Avant d'entrer dans le vif

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Comment manger durablement d'ici 2030

Pixabay / Markus Spiske

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➢ Pour respecter l’Agenda 2030 en matière d’alimentation durable, la Suisse doit mettre les bouchées doubles.

Comment? Un comité scientifique et une assemblée citoyenne (la première en Suisse) se sont emparés de la question.
➢ Ils ont remis aujourd’hui leurs propositions (une centaine) aux politiques.
➢ En voici cinq, parmi les plus efficaces et urgentes.

🏫 Former aux pratiques durables. Et ce, dans toute la chaîne, de la ferme à la fourchette. Deux exemples:
➢ Mettre l’accent sur les cultures végétales et l’élevage extensif.
➢ Améliorer les échanges entre scientifiques et agriculteurs.

🗑️ Réduire le gaspillage. Un quart de l’impact environnemental de l’alimentation provient de pertes évitables.

➢ Les dates de péremption sont dans le viseur. «Dans le commerce, la majeure partie des denrées alimentaires est gaspillée en raison de la date», rappellent les scientifiques.
➢ La solution: assouplir le système pour les aliments sans risque (pâtes, lait UHT, yaourt…), voire imposer la revente à prix réduit de denrées périmées encore consommables.

💰 Inciter les fermes à se reconvertir.
➢ Il faut soutenir les technologies durables, les productions agroécologiques et les cultures végétales.
➢ Les citoyens visent en priorité «les petits producteurs», le comité d’experts les «jeunes agriculteurs».

🥡 Plus de durabilité dans les restaurants et les cantines.
➢ Avec plus d’aliments sains, de saison et locaux dans les crèches et écoles, par exemple.
➢ Et même utiliser le nudge, ce coup de pouce qui fait changer votre comportement.
➢ Les citoyens veulent ajouter le Nutriscore et des écoscores dans la restauration collective.

🐄 Réduire les importations de denrées d’origine animale. Et aussi les aliments pour les animaux et les engrais minéraux.
➢ Objectif: freiner le hors-sol et réduire les excédants d’azote dans les rivières.
➢ Les instruments varient: augmenter les droits de douane? Créer un label et une prime pour la viande sans fourrage importé? Supprimer les paiements directs en cas de fourrage importé?

🗯️ Place au politique. Nous avons demandé au conseiller fédéral Guy Parmelin, en charge de l’économie et présent au sommet, les mesures qu’ils retenait.

 ● Sur l’idée d’un fonds de transformation alimenté par le public et le privé:
 «Posez la question à Madame Keller-Sutter qui est en train d’essayer d’assainir le budget avec 1,5 à 2 milliards de déficits, sur comment elle va accueillir cette idée de nouveau fonds.»

 ● Il craint la fuite des consommateurs si la Suisse se démarque:
 «Si nous sommes les seuls à mettre en place des blocages ou des interdictions, si les consommateurs ne veulent pas changer, ils iront acheter de l’autre côté de la frontière.»

 ● Il refuse la contrainte et veut miser sur les incitations positives:
 «Une fois que le citoyen est convaincu que c’est la bonne voie, il change son comportement et tout devient plus facile. (…) Le producteur va produire ce que le consommateur veut.»

➥ Le ministre de l’économie dit partager les ambitions, mais reste évasif sur les moyens.

Pour aller plus loin

🧑‍🤝‍🧑 Ils ont participé à l’assemblée citoyenne. Cristian, Anne, Leidy et Philippe ont été tirés au sort pour composer l’Assemblée citoyenne pour une politique alimentaire. Quel bilan font-ils de ce processus unique?

✊ Peut-on vraiment changer le contenu des supermarchés par le boycott ou nos achats? L’argument est souvent brandi: ce sont aux consommateurs d’initier les changements en allant faire leurs courses.Tient-il la route?

🥩 La Suisse peut-elle encore promouvoir la consommation de viande? On mange trois fois plus de viande que les recommandations de l’OMS. La Confédération doit-elle cesser de soutenir Proviande? Le débat est légitime.

⚖️ C’est quoi, une alimentation saine et durable? La question a été mise sur la table à la rédaction, pendant une pause déjeuner. Existe-t-il une assiette ou un menu, qui puisse à la fois répondre aux besoins de notre organisme, et qui soit un tant soit peu durable?

Il est temps de raconter le monde

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Les mesures en question

Heidi.news/KM/NS

Le comité d’experts d’Avenir Alimentation Suisse a remis tout à l’heure 39 mesures à déployer entre 2023 et 2030, afin de rendre l’alimentation suisse rapidement durable. Pour chacune de leurs propositions, les chercheurs ont attribué un degré d’efficacité et d’urgence, noté de 1 à 5. Il est intéressant de noter la diversité des outils à appliquer: taxes, subventions, réglementation et information du public.

De bonnes lectures

🧠 Dans les rayons, notre cerveau nous joue des tours. Seulement 15% de nos décisions pour nous alimenter seraient conscientes. Difficile dans ce cas de s’orienter vers une alimentation saine. Quelques exemples de situations où nos choix sont lourdement influencés par nos sens et nos intuitions, lesquels sont loin d’être toujours bons conseillers.

🛒 Les supermarchés pèsent lourd sur l’environnement. En France, les catalogues promotionnels et les offres en rayon mettent en avant des viandes issues d’élevages intensifs, très rarement bio ou sous labels de qualité. Et 92% des plats préparés contiennent des protéines animales. L’occasion de rappeler que l’offre influence aussi la demande, et que les industriels ont bien un rôle à jouer dans la transition alimentaire.