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Bonjour, c’est Sarah pour votre Point fort du jour.

Le sixième rapport du GIEC sur l’évolution du climat a été publié lundi. Il martèle un constat que tout le monde connaît. Mais alors que les décideurs ont les cartes en main, notre trajectoire carbone nous emmène droit dans le mur.

A-t-on encore besoin du GIEC et de ses rapports de 10’000 pages? Est-il à la mesure de l’enjeu, devenu très politique?

On se pose la question.

photo journaliste

Sarah Sermondadaz, Genève

22.03.2023

Avant d'entrer dans le vif

🔥 Climat, le plan de sortie de crise. Que reste-t-il des ambitions initiales du GIEC, dans le résumé final publié lundi? Qu’est-ce qui a disparu à la faveur des négociations d’alcôve?

💰 Aurait-il fallu conditionner le sauvetage de Credit Suisse à des exigences climatiques? Pour Morgane Nusbaumer, du collectif BreakFree, c’est ce que la Confédération aurait dû faire.

👶 Bâtards sensibles. La sexualité hors mariage n’est plus condamnable, mais les enfants qui en sont issus souffrent du non-dit. A Genève, historiquement, ils sont réduits au silence.

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A-t-on encore besoin du GIEC?

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Pour résoudre la crise climatique, il faut se passer des énergies fossiles | Keystone / AP / Martin Meissner

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La tâche du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) tient de l’exercice d’équilibrisme: informer efficacement les décideurs, en présentant un contenu aussi dépolitisé que possible.

Malgré la succession des rapports, le constat est quasi invariable: les activités humaines réchauffent la planète, le temps presse, des solutions – dont aucune ne tient du miracle – existent. Pendant ce temps, la planète chauffe.

Le GIEC doit-il continuer à livrer de nouveaux rapports aux décideurs? Faut-il le réformer?

🗃️ Ouvrir la boîte noire. L’organisation du GIEC est unique.

Créée en 1988, l’institution, chargée d’évaluer la réalité, les causes et les conséquences du changement climatique, fournit des synthèses scientifiques cruciales pour faire progresser la diplomatie climatique mondiale.

Son modèle hybride mobilise à la fois de milliers de scientifiques, pour synthétiser l’état des connaissances, et les représentants des Etats. Objectif: garantir à la fois la crédibilité scientifique et l’implication des gouvernements.

Ce mélange n’est pas sans occasionner des frottements lors de l’écriture des résumés pour décideurs – discussions où les représentants des Etats défendent leurs intérêts

👩🏽‍🔬 Les métamorphoses de l’expertise du GIEC.

La demande d’expertise dans les années 1990 puis 2000 concernait surtout les sciences naturelles, à une époque où on voulait d’abord s’assurer que le réchauffement observé était d’origine humaine.

Mais le monde a changé, le constat est clair, et c’est désormais d’une boîte à outils sur les enjeux d’adaptation et d’atténuation dont les décideurs ont besoin.

Pour penser la transition, les sciences sociales sont devenues indispensables.

🌡️ Changement d’atmosphère. Il n’a pas été facile aux sciences sociales de s’imposer.

«La mission du GIEC est d’être “policy relevant” sans être “policy prescriptive”, c’est-à-dire d’informer sans entrer dans la prescription politique», rappelle Julia Steinberger, professeure en économie écologique à l’Université de Lausanne et co-autrice du sixième rapport.

Les méthodes d’évaluation du groupe d’experts, héritées des sciences dures, n’étaient pas toujours applicables aux sciences humaines. Celles-ci traitent des relations entre l’humain et la société, et touchent à l’interface politique de façon plus intime encore que les sciences naturelles…

La frontière entre le descriptif et le prescriptif évolue peu à peu. «Parler d’inégalités et de justice climatique était considéré comme risqué lorsque ces sujets ont été abordés dans le 5e rapport en 2014, mais ils sont maintenant acceptés sans controverses» dans le 6e rapport, ajoute Julia Steinberger.

🏔️ L’avenir du GIEC.

Un septième cycle d’évaluation va être initié pour être achevé vers 2030. Un horizon de temps jugé trop long par certains chercheurs.

Une piste à l’étude: des rapports plus courts, sur des problèmes bien identifiés, qui pourraient être publiés bien avant cette échéance.

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Il est temps de raconter le monde

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Pour aller plus loin

Les projections d’ExxonMobil prédisaient la crise climatique dès la fin des années 1970. Publiquement, le pétrolier américain a longtemps nié la réalité du changement climatique. Mais dès la fin des années 1970, la société texane était bien au fait que ses activités risquaient de déclencher un dérèglement sans précédent, selon une étude publiée en janvier dernier.

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Sobriété, maître-mot du dernier rapport du GIEC. Il intègre explicitement, pour la première fois, des scénarios basés sur la sobriété énergétique, qui permet de faire chuter la demande en énergie, et donc les émissions de gaz à effet de serre. Une première dans l’histoire du GIEC, rappelait Julia Steinberger en avril dernier.

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Les dangers de la géo-ingénierie. Alors que les efforts climatiques des Etats restent insuffisants, une poignée de personnalités veut lever le tabou sur la géo-ingénierie solaire. Une approche jugée trop risquée par de nombreux scientifiques. Aux Etats-Unis, une startup envisage déjà de vendre des crédits carbone basés sur cette technologie

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Bien vu

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GIEC/ via Charlie Gardner/Twitter

La hiérarchie des solutions. Le GIEC a évolué le potentiel, tant en termes d’émissions évitées que de coût, de plusieurs solutions climatiques. Et les résultats tordent le cou à certaines idées reçues: l’électricité issue de la combustion de la biomasse ou la capture du carbone sont beaucoup moins avantageuses que l’éolien ou le solaire. Enfin, il reste bien plus abordable de protéger les écosystèmes existants plutôt que de planter des arbres

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De bonnes lectures

Les technologies peuvent-elles sauver le climat? De nombreux décideurs politiques ou économiques parient sur l’innovation technologique comme principal levier de diminution de nos émissions de gaz à effet de serre. En 2021, France Info rappelait qu’il s’agit d’un choix à la fois risqué et peu efficace.

France Info (accès libre) (FR)

Faut-il inculper les pétroliers pour «homicide»? Dans un article à la Harvard Environmental Law Review, des chercheurs soulignent que ces firmes «ont tué des membres du public à un rythme accéléré». Ils soutiennent que la «science de l’attribution» (qui permet de rattacher les événements météorologiques extrêmes à la crise climatique) permet désormais de parler d’homicide climatique. Mais en droit, tout n’est pas si simple…

The Guardian (accès libre) (EN)

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