Bonjour, c’est Lionel à New York, où Donald Trump n’a pas encore envoyé la garde nationale, malgré quelques menaces. Quelque chose me dit que pour cela, il faudra attendre l’investiture du maire élu Zohran Mamdani, le 1er janvier prochain.

Au menu ce matin: le dossier Epstein et ses révélations sur Trump, Voyager 1 à une journée-lumière de la Terre et le coût du shutdown américain.

On vous parle aussi de l’art d’écrire des nécrologies dans The Economist et de l’enseignement du français à Zurich, où le Parlement cantonal a décidé de le retirer du primaire. Menace pour la cohésion suisse?

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Lionel Pousaz à New York
13.11.2025

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Les infos que j'ai retenues pour vous

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Une installation représentant Trump et Epstein non loin du Capitole à Washington DC, en octobre dernier. / Keystone / AP / Jose Luis Magana

Trump était-il dans la confidence des agissements d’Epstein? C’est en tout cas ce que suggèrent des emails du trafiquant sexuel, livrés par ce dernier aux enquêteurs avant sa mort en prison. Rendus publics par des démocrates, des messages de Jeffrey Epstein à sa compagne Ghislaine Maxwell décrivent Donald Trump comme «un chien qui n’a pas aboyé» – signifiant apparemment qu’il aurait maintenu le silence. «Bien sûr qu’il savait pour les filles puisqu’il a demandé à Ghislaine d’arrêter», écrit aussi Jeffrey Epstein au journaliste Michael Wolff. Dans un autre message, il déclare que Donald Trump aurait passé plusieurs heures en privé avec l’une des victimes de son réseau.

Politico (EN)

Le contrôle des stocks d’uranium enrichi de l’Iran «en retard», selon l’AIEA. L’Agence internationale de l’énergie atomique n’aurait plus eu accès aux réserves iraniennes depuis plusieurs mois, d’après un rapport paru hier. Le document qualifie de «source de grave préoccupation» la quantité d’uranium hautement enrichi produite et stockée par Téhéran, mais aussi une rupture de la «continuité des connaissances» sur les stocks, qui pourrait empêcher les inspecteurs de rétablir une vision fiable de la situation. L’Iran a enrichi de l’uranium à hauteur de 60% – une étape proche des 90% requis pour produire des armes atomiques.

Reuters (EN)

L’écrivain Boualem Sansal gracié. Incarcéré en Algérie depuis novembre 2024, l’auteur franco-algérien avait été condamné à cinq années de prison pour «atteinte à la sûreté nationale». Et après un an de requêtes, de tentatives de médiation et de rejets, il a fait l’objet d’une mesure de grâce du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, en réponse à l’offre de médiation de son homologue allemand, Frank-Walter Steinmeier. Boualem Sansal est arrivé, hier soir, à Berlin où il recevra des soins - il est atteint d’un cancer de la prostate.

France 24 (FR)

Pendant ce temps sur Heidi.news

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Illustration: Kati Rickenbach

Le français disparaît des écoles primaires zurichoises. Est-ce juste regrettable, ou aussi néfaste? L’autrice de cet essai est journaliste pour Republik, mais aussi linguiste et bilingue. Elle s’interroge sur le fait que la décision politique de supprimer le français à l’école primaire à Zurich ne s’appuie pas sur la littérature scientifique et plaide pour un apprentissage des langues en immersion, en Suisse, la seule méthode qui fonctionne vraiment.

Heidi.news (FR)
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L’écrivaine et journaliste anglaise Ann Wroe tient la rubrique nécrologie de The Economist depuis 2003.

L’étrange métier de nécrologue: «Vous savez, Ben Laden emmenait des enfants à la plage». Ils sont ceux par qui arrivent les honneurs posthumes, agrémentés de quelques acidités ou réflexions bien senties. Les journalistes des rubriques nécrologie, ou obit writers, sont considérés dans le monde anglo-saxon comme des portraitistes de haut vol. Nous levons un coin de voile sur ce métier fascinant et méconnu.

«La mort est notre métier», épisode 3

Dans mon radar aujourd'hui

Le premier objet humain à avoir parcouru la distance d’une journée-lumière. Lancé en 1977, Voyager 1 s’éloigne de nous à la vitesse d’environ 61’198 km/h. Il lui aura fallu presque cinq décennies pour atteindre aujourd’hui, selon les calculs de l’astrophysicien Alfredo Carpineti, la distance d’une journée-lumière de la Terre. Pour se donner une idée des échelles de notre univers, l’étoile la plus proche du Soleil, Proxima Centauri, est distante de 4,24 années-lumière. Pour y parvenir à sa vitesse actuelle, Voyager 1 prendrait donc encore 1547 fois plus de temps, soit à peu près 77’000 ans.

IFLscience (EN)
Ca m'est arrivé cette semaine

Menaces vaines. Cette semaine au supermarché, je prends garde pour la première fois à cette affichette sur la porte d’entrée. Un document frappé du très officiel sceau de l’Etat de New York. Invoquant la loi de protection des travailleurs du commerce de détail, il avertit le badaud qu’on ne plaisante pas avec les agressions: sept années de réclusion attendent l’auteur d’une voie de fait contre un employé.

De quoi faire réfléchir? Probablement pas, si vous me demandez mon avis. Celui qui cède au besoin d’allonger une droite sur le type du rayon fromage n’est probablement pas au courant de la loi. Et quand bien même. Imagine-t-on ledit personnage, bouillonnant de colère face à une pénurie de Stilton, mais finissant par ranger son poing américain au fond de sa poche, parce qu’il se figure soudain la lourdeur de la peine qui lui pend au nez?

L’espace public et commercial américain est constellé de ces menaces inutiles. Il y a quelques années, sur la route entre Detroit et Chicago, je me rappelle un panneau flanqué à l’entrée d’un chantier, le long d’une voie, m’avertissant d’une peine de prison à vie sans possibilité de parole si je devais tuer un ouvrier au volant (moi, au volant, pas l’ouvrier). Pas de radar pour vérifier le respect de la vitesse réduite, dont tout le monde se foutait. Pas de vraie mesure. Juste un truc spectaculaire – «Wow, peine de prison à vie!» – cache-misère législatif de la paresse ou de la lâcheté des autorités qui veulent montrer leurs gros bras sans fâcher l’automobiliste-électeur.

Cette justice du talion typiquement étasunienne en appelle à nos sens et nos logiques les plus primitives – l’œil pour œil dent pour dent, l’emploi de la menace et, une fois de temps à autre, un coupable sacrificiel dont on fait un spectacle, que l’on condamne à une peine d’une dureté ahurissante, histoire d’instruire les citoyens et les contrevenants. Le goudron et les plumes, en quelque sorte. Peu importe que ça ne marche pas. Je suis prêt à parier qu’aucun employé de supermarché, ni ouvrier de la voirie, n’a jamais été sauvé par ces lois. Non, ce qui compte ici, c’est de satisfaire à travers la punition un désir de rétribution aux fondements presque cosmiques. Et d’éviter, grâce à cet écran de fumée populiste, de prendre des mesures qui marchent.

Mon labo américain

Londres réduit ses échanges d’informations avec Washington. Inédite, la mesure fait suite aux frappes américaines contre des embarcations de narcotrafiquants présumés. Un total de 76 personnes auraient été tuées. Pour justifier ses exécutions extrajudiciaires, la Maison-Blanche a inventé le terme de «narcoterroriste», revendiquant du coup la même marge d’action contre les trafiquants de drogue que contre les organisations terroristes. Une démarche qui n’aura convaincu ni l’écrasante majorité des juristes en droit international, ni Londres qui a décrété un arrêt de certaines collaborations avec Washington en matière de renseignement. Pour l’heure, l’administration Trump se refuse à fournir des informations sur les personnes tuées ou la nature des renseignements sur lesquels reposent ses opérations létales.

Independent (EN)

Les coûts du shutdown. Le gouvernement fédéral est appelé à rouvrir après le vote, hier, de la Chambre des représentants en faveur du budget de l’administration Trump. Pour autant, ses conséquences se feront sentir longtemps. S’il n’est pas facile de lui mettre un coût, les estimations se situent dans une fourchette de 10 à 15 milliards de dollars. Et les dégâts sont également difficiles à chiffrer en termes de ressources humaines. Non seulement le travail chômé des employés fédéraux ne sera jamais totalement rattrapé, mais l’administration, démoralisée et déstructurée, pourrait prendre du temps à se remettre sur la voie.

Scripps News (EN)

Un demi-milliard pour mater les villes. C’est peu ou prou le coût, plus précisément 473 millions de dollars, engagé jusqu’à présent par la Maison-Blanche pour envoyer des troupes à Los Angeles, Washington DC, Portland, Memphis et Chicago. Des déploiements de la garde nationale que le président justifie par l’urgence, mais qui tiennent plus de la communication – montrer aux électeurs ruraux conservateurs que l’on prend à bras-le-corps le laxisme supposément à l’œuvre dans les centres urbains progressistes.

The Intercept (EN)

Une raison d'espérer

Comment les nations du Pacifique tentent de réveiller les consciences sur la crise climatique. Face à la montée des eaux, ces pays font face à une menace existentielle. En juillet dernier, des témoignages d’insulaires ont permis à la Cour internationale de la justice de statuer que les dommages infligés au climat contreviennent au droit international – ouvrant la voie à des poursuites légales. Les nations du Pacifique sont venues en masse à la COP30 au Brésil pour plaider l’abandon des carburants fossiles et l’aide aux pays sinistrés.

Grist (EN)
En direct de la Trumposphère
«Je vous appelle par la présente…»

Voilà un démarrage curieusement formel pour une intervention trumpienne. Elle a été rédigée, ou du moins paraphée, par le président américain et adressée hier au président israélien Isaac Herzog.

Donald Trump, qui n’en est pas à une ingérence près, demande le pardon présidentiel pour Benyamin Netanyahou, embourbé dans plusieurs affaires de corruption. Et donc: «Je vous appelle par la présente à accorder une grâce totale à Benyamin Netanyahou, un premier ministre redoutable et décisif en temps de guerre, qui mène désormais Israël vers une ère de paix.»

Votre correspondant. Journaliste et communicateur scientifique, procrastinateur professionnel, je fais tout à la dernière minute. Cet autoportrait bâclé ne fait pas exception, rédigé avec la paresse d’une loi new-yorkaise pour protéger les employés du commerce de détail.

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