Les infos que j'ai retenues pour vous

Le Premier ministre indien Narendra Modi salue le président russe Vladimir Poutine, à New Delhi, le 6 décembre 2021. Money SHARMA/AFP

L’ultimatum de Trump contre Moscou prend corps. A quatre jours de l’échéance, le locataire de la Maison-Blanche a menacé l’Inde d’augmenter «significativement» sa surtaxe prévue à 25% si elle continue d’acheter du pétrole russe en «grande quantité». Les Indiens «ne se soucient pas du nombre de personnes tuées en Ukraine par la machine de guerre russe», a lâché Donald Trump dans un message accusateur pour le Kremlin, renforçant l’improbable virage que les États-Unis ont amorcé le mois dernier, après six mois de complaisance envers Moscou.

D’anciens responsables israéliens veulent la fin de la guerre à Gaza. «Arrêtez la guerre à Gaza !», exhortait hier un courrier signé par environ 550 anciens chefs espions, ex-patrons du Mossad, militaires, policiers et diplomates israéliens. Ils appellent d’une même voix Donald Trump à faire pression sur Benyamin Netanyahou pour faire cesser les combats qui ont fait des milliers de victimes civiles et dans lesquels Israël perdrait «son identité», selon Ami Ayalon, l’ancien directeur du service de sécurité intérieure de l’Etat hébreu.

Branle-bas de combat en Suisse sur les droits de douane US. Le gouvernement a déclaré hier vouloir poursuivre les négociations avec Washington sur les droits de douane, «si besoin au-delà du 7 août» après une réunion de crise. La semaine passée, Donald Trump a annoncé une surtaxe de 39% sur les produits helvétiques importés aux Etats-Unis à compter du 7 août, bien plus élevée que les 15% imposés aux voisins de l’Union européenne. Un vrai coup de massue pour le pays alpin dont les produits pharmaceutiques représentent plus de la moitié des exportations.

Où finissent les habits Shein?

Des volontaires de la Fondation Or au Ghana tentent de nettoyer la plage de ses déchets toxiques (AP Photo/Misper Apawu)

Vous pensez aider en donnant vos vieux habits? Ils finiront sans doute sur une plage au Ghana. Dernier épisode de notre grand récit sur Shein, la marque chinoise aux tonnes de vêtements de piètre qualité. Le marché de Kantamanto, à Accra, est le plus grand d’Afrique pour les vêtements d’occasion. Si vous n’y êtes pas allé, vos habits y sont déjà. Quinze millions de pièces y débarquent chaque semaine, dont l’Occident se débarrasse en toute bonne conscience. De jeunes créateurs y développent de nouveaux vêtements à partir des vieux. Mais l’ultra fast-fashion est en train de pourrir le marché…

Il est temps de raconter le monde

🌍📱Migrants TikTok: Je suis arrivé, j’ai réussi, pourquoi pas vous? Bienvenue dans un monde dystopique où les passeurs sont sur WhatsApp, les influenceurs d’exil sur TikTok, les carnets de bord sur Snapchat. Et les migrants, toujours plus nombreux à braver le voyage vers un Eldorado chimérique.
Pendant des mois, le journaliste Amaury Hauchard, correspondant régulier de Heidi.news, et le photographe Michele Cattani ont plongé dans les réseaux sociaux de la migration. Depuis l’Afrique de l’Ouest où ils habitent, ils ont tiré le fil des deux principales routes migratoires de la région, vers l’Europe et les États-Unis.

Dans mon radar aujourd'hui

Visite américaine à Moscou. Alors que les tensions s’intensifient entre Washington et Moscou - Donald Trump menace de déployer deux sous-marins nucléaires - l’émissaire présidentiel Steve Witkoff est attendu en Russie, probablement demain ou jeudi. Sa mission: «conclure un accord pour mettre fin aux pertes humaines», selon Trump, qui désirerait par-dessus tout recevoir le prix Nobel de la Paix. Ce dernier a fixé un ultimatum à Vladimir Poutine, qui expire vendredi, sous peine de lourdes sanctions. Une visite jugée «importante» pour Moscou, compte tenu de la complaisance de Witkoff envers le Kremlin.

On s’habitue trop vite à la guerre. C’est le constat qui m’a frappé cette semaine, alors que les attaques russes sur Kyiv ont tué 31 personnes. Ce soir-là, il faisait frais dehors. Quand l’alarme antiaérienne a sonné pour annoncer les 40 premiers drones dans le ciel de la capitale, j’ai ouvert les fenêtres contre un peu d’air. Sur notre lit, ma compagne et moi, on regardait les flashs des explosions dessiner des formes sur nos murs, instantanés du relief des immeubles. On écoutait les drones et leurs 40 kg d’explosif bourdonner par paire au-dessus de notre appartement. Mais le sentiment prépondérant, c’était l’ennui.

- Viens, on va voir à quoi ressemble le bunker», lui dis-je en fixant le plafond. On s’est mis en branle plus pour s’occuper que par sécurité. Cet abri, au bas de notre immeuble, on n’y avait jamais mis les pieds.

- T’as pas vu mon pull mauve ?»

En m’habillant pour sortir, debout dans notre appart soumis aux quatre vents, j’ai regardé ma compagne fouiller le bordel de notre placard dans le noir, au rythme des explosions, des rafales de DCA et des râles menaçants de drones, dans une espèce de bande originale de l’apocalypse.

Ca me frappe. Y a un truc qui cloche. On n’est pas censé s’en foutre. Pourtant, une fois habillés, on s’est précipités à pas de ministre vers l’abri. Une fois qu’on a vu qu’il était occupé, par flemme de socialiser, on est retourné s’ennuyer au lit, non sans que je traîne un peu du pied dehors, mains dans les poches, à regarder faire la défense antiaérienne dans le ciel, comme on regarde les employés de la mairie faire des travaux de voirie. Un brin misogyne, j’ai tout de même demandé à ma compagne de rentrer au plus vite.

Le lendemain, un soldat qui se bat depuis trois ans m’a écrit à la faveur d’une photo postée sur Instagram. Un type intelligent et humain, que j’avais rencontré sur le front de l’est, et dont je n’avais pas eu de nouvelles depuis longtemps. Je lui demande comment il va et, en lieu et place de banalités, il me sort :

- Au tout début, je voulais détruire les Russes à l’échelle industrielle. Je devrais faire plus attention à ce que je souhaite… J’ai arrêté de compter. D’abord en nombre, puis en kilos, maintenant en tonnes. Dans mon cas, j’ai besoin de comprendre pourquoi l’amour est plus fort que la mort. Et tout le reste, ce sont des dommages collatéraux ? Je ne sais pas.»
Il fait une pause.

- J’ai tué trop de gens pour un humaniste.»

Je n’ai pas trouvé de réponse correcte à lui donner. On ne s’habituera jamais à la guerre.

Mon labo slave

Les secouristes russes déblayent les décombres et éteignent les incendies à l’hôtel de ville Crocus de Moscou. Document du ministère russe des Situations d’urgence/EPA

Début du procès de l’attentat du Corcus Hall en Russie. La première audition a eu lieu hier. Il s’agit de juger les dix-neuf auteurs présumés – dont quatre Tadjiks – d’une attaque revendiquée par l’État islamique, qui avait fait 149 morts et 609 blessés dans une salle de concert de Moscou en mars 2024. Des images diffusées après leur interpellation avaient montré les suspects tuméfiés, en fauteuil roulant, tabassés par les services de sécurité moscovites. Si la Russie avait initialement pointé du doigt l’Ukraine, qui a démenti toute implication, le Comité d’enquête russe évoque maintenant une planification par des services secrets d’un «État inamical» non spécifié. Le procès, partiellement à huis clos, se déroulera sur plusieurs jours.

Poutine prêt à rencontrer Zelensky? Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a surpris en déclarant hier que le président russe n’excluait pas une entrevue avec son homologue ukrainien. Une annonce inattendue, car Poutine a justifié l’invasion de l’Ukraine par, entre autres, «l’illégitimité» de Zelensky. En juin, il avait évoqué une possible rencontre, mais refusait que des accords soient signés par le président ukrainien. Désormais, Poutine se dit prêt à discuter, mais seulement après un travail préalable de ses experts. Pour les observateurs, cette annonce viserait à gagner du temps face à l’ultimatum de Donald Trump, qui expire vendredi.

Les cartels mexicains dans les rangs ukrainiens. Selon un article du média d’investigation français Intelligence Online, des soldats liés aux cartels de la drogue latino-américains auraient infiltré les forces armées ukrainiennes sous couvert de volontariat, pour se former à la fabrication et au pilotage de drones explosifs FPV ainsi qu’aux moyens de les brouiller. Les services secrets ukrainiens mèneraient l’enquête. Ces derniers jours, les vidéos de narcotrafiquants habillés en militaires utilisant des drones ont fleuri sur les réseaux sociaux, ce qui va compliquer encore davantage la guerre des autorités contre les cartels.

Une raison d'espérer

Au Japon, des mamies en location. Vous vous sentez seul et souhaiteriez le réconfort d’une grand-mère? Au Japon, vous pouvez faire appel à «OK! Obaachan» (Ok! Mamie!), un service qui met en relation des retraitées avec des personnes qui ont besoin d’aide pour des tâches quotidiennes ou pour combler un manque affectif. Une habile réponse à la solitude urbaine et au manque d’emplois pour les seniors, surtout les femmes, dans un Japon à la population âgée croissante. Les «grand-mères» offrent chaleur et sagesse pour 48 francs suisses la visite environ. Une façon d’aider aussi ces femmes sans retraite stable, tout en valorisant le respect des aînés!

Vous voulez payer vos soins moins cher ? Alors faites appel au président américain Donald Trump et ses réductions SPECTACULAIRES ! Il a promis de faire pression sur les laboratoires pharmaceutiques pour «baisser les prix des médicaments.»

«Pas de 30 ou 40 %, ce qui serait formidable, ni de 50 ou 60 %, non. Nous allons les faire baisser de 1000 %, 600 %, 500 %, 1500 %», du «jamais vu», s’est-il vanté en juillet face au Congrès.

Ce qu’on ne pourra pas lui enlever, car une réduction de 1500 % voudrait dire que les laboratoires pharmaceutiques, pourtant pas vraiment enclins à la charité, vous paieraient, et beaucoup, pour prendre leurs médicaments. Du jamais vu, effectivement.

Votre correspondant. Plus ou moins journaliste, plus ou moins photographe, j’aime les pancakes et les bonnes histoires. Historien de formation, aussi organisé que l’armée russe et ponctuel qu’un bus malien, je fuis les lourdeurs de l’administration dans les pays où il n’y en a plus. Après douze palus et trois typhoïdes en Afrique, je redécouvre les saisons en Ukraine, d’où je regarde le monde se déliter au rythme des drones.