Bonjour, c’est Elisabeth Parmentier et Giuseppe Iacobucci, de l’Université de Genève, où se tiendra ce samedi matin une table ronde sur «l’énigme de la matière», diffusée en direct, avec des invité·es (dont Giuseppe) dans un dialogue inédit entre des disciplines qui s’ignorent souvent: la physique, la biologie, la philosophie et la spiritualité.
Je (Elisabeth) suis théologienne, spécialiste des recherches sur le christianisme dans ses expressions contemporaines et doyenne de la Faculté de théologie à Genève. Je m’intéresse aux quêtes du sens de la vie et au cosmos, aux infinis des pensées humaines comme aux infinis de l’espace.
Je (Giuseppe) suis physicien des particules élémentaires et fais de la recherche au Large Hadron Collider (LHC) du CERN, j’enseigne à l’Unige où je préside de la section de physique. Je suis passionné par ce qui se passe dans l’infiniment petit et l’infiniment grand de notre univers; pas un jour ne passe sans que je me pose des questions sur notre existence. |
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Les infos qu'on a retenues pour vous
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Bertrand Piccard au Forum des 100. | Le Temps / Zoé Jobin
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Bertrand Piccard promet 1450 solutions rentables pour protéger l’environnement. (Elisabeth)
Présent au Forum des 100, le psychiatre / pionnier / explorateur – comme il se présente lui-même – s’effraie de «l’écoanxiété» et de la «dépression collective» ambiantes, une morosité propre à entretenir la frilosité politique. Chantre de l’innovation pour économiser l’énergie, il s’agace du décalage entre les législations et le potentiel de nos technologies. Exemple: un petit module à 600 euros à placer sur un moteur thermique de voiture diminuerait de 20% la consommation de carburant et de 50% l’émission de particules fines – mais la législation n’y incite pas. Sans compter que les trois quarts de l’énergie produite est gaspillée par manque d’efficience de nos appareils, un axe de progrès à défricher.
Le Temps (FR)
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L’exposition aux «espaces bleus» dans l’enfance bénéficie aux adultes. (Giuseppe)
Les espaces bleus, ce sont les mers, les rivières, et les lacs. Une vaste étude de psychologie environnementale, à cheval sur 18 pays, s’est intéressée à l’effet d’une exposition à ces espaces dans l’enfance. Il s’avère, et ce n’est pas une surprise mais c’est toujours bien de le montrer, que les participants une fois parvenus à l’âge adulte accordaient plus de valeur à ce type de paysages, et faisaient état d’un bien être supérieur. De façon générale, les études sur les bienfaits des espaces naturels s’accumulent ces dernières années, qui vont dans le sens d’un impact positif. Elles nous rappellent à quel point nous dépendons de notre environnement, pas seulement pour notre survie, mais pour une vie épanouie.
Guardian (EN)
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Fabienne Verdier, exposition « Le chant des étoiles »
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L’artiste française Fabienne Verdier, initiée à la peinture traditionnelle chinoise, conçoit des pinceaux monumentaux, suspendus, avec lesquelles elle fait corps pour peindre des tableaux hypnotiques. Elle est ici exposée dans le musée Unterlinden, à Colmar – en Alsace, ma région d’origine (Elisabeth) – en regard d’œuvres comme l’illustre retable d’Issenheim, joyau gothique admiré dans le monde entier.
Musée Unterlinden, Colmar (France) (FR)
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Dans nos radars aujourd'hui
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Pixabay / Kalhh
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«La science, l’épreuve de Dieu?» (Elisabeth)
Le livre du physicien et théologien François Euvé, avec la participation d’Etienne Klein, a marqué la rentrée littéraire. Le titre joue volontairement sur la distance prise avec un autre succès de librairie, sorti l’année dernière: «Dieu, la science, les preuves», qui prétendait démontrer l’existence de Dieu. La recherche en théologie ne pourra que confirmer que Dieu ne peut être sujet de preuve, sauf à s’aventurer dans le scientisme ou le concordisme – une interprétation orientée des textes pour les faire correspondre à la science. François Euvé déploie dans d’autres travaux sa conception de Dieu, loin du grand principe ou de l’«Horloger». Il introduit dans la théologie le principe du jeu et de la liberté créative, qui suscite l’émerveillement et la relation, et non une obéissance distancée. C’est dans cet esprit aussi que les discussions organisées par la Faculté de théologie avec les collègues des sciences procèdent de l’émerveillement et de la quête respectueuse des chemins divers d’accès au sens de la vie humaine.
Réforme (FR)
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Plus des deux-tiers de la faune sauvage a disparu depuis 1970. (Giuseppe)
Triste constat que celui du rapport Leaving Planet (planète vivante) de WWF. En moyenne 69% des populations de poissons, oiseaux, mammifères, amphibiens et reptiles a disparu de la surface de la Terre. L’homme en est bien le responsable, par la destruction des habitats naturels – notamment pour les transformer en terres agricoles –, la surexploitation, le braconnage, mais aussi le changement climatique. Ce constat tombe deux mois avant la COP15 sur la biodiversité, où devrait être signé un traité pour protéger la nature d’ici à 2030.
Heidi.news (FR)
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200’000’000’000’000’000’000’000…
Deux cent trilliards d’étoiles dans l’univers, soit autant de systèmes solaires entourés de planètes. A titre de comparaison, il y a 100’000’000’000 étoiles dans notre Voie lactée. Et tout cela dans un univers en expansion. Vertige!
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Dans nos labos respectifs
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Comité Nobel
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Enfin la mécanique quantique! (Giuseppe)
Cette année, le prix Nobel de physique a été décerné à trois scientifiques qui ont étudié des systèmes quantiques pendant le plus clair de leur carrière, mené des expériences avec des photons intriqués et jeté les bases de la science de l’information quantique. Quand Einstein a dit «Dieu ne joue pas aux dés», il avait tort. Aujourd’hui, nous savons que les prédictions les plus bizarres de la mécanique quantique sont correctes. Dans nos laboratoires, et notamment au département de physique appliquée de l’Université de Genève, les physiciens démontrent chaque jour que la mécanique quantique est une théorie «non-locale».
Des choses merveilleuses et incroyables se produisent dans les labos: des photons trop éloignés pour communiquer entre eux continuent d’être liés (intriqués), et l’effet d’une mesure sur l’un a un effet instantané sur l’autre – chose impossible en physique non quantique. Donc deux particules se comportent comme une seule unité, même lorsqu’elles sont séparées. Enfin, les effets ineffables de la mécanique quantique commencent à trouver des applications. Un siècle après sa découverte, il existe maintenant un vaste domaine de recherche qui comprend les ordinateurs, les réseaux et la communication chiffrée – tous quantiques. Et même la téléportation quantique, qui permet de déplacer un état d’une particule à une autre à distance. Wow, quel avenir nous attend!
Heidi.news (FR)
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A ciel ouvert. (Elisabeth)
Un programme inédit à la Faculté de théologie de l’Université de Genève: «A Ciel Ouvert -Science et Spiritualité» explore la place de l’être humain dans l’univers à travers un dialogue entre des astrophysiciens et des théologiens. A l’initiative du professeur Ghislain Waterlot, du vice-recteur Stéphane Berthet et d’Yves Oltramare se déploie une réflexion interdisciplinaire entre sciences, théologie et philosophie – et peut-être d’autres partenaires à l’avenir. Ces disciplines n’y sont pas mélangées ni instrumentalisées, mais s’exposent à débattre et s’enrichissent par leurs éclairages réciproques. De nombreuses questions sont communes, malgré les différences de perspectives: qu’est-ce que la « vie »? Pourquoi l’humain? Quelles mémoires transporte l’univers observable? D’autres mondes sont-ils pensables?
Le programme, porté depuis 2021 par des universitaires de la faculté de théologie et du département d’astronomie comprend quatre axes: des conférences adressées à un public large; des cours transversaux destinés aux étudiants et aux auditeurs (l’année dernière sur la cosmologie et ses grandes questions, cette année sur «expérience(s) et vérité»); un séminaire de recherche réunissant les spécialistes et une table-ronde annuelle de dialogue entre des personnalités de divers domaines. Ces éclairages croisés approfondissent les complexités de l’expérience d’exister, en tant qu’être humain, dans un univers dont les mesures sont impossibles à penser et où pourtant les raisonnements mathématiques font sens, tout comme la quête humaine..
Unige (FR)
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🚞 Des enquêtes.
C’est l’histoire d’un des plus beaux lacs de Suisse… où des milliers de truites sont mortes. Retrouvez notre exploration dans l’Oberland bernois, sur le mystère du lac bleu.
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🎓 Des polémiques.
Fallait-il débaptiser le bâtiment Carl Vogt de l’Université de Genève? Pas pour l’historien Johann Chapoutot, qui nous relate la vie de de ce savant d’exception, imprégné d’une époque raciste, mais aussi humaniste et militant d’extrême-gauche…
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🪦 Des dilemmes.
L’euthanasie d’une jeune femme belge de 23 ans, pour douleurs psychiques, a défrayé la chronique. En Suisse, qu’en serait-il? A partir de cette question, nous plongeons dans la savante formule helvète du suicide assisté.
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🍲 Des recettes.
Comment booster le Nutri-score d’un produit sans prendre trop de risque? Fromages aux arômes de sardine ou biscuits aux fibres d’artichaut: on vous dévoile quelques combines des industriels.
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Du CO2 sur une exoplanète! (Elisabeth)
Les perspectives que livre le télescope hors norme James-Webb, qui a pu déployer ses miroirs et son bouclier thermique dans l’espace en juin 2022, sont extraordinaires. Pour la première fois a été détecté du CO2 dans l’atmosphère de l’exoplanète WASP-39b découverte en 2011. La présence de ce gaz fait partie des marqueurs de mondes propices à l’apparition de la vie, ce qui n’est en revanche pas le cas de cette planète, avec une température qui approche les 900°C. La découverte n’était pas observable directement: une planète à 700 années-lumière de la Terre n’offre que des observations déduites des modifications de la luminosité de son étoile, lorsque la planète passe devant elle. Le télescope a pu détecter dans le spectre infrarouge l’empreinte du CO2. Des recherches qui permettront de mieux connaître l’histoire et la formation des atmosphères des planètes, et d’en savoir plus sur d’autres énigmes comme les trous noirs.
RTS (FR)
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Dernier appel pour le basilic. (Giuseppe)
L’été est révolu, et il ne reste que quelques semaines pour profiter de la bien nommée «herbe royale» – autrefois considérée comme sacrée en Asie du Sud. On pense immédiatement à l’assaisonnement d’une salades ou de pâtes au pesto, mais ce serait là un usage bien réducteur: l’aromate se marie parfaitement avec les poissons, et peut même apporter une note puissante en dessert, par exemple simplement parsemé sur des fraises. L’astuce du chef: l’herbette développera plus de potentiel aromatique utilisée fraîche qu’après cuisson ou séchage.
Tribune de Genève (FR)
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De l’inerte au vivant
Ce soir à l’Unige, la faculté de théologie invite à une table ronde publique dédiée à cette énigme: pourquoi existe-t-il de la matière inerte, et de la matière vivante…. Inès Safi, physicienne quantique, Jacques Arnould, historien des sciences, théologien, expert en éthique au CNES, Marie-Christine Maurel, biologiste cellulaire et moléculaire, Giuseppe Iacobucci, physicien de particules élémentaires, Ghislain Waterlot, philosophe et éthicien. La modération sera assurée par Marie-Gabrielle Cajoly, présidente de la Fondation Yves et Inez Oltramare. Les auditeurs et auditrices auront la possibilité de poser des questions même à distance.
En direct sur le site du programme (et en différé sur Léman Bleu) (FR)
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Elisabeth Gangloff-Parmentier.
Doyenne de la Faculté de théologie de l’Université de Genève. Après des études de germanistique et de théologie à l’Université de Strasbourg, j’ai été Maître de Conférences puis Professeure à la Faculté de théologie protestante de l’Université de Strasbourg de 1996 à 2015, puis j’ai été appelée à l’Université de Genève où je suis professeure en théologie depuis 2015. J’ai travaillé dans les enjeux de l’œcuménisme et des dialogues entre des Eglises de différentes obédiences. Dans mes travaux j’analyse les langages qui expriment les quêtes contemporaines de spiritualité et les questions critiques posées au christianisme aujourd’hui.
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Giuseppe Iacobucci.
Président de la section de physique de l’Université de Genève. Après mes études en physique à l’Université de Bologne en Italie, j’ai été chercheur à l’Institut national de physique nucléaire à Bologne avant de rejoindre l’Université de Genève en 2011, où je suis actuellement président de la Section de Physique. Mes recherches en physique des particules se sont déroulées entre le laboratoire DESY à Hambourg et le CERN. Je suis responsable national suisse de l’expérience Atlas du LHC du CERN, une des deux grandes équipes ayant découvert le boson de Higgs en 2012. Mon laboratoire à l’Unige développe des capteurs au silicium de nouvelle génération parmi les plus rapides au monde, pour de futures expériences de physique fondamentale et le domaine médical.
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Avenue du Bouchet 2
1209 Genève
Suisse
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