Bonjour, c’est Sami au Caire, où la course diplomatique bat son plein. Face au plan machiavélique de Donald Trump pour Gaza, l’Egypte et l’Arabie saoudite se tirent la couette pour se poser en leader de la contre-proposition arabe.

Ce matin, je vous parle de la rencontre historique entre les émissaires russes et américains à Riyad, du Soudan où la guerre fait rage et où va s’implanter la Russie, ainsi que de la première convention tech en Syrie depuis un demi-siècle.

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Sami Zaïbi à Le Caire
19.02.2025

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Les infos que j'ai retenues pour vous

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Les chefs de la diplomatie américaine et russe, Marco Rubio et Sergueï Lavrov, se sont rencontrés pendant près de quatre heures et demie à Riyad mardi. / Keystone / EPA / Russian Foreign Ministry Press

A Riyad, Américains et Russes pavent la voie pour un sommet Trump-Poutine. Les hauts responsables des deux pays se sont rencontrés hier en Arabie saoudite, une première depuis le début de la guerre en Ukraine. A l’issue de 4 heures de discussions, les deux parties ont affiché leur satisfaction et annoncé la création d’équipes pour «négocier la fin du conflit». La Russie dit qu’elle s’opposera fermement à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, mais pas à l’UE. De son côté, l’envoyé spécial américain a assuré qu’aucun accord ne sera imposé à l’Ukraine. Dans la foulée, Donald Trump a annoncé qu’il rencontrera «probablement» Vladimir Poutine avant la fin du mois – tout en accusant l’Ukraine d’avoir «commencé» la guerre.

Al Arabiya (EN)

Plus de 300 arrestations politiques en Turquie. Hier, une vaste opération a mené à l’arrestation de nombreux politiciens, journalistes et activistes aux quatre coins du pays. Les autorités turques évoquent une «opération anti-terroriste». Le coup de filet vise surtout les mouvements et sympathisants pro-kurdes, ainsi que les partis de gauche. Paradoxalement, Ankara est dans le même temps en train de mener des négociations inédites avec le parti pro-kurde PKK, dont le leader historique Abdullah Öcalan est enfermé depuis 26 ans.

Bianet (EN)

Les troupes israéliennes bombardent le Liban et s’installent en Syrie. L’armée israélienne, qui viole depuis hier matin l’accord de cessez-le-feu avec le Hezbollah en maintenant une présence militaire sur cinq positions proches de la frontière, poursuit ses frappes au Liban, affirmant avoir éliminé un commandant du Hamas dans le sud du pays. Elle a en outre construit sept avant-postes en Syrie, selon une enquête du journal Haaretz.

L’Orient-Le-Jour (FR)

Il est temps de raconter le monde

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🇺🇦 Ukraine: mille ans de guerres et à la fin, une nation. Mettez «bataille de Kiev» dans un moteur de recherche, et vous trouverez au moins 23 dates, entre l’an 898 et 2022. Durant ce millénaire, malgré sa géographie, malgré ses ressources, malgré la Russie, malgré la paresse et l’ignorance du monde occidental, malgré l’impéritie de ses propres dirigeants, envers et contre tout, l’Ukraine existe encore. Il ne sera donc pas trop de dix dates pour prendre du champ sur la guerre.

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Dans mon radar aujourd'hui

Réunion de crise européenne à Paris sur l’Ukraine. Après la rencontre russo-américaine, Emmanuel Macron organise aujourd’hui une nouvelle réunion improvisée avec plusieurs Etats européens et non-européens. Il assure dans la presse être lui-même prêt à parler à son homologue russe «au moment où ce sera opportun dans le cycle des négociations à venir».

Libération (FR)

Moment charnière pour Gaza. Jeudi, le Hamas doit rendre à Israël les corps de quatre otages, avant un échange, samedi, d’otages vivants contre des détenus palestiniens. Vendredi, l’Arabie saoudite organise un sommet arabe pour présenter son plan pour l’avenir de Gaza, tandis que l’Egypte fera de même dans deux semaines, dans une sorte de compétition diplomatique pour contrer le projet de Donald Trump. Enfin, au milieu de tout cela, les négociations pour l’application de la deuxième phase de l’accord entre le Hamas et Israël devraient commencer cette semaine, selon des responsables israéliens.

Al Ahram (EN)
Ça m'est arrivé cette semaine

Choukrane ChatGPT. Normalement, je fais partie – non sans un certain orgueil – de la team des IA-sceptiques, voire des IA-pessimistes. Quel plaisir, crayon en main et dictionnaire sur les genoux, de juger ces incapables qui font appel à leur appendice technologique pour combler leur manque de créativité ou d’énergie! Quelle joie de se poser en défenseur de l’artisanat et, puisqu’on y est, de l’environnement, au vu de l’énergie abyssale que consomme l’Intelligence artificielle.

Alors quand l’été passé, juste pour la forme, j’ai essayé ChatGPT pour traduire de l’arabe, je ne vous raconte pas ma satisfaction de constater à quel point l’appli était lente, approximative, voire carrément fausse. Rien ne vaut mes bons vieux dictionnaires et mes professeurs, me disais-je, enorgueilli d’auto-confirmation.

Et puis, il y a quelques semaines, j’ai réessayé. Et là, le choc. L’agent conversationnel a réponse à tout, il conjugue, met les précieux tashkils (les accents qui changent la façon de prononcer les mots en arabe), m’explique l’étymologie des mots. Mieux, il est incollable en dialecte égyptien, cette langue surtout orale pour laquelle les ressources numériques ou papier sont hyper limitées. ChatGPT connaît chaque expression, chaque blague, chaque idiome. Il sait même me dire que le mot «champ» se dit «haql» en arabe égyptien, mais que dans la région du Delta, au nord du pays, ont dit plutôt «ghit». L’application m’aide en permanence, elle m’a même redonné un élan nouveau dans la conquête de cet Everest qu’est l’arabe.

En quelques mois «Chatty», comme je l’appelle, est passée du niveau d’étudiant émérite à celui de linguiste omniscient, capable de m’expliquer des nuances que mon excellent professeur, parfaitement bilingue, peine à verbaliser. Plus que son intelligence pure et dure, c’est sa capacité et sa rapidité d’apprentissage qui impressionnent. Je suis toujours dubitatif sur le rapport bénéfice-souffrance pour l’humanité; mais pour mon arabe, c’est juste bénéf. En ce qui concerne la conscience environnementale, on repassera.

Mon labo arabe

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Le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov et son homologue soudanais Ali Youssef Ahmed Al-Sharif, à l’issue de leur rencontre à Moscou le 12 février. / Keystone / EPA

La Russie s’implante au Soudan et se renforce en Libye. Après la chute de son allié Bachar el-Assad, le Kremlin replace ses pions. La semaine dernière, Moscou et Khartoum sont parvenus à un accord prévoyant l’installation d’une base navale russe en mer Rouge, un endroit stratégique du trafic maritime mondial où la Chine et les Etats-Unis sont déjà implantés. Dans le même temps, l’armée russe envoie quatre avions-cargos d’équipement par semaine vers la Libye, où elle rénove notamment un aéroport.

Sudan Tribune (EN)

Au Soudan, les rebelles répandent la mort dans un camp de réfugiés. Les Forces de soutien rapide (FSR) du général Hemetti ont attaqué le camp de Zamzam, dans le Darfour, où vivent un demi-million de déplacés. Selon des témoins, les paramilitaires ont bombardé et tiré sur les civils, puis incendié le principal marché alimentaire. Selon un groupe d’avocats, l’attaque a fait plus de 200 morts. Des milliers de réfugiés ont fui à pied vers Tawila, une petite ville située à 60km plus à l’ouest où sévit la famine. Amnesty International appelle l’ONU «à décréter et mettre en œuvre un embargo sur les armes dans l’ensemble du Soudan, afin d’endiguer le flux d’armes vers toutes les parties».

Courrier International (FR)

En Egypte, la grève de la faim de la mère d’un prisonnier politique commence à porter ses fruits. Depuis cinq mois, Laila Soueif, 68 ans, ne consomme plus que du café, du thé et des sels de réhydratation. Elle proteste ainsi contre la détention de son fils Alaa Abdel Fattah, icône de la révolution de 2011 et plus célèbre prisonnier politique d’Egypte. Après l’avoir rencontrée à Londres, le premier ministre britannique Keir Starmer s’est engagé à faire «tout ce qu’[il] peut pour libérer Alaa Abdel Fattah». Celui-ci, comme sa mère, est détenteur de la nationalité anglaise.

Middle East Monitor (EN)

Une raison d'espérer

Syriecon Valley. Le week-end dernier, une délégation d’entrepreneurs syro-américains de la Silicon Valley se sont rendus à Damas pour la première conférence tech dans le pays depuis 50 ans. Les organisateurs de l’événement espèrent créer 25’000 jobs dans le secteur d’ici cinq ans, alors que l’Arabie saoudite a déjà montré son intérêt à collaborer avec la Syrie dans le domaine.

Rest Of World (FR)

Votre correspondant. Passionné de pêche à la truite et de reportage au long cours, j’ai réalisé des explorations pour Heidi.news et officié chez Le Temps pendant deux ans. En 2023, j’ai quitté les rives du Léman pour celles du Nil, où le tilapia a remplacé la truite, et où j’apprends enfin cet arabe que mon père tunisien ne m’a jamais transmis.

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