Bonjour, c’est Florent fraîchement arrivé dans le Donbass, où j’ai ramené avec moi les températures caniculaires. Avant mon arrivée, il faisait 20 °C, maintenant, il fait 38°C: avec le gilet pare-balles sur le dos, c’est le pied !

Au menu du jour, l’impressionnant volte-face de Donald Trump sur le dossier ukrainien, alors que la Russie vient de pénétrer dans le centre de l’Ukraine, mais aussi la relance de la guerre commerciale américaine avec la promesse de nouvelles taxes douanières.

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Florent Vergnes à Kramatorsk
09.07.2025

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Les infos que j'ai retenues pour vous

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Des sauveteurs sur le site d’une frappe de drone sur une zone résidentielle de Kharkiv, le 7 juillet 2025. Sergey KOZLOV/EPA/

Contre toute attente, Washington fait volte-face sur l’Ukraine. Donald Trump a estimé hier que son homologue russe disait «beaucoup de conneries» sur l’Ukraine et a assuré «étudier de très près» une proposition de loi pour imposer de nouvelles sanctions à la Russie. Plus tôt, dans la nuit de lundi à mardi, le magnat américain avait annoncé poursuivre la livraison d’armes à l’Ukraine, quelques jours à peine après avoir stoppé l’envoi de munitions. Aucune précision n’a été donnée sur le type d’armes qui sera envoyé, notamment s’il s’agit de missiles Patriot, dont l’Ukraine a besoin pour sécuriser son ciel. De son côté, Moscou a faiblement critiqué une décision «dans la ligne des Européens», qui favorise «la poursuite des hostilités», sans citer Trump ni Washington.

France 24 (FR)

La seconde guerre commerciale de Trump est annoncée. Le président américain a déclaré hier envisager une surtaxe de 200% sur les produits pharmaceutiques importés aux Etats-Unis, et de 50% sur le cuivre, dans l’espoir de voir s’installer des usines sur le sol américain. Une nouvelle offensive de son second «Liberation Day». Il avait expliqué lundi vouloir imposer des surtaxes à 14 pays, principalement asiatiques, s’il ne négocient pas un accord commercial d’ici la date butoir du 1er août.

CNBC (EN)

L’UE valide l’entrée de la Bulgarie dans la zone euro en 2026. Les ministres des Finances européens ont approuvé hier l’adoption de la monnaie unique par la Bulgarie, qui deviendra le 21e pays à l’utiliser à partir du 1er janvier 2026. Exit donc le lev, la monnaie nationale. Un moment «historique» pour le Premier ministre bulgare Rossen Jeliazkov. Si ce changement de devise renforce l’ancrage géopolitique occidental de la Bulgarie, il marque aussi son éloignement du giron russe, dont la propagande fait rage dans le pays. Ces dernières semaines, plusieurs milliers de manifestants se sont réunis dans les rues de la capitale Sofia, brandissant des pancartes «Non à l’euro».

La Tribune (FR)

Sur Heidi.news

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High Trail Vanoise 2024 - Cyrille Quintard

De qui le trail est-il le sport? Longtemps perçu comme une activité libre et naturelle, le trail s’est métamorphosé en phénomène culturel de masse. Sport de nerds hyper équipés ou d’aventuriers déconnectés? Réservé aux ingénieurs, aux Parisiens, aux riches? Pratiqué majoritairement par des hommes, mais porté par des femmes d’exception? A la croisée de la passion pure et de la performance calibrée, le trail pose question: à qui appartient-il vraiment?

Heidi.news (FR)

Il est temps de raconter le monde

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🔎 Les Explorations de Heidi.news. Heidi.news, c’est des enquêtes et grands reportages. Découvrez nos Explorations L’Université du crime, La course ou la crise (des 40 ans), La fusion nucléaire, c’est demain matin, Vous n’aurez pas nos graines!, ou encore La chronique sporadique de Malka, et plongez-vous dans nos Revues imprimées.

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Dans mon radar aujourd'hui

Zelensky à Rome pour une nouvelle opportunité diplomatique. Le président ukrainien rencontre aujourd’hui une quinzaine de chefs d’État dans la capitale italienne dans le cadre d’une conférence sur la reconstruction de l’Ukraine. L’objectif principal: signer des accords pour sécuriser l’approvisionnement énergétique du pays, menacé par les attaques russes sur ses infrastructures. A noter également la présence de Keith Kellogg, émissaire de Donald Trump pour l’Ukraine. Volodymyr Zelensky devrait saisir l’opportunité d’une rencontre bilatérale, profitant du changement de cap américain.

Kyiv Post (FR)
Ca m'est arrivé cette semaine

Me voilà de retour au front, après trois semaines de déconnexion. Après huit heures de train, je retrouve les routes grises et défoncées du Donbass, l’odeur des pins du sud de la France encore dans le nez et le goût des gambas encore en bouche.

Sous les roues de la voiture qui m’amène à ma base, les 36 degrés extérieurs font lever des nuages de poussière sombres, dans lesquels quelques silhouettes se découpent. Des enfants. Je m’interroge, car ça fait un sacré bout de temps que les jeunes gens se font rares à Kramatorsk. Pourtant, le long du trajet, ils semblent pousser comme des champignons. Ici, des fillettes aux longs cheveux blonds sautillent dans l’herbe, là un adolescent marche sans lever les yeux de son téléphone. Si de nouvelles tranchées n’étaient pas apparues au milieu des champs déjà griffés, j’aurais presque pu croire que la paix était enfin arrivée. Mais non, c’est juste l’été.

«Ils viennent voir les grands-mères et les grands-pères, comme moi quand j’étais petit», m’explique mon chauffeur Andreï, avec son anglais gras et hésitant de méchant Russe dans un James Bond. Lui aussi est originaire de Kramatorsk, mais s’il a grandi un peu plus à l’ouest, môme, il passait chaque été à batifoler sur les terrils de charbon ou à tirer à la kalach dans les étangs. «Ca c’est moi il y a 35 ans», dit-il alors qu’on double trois jeunes sur deux motos soviétiques qui tentent, tant bien que mal, de manœuvrer dans la poussière. «C’est les vacances !» lance-t-il avec un grand sourire à l’émail abîmé.

Cette explication ne me suffit pas. Je ne comprends pas comment des enfants peuvent revenir sous ces latitudes. On n’est plus en 1989. Aujourd’hui c’est la guerre. La Russie ne cesse de progresser sur le plan technologique et Kramatorsk est maintenant à portée de drones. «Mais ici, Kyiv ou Dnipro… C’est pareil maintenant, tout est dangereux», balaie Andreï.

Pourtant, en entrant dans la ville, le petit marché à proximité de la gare est parti en fumée, réduit en poussière par les drones Shahed. Mon chauffeur est triste, c’est un des rares endroits où l’on trouvait de l’alcool. Car le Donbass est soumis à la prohibition, à cause de la loi martiale. Mais selon lui, une dizaine de magasins graissent la patte du maire avec une trentaine d’euros par mois pour continuer à vendre des canettes de bière dégueulasse, une fois et demie plus chère qu’ailleurs. «Corruption, comme d’habitude», lâche-t-il détaché.

Pour le reste je remarque que tout semble être resté là où je l’avais laissé avant les vacances. Les usines délabrées, les champs à perte de vue, les vieux camions soviétiques… Si Kramatorsk n’a pas bougé en trente-cinq ans et deux guerres, que ses enfants et ses dessous-de-table restent fidèles à eux-mêmes, je ne vois pas pourquoi elle changerait en deux semaines, missiles russes ou non. C’est peut-être ça, le secret de la résilience ukrainienne.

Mon labo slave

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Des soldats ukrainiens font voler un drone dans la région de Dnipropetrovsk. Florent VERGNES / AFP

La Russie revendique la prise d’un village dans une région centrale d’Ukraine. Moscou avait déjà annoncé avoir pénétré la région de Dnipropetrovsk, mais la capture d’une de ses localités est inédite. Kyiv n’a toutefois pas confirmé cette information. La région est riche en charbon qui alimente le système électrique ukrainien, et une progression des forces russes pourrait affecter l’économie du pays et son approvisionnement en énergie. De plus, la grande ville de Dnipro, située à environ 200 km du front, pourrait faire davantage l’objet de bombardements. Enfin, cette avancée pourrait conduire le Kremlin à réclamer également l’ensemble de ce grand territoire, en plus des cinq autres régions revendiquées.

Kyiv Independent (EN)

En Russie, les exportations de brut dégringolent. Selon un article de Bloomberg paru hier, l’export de pétrole brut russe est a son plus bas niveau depuis février, la production étant dépassée par la transformation en raffinerie, réduisant les volumes disponibles pour l’exportation. Une bonne nouvelle pour l’Ukraine, car ces revenus pétroliers sont les principales sources de financement de la guerre. Mais malgré cette baisse, la Russie continue de vendre son or noir, notamment en Asie (2,73 millions de barils/jour), à la Syrie (25’000 barils/jour) et en Turquie (370’000 barils/jour). L’UE cherche à renforcer ses sanctions en visant notamment les produits pétroliers, mais le 18e paquet a été bloqué par la Hongrie et la Slovaquie, proches du Kremlin.

Bloomberg (EN)

Wagner aurait commandité des attentats en Grande-Bretagne. Trois hommes travaillant sous les ordres du groupe paramilitaire russe ont été reconnus coupables hier d’avoir incendié, à Londres, des entreprises liées à l’Ukraine. Les condamnés sont tous britanniques et âgés d’une vingtaine d’années. Leur meneur, Dylan Earl, 21 ans, avait déjà plaidé coupable d’incendie criminel aggravé en 2024 et a été reconnu coupable pour la tentative d’enlèvement d’un opposant à Vladimir Poutine résidant à dans la capitale du Royaume-Uni. Selon les autorités, suite à l’expulsion des espions russes et à leur raréfaction, Moscou a changé de tactique. Elle recruterait désormais des criminels locaux.

Reuters (EN)

Une raison d'espérer

Des scientifiques font disparaitre les symptômes de Parkinson chez des souris. En 2017, les chercheurs de l’Université de Sydney avaient identifié dans le cerveau des malades une protéine défectueuse, la SOD1, qui contribue à la détérioration des cellules cérébrales. Cette fois, les scientifiques ont testé un traitement à base de cuivre agissant directement sur la protéine fautive chez des souris atteintes de Parkinson. Après trois mois de traitement, les rongeurs ne montraient plus le moindre symptôme. Kay Double, directeur de l’étude, s’est dit «étonné» par ce succès. Il prévoit désormais des essais cliniques dans l’espoir de développer, chez l’humain, une nouvelle thérapie contre cette maladie, contre laquelle il n’existe actuellement aucun remède.

GoodNews Network (EN)
En direct de la Trumposphère
Donald Trump, prix Nobel de la paix?

La scène est lunaire. À la Maison-Blanche, attablé face à une vaisselle étincelante, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou se penche pour tendre à Donald Trump une lettre: celle qu’il a adressée au Comité Nobel pour proposer le fantasque président au Prix de la Paix.

Un geste de Bibi pour saluer l’allié qui, par son «leadership pour le monde libre» et son dévouement aux «causes justes», aurait «ramené la paix d’une région à l’autre».

Cet allié, c’est celui qui a suggéré de déporter la population palestinienne en Égypte pour transformer Gaza en station balnéaire. Celui qui, durant son premier mandat, a sabré la couverture santé des Américains, et causé, selon The Lancet, 22’000 décès en 2019 en sapant les normes environnementales. Celui accusé d’avoir orchestré un coup d’État lors de l’assaut du Capitole, qui a fait six morts, et d’avoir séparé des familles en déportant des migrants. Celui, enfin, dont les coupes dans l’aide humanitaire auraient entraîné plus de 14 millions de morts, toujours d’après The Lancet.

«Vous devriez l’obtenir», lance Netanyahou avec un sérieux désarmant.

L’offensive de ce dernier contre le Hamas, elle, a entraîné plus de 100’000 morts de civils à Gaza, une famine historique et une litanie de crimes de guerre.

«Venant de vous en particulier, cela a beaucoup de valeur», répond Trump avec un respect non dissimulé envers celui qui, comme lui, éprouve un dédain viscéral pour les règles du droit international.

Huffington Post (FR)

Votre correspondant. Plus ou moins journaliste, plus ou moins photographe, j’aime les pancakes et les bonnes histoires. Historien de formation, aussi organisé que l’armée russe et ponctuel qu’un bus malien, je fuis les lourdeurs de l’administration dans les pays où il n’y en a plus. Après douze palus et trois typhoïdes en Afrique, je redécouvre les saisons en Ukraine, d’où je regarde le monde se déliter au rythme des drones.

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