Bonjour, c’est Yves à Genève, impressionné par la capacité de résilience dont a fait preuve notre pays face au Covid-19.

Ce matin, en tant que rédacteur en chef invité, je souhaite tirer les leçons de ce qui s’est passé et élaborer des pistes pour l’avenir. Plus radieux qu’il ne pourrait y paraître de prime abord, si l’on s’en donne les moyens!

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Yves Flückiger à Genève
10.06.2020

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Les infos qui comptent pour moi

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Les funérailles de George Floyd à Houston (TX) le 9 juin 2020. (Godofredo A. Vasquez / Houston Chronicle via AP / Pool)

La pandémie du racisme. Les funérailles hier de George Floyd nous rappellent que, malgré tous les discours, nos sociétés n’ont pas encore réussi à vaincre le fléau du racisme et des discriminations. Aux États-Unis, l’espérance de vie des Afro-Américains est inférieure de 3,5 ans à celle des Américains blancs. Au Royaume-Uni, les Noirs courent quatre fois plus de risques de mourir du virus Covid-19 que tout autre groupe de la population. Chacun et chacune d’entre nous doit se remettre en question et interroger ses pratiques pour débusquer le racisme là où il se trouve. Les universités ont un rôle clé à jouer. Elles se situent à la croisée des chemins pour jeter les bases d’une société durable. Elles doivent devenir plus inclusives. Parce que la diversité est source de richesse!

Déclaration contre le racisme (UNIGE) (EN)

Christmas is over! Au cours des dernières semaines, la communauté scientifique s’est mobilisée de manière absolument remarquable, en Suisse comme ailleurs. Les gouvernements se sont tournés vers leurs communautés universitaires pour bénéficier de leur expertise. Dans leurs décisions, les autorités ont pris en compte les recommandations formulées par les chercheuses et chercheurs dans un large éventail de domaines, la médecine et les sciences, bien sûr, mais aussi les sciences humaines et sociales, l’éthique et d’autres encore.

La partage des articles, des méthodes et des données a joué et continuera à jouer un rôle crucial dans la capacité de réponse de la communauté scientifique. Sans cette science ouverte, les résultats de la recherche seraient privatisés. De ce point de vue, je me réjouis de la signature, fin mai, d’un accord pilote entre swissuniversities (dont je suis le nouveau président depuis février) et l’éditeur Elsevier. Il marque une nouvelle étape dans la stratégie nationale suisse sur l’Open Access qui devrait nous conduire à ce que la totalité des publications scientifiques financées par des fonds publics soient en accès libre en 2024.

Dans ce bras de fer avec les éditeurs, les Hautes écoles suisses étaient prêtes à ce que les chercheurs et chercheuses suisses soient coupés de l’accès à ces revues pourtant essentielles. C’était un pari risqué, mais la communauté académique est restée ferme, unie et soudée. Une condition sine qua non pour faire face à la position dominante que les éditeurs sont parvenus à se forger sur le marché avec l’aide des milieux universitaires qui leur ont fourni le matériel de base (les articles), qui ont assuré la revue de ces papiers pour en garantir la qualité académique, et qui de surcroît devaient payer pour accéder à leurs publications.

Communiqué de presse de swissuniversities (FR)

Il est temps de raconter le monde

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Dans mon radar

Technology is fast, Law is slow. Les technologies émergentes se développent à un rythme de plus en plus rapide, plus vite en tout cas que l’appareil législatif. Ce décalage a été flagrant lors de cette pandémie. Il a deux conséquences. Premièrement, une accélération de l’obsolescence du cadre juridique. Deuxièmement, l’absence de réponse légale aux questions apparues lors de cette crise sanitaire. L’application SwissCovid en est l’illustration. De nouveaux outils, approches et mécanismes juridiques sont nécessaires. Et la technologie peut elle aussi apporter sa contribution comme en atteste par exemple le projet de «differential privacy». Ces méthodes sont déjà employées par l’U.S. Census Bureau ou des entreprises privées pour collecter des données individuelles sans pouvoir identifier formellement les personnes concernées. Des développements prometteurs aussi pour des projets de recherche qui précisément doivent s’appuyer sur des données collectées à large échelle, comme c’est le cas pour la santé personnalisée.

Université numérique (FR)
Deux raisons d’espérer

Une fièvre acheteuse… pour combien de temps? Selon une étude de l’Université de Saint Gall et du centre E4S, la consommation des ménages au cours de la semaine du 11 mai, date de réouverture des commerces en Suisse, a atteint 900 millions, en progression de 28,5% par rapport à la même période en 2019. Etonnant ? Pas tant que ça. Un effet de rattrapage qui pourrait laisser penser à un feu de paille. Mais aussi un rebond qui dénote un climat de confiance des consommateurs pour l’avenir. Des raisons d’espérer que la récession sera moins forte qu’anticipée.

Le Temps (FR)
Deux raisons d’espérer

Une mobilisation impressionnante au service de la Cité. Didier Pittet, Antoine Flahaut, Samia Hurst, Laurent Kaiser, Alexandra Calmy, Jérôme Pugin … pour n’en citer que quelques-un-e-s. Ils et elles ont occupé nos écrans depuis des semaines. Expliquant, informant, rassurant… Une magnifique illustration de la mobilisation académique de notre université au service de la cité. Une mobilisation qui ne s’est pas arrêtée aux seules sciences de la vie mais qui a concerné aussi le droit, l’économie, les sciences de la société, l’humanitaire, bref toute l’institution ! Sa polyvalence constitue un atout formidable pour répondre aux défis actuels.

Recherche sur le COVID-19 à l’UNIGE (EN)

Dans mon labo universitaire

A la recherche de l’universalité perdue. La crise sanitaire a été le révélateur mais aussi l’accélérateur des inégalités. La pandémie a fait beaucoup plus de victimes parmi les populations défavorisées. Dans ce paysage polarisé, les universités doivent occuper une place centrale. Par la recherche, certes, mais aussi par la formation, en promouvant notamment l’apprentissage tout au long de la vie et en permettant l’accès à l’enseignement supérieur à celles et ceux qui en sont trop souvent exclus. Un des enjeux majeurs auxquels les systèmes de formation devront faire face à l’avenir concerne l’adaptation personnalisée des parcours éducatifs, une perspective rendue possible par les technologies blockchain.

L’apprenant tel qu’il est… Grâce au blockchain, chaque apprenant peut créer son propre portfolio, en adaptant l’apprentissage à ses compétences et à ses centres d’intérêt. Il sera également possible de personnaliser le coût de la formation et de perfectionner l’allocation des bourses, entre autres avancées. Ainsi, de nouveaux modèles et écosystèmes d’apprentissage pourraient voir le jour. L’individualisation du parcours d’apprentissage que permet le blockchain sera en grande partie produite par la reconnaissance des tâches effectuées, jusqu’à présent difficiles à quantifier. Ce système favorise la formation continue et donne de la valeur à cette dernière. L’idée force du projet est qu’un dispositif de formation adéquat se doit d’être au service de l’apprenant tel qu’il est, et non tel qu’il devrait être, qu’il ait douze ans ou qu’il en ait quarante.

Une université durable? Pour appréhender ces nouvelles pistes, je vous propose le PDF d’un ouvrage récent du Glion Colloquium, The University at the Crossroads to a Sustainable Future, actes d’un colloque de juin 2019 auquel j’ai participé avec le chapitre sur la géopolitique de l’éducation supérieure.

Glion Colloquium (PDF) (EN)

Pendant ce temps, sur Heidi.news

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Gaetan Bally/Keystone

La loi sur le CO2 attendra. D’un côté, la Commission de l’Environnement du Conseil national ajoute des enjeux, comme la taxe sur les billets d’avion. De l’autre, l’UDC fait de l’obstruction systématique. L’adoption aujourd’hui de la loi est très improbable.

Heidi.news (Flux Sciences) (FR)

EXCLUSIF - L’EPFL met en garde contre les failles de SwissCovid. L’application (que l’EPFL a contribué à développer) crée des menaces pour la sécurité et la vie privée, selon le Pr Serge Vaudenay, du Laboratoire de sécurité et de cryptographie de… l’EPFL.

Heidi.news (Flux Santé) (FR)

La reconnaissance faciale, c’est fini pour IBM. L’entreprise cesse ses activités de recherche, de développement et de commercialisation de ces technologies. En cause: les biais intrinsèques des algorithmes d’intelligence artificielle, qui peuvent renforcer certains préjugés, notamment raciaux.

Heidi.news (radar) (FR)

Genève teste un radar «anti-bruit». Grosses cylindrées et conducteurs nerveux, attention. Vous faites autant de bruit que 20 voitures qui roulent simultanément de manière normale.

Heidi.news (FR)

Rien ne va plus à l’hôpital universitaire de Zurich. Trois médecins-chefs de USZ dans la tourmente. Francesco Maisano, Martin Rücker et Daniel Fink sont tous trois gravement mis en cause pour des manquements déontologiques.

Heidi.news (radar) (FR)

Les sciences suisses dirigées par des experts de la santé. L’Académie suisse des sciences naturelles vient d’élire Philippe Moreillon à sa présidence en remplacement de Marcel Tanner qui prend lui la tête des Académies suisses des sciences. Le premier est infectiologue, le second épidémiologiste.

Heidi.news (Flux Sciences) (FR)

Lancet-gate: le passé chargé du fondateur de Surgisphere. La start-up américaine ayant fourni des données pour l’étude, publiée dans le Lancet sur la chloroquine, aurait déjà falsifié des figures scientifiques en 2004.

Heidi.news (radar) (FR)

La finance durable fleurit après la crise. Marché confidentiel il y a dix ans, la finance durable représenterait désormais un tiers de la totalité des actifs gérés en Suisse. Et des signaux indiquent que les investissements dans l’économie verte se sont accélérés avec la crise du coronavirus.

Heidi.news (FR)

Cela vous étonne?

Point de salut en-dehors de l’Europe. La pandémie aura permis de démontrer l’importance des réseaux d’universités. Nous devons veiller à ne pas affaiblir l’Europe scientifique pour des raisons politiques, motivées par le populisme et une tendance au protectionnisme. Faire partie des réseaux scientifiques européens est crucial pour la Suisse. L’Europe doit rester compétitive pour faire face à la Chine et aux États-Unis et s’attaquer efficacement aux grands défis actuels. Les projets européens offrent à la fois la masse critique et la qualité nécessaires pour les relever. Pour réconcilier développement durable et lutte contre la pandémie, il faut certes du « précautionnisme » mais surtout pas de protectionnisme.

Le Temps (interview d’Isabella Eckerle) (FR)

Yves Flückiger, bio exprès. Recteur de l’Université de Genève depuis 2015, Yves Flückiger y est titulaire d’un doctorat en économie politique. Il a été Research Associate à Harvard (USA) et à Oxford (UK). De retour à Genève, il enseigne l’économie du travail, l’organisation industrielle et les finances publiques à l’Université. Il a dirigé de nombreux projets pour le Fonds national suisse de la recherche scientifique sur le thème des migrations, des discriminations salariales, de la ségrégation sexuelle, des nouvelles formes d’emploi et de la pauvreté des enfants. Il a également été membre puis vice-président de la Commission de la Concurrence de 1996 à 2007. Il est depuis février 2020 président de swissuniversities, l’organisation faîtière des hautes écoles suisses.

Unige (rectorat) (FR)

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