Bonjour, c’est Sami de retour au Caire, où la chaleur est redevenue supportable, mais pas la crise économique. Je vous en parle plus bas.
Au menu ce matin: le débat de cette nuit entre Kamala Harris et Donald Trump, l’Egypte qui continue de se rapprocher de la Turquie et les élections en Algérie qui manquent de transparence. |
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Les infos que j'ai retenues pour vous
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ABC - capture d’écran
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Donald Trump et Kamala Harris croisent le fer sur l’avortement et l’économie.
Il s’agissait du premier débat présidentiel officiel, organisé après l’investiture formelle des candidats. Il a démarré sur des oppositions frontales sur l’économie et l’avortement. Le candidat républicain, qui prône une régulation de l’IVG au niveau des Etats, s’est toutefois refusé à préciser s’il opposerait son veto à une interdiction au niveau national. A propos de la guerre en Ukraine, il s’est montré confiant en sa capacité à mettre d’accord les belligérants. Les commentateurs étaient nombreux à relever que Trump a plusieurs fois mordu à l’hameçon de Harris, qui l’a attaqué sur son ego en rappelant ses nombreuses faillites ou la foule parfois très dispersée de ses meetings. Politico propose un excellent résumé de la rencontre.
Politico (EN)
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Quarante morts dans une frappe sur une zone humanitaire à Gaza.
«Le Hamas, en tant que formation militaire, n’existe plus», a proclamé hier le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant. Quelques heures plus tôt, Tsahal lançait une opération sur Al Mawassi, un secteur côtier pourtant désigné «zone humanitaire», où sont censés se regrouper les habitants qui évacuent les quartiers ciblés. L’attaque a fait au moins 40 morts et 60 blessés, selon le Hamas. L’armée israélienne met en doute ce bilan et évoque des «frappes de précision» visant «un centre de commandement».
TV5 Monde (FR)
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Il est temps de raconter le monde
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Dans mon radar aujourd'hui
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Ça m'est arrivé cette semaine.
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Retour à la réalité.
Après trois mois d’exode climatique au Maghreb puis en Europe, me revoilà enfin au Caire. Difficile de vous décrire le sentiment de joie qui m’étreignait avant-hier à l’aube quand, dans le taxi qui me ramenait de l’aéroport, je contemplais la jungle urbaine en train d’émerger dans le smog orangé, humant à pleins poumons l’air vicié et négociant ardemment le prix du trajet avec le chauffeur, sur fond de musique populaire arabe. La frénésie du Caire, sa poussière et son chaos m’avaient manqué. Sourire béat sur le visage, je peinais à réaliser que j’avais sous les yeux la même mégapole tentaculaire et hostile qui m’avait englouti il y a maintenant un an.
Mais très vite, les galères arrivent. Mon nouvel appartement, si beau en photo, est en fait une sorte d’ancienne pigeonnière bricolée à la va-vite par mon colocataire sur le toit d’un immeuble vétuste. La clim ne marche pas, le frigo non plus, pas plus que la douche. A cela s’ajoute un numéro de téléphone que je dois changer, la nécessité d’obtenir un visa de travail d’ici un mois et mille autres petits tracas. Sans parler des finances, exsangues après quelques semaines en Suisse – j’avais oublié qu’il fallait débourser un rein pour passer une soirée en bar, deux reins pour prendre le train entre Lausanne et Genève, et l’ensemble des organes vitaux pour effectuer un contrôle médical de routine qui dure 15 minutes.
Je méditais sur tout cela quand Amr, un ami du Caire, me propose d’aller boire un thé. Pas facile son été, m’explique-t-il. Sa voiture, la prunelle de ses yeux, s’est fait cabosser sur le côté par une portière ouverte imprudemment. Bilan des courses: 50’000 livres égyptiennes de réparation, soit environ 1000 francs. Evidemment, il n’a pas d’assurance. Il a donc emprunté à des amis à gauche à droite pour rapidement régler l’addition, sa Fiat lui étant nécessaire pour se rendre au boulot à l’autre bout de la ville. Diplômé d’économie, il bosse dans une grande banque, où il gagne 6000 livres par mois, à peu près 120 francs. Cinq jours par semaine, de 8 heures à 16 heures, pour 21 jours de congés payés annuels. Costume non compris. Il lui faudra au moins un an pour rembourser sa dette, et tant pis pour les vacances à la mer.
Au final, je me dis que je ne suis pas à plaindre.
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Abdel Fattah Al-Sissi et Recep Tayb Erdogan lors de leur rencontre la semaine dernière à Ankara. Keystone / EPA / Necati Savas
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Déplacement historique de Sissi en Turquie.
Depuis que le président égyptien a renversé l’islamiste – et allié d’Erdogan – Mohamed Morsi il y a dix ans, ses relations avec la Turquie étaient glaciales. Mais la guerre à Gaza et la crise économique que subissent les deux pays ont rebrassé les cartes. En février, la venue d’Erdogan au Caire officialisait la réconciliation. Lors de leur rencontre «retour» à Ankara la semaine dernière, la première de Sissi dans le pays, les deux hommes forts ont signé un accord commercial portant sur 15 milliards de dollars. Ils se sont aussi promis de tourner la page en Libye, où l’Egypte soutient le gouvernement de Benghazi et la Turquie celui de Tripoli.
The Guardian (EN)
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En Algérie, le triomphe de Tebboune entaché.
Dans une alliance contre nature, le président réélu s’est joint à ses deux adversaires malheureux pour dénoncer «des irrégularités et contradictions dans les résultats annoncés». En cause, le taux de participation, seul réel enjeu de ce scrutin remporté à 95% par Tebboune. Selon un calcul douteux de l’Autorité nationale indépendante des élections, elle s’élève «en moyenne» à 48%, alors que les chiffres montrent plutôt un taux inférieur à 25%, soit la plus faible participation de l’histoire des présidentielles algériennes.
Le Monde Afrique (FR)
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Pourquoi les Etats-Unis surveillent la Libye comme le lait sur le feu.
Ces dernières semaines, la paix précaire signée entre le régime de Tripoli et celui de Benghazi vacille: mouvements de troupes du maréchal Haftar près de la frontière algérienne, exode du directeur de la banque centrale puis gel de la production de brut à l’est. Et puisque les devises libyennes, qui se comptent en dizaines de milliards, sont hébergées aux Etats-Unis, c’est toute la finance mondiale qui tremble. Dans une interview éclairante, le chercheur Jalel Harchaoui décortique les événements en cours dans ce pays complexe, devenu un désert médiatique.
Jeune Afrique (FR)
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La visite de Nétanyahou auprès d’une famille endeuillée tourne au vinaigre.
Ce devait être le genre d’images dont raffolent les attachés de communication de la présidence israélienne. Mais rien ne s’est passé comme prévu. Le rabbin Elhanan Danino, père d’un otage tué en captivité par le Hamas et dont le corps a été retourné la semaine dernière, a lourdement sermonné le Premier ministre lors de sa visite de condoléances. Dans des enregistrements publiés lundi, on l’y entend reprocher à Nétanyahou sa «politique mesquine et vulgaire» consistant à «renforcer le Hamas et semer la division».
Times of Israel (FR)
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Un an après le séisme, la résilience des Bédouins marocains.
Ils vivent encore sous tente et font face à une précarité abyssale. Mais les habitants de Tizgui, petite localité près d’Agadir perchée à 2000 mètres d’altitude, ne baissent pas les bras. Dans un modèle de solidarité, ces Bédouins amazighs ont repensé l’organisation familiale et villageoise pour permettre la reprise du transport, de l’enseignement et de l’acheminement des denrées alimentaires.
Orient XXI (FR)
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Votre correspondant.
Passionné de terrain et de reportage au long cours, j’ai réalisé pour Heidi.news une infiltration dans la complosphère lors du pic de la pandémie, puis j’ai travaillé pendant deux ans pour Le Temps. Il y a un an, je me suis installé au Caire en tant que correspondant et pour finalement apprendre cet arabe que mon père tunisien ne m’a jamais transmis.
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Avenue du Bouchet 2
1209 Genève
Suisse
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