Les infos que j'ai retenues pour vous

Le secrétaire au Trésor Scott Bessent intervievé sur CBC News depuis Kuala Lumpur, dimanche 26 octobre 2025. © Capture écran sur CBS News – Face The Nation

Vers un accord commercial entre les Etats-Unis et la Chine? Le secrétaire au Trésor américain Scott Bessent a fait savoir, lors de plusieurs interviews télévisées hier, que les deux parties avaient esquissé dimanche à Kuala Lumpur un accord-cadre visant à suspendre les nouvelles hausses de droits de douane américaines et les restrictions chinoises sur les terres rares. Bessent a ainsi indiqué que Pékin pourrait reporter d’un an la mise en œuvre du régime de licences sur ces minerais stratégiques alors qu’une trêve tarifaire avec la Chine serait prolongée au-delà de sa date d’expiration du 10 novembre. La Chine reprendrait parallèlement ses achats de soja américain. De quoi rendre Donald Trump confiant quant à la conclusion d’un accord lors de sa rencontre prévue jeudi avec Xi Jinping en Corée du Sud. Côté chinois, on reste toutefois plus circonspect et l’on évoque un simple «consensus préliminaire».

Argentine: Javier Milei et son parti triomphent aux législatives de mi-mandat. Après le dépouillement de la quasi totalité des bulletins, le parti de La Libertad Avanza est donné nettement en tête (40,7%) du scrutin. Cela signifie que le camp présidentiel obtiendra confortablement un tiers des sièges à la Chambre basse, un seuil clé pour bloquer les projets de loi de l’opposition et soutenir les décrets présidentiels. Les Argentins renouvelaient la moitié de la Chambre basse (127 sièges sur 257) et un tiers du Sénat (24 sur 72). Ces élections ont pris une résonance mondiale, avec l’aide spectaculaire de plus de 40 milliards de dollars (32 milliards de francs suisses), publics ou privés, promise par l’administration Trump à son allié idéologique sud-américain en cas de victoire…

Au moins quatre morts lors de manifestations au Cameroun. Les sympathisants d’Issa Tchiroma Bakary ont répondu à un appel à manifester pacifiquement du candidat qui revendique la victoire face au président sortant Paul Biya, en amont des résultats de la présidentielle du 12 octobre. Plusieurs affrontements ont eu lieu avec les forces de l’ordre à Garoua et Douala, malgré l’interdiction des rassemblements, et des manifestants auraient été fauchés à la suite de tirs «à balles réelles» des forces de l’ordre aux abords de la gendarmerie de Nkoulouloun. Les autorités dénoncent quant à elles des «actes de violence prémédités» et ont renforcé la sécurité dans plusieurs villes. Le Conseil constitutionnel doit annoncer les résultats officiels aujourd’hui à Yaoundé à partir de 11h (10h GMT).

Il est temps de raconter le monde

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Dans mon radar cette semaine

A sa descente de l’avion à Kuala Lumpur, le président américain Donald Trump danse avec les artistes de la cérémonie de bienvenue préparée pour son arrivée, dimanche 26 octobre 2025. © Keystone / EPA Reuters / Hasnoor Hussain

La tournée de Trump en Asie, de Kuala Lumpur à Gyeongju, en passant par Tokyo. Le président américain, qui a quitté lundi matin la Malaisie, se rend au Japon où il rencontrera Sanae Takaichi, la première femme première ministre nippone, avec qui il sera forcément question des suites de l’accord commercial signé en juillet. Puis, il se rendra à Gyeongju, en Corée du Sud, où il participera au sommet du forum de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC), en marge duquel il rencontrera le président chinois Xi Jinping, avec qui, là encore, les discussions se focaliseront largement sur les sujets commerciaux.

© Hong Kong Tourism Board

La globalisation du nectar des dieux. Parce que j’aime bien le bon vin, que je m’y connais un peu (je donne même parfois des cours d’œnologie…) et aussi parce qu’on m’avait donné des tickets d’entrée avec un pass généreusement chargé en jetons virtuels ouvrant droit à de nombreuses dégustations, j’ai rendu une petite visite au Wine & Dine Festival ce week-end. C’est l’un des grands événements du secteur à Hong Kong, faisant office de mise en bouche avant le très professionnel Hong Kong International Wine & Spirits Fair, prévu début novembre. Le Festival se tient en plein air sur la jetée près du quartier de Central, tandis que la Foire a lieu à l’intérieur du très sérieux Hong Kong Convention and Exhibition Centre à Wanchai. Le premier est organisé par le Hong Kong Tourism Board et a été lancé en 2009 pour célébrer la suppression des taxes à l’importation sur le vin; la seconde, pilotée par le Hong Kong Trade Development Council, a été lancée un an plus tôt pour capitaliser sur cette réforme douanière de 2008.

Avec le Festival, on est clairement dans du festif – fermeture à minuit oblige – et ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la gastronomie y occupe également une place de choix, des simples brochettes et saucisses de gargotes aux compositions élaborées de restaurants trois étoiles se réclamant de Joël Robuchon ou d’Anne-Sophie Pic. Cela permet aussi toutes sortes d’accords mets-vins: je me suis ainsi régalé d’un chardonnay bien frais et minéral pour accompagner une raclette recouvrant un bo lo baau, cette brioche-ananas typique de la ville. Les vins français étaient bien sûr très représentés, avec un imposant pavillon Taste France – pénultième déclinaison du branding national à la sauce anglaise, après Choose France, Explore France, Partner with France et Experience France – et un vaste stand abritant une école des vins de Bordeaux, prodiguant en continu des ateliers d’experts sur tous les sujets liés aux activités viti-vinicoles de cette région particulièrement à l’honneur cette année. L’une des banques locales avait même mis les petits verres dans les grands en invitant des représentants des cinq premiers crus de la classification de Bordeaux de 1855 – Lafite, Latour, Margaux, Haut-Brion et Mouton.

Personnellement, je me suis surtout attardé sur les vins chinois, notamment ceux du Ningxia, cette région du centre-nord particulièrement prometteuse. Je suis tombé sous le charme d’un viognier en blanc, d’un marselan et d’un cabernet sauvignon pour les rouges. Issu de vignes cultivées à plus de 1000m dans la partie Est des monts Helan, le Dao de la maison Renyiyuan n’a rien à envier à certaines des meilleures bouteilles de Pauillac – en plus charpenté et avec un degré d’alcool supérieur. Assez étonnamment, les stands chinois semblaient moins fréquentés que ceux du vieux continent, France en tête, mais suivi de très près par l’Italie, l’Espagne, l’Angleterre, et même la Géorgie et la République Tchèque. Partout, cependant, régnait une même ambiance joyeuse et métissée, comme un écho au cosmopolitisme viscéral du Port aux parfums.

Mon labo chinois

Traditionnelle conférence de presse post-plénum avec, cette fois, le ministre des sciences et technologies, Yin Hejun (à droite), à Pékin, le 24 octobre 2025. © Keystone / EPA / Andres Martinez Casares

Deux ou trois choses à retenir du plénum. Pas facile de résumer un communiqué de plénum censé engager les perspectives économiques du pays pour les cinq prochaines années – car les 4e plénums sont toujours dédiés aux plans quinquennaux, ici le 15e. Surtout que cette fois, les attentes ont été perturbées par la purge pour corruption qui a eu lieu juste avant le grand raout, et qui visait essentiellement l’armée. D’ailleurs, sur les 33 généraux membres du Comité Central, seulement un tiers étaient présents. Cette incertitude mise à part, ce sont les thèmes de l’autosuffisance technologique et de la relance de la consommation intérieure qui ont dominé. En clair, la Chine compte dorénavant plus sur ses propres forces que sur son ouverture au monde, guerre commerciale avec les Etats-Unis oblige. Le vocabulaire a changé aussi, et pour s’apercevoir des évolutions depuis le plénum économique de 2019, un petit coup de ChatGPT5 fait des merveilles.

Le monde inquiétant des usines à streaming. Exit les reality shows mettant en scène des stars éphémères cultivant leur différence – interdits en 2021 –, bienvenue aux courtes vidéos de groupes en streaming, hautement compétitives, ce que l’on appelle les tuanbo en chinois. Sur les plateformes de diffusion, Douyin notamment, des danseurs et danseuses se produisent en équipes tournantes de cinq à sept candidats, tandis que le public offre des cadeaux virtuels, vote et paie même pour dicter leurs pas à ces marathoniens de la danse qu’Horace McCoy n’aurait pas renié. Des algorithmes suivent l’engagement et décident en temps réel qui reste sous les projecteurs et qui doit s’effacer. Un secteur en pleine expansion qui dépasse dorénavant les milieux de la danse, pour inclure les mangeurs de fondue chinoise ou les accros du cosplay. En 2025, l’industrie des tuanbo devrait peser quelque 2 milliards de dollars!

Affaire Nexperia: au cœur de la guerre commerciale entre les Etats-Unis, l’Europe et la Chine. Fabricant 40% des semi-conducteurs indispensables aux fonctions de base des voitures à l’échelle mondiale, Nexperia, dont le siège est basé aux Pays-Bas, est depuis quelques semaines au cœur d’un imbroglio politico-industriel qui menace le secteur automobile dans son ensemble. Rachetée en 2019 par Wingtech, un groupe chinois spécialisé dans l’électronique et les semi-conducteurs, l’entreprise a été placée sous le contrôle du gouvernement néerlandais le 30 septembre 2025, en invoquant des lois datant de la guerre froide, afin de protéger la sécurité nationale et européenne. Une démarche quasi-confiscatoire qui doit beaucoup aux Américains, puisque Washington a inscrit Wingtech sur une liste noire en décembre 2024 – aux ramifications étendues en septembre 2025 – pour prévenir tout transfert de technologies sensibles vers la Chine. En retour, Pékin a interdit l’exportation de puces et composants fabriqués par les usines de Wingtech en Chine même…

Une raison d'espérer

L’éolien a le vent en poupe en Chine. C’est à l’occasion de la tenue, la semaine dernière, de la conférence China Wind Power à Pékin que l’on a appris que Pékin entendait augmenter son objectif de production énergétique éolienne de près de 63% à l’horizon 2030 par rapport au plan publié il y a cinq ans. Cela veut dire parvenir à une capacité installée en éolien de 1,3 térawatt d’ici 2030, puis au moins 2 TW d’ici 2035 et 5 TW d’ici 2060. Au 30 juin, la capacité éolienne du pays s’élevait à 573 GW, alors que l’engagement pris en 2020 pour 2030 avait fixé un objectif de 800 GW. Un complément indispensable aux efforts déployés dans le solaire, et qui plus est moins cher au kilowattheure.

«Ronald Reagan ADORAIT les droits de douane pour des raisons de sécurité nationale et d’économie, mais le Canada dit le contraire! Leur publicité devait être retirée IMMÉDIATEMENT, mais ils l’ont laissée passer hier soir pendant les World Series, sachant pertinemment qu’il s’agissait d’une TROMPERIE. Pour avoir gravement déformé les faits et leur acte hostile, j’augmente les droits de douane du Canada de 10% par rapport à ce qu’ils paient actuellement.»

L’annonce, faite hier depuis Air Force One par Donald Trump sur son compte Truth Social, vise une publicité ontarienne citant Ronald Reagan, 40e président des Etats-Unis, pour critiquer les taxes américaines – sacrilège pour le président de la désormais bien seule West Wing, qui y a vu une attaque personnelle. Résultat des courses: Ottawa s’étrangle, Doug Ford, le premier ministre de l’Ontario, promet de retirer l’annonce après le week-end, et le reste du monde réalise que la politique commerciale américaine se décide désormais en regardant les réclames des World Series.

Votre correspondant. J’ai découvert l’univers chinois dans les années 1980, avant de m’installer à Hong Kong en 1994. Depuis, je m’efforce de rendre cet Orient de moins en moins lointain aussi accessible que compréhensible. Et s’il existait des solutions pour sortir de la dépendance à l’égard de la Chine en matière d’approvisionnement en terres rares? Pour y arriver, il faut avoir une vraie stratégie industrielle et surtout envisager que cette stratégie ne portera ses fruits que d’ici une dizaine d’années, comme c’est le cas pour l’Australie.