Bonjour, c’est Amaury à Paris, où il n’est pas rare de croiser des exilés maliens au coin d’une rue. On discute Sahel, politique, et on se souhaite d’y retourner. «Bientôt, c’est sûr!», se dit-on. Et puis on repart dans la grisaille, l’esprit au soleil.
Ce matin, je vous raconte l’avancée toujours plus loin des rebelles dans l’est de la République démocratique du Congo, l’effondrement d’une mine au Mali et la dernière trumperie sur l’Ukraine. |
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Les infos que j'ai retenues pour vous
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Volodymyr Zelensky en conférence de presse, mercredi 19 février. | Keystone / AP AFP POOL / Tetiana Dzhafarova
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Zelensky «le dictateur sans élection».
Chaque jour qui passe voit se creuser un peu plus le fossé entre les Etats-Unis de Donald Trump et l’Ukraine en guerre. Sur son réseau social hier soir, le président américain a lâché une nouvelle bombe: Volodymyr Zelensky serait un «dictateur» qui «refuse d’avoir des élections». Celui-ci l’avait précédemment taxé de vivre «dans un espace de désinformation» russe. Ambiance. De son côté, le Kremlin jubile: le ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov a salué les critiques de Trump et ajouté une couche: le dirigeant ukrainien serait également «pathétique». Dans la nuit de mercredi à jeudi, le président américain a affirmé que Moscou avait les «cartes en main» pour les négociations.
CNN (EN)
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Le pape «plaisante» et se montre «alerte».
La présidente du conseil des ministres d’Italie Giorgia Meloni, qui a été le visiter à l’hôpital hier, se veut rassurante. Le pape François, 88 ans, est hospitalisé depuis plusieurs jours et malgré les communiqués laconiques qui veulent rassurer sur son état de santé (le dernier en date: il a un coeur qui «résiste très bien»), on ne sait plus trop s’il est vraiment en bonne santé. Est-ce qu’une visite de Meloni devrait également rassurer ses 2,2 milliards de fidèles?
AFP (FR)
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Agressions sexuelles à Bétharram: trois hommes en garde à vue.
L’affaire, que les médias nomment désormais après le nom du village des Pyrénées-Atlantiques et à laquelle le premier ministre français François Bayrou est lié, continue de prendre de l’ampleur. Les trois hommes ont été placés en garde à vue pour «viols aggravés, agressions sexuelles aggravées et/ou violences aggravées» commis au sein de l’établissement scolaire Notre-Dame de Bétharram, au sein duquel la femme de François Bayrou a enseigné. Une enquête était ouverte depuis un an. Le collectif de victimes a recensé à ce jour 132 plaintes.
France Télévisions (FR)
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Rendez-vous romand de la mobilité - Les limites de la mobilité. Le Temps organise la 2e édition du Rendez-vous romand de la mobilité. L’occasion de réaliser un pas de côté audacieux et un brin provocateur pour s’interroger sur la démobilité, ou comment limiter nos déplacements tout en améliorant notre qualité de vie.
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Dans mon radar aujourd'hui
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Combien d’années pour la «transition» au Niger?
C’est bizarre d’organiser un raout national pour décider de la durée d’une transition politique dix-huit mois après avoir pris le pouvoir, non? Pas de souci, on s’y attelle, ont répondu les édiles de Niamey qui ont ouvert le week-end dernier les assises nationales. A l’issue de celles-ci, on devrait connaître combien de temps le général Abdourahamane Tiani restera au pouvoir avant de tenir des élections. Comme il est d’usage dans cette partie du monde, c’est sur les réseaux sociaux que les petites mains officieuses proches du pouvoir ont distillé un début de réponse: cela devrait durer encore cinq ans. On le saura officiellement demain.
TV5 Monde (FR)
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Capture d’écran de la vidéo de l’effondrement samedi dernier.
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Ca m'est arrivé cette semaine
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Dans l’indifférence du monde.
Entre l’Ukraine qui regarde Américains et Russes se réunir sans elle et l’Europe apathique devant ce pataquès trumpien, le reste de l’actualité peine à se faire une place dans notre espace mental. Si on ajoute à cela qu’il y a dans certaines régions du monde, déjà historiquement délaissées de l’intérêt global, aucun journaliste et des régimes autoritaires qui préfèrent la post-vérité aux faits, il n’y a a priori aucune chance que des informations sortent de celles-ci.
En voici une qui, grâce aux réseaux sociaux, a taillé sa route pour faire sortir de la terre des dizaines de morts. Samedi dernier, en pleine journée, 48 personnes sont mortes dans l’éboulement d’un site d’orpaillage dans le sud-ouest du Mali. Le drame a été relaté par une dépêche de l’AFP, reprise en brève sur les radios françaises et suisses aux journaux du matin de dimanche, un journaliste a fait un direct pour une télévision internationale depuis Dakar, au Sénégal voisin, et puis c’est tout. Mais une vidéo, tournée sur le site au moment de l’effondrement, sur un petit téléphone portable à la qualité médiocre, circule sur WhatsApp depuis. Elle suscite l’effroi. Vous pouvez la visionner ici.
On y voit des centaines d’orpailleurs dans une mine de plusieurs centaines de mètres de large et de profondeur. La terre est ocre et le bruit des machines qui broient la pierre strident. Au fond, de l’eau boueuse marronâtre. Soudain, un pan de la paroi s’effrite, et quelques secondes plus tard, des centaines de mètre-cubes de terre s’effondrent. On voit des corps emportés par l’éboulement, certains s’agrippent comme ils le peuvent, d’autres ont l’air poupins. Fin de la vidéo.
On ne saura jamais qui sont les orpailleurs qui sont morts samedi à Bilaly Koto. La presse malienne ne s’y est pas rendue, sans doute en raison des manques de moyens alarmants que je vous évoquais la semaine dernière dans le Point du Jour. Une délégation gouvernementale de trois ministres a bien été sur les lieux, mais elle a répété les mêmes mots-clés qu’à chaque fois: fermeté, réflexion autour de l’interdiction de l’orpaillage illégal, etc. Comme dans chaque régime autoritaire, le Chef suprême s’est ému, par la voix de son premier ministre. «Le général d’armée Assimi Goïta a instruit le gouvernement de ne pas traiter cet énième incident de trop, comme un fait divers.»
Que se passera-t-il alors à Bilaly Koto et dans les centaines autres sites d’orpaillage artisanal (et illégal) du Mali? On ne peut que s’en remettre, comme les Maliens le font depuis qu’Assimi Goïta a pris le pouvoir, à ses paroles. Pour l’heure, rien n’a été fait.
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Des déplacés d’un camp de réfugiés fuient sur une pirogue sur le lac Kivu, devant l’avancée du M23. | Keystone / EPA / Nadaa Kahashy
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Au Congo, «quelle est l’étape suivante?»
Cela fait plusieurs semaines qu’on vous parle ici de l’avancée du groupe rebelle M23 en République démocratique du Congo. Soutenu par l’armée rwandaise qui continue de nier son rôle, il s’est emparé de Goma, la plus grande ville de l’est du Congo, frontalière du Rwanda, et il y a quelques jours de Bukavu, la seconde capitale régionale de la zone. Le sommet de samedi dernier, mon Radar de la semaine passée, n’a rien donné. A Kinshasa, une question (résumée par le média burkinabè Wakat Sera) se pose: «Quelle est l’étape suivante après ces victoires militaires retentissantes?» Pour The Economist, c’est limpide: «le Rwanda fait une Poutine au Congo».
Wakat Sera (FR)
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Une «carte des réparations» du passé colonial africain.
Elle est passée inaperçue mais fera date: la résolution «Justice pour les Africains et les personnes d’origine africaine à travers les réparations» a été votée samedi lors du sommet de l’Union africaine qui en a fait son thème pour l’année 2025. Un professeur soudanais de droit international a présenté une carte, «explosive» selon le média ivoirien L’Infodrome, qui donne une estimation des réparations. Le Royaume-Uni devrait ainsi verser 700 milliards de dollars au Soudan, la France 653 milliards à l’Algérie et la Belgique 1600 milliards à la RDC.
L’Infodrome (FR)
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Décès du cinéaste malien Souleymane Cissé.
Il était l’un des monuments du cinéma africain et le symbole d’une époque faste du septième art africain. Rendez-vous compte: il a découvert son premier film de cinéma à cinq ans à Bamako en montant dans un arbre derrière le mur de la salle. Aujourd’hui, les salles ont fermé. Surtout, il a été primé à Cannes (1987), à la messe africaine du cinéma au Fespaco de Ouagadougou (1979, 1983) et continuait ces dernières années à filmer. En 2023, pour toute sa carrière, il avait reçu, à Cannes encore, un Carrosse d’Or. La lettre du jury était un bel hommage: «A la croisée du poétique et du politique, de la critique sociale et de la mythologie, de l’ancrage dans la culture pluriséculaire de votre pays, le Mali, et de l’ouverture au monde dans toute sa dimension pluriverselle, votre filmographie a marqué notre cinéphilie en profondeur.»
Le Monde (FR)
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Votre correspondant.
Il ne faut pas gâter l’affaire! C’est ce qu’on dit aux journalistes toubab débarquant sur le continent africain en quête d’histoires aussi exotiques qu’extravagantes. Alors depuis sept ans, j’essaie de raconter la normalité. Parisien d’origine, j’ai roulé une petite bosse ici et là en Afrique, du Malawi à la Guinée-Bissau, du Mali à la Centrafrique, du Cameroun à Sao Tomé. Depuis le début de l’année dernière, mes valises sont posées au Tchad même si cela fait trois mois que je vagabonde ici et là pour une Exploration à venir. Là, tout de suite, je suis chez mon grand-père, à Paris, avec lui.
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Avenue du Bouchet 2
1209 Genève
Suisse
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