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Bonjour, ici Antoine Harari à Bellinzone, pour votre Point fort du jour.

Le procès de l’ancien chef de guerre libérien Alieu Kosiah, accusé de crime de guerre, s’est ouvert mercredi au Tribunal pénal fédéral. Je vous relate les malheurs de son avocat.

Ceci est la première édition du Point fort, qui remplace les newsletters thématiques (santé, climat, cyber…) du soir. Bonne lecture!

photo journaliste

Antoine Harari, Genève

16.01.2023

Avant d'entrer dans le vif

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De la difficulté de défendre un criminel de guerre (présumé)

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Un combattant de l’Ulimo devant l’ambassade américaine à Monrovia, capitale du Liberia, en 1996. | dans les Keystone / AP Photo / David Guttenfelder

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Accusé de multiples atrocités, l’ancien chef de guerre libérien Alieu Kosiah (46 ans) est jugé en appel par le Tribunal pénal fédéral à Bellinzone. Il avait été condamné à 20 ans de prison en 2021.
Une fois de plus, son avocat n’a pas la partie facile. Bavard, fantasque, l’accusé nie en bloc et semble piloter sa propre défense… pour son plus grand malheur.

Ce qui lui est reproché. Une longue liste d’exactions, qui auraient été commises lors de la première guerre civile libérienne (1989 – 1996), lorsque Alieu Kosiah était commandant du mouvement armé Ulimo, dans le nord du pays. Il est accusé d’avoir:
- ordonné le meurtre de 13 civils et 2 soldats prisonniers, et tué de ses mains 4 civils,
- violé une villageoise, pillé un village,
- eu recours à un enfant-soldat,
- mangé un morceau du cœur d’un enseignant supplicié puis mis à mort par l’Ulimo.

Un accusé atypique. Alieu Kosiah critique le choix des témoins, prend à partie les juges, nie sa présence sur les lieux des crimes. Une stratégie de rupture qui a totalement échoué en première instance.

Plusieurs plaignants et même certains témoins de la défense avaient contredit l’accusé.
Un enfant-soldat, appelé à témoigner par Alieu Kosiah lui-même, avait affirmé à plusieurs reprises qu’ils étaient ensemble lors de la prise de villes où ont eu lieu les exactions.

Un juge agacé. Arrogant, refusant de répondre aux questions, l’accusé a le don d’agacer les juges. «Monsieur Kosiah vous avez un avocat. Répondez à mes questions et laissez-le plaider, il aura tout le temps pour le faire», lui reproche le président du tribunal.

Un avocat à la peine. Son avocat neuchâtelois commis d’office, Me Dimitri Gianoli, a passé près de 3500 heures (!) sur le dossier en plus de neuf ans. Il défend tant bien que mal son client:

«Il a pour habitude de donner de très nombreux détails pour expliquer son raisonnement avant d’arriver concrètement à la réponse aux questions, raison pour laquelle il donne très souvent l’impression de ne pas répondre sur le fond si on ne prend pas la peine de l’écouter jusqu’au bout.»

Une balle dans le pied.

En début de procès, la défense a demandé à introduire une pièce nouvelle dans la procédure: un rapport réalisé par un avocat libérien et financé par la famille d’Alieu Kosiah, sur insistance de ce dernier.

Les huit pages du rapport, accompagnées de photos et vidéos, confirmeraient une partie des accusations portées par les victimes concernant des marches forcées de civils et le vol d’un générateur par l’Ulimo durant la première guerre civile libérienne.

Ces événements avaient été contestés par Alieu Kosiah lui-même en première instance.

Verdict en février. Débuté mercredi dernier, le procès doit durer quatre semaines, au terme desquelles le Tribunal pénal fédéral devra statuer sur le sort de l’ancien chef de guerre libérien.

Heidi.news (FR)

Bien vu

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Keystone / AP Photo/ Hassan Amini

Un combattant de l’Ulimo sur un capot de voiture. Nous sommes le 17 novembre 1992 à Monrova, en pleine guerre civile libérienne. Les combats font rage dans les faubourgs de la capitale du Liberia, où les forces d’interposition ouest-africaines maintiennent les partisans rebelles de Charles Taylor, en lutte contre le régime du président Samuel Doe. Le conflit se soldera cinq ans plus tard par la victoire et l’élection du premier, soutenu par l’Ulimo.

On en a déjà parlé

A l’ouverture du procès. Le 3 décembre 2020, Alain Werner, avocat qui représente certaines des victimes d’Alieu Kosiah, était l’invité de la newsletter matinale de Heidi.news, le Point du jour. Retrouvez son édition spéciale.

Heidi.news (FR)

Défendre un criminel de guerre présumé? Un job de rêve! En mars 2021, l’avocat d’Alieu Kosiah, Me Gianoli, confiait à Heidi.news les grandes lignes de sa stratégie et attaquait au passage la «double casquette» d’Alain Werner, avocat des victimes.

Heidi.news (FR)

Les tourments d’un enfant-soldat au procès Kosiah. «Je suis venu ici pour témoigner. Ma famille est contente que je sois là. Mais après mon témoignage, elle sera en danger. Qu’en est-il de ma sécurité ici? J’ai besoin d’être protégé.» Comment, en février 2021, un ancien enfant-soldat a tenté d’obtenir une protection suisse en échange de son témoignage.

Heidi.news (FR)

Il est temps de raconter le monde

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Pour aller plus loin

Accusé de torture, de cannibalisme et de complicité de crimes contre l’humanité. Le Guardian présente les enjeux du premier procès en France d’un suspect (non rwandais) accusé de crimes de guerre, depuis la création du tribunal spécial des crimes contre l’humanité en 2012.

Guardian (EN)

«Il a montré un morceau du cœur et l’a mangé cru.» Le Monde a suivi de près le procès à Paris en novembre 2022 de Kunti Kamara, camarade d’armes d’Alieu Kosiah. Voici un des articles de la série.

Le Monde (FR)

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