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đș Deux projets romands lancĂ©s ce 8 mars entendent remĂ©dier Ă la (sous-)reprĂ©sentation des expertes dans les mĂ©dias:
➢ La plateforme «Les expertes de lâUnige», par laquelle lâUniversitĂ© de GenĂšve entend visibiliser ses chercheuses. Elles pourront sâinscrire sur la base du volontariat et aussi bĂ©nĂ©ficier de media training.
➢ En parallĂšle, lâassociation suisse Les Expertes.ch a lancĂ© son propre site, sur le modĂšle français des Expertes, en ligne depuis 2015.
đ€ Quel rapport entre ces deux projets? Aucun, si ce n’est le choix de la date de lancement. Juliette Labarthe, directrice du Service Ă©galitĂ© & diversitĂ© de lâUnige:
«MĂȘme s’il n’y a pas de lien formel, nous avons convenu d’un lancement commun, car les deux projets sont complĂ©mentaires: lâUnige s’intĂ©resse Ă l’expertise universitaire, mais l’expertise peut recouper toutes sortes de profils professionnels.»
đ©âđŹ Le constat.
➢ D’aprĂšs lâĂ©dition 2020 du Global Media Monitoring Project (GMMP), 28% des personnes citĂ©es dans les mĂ©dias suisses sont des femmes, avec de fortes disparitĂ©s de ratio:
● 50% en tant que tĂ©moin, pour exprimer une opinion courante ou partager une expĂ©rience personnelle,
● mais seulement 20% en tant quâexpertes.
➢ Les femmes expertes exercent le plus souvent dans des domaines trĂšs fĂ©minisĂ©s, comme les soins, lâaide sociale ou lâart. Chez les hommes, le gros de la troupe (75%) est avocat, politicien, mĂ©decin, directeur, universitaire, ou… agent de police.
➢ En 2021, lâUniversitĂ© de Zurich comptabilise 23% de femmes dans les citations, soulignant aussi quâelles sont plus souvent citĂ©es dans un contexte privĂ© que professionnel.
đ° Les prĂ©cĂ©dents.
➢ Le projet de lâUnige fait suite Ă la campagne 100 femmes et des milliers dâautres de fin 2019.
đ§đ» En 2020 et 2021, Heidi.news a menĂ© des expĂ©rimentations pour suivre la proportion de femmes citĂ©es, Ă travers son Gender Tracker.
➢ En 2017, Le Temps a fait son autocritique, soulignant la faible reprĂ©sentation des femmes dans les pages opinions et dĂ©bats.
➢ Le projet Avis dâexperts, soutenu par la RTS et le monde universitaire romand, centralise dĂ©jĂ les interventions mĂ©diatiques des experts et expertes universitaires romands.
➢ Le projet 50:50 de la BBC essaie carrĂ©ment, depuis 2017, de viser la paritĂ©… temporaire. C’est l’occasion d’un dĂ©fi, sur plusieurs semaines, avec plusieurs rĂ©dactions partenaires.
đȘ Et ça marche? Revenons-en aux annuaires.
➢ Contrairement aux sites comme Avis dâexpert, les annuaires ont aussi pour avantage d’aider les journalistes Ă sortir de leurs sentiers battus, juge Juliette Labarthe (Unige):
«Nous connaissons les contraintes de temps du mĂ©tier, c’est pourquoi l’annuaire est une bonne façon d’inciter les mĂ©dias Ă renouveler leur carnet d’adresses, et Ă ne plus appeler toujours les mĂȘmes personnes».
➢ En France, le succĂšs des Expertes ne se dĂ©ment pas: rares sont les journalistes Ă ne pas en avoir, a minima, entendu parler. Mais lâutilisent-ils rĂ©guliĂšrement?
âïž Le dĂ©bat entre journalistes. Deux arguments antagonistes reviennent souvent dans les rĂ©dactions:
➢ La sociĂ©tĂ© aurait besoin de role models inspirants, et câest aussi la responsabilitĂ© des mĂ©dias que de proposer des reprĂ©sentations plus variĂ©es.
➢ Le journalisme devrait se consacrer Ă sa mission: raconter le monde tel quâil est. Compenser les inĂ©galitĂ©s de genre dans nos articles serait adopter une focale dĂ©formante.
đŸ Mon avis de journaliste. Et si câĂ©tait se tromper de question?
➢ Au fond, ces annuaires nâont pas vocation Ă se substituer au travail des journalistes. En sciences, mon domaine, on Ă©value la pertinence d’une source Ă partir de bien des critĂšres: l’adĂ©quation des travaux, leur qualitĂ© perçue, la rĂ©putation dans la communautĂ© scientifique…
➥ Tout au plus ces plateformes fournissent-elles un point dâentrĂ©e supplĂ©mentaire, qui reste malgrĂ© tout bienvenu.
đ Lire sur Heidi.news đ (FR)
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