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Bonjour, c’est Sarah pour votre Point fort du jour.

Aujourd’hui, je pose une question qui fĂąche: pour sauver le climat, faut-il court-circuiter la dĂ©mocratie?

Voire, si on veut jouer avec le feu, entrer en dictature écologique?

Autant se poser la question maintenant, parce qu’on n’y Ă©chappera pas.

photo journaliste

Sarah Sermondadaz, GenĂšve

08.06.2023

Avant d'entrer dans le vif

🚜 Tu ne seras pas cheffe d’exploitation, ma fille. Dans l’Ă©pisode 2 de notre sĂ©rie femmes paysanne, Aline nous relate qu’elle a dĂ» laisser la ferme familiale Ă  son frĂšre. Par tradition.

🌎 «L’UDC ment: la loi climat renforce la sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique.» Le tour des arguments de l’UDC contre la loi climat avec Philippe Thalmann, Ă©conomiste spĂ©cialiste du climat.

đŸ‡”đŸ‡ž «Si Dieu le veut, il y aura un sĂ©isme et tout disparaĂźtra.» Dans les terres arides au sud d’HĂ©bron, rencontre avec un enseignant inquiet et un berger troglodyte sans mouton.

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Pour sauver le climat, «dictature écologique» ou démocratie?

Photo article

Heidi.news, gĂ©nĂ©rĂ© par IA (Lexica Art). Instruction principale: «The cover of book Quotations from Mao Tse-tung, not red but all green»

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La démocratie suffira-t-elle à sauver la planÚte?

On se souvient par exemple:

de la crise des gilets jaunes en France en 2018,

du refus de la loi CO2 par le peuple suisse en 2021


Pour sauver le climat, faut-il rĂȘver d’une dictature verte? Pas si vite.

🌍 Le contexte. Le 18 juin prochain, les Suisses sont appelĂ©s Ă  voter sur la «loi climat».

Un texte qui a retenu les leçons de l’échec de 201, puisqu’il ne prĂ©voit ni d’interdire explicitement les Ă©nergies fossiles – ni d’augmenter davantage le montant de la taxe CO2.

Ce qui ne suffit pas Ă  convaincre l’UDC, selon qui l’accord de Paris n’a pas Ă©tĂ© votĂ© par le peuple suisse.

⛜ «Fin du monde» contre «fin de mois». En matiĂšre de climat, les citoyens semblent parfois pris de schizophrĂ©nie: ces derniers peuvent accuser l’Etat d’inaction climatique
 Tout en manifestant contre la fiscalitĂ© Ă©cologique.

L’Ă©conomiste Christian Gollier, qui fut auteur principal du GIC, a Ă©crit un livre Ă  ce sujet en 2019: Le climat aprĂšs la fin du mois. Pour lui, les deux approches sont un mirage:

«En matiĂšre d’économie du climat, on navigue entre deux utopies:

d’un cĂŽtĂ©, il y a la transition climatique heureuse, qui ignore que la dĂ©carbonation est coĂ»teuse,

De l’autre, il y a celle selon laquelle les gens sont bons par nature, et qu’ils vont accepter volontiers de faire des sacrifices sur leur confort et leur pouvoir d’achat au nom du climat.»


💾 LibertĂ©s chĂ©ries. Pour relever les ambitions climatiques, faudrait-il en passer par des interdictions – un peu comme pendant la pandĂ©mie de Covid-19?

«Dans nos sociĂ©tĂ©s, que ce soit en France ou en Suisse, il y a un consensus fort sur nos responsabilitĂ©s vis-Ă -vis des gĂ©nĂ©rations futures, mais aucun sur la façon d’y faire face», reconnaĂźt Christian Gollier.

Pour le philosophe Dominique Bourg: «C’est la surconsommation qui dĂ©truit l’habitabilitĂ© de la planĂšte. A l’heure actuelle, on comprend surtout la libertĂ© comme libertĂ© de consommer, mais il existe d’autres formes de libertĂ©s Â».

Pour Christian Gollier, la taxe carbone, qui fait rĂ©guliĂšrement figure d’Ă©pouvantail, est un instrument utile mais souvent mal compris.

đŸ›ïž La dĂ©mocratie en crise.

Pour Christian Gollier, c’est aussi une crise de la confiance: «Dans nos dĂ©mocraties europĂ©ennes, il y a un problĂšme de crĂ©dibilitĂ© des institutions politiques. Lorsqu’elles promettent de ne pas augmenter la pression fiscale, on ne les croit plus
 Â»

Dominique Bourg complĂšte: «Ce n’est pas tant un problĂšme de dĂ©mocratie, qu’un problĂšme de conditions permettant son exercice. Il est de plus en plus difficile de faire valoir la contrainte du rĂ©el, les Ă©lecteurs ne vont mĂȘme pas s’accorder sur des Ă©lĂ©ments factuels de base.»

C’est aussi ce que les Ă©conomistes nomment «tragĂ©die des horizons» qui se joue, explique Christian Gollier:

«Les efforts demandĂ©s aux citoyens d’aujourd’hui ne vont bĂ©nĂ©ficier qu’à des Ă©lecteurs futurs, ce qui rend les sacrifices d’autant plus difficiles Ă  dĂ©fendre par les politiques.»

đŸŒ” La fausse bonne idĂ©e. Le systĂšme dĂ©mocratique occidental a montrĂ© ses limites. Faudrait-il, dans ces conditions, s’inspirer du modĂšle chinois en matiĂšre de climat?

Christian Gollier avertit: «Lors de la chute du mur de Berlin en 1989, les Ă©missions de CO2 Ă  l’est Ă©taient supĂ©rieures Ă  celles de l’ouest, notamment Ă  cause du recours au charbon et une sensibilitĂ© plus faible des hommes politiques aux questions environnementales de l’autre cĂŽtĂ© du mur.»

Il appelle aussi Ă  ne pas Ă©luder l’aspect global de la crise climatique, ni le risque de dumping environnemental d’un pays Ă  l’autre:

«Il est difficile pour les Ă©conomistes de faire des propositions qui permettent de crĂ©er les bonnes conditions pour une gouvernance internationale du carbone. Mais des systĂšmes dictatoriaux n’y parviendraient pas davantage, car il existe aussi un fort enjeu diplomatique.»

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Pour aller plus loin

A-t-on encore besoin du GIEC? MalgrĂ© les sommets climatiques et les rapports du GIEC, les Ă©missions de gaz Ă  effet de serre restent Ă  leur plus haut niveau. Si les Etats ne tiennent pas compte de recommandations qu’ils ont eux-mĂȘmes validĂ©es, Ă  quoi sert encore le GIEC? Comment peut-il se rĂ©inventer?

Heidi.news (FR)

Un «populisme vert» se dessine-t-il en Suisse? En 2021, cette Ă©tonnante convergence entre les thĂ©matiques souvent dĂ©volues aux partis Ă  droite — comme l’immigration — et la montĂ©e des prĂ©occupations Ă©cologiques Ă©tait mise en Ă©vidence par deux sociologues de l’EPFL.

Heidi.news (FR)

Entre sciences et politique, des relations toujours houleuses depuis la pandĂ©mie. En thĂ©orie, les connaissances scientifiques doivent servir la dĂ©cision politique. Mais dans la pratique, les relations entre les chercheurs et les dĂ©cideurs sont parfois houleuses. Les leçons de la pandĂ©mie s’appliquent aussi Ă  la crise climatique.

Heidi.news (FR)

A lire et écouter

DĂ©mocratie et urgence climatique rĂ©conciliĂ©es. Le temps de l’action climatique et celui des institutions dĂ©mocratiques apparaissent parfois en dĂ©calage, ce qui devrait nous pousser Ă  chercher d’autres modes de dĂ©libĂ©ration et de dĂ©cision, plaide la chercheuse HĂ©lĂšne Landemore dans ce podcast du Monde.

Le Monde (accĂšs libre) (FR)

Le rĂ©chauffement climatique refroidit-il la dĂ©mocratie? «La dĂ©mocratie, pire rĂ©gime Ă  l’exception de tous les autres», disait Churchill. Mais pour le climat, est-ce vraiment le meilleur? France Inter se posait la question en septembre dernier.

France Inter (accĂšs libre) (FR)

DĂ©mocratie libĂ©rale contre dictature Ă©cologique, le match. Faut-il abandonner notre dĂ©mocratie libĂ©rale pour affronter les dĂ©fis Ă©cologiques de notre temps? Le projet d’un «lĂ©ninisme Ă©cologique» qui vise parfois Ă  rĂ©soudre cette tension sociale n’est pas crĂ©dible, pour l’Ă©conomiste Christian Gollier, qui s’en explique dans une chronique publiĂ©e par Challenges.

Challenges (accĂšs libre) (FR)

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