, après celle de la fin juin. Selon l’Agence météorologique espagnole, «il est probable que la vague de chaleur soit longue et persiste, au moins, jusqu’à dimanche prochain». En Andalousie et en Estrémadure, des pics de mercure entre 40 et 42ºC sont à prévoir, et l’on envisage des pointes à 45°C du côté de Cordoue et Séville.

Pont de Pelješac, 3 août 2025. © Alain Lewkowicz / Eric Sautedé

Présence chinoise dans les Balkans. Depuis hier, je suis à Sarajevo, et la veille nous avions fait escale à Mostar, en Herzégovine. J’étais encore dans mes études quand le conflit en ex-Yougoslavie a commencé, en 1991, et c’est pour moi très émouvant de me rendre sur ces lieux de mémoire, toujours très vivaces par leur horreur. Au jeu de l’écriture automatique, si je pense à l’ex-Yougo, les premiers souvenirs qui me viennent à l’esprit sont les bombardements de Sarajevo et de Mostar, et bien sûr le charnier de Srebrenica.

Dans la capitale de la Bosnie-Herzégovine, les deux plus importants musées à visiter, au-delà de ceux qui s’intéressent à une histoire plus longue, sont le Musée des crimes contre l’humanité et le génocide commis entre 1992 et 1995, et le Musée de l’enfance en guerre. Et à Mostar, plus encore qu’à Sarajevo, les meurtrissures du conflit, plus de 30 ans après, sont toujours bien visibles: certains bâtiments n’ont jamais été reconstruits, et les façades plus anciennes, laissées à l’abandon au pourtour de la veille ville, portent toujours les stigmates des tirs d’obus et des rafales à l’arme lourde. Sur certaines photos jaunies des années 80, l’on devine pourtant la splendeur passée de centres commerciaux opulents, malgré le communisme. Sentiment de gâchis et d’injustice, comme un écho bien réel à ce qui se passe aujourd’hui en Ukraine – et hier au Liban.

Déformation professionnelle, mon œil a aussi été intrigué par les indices de la présence chinoise dans les Balkans. Pas tant par les touristes d’ailleurs, même si j’ai entendu parler mandarin dans tous les hauts lieux de visite et que certaines devantures de boutiques étaient bien fournies en peluches Labubu (eh oui!). Non, ce qui a vraiment attiré mon attention ce sont les grands projets d’infrastructure de la région portés par des intérêts chinois, car la Bosnie-Herzégovine, tout comme le Monténégro, l’Albanie, la Macédoine du nord et plus encore la Serbie font partie de l’«initiative route et ceinture» (les nouvelles routes de la soie) du président Xi Jinping.

Sur les hauteurs de Sarajevo, de grandes éoliennes chinoises dominent la ville – et ne sont d’ailleurs pas toujours du goût des résidents expropriés – et sur la route depuis le Monténégro, en cheminant en voiture, au moins deux grands projets portaient la marque de la China Energy Engineering Corporation, dont les fanions ornés de larges caractères flottaient fièrement autour des chantiers. Plus bas sur la côte, du côté croate, et bien que distinct des investissements des nouvelles routes de la soie, c’est le pont construit par la China Road and Bridge Corporation qui relie dorénavant par le nord et non loin de Neum – le seul débouché de la Bosnie-Herzégovine vers la mer – le continent à la presqu’île de Pelješac. Une exploration à venir?

Mon labo chinois

Le siège social de Shein dans le village de Jinkeng, district de Panyu, Canton. © China Labor Watch

Shein, le champion de la fast fashion chinoise, n’est pas à la fête. Shein, on en a beaucoup parlé ces dernières semaines sur Heidi.news via les témoignages de Yao Yinmi – exploration Shein, dans l’empire du Miteux – mais l’article d’Amy Hawkins qui s’est rendue pour The Guardian dans les ateliers de confection de Canton s’intéresse moins aux conditions de travail désastreuses dans les sweatshops qui fabriquent pour Shein qu’aux conséquences de la guerre commerciale déclarée par l’administration Trump sur ce secteur, en particulier dans le Guangdong: à elle seule, cette province du sud du pays exportait plus de 7 milliards de dollars de textiles et de vêtements vers les Etats-Unis, soit plus du tiers des exportations chinoises du secteur vers les Etats-Unis, lesquelles représentent un quart de toutes les importations américaines dans le domaine. Sur les mauvaises pratiques de Shein, il faut aussi lire le rapport que vient de sortir China Labor Watch, dont le directeur Li Qiang est mentionné dans l’article du Guardian.

Des formations à l’IA qui pullulent, mais dont les contenus laissent à désirer. Et encore, c’est un euphémisme, car beaucoup de ces cours sont en réalité de vastes arnaques. De nombreux opérateurs promettent des jobs à la clef, extrêmement bien payés qui plus est, puisque les meilleurs des ingénieurs en intelligence artificielle sont supposés gagner plus de 2 millions de yuans (223’000 francs suisses) par an, soit près de dix fois le revenu médian des développeurs de logiciels. De quoi justifier les frais élevés d’inscription à ces formations, lesquels, une fois la période d’essai passée, peuvent s’élever à plusieurs milliers de yuans pour quelques dizaines d’heures de cours seulement. Argument clef: les besoins du pays en employés qualifiés dans le domaine devraient atteindre 6 millions de personnes d’ici 2030. Sur les plateformes de recrutement, Liepin en tête, le nombre d’offres d’emploi a donc très fortement augmenté ces derniers temps, plus encore depuis le lancement de DeepSeek en janvier et ce alors même que le taux de chômage chez les jeunes n’a jamais été aussi élevé.

Sur les plateformes de chat en direct, des hôtesses mineures sont payées pour flirter. En Europe, dans les discussions sur la nécessité de contrôler l’usage des réseaux sociaux chez les ados afin de ne pas les exposer au pire des turpitudes humaines, on cite de plus en plus souvent l’exemple de la Chine, laquelle impose des limites de temps d’utilisation à 40mn par jour pour les moins de 14 ans sur Douyin, la version chinoise de TikTok, et une interdiction pure et simple entre 22h et 6h. Pourtant, tout est loin d’être parfait dans le monde virtuel de l’Empire du milliard, car pour maximiser leurs revenus, les plateformes chinoises de chat en direct et les entreprises qui y opèrent n’hésitent pas à avoir recours à des hôtes et hôtesses mineurs – entre 14 et 18 ans – pour inciter les utilisateurs à dépenser dans des cadeaux virtuels ou pour avoir le privilège d’un appel vocal ou vidéo en tête-à-tête – ceux-là bien plus lucratifs. Pour les plateformes, le vivier de recrus est immense – les utilisateurs du net mineurs en Chine sont 196 millions – d’autant que les rémunérations promises n’ont pas d’équivalent dans les autres petits boulots.

Une raison d'espérer

Roscosmos et la NASA d’accord pour exploiter la Station spatiale internationale jusqu’en 2028. C’est encore un des rares domaines où les Américains et les Russes coopèrent, et l’issue positive de cette première rencontre en face-à-face depuis 2018 entre les directeurs des agences spatiales des deux pays mérite d’être relevée. Selon le directeur russe Dmitry Bakanov, qui avait fait pour l’occasion le voyage à Houston, au Texas, pour échanger avec l’administrateur par intérim américain, Sean Duffy, Roscosmos et la NASA auraient également prévu de discuter de leur coopération lorsque les stations orbitales nationales qui succéderont à l’ISS seront déployées, ainsi que de la manière de «les exploiter, et pour une série de missions dans l’espace lointain».

«Nous avons besoin de chiffres précis sur l’emploi. J’ai demandé à mon équipe de licencier IMMÉDIATEMENT la personne nommée politiquement par Biden».

Donald Trump a donc limogé vendredi la commissaire du Bureau des statistiques du travail, Erika McEntarfer, quelques heures après que son agence a signalé que la croissance de l’emploi aux Etats-Unis avait ralenti, au point de presque s’arrêter. Dans un autre message publié sur Truth Social, le président américain s’en est violemment pris aux compétences de celle-ci et l’a accusée d’avoir «manipulé» à dessein les statistiques de l’emploi – «A mon avis, les chiffres de l’emploi publiés aujourd’hui ont été truqués pour nuire à l’image des Républicains, et de moi-même». Lors de la confirmation de sa nomination par le Sénat début 2024, McEntarfer avait très largement été soutenue par un vote bipartisan (86 voix pour contre 8 contre), dont les votes favorables d’un certain JD Vance, sénateur de l’Ohio, et Marco Rubio, sénateur de Floride.

Votre correspondant. J’ai découvert l’univers chinois dans les années 1980, avant de m’installer à Hong Kong en 1994. Depuis, je m’efforce de rendre cet Orient de moins en moins lointain aussi accessible que compréhensible. Pour faire suite à mon Point du jour de la semaine dernière, dans lequel j’indiquais qu’à Macao la situation politique se dégradait, notamment s’agissant du degré d’ouverture des élections législatives, je signale qu’une étape de plus a été franchie avec l’arrestation de l’ancien député (2001-21) démocrate Au Kam San le 30 juillet, en vertu de la loi sur la sécurité nationale. Son arrestation est la première du genre à Macao sous couvert de cette loi adoptée en 2009 et amendée en 2023.