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Ce soir, on vous emmĂšne en Afrique oĂč un olĂ©oduc gĂ©ant s’apprĂȘte Ă  sortir de terre.

On redoute dĂ©jĂ  des atteintes humaines et environnementales le long du tracĂ© de 1400 km.

Et la Suisse dans tout ça?

Ses banques ont investi prĂšs de 2,8 milliards de dollars dans le pĂ©trolier TotalEnergies, Ă  la tĂȘte du projet.

photo journaliste

Rachel Barbara HĂ€ubi, GenĂšve

03.05.2023

Avant d'entrer dans le vif

đŸ“± L’opĂ©ration sĂ©duction de TikTok. Pour rassurer les autoritĂ©s, le gĂ©ant chinois entend soigner sa communication en Occident - et particuliĂšrement en Suisse. Mais cela sera-t-il suffisant?

🩿 L’IA ne signe pas la fin du travail, mais le prĂ©carise. C’est ce qu’explique Antonio Casilli, sociologue spĂ©cialiste du micro-travail, dans un entretien donnĂ© Ă  Heidi.news.

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Une «bombe climatique» financée par de l'argent suisse

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Les banques suisses ont investi prĂšs de 2,8 milliards de dollars dans le pĂ©trolier TotalEnergies, qui s’apprĂȘte Ă  construire le plus long olĂ©oduc chauffĂ© du monde en Afrique de l’Est.

Vendredi dernier, Ă  Berne, une dĂ©lĂ©gation venue d’Ouganda et de Tanzanie a demandĂ© Ă  la BNS, rĂ©unie pour son assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale, de cesser d’investir dans les Ă©nergies fossiles.

đŸ›ąïž Une «bombe climatique». DĂšs 2025, le projet prĂ©voit d’extraire plus de 200’000 barils de pĂ©trole par jour. De quoi Ă©mettre davantage de CO2 que les Ă©missions combinĂ©es de l’Ouganda et de la Tanzanie, alertent les ONG.

⚠ Pourtant, l’AIE et le GIEC sont formels: pour limiter le rĂ©chauffement planĂ©taire Ă  1,5°C, il est impĂ©ratif de renoncer Ă  tout nouveau projet d’extraction fossile…

đŸ€‘ Argent suisse.

D’aprĂšs les donnĂ©es de la coalition «Notre BNS», la banque centrale aurait investi plus de 600 millions de francs dans TotalEnergies en 2022.

En tout, pas moins de 70 acteurs financiers du pays ont investi dans le pĂ©trolier, Ă  hauteur totale de 2,8 milliards de dollars, d’aprĂšs les donnĂ©es de Refinitiv et EMAXX, compilĂ©es par l’ONG Urgewald.

đŸ„‡ En tĂȘte du podium:

UBS (1 milliard de dollars),

la BNS (600 millions de dollars) (données SNB Investments),

Credit Suisse (368 millions de dollars),

et Pictet (152 millions de dollars).

đŸ›ïž La BNS sous le feu des critiques. Guillaume Durin, du collectif BreakFree, souligne que TotalEnergies n’est pas la seule compagnie pĂ©troliĂšre Ă  figurer dans le portefeuille de la BNS, oĂč on retrouve Ă©galement Exxon, Chevron et Shell:

«On demande que la BNS soit transparente sur ses financements et qu’elle cesse d’investir dans les Ă©nergies fossiles pour s’aligner Ă  la transition Ă©cologique.»

ContactĂ©e par Heidi.news, la BNS n’a pas souhaitĂ© commenter ces chiffres, et a rappelĂ© qu’elle gĂšre son portefeuille d’actions de maniĂšre «majoritairement passive» et «neutre», signifiant qu’elle «s’adapte Ă  l’évolution du marché».

Durant l’AG du 28 avril, le prĂ©sident du conseil d’administration Thomas Jordan a rĂ©pondu aux reproches en s’abritant derriĂšre le mandat de l’institution, qui est «de garantir la stabilitĂ© des prix», et non pas d’agir contre le rĂ©chauffement climatique.

Avant de renvoyer la balle: «La rĂ©gulation du secteur bancaire n’incombe pas Ă  la BNS mais Ă  la ConfĂ©dĂ©ration, Ă  travers la Finma.»

🏱 Et les autres banques?

Autour du monde, 24 grandes banques, dont Credit Suisse, et 23 assureurs, dont Zurich, Helvetia et Swiss Re, ont déclaré ne pas soutenir le projet EACOP.

Credit Suisse et UBS n’ont pas souhaitĂ© commenter.

UBS a rappelĂ© qu’elle «peut dĂ©tenir, trĂšs souvent pour le compte de clients, des positions sujettes Ă  dĂ©claration publique dans un grand nombre d’entreprises du monde entier dans lesquelles elle n’a cependant pas d’intĂ©rĂȘt stratĂ©gique».

Pictet ne contredit pas les chiffres, mais rappelle que la banque a voté contre le plan climat de TotalEnergies, jugé «insuffisant», en 2022.

⛜ La dĂ©fense de TotalEnergies. Le pĂ©trolier argue que le projet amĂ©liorera le niveau de vie des communautĂ©s locales, notamment Ă  travers des «compensations financiĂšres».

Un miroir aux alouettes, pour le Tanzanien Baraka Lenga, expert en climat chargĂ© du plaidoyer pour l’ONG GreenFaith, qui rappelle que «des milliers d’agriculteurs ont dĂ©jĂ  dĂ» abandonner leurs terres» tandis que les compensations promises, souvent insuffisantes, tardent Ă  venir.

Un schĂ©ma dĂ©jĂ  vu dans le delta du Niger, au Soudan, ou encore en AlgĂ©rie, oĂč la pauvretĂ© est extrĂȘme, rappelle-t-il.

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Les chiffres noirs du projet

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Carte des principaux Ă©cosystĂšmes menacĂ©s par l’olĂ©oduc (en noir sur la carte). | Rapport “Un cauchemar nommĂ© Total” de l’ONG Amis de la Terre (2020)

Une bombe Ă©cologique et sociale? Au-delĂ  du climat, les ONG dĂ©crient un projet dĂ©vastateur tant pour les Ă©cosystĂšmes que pour les droits de l’homme.

118’000 personnes seront totalement ou partiellement privĂ©es de leurs terres, Ă©valuent les ONG. Un chiffre que TotalEnergies ne conteste pas, bien que le pĂ©trolier dĂ©fende que «la trĂšs grande majoritĂ© (…) pourra disposer [de leurs terres] aprĂšs les travaux».

Le projet prĂ©voit de forer 400 puits pĂ©troliers, dont 132 dans le parc national des Murchison Falls en Ouganda. L’olĂ©oduc traversera Ă©galement 16 aires naturelles protĂ©gĂ©es et un second parc national.

35 cours d’eau seront traversĂ©s, ainsi que le Lac Albert et le Lac Victoria – le plus grand d’Afrique, dont dĂ©pendent 40 millions de personnes pour la pĂȘche et l’approvisionnement en eau douce.

Le risque de fuites de pétrole et de marées noires, en particulier dans une région à forte activité sismique, font craindre un désastre écologique et humanitaire.

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Pour aller plus loin

Pourquoi la BNS continue d’investir dans des firmes climaticides? Pourquoi l’institution financiĂšre reste-t-elle si timide en matiĂšre de finance verte? On essaie de comprendre.

Heidi.news (abonnés) (FR)

La chute de Credit Suisse, une aubaine pour le climat? Le sauvetage de Credit Suisse, l’une des banques qui investissent le plus dans les Ă©nergies fossiles, sera-t-il l’occasion de responsabiliser le secteur financier face Ă  la crise climatique?

Heidi.news (abonnés) (FR)

«La place financiĂšre suisse est trĂšs en retard sur l’adoption des politiques climatiques.» Depuis plusieurs annĂ©es, Lucie Pinson, fondatrice de l’ONG Reclaim Finance, plaide pour le dĂ©sinvestissement des Ă©nergies fossiles par les acteurs du secteur bancaire. Entretien.

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📖 De bonnes lectures

Le discret soutien de Macron au projet climaticide de Total en Ouganda. Le prĂ©sident français Emmanuel Macron a Ă©crit Ă  son homologue ougandais pour soutenir les projets de forages pĂ©troliers de TotalEnergies en bordure d’un des plus grands lacs d’Afrique, rĂ©vĂšle une enquĂȘte de Mediapart.

Mediapart (abonnés) (FR)

Photoreportage sur les traces du futur oléoduc. En Ouganda et en Tanzanie, le futur oléoduc de plus de 1400 kilomÚtres inquiÚte. Les riverains redoutent des coûts environnementaux et humains. Récit en images.

The Guardian (accĂšs libre) (EN)

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