Les infos que j'ai retenues pour vous

La province de Catanduanes après le passage de Fung-wong, le 9 novembre 2025. © Keystone / Xinhua / Administration locale de Catanduanes

Plus d’un million de personnes évacuées et deux morts aux Philippines en raison du typhon Fung-wong. Connu localement sous le nom d’Uwan, le typhon s’est abattu hier soir sur la province d’Aurora, sur l’île septentrionale de Luzon, avec des vents dépassant les 185 km/h et des rafales mesurées à 230 km/h, provoquant des vagues déferlantes de plus de trois mètres. Déjà meurtri par le passage du typhon Kalmaegi (Tino) la semaine dernière, lequel a causé près de 200 morts, le pays est sur le pied d’alerte, craignant inondations et glissements de terrain généralisés. Les écoles et les lignes aériennes sont très perturbées, alors que les autorités ont déclaré l’état de calamité pour un an suite au passage de Kalmaegi. Fung-wong devrait continuer sa course aujourd’hui vers Hong Kong, avant de bifurquer mardi vers Taïwan.

Démissions à la tête de la BBC, suite à un montage contesté d’un discours de Trump. La chaîne publique britannique était accusée ces derniers jours d’avoir présenté de manière trompeuse des propos de Donald Trump dans un documentaire de son magazine d’information phare, Panorama, diffusé en octobre 2024. Le directeur général Tim Davie et la patronne de l’information du groupe audiovisuel public Deborah Turness ont annoncé hier soir leur démission, Davie reconnaissant que «le débat actuel autour de l’information de la BBC [avait] contribué à [sa] décision». La ministre britannique de la culture, Lisa Nandy, a qualifié la situation d’«extrêmement grave», alors qu’une sanction vient d’être infligée à la BBC par le régulateur des médias à propos d’un documentaire sur Gaza, jugé trompeur.

Etats-Unis: vers la fin du shutdown? Un accord bipartisan a été trouvé au Sénat hier pour mettre fin à la plus longue paralysie de l’administration fédérale de l’histoire. Négocié par des sénateurs démocrates (Angus King, Jeanne Shaheen, Maggie Hassan) et républicains, avec l’appui de la Maison-Blanche, le texte prévoit un financement partiel jusqu’au 30 janvier 2026 pour la plupart des agences, et un budget annuel pour l’agriculture, les anciens combattants et le Congrès. Les démocrates ont obtenu la promesse d’un vote en décembre sur le prolongement des subventions de l’Affordable Care Act, ainsi que la réintégration et le paiement rétroactif des fonctionnaires licenciés. Un vote au Sénat était prévu hier soir, heure de Washington. Le texte devra ensuite être adopté par la Chambre des représentants, avant d’être promulgué par Donald Trump.

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Dans mon radar aujourd'hui

Affiche pour la COP30, le sommet des Nations unies sur le climat, qui se déroule à Belém, au Brésil, le 6 novembre 2025. © Keystone / AP / Eraldo Peres

Ouverture de la COP30: soyons réalistes, demandons l’impossible. Comme à l’ordinaire, l’ouverture aujourd’hui à Belém du grand sommet sur le climat fait ricaner les lobbyistes, s’exalter les dirigeants et bouillir les activistes. Entre rivalités géopolitiques, intérêts économiques divergents et promesses non tenues, les Etats peinent à trouver un terrain d’entente. Les pays les plus pauvres réclament des financements climatiques concrets, tandis que les grandes puissances, divisées, tergiversent sur la sortie des énergies fossiles. L’urgence est pourtant bien là: records de chaleur, catastrophes naturelles à répétition et objectifs de l’Accord de Paris toujours hors de portée. Des avancées sont possibles lors de cette première COP organisée en Amazonie, notamment en misant davantage sur l’«implémentation» que sur les promesses.

Un journalisme à la française? La semaine dernière, j’ai participé à un séminaire organisé par le Centre d’études en journalisme de l’Université de Hong Kong et le Consulat général de France. L’objectif: célébrer la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes contre les journalistes (2 novembre) et promouvoir la tradition journalistique française. Pour l’Université de Hong Kong, ce fut aussi l’occasion de réaffirmer les valeurs clés du métier – vérité, vérification des faits, transparence des sources, impartialité, indépendance des médias et droit du public à l’information – dans un contexte marqué par la loi sur la sécurité nationale de 2020.

Autour de la table, en plus de votre serviteur: Florence de Changy (Le Monde), Perry Mak (fondateur du Hong Kong Economic Times) et Eric Wishart (le standards and ethics editor de l’AFP), des professionnels très expérimentés pour débattre de la «françitude» dans le journalisme. Pour Eric, premier étranger à avoir dirigé l’AFP, l’agence française incarne surtout l’indépendance et la distinction entre médias d’Etat et médias publics. Florence, elle, a souligné l’approche «cérébrale» et polyvalente des journalistes français, héritée de l’apprentissage de la philosophie au lycée et de la nécessité de faire beaucoup avec peu de moyens.

De mon côté, j’ai évoqué une riche filiation: du journalisme engagé du début du 20e siècle aux livres d’Albert Londres, en passant par les grands reportages d’un Joseph Kessel. J’en ai profité pour rappeler qu’en France, malgré la concentration des médias entre les mains de grandes fortunes et la dérive d’un certain journalisme d’opinion, des initiatives comme Médiapart, Off Investigation, Explore Media ou Blast perpétuaient cette tradition avec vitalité.

Mais c’est Perry Mak qui a assurément fait mouche, et pour cause. Il a gratifié son passage au Centre de formation et de perfectionnement des journalistes à Paris dans les années 80, à une époque où aucune formation en journalisme n’existait à Hong Kong, d’une grande partie du mérite qui lui a fait quitté le Wen Wei Po – organe de propagande de Pékin – pour lancer en 1988 le Hong Kong Economic Times, un titre indépendant qu’il a dirigé jusqu’en 2020. Difficile d’imaginer plus bel hommage…

Mon labo chinois

Laura Murphy, de l’université de Sheffield Hallam. © Christopher Thomond / The Guardian

Sous pression de la Chine, une université britannique suspend les travaux d’une professeure sur les droits humains. Spécialiste des chaînes d’approvisionnement, Laura Murphy et son équipe du Helena Kennedy Centre for International Justice, à l’université de Sheffield Hallam, documentaient l’implication d’entreprises dans le recours au travail forcé des Ouïghours en Chine, recherches reprises par l’ONU et plusieurs gouvernements. En février, l’université ordonnait l’arrêt du projet et fermait le site lié du Forced Labour Lab, invoquant des raisons juridiques et de sécurité. Des courriels internes ont toutefois révélé des craintes d’un tout autre ordre – l’impact sur le recrutement d’étudiants chinois et sur les relations avec Pékin. Face aux critiques et aux menaces de recours pour atteinte à la liberté académique, l’institution est revenue sur sa décision en octobre et a présenté ses excuses, tout en mettant en avant «des circonstances complexes».

Controverse autour de l’accessibilité pour les personnes handicapées. Atteint de polio, se déplaçant à l’aide de béquilles et d’un fauteuil roulant, le chanteur taïwanais Cheng Chih-hua a déclenché une vive polémique en Chine après avoir dénoncé, le 25 octobre, les difficultés rencontrées – «inhumaines» selon lui – pour embarquer à l’aéroport de Shenzhen. Malgré des excuses des autorités et une vidéo prouvant le danger de la situation, des internautes l’ont accusé d’exagération et de vouloir ternir l’image de la Chine. Face au maelström en ligne, Cheng a lui même fini par présenter ses excuses, expliquant que ses propos avaient été tenus «sous le coup de la colère». L’affaire a néanmoins permis de relancer le débat sur l’accessibilité pour les personnes handicapées dans le pays, où 85 millions de personnes font face à de tels obstacles au quotidien. La bataille pour l’inclusion continue.

A la CIIE, on mise sur les gadgets minceur. Lors de la huitième édition de l’Exposition internationale des importations de Chine, qui s’est tenue du 5 au 10 novembre à Shanghai, les innovations liées à la perte de poids étaient à la fête: ballons gastriques nouvelle génération, montres «anti-fringales» et coachs sportifs virtuels. Des produits qui s’inscrivent dans une campagne nationale de trois ans contre l’obésité, lancée en juin 2024, alors que 70,5% des adultes et 31,8% des enfants chinois pourraient être en surpoids ou obèses d’ici 2030, selon les projections. Parmi les stars du salon, le ballon Orbera365™ qui promet de réduire l’appétit pendant un an et la montre ObeEnd, censée tromper le cerveau en envoyant des signaux de satiété. Pour faire bonne mesure, les organisateurs avaient même ajouté un «Sports Park» pour prouver que bouger, c’est aussi une option.

Suspension de l’interdiction d’exporter certains métaux rares vers les Etats-Unis. C’est une petite actu, mais ça en dit long sur la partie de bras de fer et le difficile découplage entre Washington et Pékin. Pas sûr que l’annonce faite par le ministère du commerce chinois hier de cette relaxe concernant le gallium, le germanium et l’antimoine constitue un signe de détente durable… D’ailleurs, la suspension ne vaut que jusqu’au 27 novembre 2026.

Une raison d'espérer

Le recyclage des ruines en Ukraine. Depuis 2022, les bombardements russes ont généré plus d’1,5 milliard de tonnes de décombres. Face à cette montagne de débris, des initiatives locales et internationales innovent pour recycler briques, béton et métal, offrant une seconde vie à ces matériaux. A Ruska Lozova, village dévasté près de Kharkiv, l’organisation Zero Waste Kharkiv, forte de sept bénévoles, a trié 13’000 briques et d’autres matériaux pour reconstruire des logements et combler les cratères. Un vaste programme, soutenu par le Programme des Nations unies pour le développement, a par ailleurs déjà traité 150’000 tonnes de gravats en gravier pour les routes. Les technologies avancées, comme des robots de tri dotés d’IA financés par le Japon ou des briques sans mortier fabriquées par une entreprise australienne, confortent plus encore ces efforts. Problème: la loi ukrainienne interdit, du moins pour le moment, le béton fabriqué avec des matériaux recyclés…

«Je suggère aux sénateurs républicains que les centaines de milliards de dollars actuellement versés à des compagnies d’assurance avides d’argent afin de sauver le mauvais système de santé fourni par l’Obamacare, SOIENT ENVOYÉS DIRECTEMENT AUX CITOYENS AFIN QU’ILS PUISSENT S’OFFRIR LEURS PROPRES SOINS DE SANTÉ, BIEN MEILLEURS».

Ça c’est un samedi sur Truth Social pour le résident de la Maison-Blanche… Dès le lendemain, il revenait à l’attaque en suggérant l’idée d’émettre des chèques de dividendes tarifaires de 2000 dollars par personne (riches exclus quand même!). Proposition effective – ce dont se défend le secrétaire au Trésor, Scott Bessent – ou trop-disant de négociation pour forcer les démocrates à en finir avec le shutdown du gouvernement, qui dure depuis le 1er octobre?

Votre correspondant. J’ai découvert l’univers chinois dans les années 1980, avant de m’installer à Hong Kong en 1994. Depuis, je m’efforce de rendre cet Orient de moins en moins lointain aussi accessible que compréhensible. Fin octobre, un manifestant isolé a déroulé une banderole à Pékin sur laquelle était écrite «Etablissons une nouvelle Chine libre, humaine et régie par l’Etat de droit». L’occasion pour le China Digital Times de revenir en images sur ces manifestants isolés qui n’hésitent pas à braver les dangers de la répression.