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Cinq questions après le rachat de Credit Suisse

Paradeplatz à Zurich: les deux banques rivales se font face. Il n’en restera finalement qu’une. | Keystone / Michael Buholzer

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➢ «Je suis cliente Credit Suisse. Vais-je perdre tout mon argent?» Cette question, qu’une lectrice nous a transmise par courriel ce matin, en dit beaucoup sur l’inquiétude qui règne autour de la banque, après son rachat par UBS très appuyé par les autorités.

➢ Ce séisme, qui marque l’histoire de la Suisse, soulève d’autres interrogations. Les réponses qui y seront apportées vont, à n’en pas douter, rythmer l’agenda des prochaines semaines.

Si vous avez raté le début. Il aura fallu moins d’une semaine pour précipiter le destin de Credit Suisse, numéro deux bancaire helvétique, empêtrée depuis plus de dix ans dans une série d’affaires qui ont terni sa réputation. Résumé en cinq actes d’une chute vertigineuse.

 1️⃣ La faillite de Silicon Valley Bank aux Etats-Unis, annoncée le vendredi 10 mars à la surprise générale. Dans la foulée, les autorités américaines ferment aussi Signature Bank. Les marchés craignent une nouvelle crise bancaire. Les bourses dévissent.

 2️⃣ Le principal actionnaire de Credit Suisse s’exprime mercredi 15 mars dans la presse pour dire qu’il n’a pas l’intention d’augmenter sa participation dans la banque. Ses propos sont déformés. Panique sur les marchés: l’action de la banque perd près de 25%.

 3️⃣ La Banque nationale suisse intervient pour garantir des liquidités à Credit Suisse et rassurer les marchés. Jeudi 16 mars, l’action remonte.

 4️⃣ La crise de confiance à l’égard de Credit Suisse semble finalement plus profonde. Vendredi 17 mars, l’action clôture en baisse de plus de 8%, scellant ainsi le destin de la banque. Les autorités ont cherché tout le week-end une solution pour limiter les dégâts. Objectif: régler le «problème» avant la réouverture des marchés financiers ce matin.

 5️⃣ Le Conseil fédéral annonce en conférence de presse le rachat de Credit Suisse par UBS, avec le soutien des autorités. La fusion devrait être effective d’ici à la fin de l’année.

La suite en cinq questions.

➢ Silicon Valley Bank et Credit Suisse sont-ils réellement des cas isolés?

 … ou assiste-t-on aux premiers signaux d’une crise financière internationale? Signe de cette inquiétude, le prix de l’or a brièvement dépassé le seuil de 2000 dollars l’once aujourd’hui.

➢ Comment vont réagir les actionnaires d’UBS et de Credit Suisse?

 Dans les faits, ils ont été privés par le Conseil fédéral du droit de décider de l’avenir de la société dans laquelle ils ont investi. Selon le Financial Times, certains envisageraient des actions juridiques.

➢ La situation va-t-elle donner des ailes aux cryptomonnaies?

 On se rappelle que Bitcoin est né de la crise financière de 2008. Fait notable: sa valeur est passée de quelque 20’000 dollars dimanche 12 mars à plus de 28’000 dollars aujourd’hui…

➢ Quelles seront les conséquences de la fusion entre UBS et Credit Suisse sur l’économie locale?

 Pour l’avocat et professeur Carlo Lombardini, spécialiste du droit bancaire, la reprise par un acteur étranger faisant autorité dans le secteur de la banque de détail aurait été une meilleure solution pour la diversité de l’offre.

➢ Ce nouveau traumatisme pour la réputation va-t-elle donner lieu à une inflation réglementaire?

 En tout cas, le Parlement devrait demander la tenue d’une session extraordinaire, qui aura certainement lieu rapidement (cette semaine?).

Une situation instable. Malgré une matinée dans le rouge, les marchés financiers européens ont rebondi en début d’après-midi. L’action d’UBS était en hausse de +1,5% à la clôture des bourses. L’opération initiée par les autorités suisses semble avoir rassuré les investisseurs.

Pour l’instant.

Il est temps de raconter le monde

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Bien vu

Ricardo.ch

Petit bonnet deviendra grand. En 1977, quelque 800’000 exemplaires du bonnet coloré de Credit suisse ont été distribués dans le pays. Les enfants qui partaient en camp de ski le portaient volontiers (on ne mettait pas encore de casque sur les pistes). Tombé en désuétude avant de devenir culte, l’objet se négociait 2 francs vendredi sur différentes plateformes de vente en ligne. Ce lundi, les prix ont flambé. Sur Ricardo.ch, on trouve des exemplaires entre 71 et 210 francs. Un petit bonnet devenu grand, à la faveur d’un énorme dis-Credit.

De bonnes lectures

Comment Credit Suisse a définitivement perdu le contrôle. C’est une succession d’affaires qui se lit comme un roman. Le Temps revient sur l’histoire de Credit Suisse, de sa création par le visionnaire Alfred Escher à l’actuel directeur général Ulrich Körner. Comment le numéro deux bancaire suisse a-t-il pu en arriver là, quand son principal concurrent, UBS, a réussi à retrouver le droit chemin après son sauvetage en 2008?

Silicon Valley Bank: gloires et déboires. C’était la 16e banque la plus importante des Etats-Unis. Parmi ses clients, essentiellement des start-up actives dans le secteur des technologies. Sa chute, spectaculaire, pourrait avoir des conséquences à long terme sur l’écosystème des jeunes pousses. Ces dernières vont probablement changer leur manière d’appréhender la gestion des risques dans leurs relations bancaires.