Bonjour, c’est Florent à Carcassonne, dans le sud de la France, où je m’apprête à fêter Noël loin du front ukrainien.
Au menu du jour: Washington défie à nouveau Copenhague, les taxes de Pékin front trembler les fromages européens et l’écologie trinque, comme d’habitude. |
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Les infos que j'ai retenues pour vous
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Le gouverneur de Louisiane, Jeff Landry, à la Maison Blanche en mars 2025. EPA/SAMUEL CORUM / POOL
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Washington relance les tensions avec Copenhague.
Le président américain a nommé hier le gouverneur de Louisiane Jeff Landry envoyé spécial au Groenland. Ce dernier a promis «d’intégrer» l’île arctique aux États-Unis. Donald Trump rêve d’annexer ce territoire autonome danois depuis son arrivée à la Maison-Blanche pour sa position stratégique et ses ressources minières. «Je suis profondément indigné», a réagi le chef de la diplomatie danoise Lars Løkke Rasmussen, annonçant la convocation de l’ambassadeur américain à Copenhague dans la foulée.
France 24 (FR)
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La Chine va imposer des droits de douane à l’UE.
Pékin a annoncé hier des surtaxes provisoires de 21,9 % à 42,7 % sur les produits laitiers, en représailles aux droits de douane de Bruxelles sur les véhicules électriques chinois. La France, qui a écoulé pour 344 millions de francs suisses de produits laitiers vers la Chine en 2024, voit ses exportations menacées, notamment la crème, dont elle représente la moitié des 100’000 tonnes expédiées par l’UE. Les droits définitifs seront fixés le 21 février et si ces niveaux sont maintenus, la filière pourrait être durement frappée.
RFI (FR)
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Nouveau coup de couteau de Trump dans l’écologie.
Washington a annoncé hier la suspension immédiate de projets d’éoliens en mer en construction au large de la côte est des États-Unis. Motif invoqué : des «risques pour la sécurité nationale» liés aux interférences radars causées par les pales et les mâts des turbines, selon le ministère de l’Intérieur. Cette décision, prise après un avis du Pentagone, s’inscrit dans une série de mesures hostiles aux énergies renouvelables depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, qui multiplie les décrets pour geler financements et permis.
Reuters (EN)
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Dans mon radar aujourd'hui
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Le Conseil de sécurité de l’ONU se penche sur le Venezuela.
Alors que la tension monte entre Caracas et Washington, après que ce dernier a saisi un pétrolier battant pavillon du premier, les Nations unies vont tenir aujourd’hui une réunion d’urgence sur le sujet. Le Venezuela, qui dénonce une «agression américaine», a obtenu le soutien de la Chine et de la Russie pour convoquer le Conseil. Reste à savoir quelles mesures seront prises. Donald Trump, de son côté, a annoncé le lancement d’une nouvelle classe de navires de guerre de grande taille qui portera son nom, tout en disant au président Nicolas Maduro qu’il serait «sage» de quitter le pouvoir.
Le Monde (FR)
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Ca m'est arrivé cette semaine
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De la glottophobie.
Durant les vacances, j’ai eu l’occasion de boire quelques verres avec des amis à Paris. Il y a toujours ce moment fatidique où l’un d’eux, comme d’habitude, imite mon accent du sud de la France – que j’ai d’ailleurs perdu – de façon aussi bancale que vexante, avec son champ lexical paysan qui l’accompagne toujours en cortège. Mes chers amis suisses, je sais bien que, outre-Alpes, nous, Français, sommes les premiers à faire de même. Cette pratique a un nom: c’est la glottophobie.
Un rien froissé, je lui rappelle le racisme que les sudistes subissaient au XIXe siècle de la part de la capitale. Toujours en se gondolant comme une baleine, il me dit de ne pas prendre la mouche, que c’est un «hommage». Le tout servi, bien sûr, avec une piètre imitation de l’accent dit du «sud», qui m’offense d’autant plus.
Pourtant, en rentrant chez moi, une anecdote m’est venue en tête, de l’époque où je vivais en Centrafrique. En quatre ans sur place, j’ai bien dû m’habituer à prendre la couleur verbale du pays, ajoutant des mots à mes phrases, en éludant d’autres, me fondant dans la tonalité des gens qui m’entourent. J’ai remarqué que chaque effort de prononciation me permettait de me faire mieux accepter lors de mes reportages. J’ai aussi appris le sängö, langue majoritaire du pays, et fini par adopter la gestuelle, le tout sans m’en rendre compte.
Après un an passé là-bas, premier retour à Paris: je fais un crochet par l’ambassade de Centrafrique. J’entre et, sans aucune forme de politesse, je lance au type devant moi, avec mon plus bel accent centrafricain : «Bonjour hein. Bon, vraiment, c’est pour le visa là.» Tout de costard vêtu, le chargé d’affaires centrafricain ajuste ses lunettes et me regarde, de la tête aux pieds, et lâche un «plaît-il?» très parisien et plein de mépris. Je réitère la demande de façon identique et, devant ses yeux médusés et sa bouche pleine de dégoût, je comprends enfin. Mais le mal est fait. Je ne sais pas si je dois continuer sur ma lancée, pour lui signifier que c’est devenu un tic langagier, ou si je me force à reprendre mon ancien accent que j’ai toute la difficulté du monde à retrouver – au risque qu’il pense que je lui ai parlé comme ça juste parce qu’il est africain.
Ce jour-là, je suis passé pour l’énorme raciste que je ne suis pas. Pourtant, parler à la mode de Bangui est pour moi un véritable hommage envers un pays qui m’a tant appris, pris et donné. Il m’arrive parfois, quand je suis avec des amis qui y ont vécu, de reprendre l’accent et de faire jaillir deux ou trois phrases en sängö. Autour, les gens me regardent de travers. Ceux qui ne me connaissent pas me disent sérieusement que je suis «problématique». Mes amis centrafricains, eux, se marrent, et c’est ça qui compte.
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En novembre, les habitants d’Odessa promenaient déjà leurs chiens dans le noir. Oleksandr Gimanov/AFP
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Odessa va passer Noël dans le noir.
À trois jours des fêtes, les 120’000 habitants de cette région méridionale d’Ukraine sont privés d’électricité après des frappes russes hier sur ses infrastructures énergétiques. Les bombardements s’ajoutent à une série d’attaques contre des ports, des ponts et des routes depuis début décembre, qui ont détruit une trentaine de conteneurs de farine et d’huile, y compris les installation de l’entreprise genevoise Allseeds, producteur d’huiles de tournesol et de colza dans le port de Pivdennyi, près d’Odessa, déclenchant un vaste incendie. Dans la ville d’Odessa, chauffage, ascenseurs, douches, tout manque. Ces derniers jours, les habitants fuient la région en masse. Le passage à la frontière moldave voisine nécessite parfois 15 heures d’attente.
Kyiv Independent (EN)
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Accords de paix : Moscou évoque de «lents progrès» avec Washington.
Bis repetita. Le vice-ministre russe Sergueï Riabkov salué hier la volonté de Donald Trump de trouver des solutions durables, tout en critiquant les «tentatives malveillantes» des Européens qu’il accuse de vouloir torpiller le processus. Une entente russo-américaine sur l’Ukraine, «c’est ce que redoutent tant nos adversaires à Bruxelles et dans plusieurs capitales européennes», a-t-il estimé. Une réaction aux nouveaux pourparlers qui ont eu lieu ce weekend en Floride, jugés «productifs et constructifs» par Washington et Kyiv, mais sans percée majeure.
UNN (EN)
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Nouvel assassinat ciblé en Russie, au lendemain des pourparlers.
Le général Fanil Sarvarov, 56 ans, responsable de la formation opérationnelle à l’état-major, a péri hier matin à Moscou dans l’explosion de sa voiture piégée. Les autorités russes évoquent la piste des services ukrainiens et ont ouvert une enquête pour «meurtre» et «trafic d’explosifs». Il vient s’ajouter à une longue liste de hauts gradés russes visés par des assassinats ciblés par Kyiv depuis l’invasion de 2022.
The Moscow Times (EN)
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Pour bien maigrir après Noël, insultez votre belle-mère.
A chaque fois que je dois soulever nos bouteilles d’eau de 18 litres à Kyiv, je lâche souvent un gros «sa mère la p…» – ce que ma compagne déteste. Et bien, grâce à l’université de Keele, je sais maintenant qu’insulter la génitrice de ces machins qui pèsent un âne mort, c’est bien pour mon corps. Car lâcher un juron pendant un effort physique aide à se sentir plus fort, plus concentré et moins inhibé. Les expériences montrent que les participants qui répétaient un juron toutes les deux secondes lors d’exercices de pompes tenaient «significativement» plus longtemps que ceux utilisant un mot neutre. Un moyen «sans calories, sans drogue, peu coûteux et accessible» pour doper ses performances, selon le directeur de l’étude. En voilà une putain de bonne nouvelle!
The Independent (FR)
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En direct de la Trumposphère
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La Reine du rap aux pieds du «séduisant et irrésistible» Donald.x
Nicki Minaj, chanteuse mannequin originaire de Trinité-et-Tobago, arrivée aux États-Unis «comme une immigrante illégale à 5 ans», fut un temps icône du féminisme, soutien du mouvement LGBT+, fervente critique des lois anti-immigration et partisane de Joe Biden et Kamala Harris. Mais ce temps est bien révolu.
Durant l’AmericaFest, une espèce de grand-messe des alt right américains créée par feu Charlie Kirk, la rappeuse a lancé un appel très fort de soutien à «Papi Trumpo» : «Il a donné à tant de gens l’espoir qu’il est possible de vaincre les méchants, de gagner et de le faire la tête haute», a-t-elle déclaré.
Après quoi l’ancienne féministe trinidadienne a aussi exhorté les garçons à être fiers d’être des garçons et a évoqué la discrimination des femmes blanches… Elle est maintenant bien loin de celle qui rappait «Fille des îles, Donald Trump veut que je rentre chez moi», mais comme on dit, l’argent n’a pas d’odeur.
CNN (EN)
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Votre correspondant.
Plus ou moins journaliste, plus ou moins photographe, j’aime les pancakes et les bonnes histoires. Historien de formation, aussi organisé que l’armée russe et ponctuel qu’un bus malien, je fuis les lourdeurs de l’administration dans les pays où il n’y en a plus. Après douze palus et trois typhoïdes en Afrique, je redécouvre les saisons en Ukraine. Pour l’instant, je me repose dans le sud de la France. Joyeux Noël à tous!
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Avenue du Bouchet 2
1209 Genève
Suisse
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