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Bonjour, c’est Sarah et Serge pour votre Point fort à Genève.

Un rapport parlementaire sur le scandale des maltraitances au foyer de Mancy a été rendu hier. On s’approche enfin de la vérité: c’est l’enquête publique la plus approfondie à ce jour. Mais des négociations politiques ne sont pas à exclure.

C’est pourquoi il est essentiel d’entendre celle qui connaît le mieux l’affaire. Sandra Capeder, ex-directrice de l’OMP et lanceuse d’alerte, témoigne pour la première fois, sur Heidi.news et sur Léman Bleu.

Laissons-lui la parole.

photo journaliste

Sarah Zeines et Serge Michel, Genève

15.03.2023

Avant d'entrer dans le vif

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«Les maltraitants de Mancy continuent à travailler et nous, les lanceurs d’alerte, sommes sur la touche»

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Sandra Capeder, ex-directrice de l’OMP. Photo: David Wagnières

🌐 Lire l’entretien en ligne (accès libre) 🌐

Un rapport parlementaire sur le scandale des maltraitances au foyer de Mancy a été rendu public cette semaine. On s’approche enfin de la vérité.

Sandra Capeder, ex-directrice de l’OMP, ne s’est jamais exprimée publiquement. Elle le fait ici pour la première fois, ainsi que sur Léman Bleu simultanément. Elle a été suspendue il y a 15 mois par Anne Emery-Torracinta alors que c’est elle qui a mené l’enquête sur les éducateurs ayant maltraité des enfants autistes.

De quoi on parle. L’enquête des députés – un an de travail, des dizaines d’auditions – est la plus approfondie à ce jour. Mais leur rapport a sans doute été le résultat de négociations politiques, notamment sur l’attribution des responsabilités au DIP. D’ailleurs, les députés ont été plus sévères à l’oral durant la présentation des résultats que dans leur texte.

Il est donc essentiel de donner la parole à celle qui connaît le mieux l’affaire, pour avoir recueilli les témoignages sur ces enfants privés de nourriture, enfermés, frappés, projetés au sol ou laissés dans leurs excréments. Voici l’essentiel de ses propos.

Sandra Capeder regrette que dans ce rapport, «les maltraitances sont ramenées à des problèmes de manque de formation, d’organisation, de gestion du personnel. Or il y a surtout eu des comportements déviants d’adultes qui ont manqué à leur devoir et qui étaient pourtant parmi les éducateurs et les infirmiers les mieux formés et les plus expérimentés.»

Pour elle, les cas d’éducateurs et d’infirmiers (hommes et femmes) qui basculent dans la maltraitance sont un tabou.
«On a voulu occulter les responsabilités individuelles (…) Ils n’ont pas été poursuivis ni confrontés à leurs actes». Le DIP a délibérément laissé passer la date de prescription, «sans doute parce qu’il était insupportable d’accepter que des maltraitances pareilles puissent se produire dans un établissement de l’Etat qui prend en charge une population aussi fragile.»

Sandra Capeder fait le parallèle avec les questions de pédophilie au sein de l’Eglise ou du harcèlement sexuel au travail: «Ces vérités mettent longtemps à émerger.»

Lanceurs d’alerte sur la touche.

Elle estime avoir servi de fusible. «Ce sont finalement les articles de presse qui ont contraint le département à prendre ses responsabilités, très tardivement, très partiellement, et tout en essayant de me rendre responsable du tout.»

Celle qui dirigeait l’OMP a été suspendue en décembre 2021 après avoir alerté le département à de multiples reprises. Laurence Farge, qui avait repris la direction du foyer en 2020 et rassemblé des preuves de maltraitance, a été licenciée. Les éducateurs remplaçants qui ont témoigné ont été mis à l’écart.

«Il y a une méthode DIP, dit-elle. Quand on veut charger quelqu’un dans une affaire en particulier, eh bien, on sait exactement ce qu’il faut faire.»

Sandra Capeder était pourtant une proche d’Anne Emery-Torracinta. «J’ai entendu que ça pouvait être par copinage que j’avais été nommée à la tête de l’OMP, parce que j’étais au parti socialiste. Dès lors, peut-être qu’on attendait de moi que le moment venu, je me couche. En tout cas, ce n’est à aucun moment ce que j’avais prévu de faire.»

Les moyens, au-delà de Mancy.

Des moyens importants ont été déployés à Mancy: dotation en personnel, formations, supervisions – ce qui n’a pas empêché les déviances individuelles.

L’Office médico-pédagogique dont dépend le foyer a manqué cruellement de postes et de budgets pour fonctionner correctement, alors qu’il gère une centaine de structures qui accompagnent près de 2500 enfants – en plus des huit résidents de Mancy. Et qu’il fait face à des besoins de prise en charge en hausse d’une centaine d’enfants chaque année à Genève.

«On a mis l’OMP dans une incapacité à faire face à une prestation aussi complexe. Puis quand il y a eu un souci, on l’a rendu responsable de tout.»

«C’est scandaleux que dans un canton comme Genève, dit-elle, on accueille des jeunes avec de tels besoins dans des locaux aussi inadéquats, avec un personnel fatigué, un taux d’absence très élevé et une formation insuffisante.»

🌐 Lire l’entretien sur Heidi.news (accès libre) 🌐 (FR)

Le scandale de Mancy en 4 articles clés

1️⃣ Le rapport parlementaire paru hier. Où tout le monde en prend pour son grade, à commencer par Mme Torracinta.

2️⃣ L’auto-empoisonnement de la jeune Malika. Où personne n’a rien vu ni entendu en dépit de l’enquête.

3️⃣ Les principaux témoignages. Où d’anciennes employées disent leur «sidération» et leur «impuissance».

4️⃣ L’infirmier maltraitant qui a failli être promu. Où il apparaît qu’on peut donner un «high kick» à un enfant autiste sans être inquiété.

Il est temps de raconter le monde

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