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➢ La dĂ©mocratie suffira-t-elle Ă sauver la planĂšte?
➢ On se souvient par exemple:
● de la crise des gilets jaunes en France en 2018,
● du refus de la loi CO2 par le peuple suisse en 2021âŠ
➢ Pour sauver le climat, faut-il rĂȘver dâune dictature verte? Pas si vite.
đ Le contexte. Le 18 juin prochain, les Suisses sont appelĂ©s Ă voter sur la «loi climat».
➢ Un texte qui a retenu les leçons de lâĂ©chec de 201, puisquâil ne prĂ©voit ni dâinterdire explicitement les Ă©nergies fossiles â ni dâaugmenter davantage le montant de la taxe CO2.
➢ Ce qui ne suffit pas Ă convaincre l’UDC, selon qui l’accord de Paris n’a pas Ă©tĂ© votĂ© par le peuple suisse.
✠«Fin du monde» contre «fin de mois». En matiĂšre de climat, les citoyens semblent parfois pris de schizophrĂ©nie: ces derniers peuvent accuser lâEtat dâinaction climatique⊠Tout en manifestant contre la fiscalitĂ© Ă©cologique.
L’Ă©conomiste Christian Gollier, qui fut auteur principal du GIC, a Ă©crit un livre Ă ce sujet en 2019: Le climat aprĂšs la fin du mois. Pour lui, les deux approches sont un mirage:
«En matiĂšre dâĂ©conomie du climat, on navigue entre deux utopies:
● dâun cĂŽtĂ©, il y a la transition climatique heureuse, qui ignore que la dĂ©carbonation est coĂ»teuse,
● De lâautre, il y a celle selon laquelle les gens sont bons par nature, et quâils vont accepter volontiers de faire des sacrifices sur leur confort et leur pouvoir dâachat au nom du climat.»
đž LibertĂ©s chĂ©ries. Pour relever les ambitions climatiques, faudrait-il en passer par des interdictions â un peu comme pendant la pandĂ©mie de Covid-19?
«Dans nos sociĂ©tĂ©s, que ce soit en France ou en Suisse, il y a un consensus fort sur nos responsabilitĂ©s vis-Ă -vis des gĂ©nĂ©rations futures, mais aucun sur la façon dây faire face», reconnaĂźt Christian Gollier.
➢ Pour le philosophe Dominique Bourg: «Câest la surconsommation qui dĂ©truit lâhabitabilitĂ© de la planĂšte. A lâheure actuelle, on comprend surtout la libertĂ© comme libertĂ© de consommer, mais il existe dâautres formes de libertĂ©s ».
➢ Pour Christian Gollier, la taxe carbone, qui fait rĂ©guliĂšrement figure d’Ă©pouvantail, est un instrument utile mais souvent mal compris.
đïž La dĂ©mocratie en crise.
➢ Pour Christian Gollier, c’est aussi une crise de la confiance: «Dans nos dĂ©mocraties europĂ©ennes, il y a un problĂšme de crĂ©dibilitĂ© des institutions politiques. Lorsquâelles promettent de ne pas augmenter la pression fiscale, on ne les croit plus⊠»
➢ Dominique Bourg complĂšte: «Ce nâest pas tant un problĂšme de dĂ©mocratie, quâun problĂšme de conditions permettant son exercice. Il est de plus en plus difficile de faire valoir la contrainte du rĂ©el, les Ă©lecteurs ne vont mĂȘme pas sâaccorder sur des Ă©lĂ©ments factuels de base.»
➥ C’est aussi ce que les Ă©conomistes nomment «tragĂ©die des horizons» qui se joue, explique Christian Gollier:
«Les efforts demandĂ©s aux citoyens dâaujourdâhui ne vont bĂ©nĂ©ficier quâĂ des Ă©lecteurs futurs, ce qui rend les sacrifices dâautant plus difficiles Ă dĂ©fendre par les politiques.»
đ” La fausse bonne idĂ©e. Le systĂšme dĂ©mocratique occidental a montrĂ© ses limites. Faudrait-il, dans ces conditions, sâinspirer du modĂšle chinois en matiĂšre de climat?
➢ Christian Gollier avertit: «Lors de la chute du mur de Berlin en 1989, les Ă©missions de CO2 Ă lâest Ă©taient supĂ©rieures Ă celles de lâouest, notamment Ă cause du recours au charbon et une sensibilitĂ© plus faible des hommes politiques aux questions environnementales de lâautre cĂŽtĂ© du mur.»
➢ Il appelle aussi Ă ne pas Ă©luder l’aspect global de la crise climatique, ni le risque de dumping environnemental d’un pays Ă l’autre:
«Il est difficile pour les Ă©conomistes de faire des propositions qui permettent de crĂ©er les bonnes conditions pour une gouvernance internationale du carbone. Mais des systĂšmes dictatoriaux nây parviendraient pas davantage, car il existe aussi un fort enjeu diplomatique.»
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