Bonjour, c’est Sami au Caire, où tout le monde est indigné par la proposition de Trump de déplacer les Gazaouis vers l’Egypte et la Jordanie, dans un curieux mélange d’égoïsme (pas touche à ma terre) et de solidarité (soutien à la cause palestinienne).

Ce matin, je vous parle ce même plan, que le président américain a réitéré hier face au roi de Jordanie à Washington. J’évoque également les dessous de l’opération israélienne à Gaza, ainsi que l’Irak qui veut relancer son industrie du tourisme.

photo journaliste

Sami Zaïbi à Damas
12.02.2025

Play Podle

Les infos que j'ai retenues pour vous

Photo article

Hier, le président américain a rencontré le roi jordanien à la Maison-Blanche. Crédits: Keystone / AP / ALEX BRANDON

Face au roi jordanien, Donald Trump persiste avec son plan fou. Une semaine après avoir dévoilé son idée de Riviera américaine à Gaza, le président américain a réitéré hier son idée face au roi Abdullah II, qu’il recevait à la Maison-Blanche. «We’re going to take it. We’re going to hold it. We’re going to cherish it», a même affirmé le milliardaire. Visiblement emprunté, le président jordanien a timidement tenté de protester, rappelant que l’Egypte et les pays arabes doivent bientôt formuler leur propre plan. Parallèlement, la tension monte à Gaza: le président Nétanyahou prévient que si le Hamas ne livre pas le prochain groupe d’otages d’ici samedi midi, il rompra le cessez-le-feu et reviendra à «des combats intenses».

CNN (EN)

L’UE veut investir 200 milliards d’euros dans la course à l’IA. Hier, lors du sommet international sur l’intelligence artificielle qui se tenait à Paris, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé la création d’un partenariat public-privé pour combler le retard du Vieux Continent en la matière. L’alliance nommée «EU AI Champions Initiative» regroupe 60 entreprises issues de la tech et de l’industrie, dont notamment Mercedes, Airbus ou encore Spotify. Le même jour, 58 pays ont signé une déclaration pour une IA «ouverte», «inclusive» et «éthique».

RTS Info (FR)

Vaste coup de filet antimafia à Palerme. Hier, 147 membres présumés de la pieuvre ont été interpellés en Sicile par les Carabinieri, à l’issue d’une enquête de deux ans. Ils sont notamment accusés de tentative d’homicide, de trafic de drogue et de paris clandestins. Selon les médias transalpins, il s’agit de la plus importante opération du genre depuis 1984. A Palerme et dans les environs, Casa Nostra continue à exercer son contrôle et à imposer le pizzo, l’impôt mafieux dont doivent s’acquitter les commerçants.

France Info (FR)

Il est temps de raconter le monde

Photo article

Vous connaissez un jeune de 18 ans qui habite le canton de Genève? Alors faites-lui profiter gratuitement de l’opération Mon Journal: l’État de Genève offre un abonnement aux jeunes de 18 ans résidant ou titulaires des droits politiques dans le canton.
Le jeune bénéficiera gratuitement d’un abonnement d’une durée d’un an à Heidi.news incluant l’accès illimité à nos articles ainsi que les revues trimestrielles.

Plus d'infos

Dans mon radar aujourd'hui

En Turquie, des opposants placés en garde à vue. Hier, une dizaine de responsables municipaux du CHP, le premier parti d’opposition, ont été interpellés. Ils sont accusés de liens avec le «terrorisme», c’est-à-dire avec le parti pro kurde PKK. C’est l’union de ces deux formations qui a forcé Erdogan à un second tour lors des présidentielles de 2023, et mené son parti à la défaite lors des municipales de l’année dernière. Pourtant, le président turc est en train de négocier un processus de paix avec le PKK.

RFI (FR)
Ça m'est arrivé cette semaine.

Au CICR, de zéro à héros. En ces temps troublés pour les humanitaires, porter la croix revient parfois à porter sa croix. Une connaissance travaille actuellement pour la vénérable institution en Ukraine, et c’est peu dire qu’il ne s’y plaît pas. Entre les obus qui tombent sur les camionnettes blanches à croix rouge et les parties au conflit qui «se torchent le cul avec les Conventions de Genève», dixit ladite connaissance, il se sent franchement inutile et vainement en danger.

Ses collègues tentent de le rassurer en expliquant que la mission ukrainienne est particulièrement frustrante et que d’autres missions ailleurs seront plus gratifiantes. Mais encore faut-il qu’il y ait des fonds, puisque le CICR, déjà secoué par la plus grave crise financière de son existence, risque fort de faire une croix sur ses financements américains, qui comptent pour un quart de son budget, sabrés par un Trump qui ne comprend que le rapport de force. Dans un monde où la Real Politik fait son retour, le CICR, ses grands principes et son océan de paperasse semblent menacés, pour ne pas dire caduques.

Et puis, il y a cinq jours, je décryptais (toujours avec autant de difficulté) une vidéo d’actualité avec mon prof d’arabe. Le sujet en question parlait de la libération des otages israéliens. Et au milieu de la nuée de combattants en treillis, cagoulés, kalachnikovs à la main, cerclés de caméras et d’appareils photo, qui vois-je? Une autre connaissance, rencontrée en Syrie, gilet du CICR sur les épaules, signant paisiblement les papiers du Hamas avant d’embarquer les captifs et les ramener vers leur famille, après une année et demie d’absence. Le même type avec qui je buvais des pintes à Damas il y a un mois se retrouve catapulté au centre de l’Histoire, avec un grand «H» s’il vous plaît, jouant un rôle majeur dans le processus de paix.

Je suis sûr qu’au quotidien, ces deux connaissances se contentent de remplir leur mission, souvent ingrate, au plus près de leur conscience. Et puis parfois, sans prévenir, le grand mouvement de l’Histoire toque. Quand c’est le cas, heureusement qu’il y a le CICR.

Mon labo arabe

Photo article

Un quartier du nord de Gaza, photographié le 11 février depuis Israël. Crédits: Keystone / AP / ARIEL SCHALIT

«Bombarder la zone, gazer les tunnels»: une enquête révèle les dessous de l’opération israélienne à Gaza. Basée sur des entretiens avec 15 membres des services secrets israéliens, l’investigation du média indépendant «+972 Magazine» dévoile deux stratégies employées par Tsahal à Gaza: le «tiling» et le gazage. La première, qui consiste à bombarder méthodiquement de larges portions de territoires, est utilisée lors d’opérations visant de hauts responsables du Hamas. Lors de celles-ci, l’armée israélienne s’autorise des pertes civiles palestiniennes à trois chiffres, le tout en étroite coordination avec l’armée américaine. La seconde est plus complexe: Tsahal a découvert par hasard que ses bombes anti-bunker relâchent des gaz mortels, et a exploité sciemment ses effets dévastateurs pour déloger des cibles, tuant au passage trois otages israéliens.

+972 Magazine (EN)

En Syrie, les Kurdes comptent vider le camp de prisonniers d’Al Hol. Cinq ans après avoir défait l’Etat islamique, les Forces démocratiques syriennes, soutenues par les Etats-Unis et menées par les Kurdes, détiennent encore 56’000 personnes. Le camp d’Al Hol dénombre à lui seul 40’000 détenus, dont beaucoup sont issues de l’organisation islamiste. Dans le cadre des discussions en cours avec HTS, les responsables kurdes ont annoncé hier leur souhait de vider ces camps d’ici la fin de l’année. Les ressortissants irakiens pourront normalement revenir dans leur région d’origine. En ce qui concerne les Syriens et les autres nationalités (dont de nombreux islamistes européens et leur famille), c’est le flou total. La question promet d’être bouillante ces prochains mois.

Arab News (EN)

Trafic de flamants roses déjoué en Tunisie. Lundi, la douane tunisienne de Jendouba, à la frontière avec l’Algérie, a intercepté une camionnette transportant dix de ces oiseaux. Empaquetés à la va-vite comme de vulgaires «chapatis» (les sandwiches tunisiens ressemblants aux durums), les pauvres volatiles retrouveront bientôt leur habitat naturel. En Tunisie, ils sont considérés en voie d’extinction, victimes de la chasse, de la pollution, du réchauffement climatique et de la perte de leur habitat.

Tunisie Numérique (FR)

Une raison d'espérer

L’Irak démine pour rebooster le tourisme. Loin du tumulte qui agite la région, l’Irak se remet discrètement sur pied. Après avoir mené son premier recensement national depuis des décennies, l’automne dernier, le voilà qui procède à une vaste opération de déminage dans le nord-est du pays, afin de permettre le retour des grimpeurs dans cette région verte et montagneuse. Comptant quelque 12’500 sites inscrits à l’UNESCO, l’Irak investit 1 milliard de dollars cette année pour relancer son industrie du tourisme, tandis que Baghdad est désignée capitale du tourisme arabe 2025.

Middle East Eye Monitor (EN)

Votre correspondant. Passionné de pêche à la truite et de reportage au long cours, j’ai réalisé des explorations pour Heidi.news et officié chez Le Temps pendant deux ans. En 2023, j’ai quitté les rives du Léman pour celles du Nil, où le tilapia a remplacé la truite, et où j’apprends enfin cet arabe que mon père tunisien ne m’a jamais transmis.

Vous avez aimé? Partagez:

Facebook Twitter Linkedin Instagram
b696e884-f624-429e-91a6-1af20f5cf9e3.png

Avenue du Bouchet 2
1209 Genève
Suisse