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➢ Les banques suisses ont investi prĂšs de 2,8 milliards de dollars dans le pĂ©trolier TotalEnergies, qui s’apprĂȘte Ă construire le plus long olĂ©oduc chauffĂ© du monde en Afrique de lâEst.
➢ Vendredi dernier, Ă Berne, une dĂ©lĂ©gation venue dâOuganda et de Tanzanie a demandĂ© Ă la BNS, rĂ©unie pour son assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale, de cesser d’investir dans les Ă©nergies fossiles.
đąïž Une «bombe climatique». DĂšs 2025, le projet prĂ©voit dâextraire plus de 200â000 barils de pĂ©trole par jour. De quoi Ă©mettre davantage de CO2 que les Ă©missions combinĂ©es de lâOuganda et de la Tanzanie, alertent les ONG.
➥â ïž Pourtant, lâAIE et le GIEC sont formels: pour limiter le rĂ©chauffement planĂ©taire Ă 1,5°C, il est impĂ©ratif de renoncer Ă tout nouveau projet dâextraction fossile…
đ€ Argent suisse.
➢ DâaprĂšs les donnĂ©es de la coalition «Notre BNS», la banque centrale aurait investi plus de 600 millions de francs dans TotalEnergies en 2022.
➢ En tout, pas moins de 70 acteurs financiers du pays ont investi dans le pĂ©trolier, Ă hauteur totale de 2,8 milliards de dollars, dâaprĂšs les donnĂ©es de Refinitiv et EMAXX, compilĂ©es par lâONG Urgewald.
đ„ En tĂȘte du podium:
● UBS (1 milliard de dollars),
● la BNS (600 millions de dollars) (donnĂ©es SNB Investments),
● Credit Suisse (368 millions de dollars),
● et Pictet (152 millions de dollars).
đïž La BNS sous le feu des critiques. Guillaume Durin, du collectif BreakFree, souligne que TotalEnergies nâest pas la seule compagnie pĂ©troliĂšre Ă figurer dans le portefeuille de la BNS, oĂč on retrouve Ă©galement Exxon, Chevron et Shell:
«On demande que la BNS soit transparente sur ses financements et quâelle cesse dâinvestir dans les Ă©nergies fossiles pour sâaligner Ă la transition Ă©cologique.»
➢ ContactĂ©e par Heidi.news, la BNS nâa pas souhaitĂ© commenter ces chiffres, et a rappelĂ© quâelle gĂšre son portefeuille dâactions de maniĂšre «majoritairement passive» et «neutre», signifiant quâelle «sâadapte Ă lâĂ©volution du marché».
➢ Durant lâAG du 28 avril, le prĂ©sident du conseil dâadministration Thomas Jordan a rĂ©pondu aux reproches en sâabritant derriĂšre le mandat de lâinstitution, qui est «de garantir la stabilitĂ© des prix», et non pas dâagir contre le rĂ©chauffement climatique.
➢ Avant de renvoyer la balle: «La rĂ©gulation du secteur bancaire nâincombe pas Ă la BNS mais Ă la ConfĂ©dĂ©ration, Ă travers la Finma.»
đą Et les autres banques?
● Autour du monde, 24 grandes banques, dont Credit Suisse, et 23 assureurs, dont Zurich, Helvetia et Swiss Re, ont dĂ©clarĂ© ne pas soutenir le projet EACOP.
● Credit Suisse et UBS nâont pas souhaitĂ© commenter.
● UBS a rappelĂ© qu’elle «peut dĂ©tenir, trĂšs souvent pour le compte de clients, des positions sujettes Ă dĂ©claration publique dans un grand nombre dâentreprises du monde entier dans lesquelles elle nâa cependant pas dâintĂ©rĂȘt stratĂ©gique».
● Pictet ne contredit pas les chiffres, mais rappelle que la banque a votĂ© contre le plan climat de TotalEnergies, jugĂ© «insuffisant», en 2022.
✠La dĂ©fense de TotalEnergies. Le pĂ©trolier argue que le projet amĂ©liorera le niveau de vie des communautĂ©s locales, notamment Ă travers des «compensations financiĂšres».
➢ Un miroir aux alouettes, pour le Tanzanien Baraka Lenga, expert en climat chargĂ© du plaidoyer pour lâONG GreenFaith, qui rappelle que «des milliers dâagriculteurs ont dĂ©jĂ dĂ» abandonner leurs terres» tandis que les compensations promises, souvent insuffisantes, tardent Ă venir.
➥ Un schĂ©ma dĂ©jĂ vu dans le delta du Niger, au Soudan, ou encore en AlgĂ©rie, oĂč la pauvretĂ© est extrĂȘme, rappelle-t-il.
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