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Une nouvelle arme contre l'antibiorésistance?

Image d’illustration. | Heidi.news, généré par Bing / Dall-E. Instruction principale: «A syringe attacking bacillus bacterium.»

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➢ Des chercheurs israéliens sont parvenus à mettre au point un vaccin à ARN messager 100% efficace contre des bactéries de la peste, chez la souris.

➢ C’est un exploit, car les bactéries sont une cible vaccinale bien plus difficile à atteindre que les virus comme Sars-CoV-2.

➥ Et un espoir, car de tels vaccins pourraient permettre de lutter contre l’apparition de bactéries multirésistantes aux antibiotiques, fléau majeur en santé publique.

La difficulté.

🦠 Les bactéries sont des cibles plus difficiles à atteindre que les virus avec des vaccins à ARN messager, car elles sont beaucoup plus complexes et appartiennent à une branche du vivant très éloignée de nous.

🎓 Steve Pascolo, chercheur à l’Université de Zurich et pionnier des vaccins à ARN:
 «Si on produit avec un ARN messager vaccinal une protéine bactérienne et que nos enzymes intracellulaires la couvrent de sucres (comme c’est le cas dans les cellules animales, mais pas dans les bactéries, ndlr.), cette protéine ne va pas induire une réponse immunitaire efficace.»

La percée.

🇮🇱 Pour résoudre ce problème, des chercheurs de l’Université de Tel-Aviv et de l’Institut israélien de recherche biologique ont développé des méthodes permettant de sécréter des protéines bactériennes depuis une cellule animale.

🧬 En l’espèce, ils ont modifié légèrement la séquence de l’ARN messager qui produit un antigène essentiel sur la membrane du bacille de la peste, pour en faire une cible identifiable par le système immunitaire.

💉 Cela a abouti au premier vaccin ARN efficace à 100 % contre une bactérie mortelle (celle de la peste), sur des souris de laboratoire.

👨‍🏫 Steve Pascolo:
 «C’est très intéressant. Cela indique que pour des vaccins à ARN messager contre les bactéries, il faut travailler sur la séquence de l’ARN messager de façon à ce que la protéine produite soit similaire à la protéine native de la bactérie, malgré les différences de traduction des protéines entre espèces.»

L’enjeu. Ces résultats doivent bien sûr être confirmés chez l’homme, mais ils préfigurent l’apparition de vaccins bactériens.

😷 De tels vaccins seraient justifiés par le fait que la peste n’a pas disparu (50’000 cas dans le monde entre 1990 et 2020) et que la bactérie responsable (Yersinia pestis) risque toujours de développer une mutation résistante aux antibiotiques employés aujourd’hui.

🏥 La résistance aux antibiotiques d’autres bactéries (plus communes mais pas moins létales) est un sujet d’inquiétude croissant pour la santé publique.

Les avantages.

➢ Une stratégie vaccinale à base d’ARN messager pourrait offrir d’importants avantages:
 ● ils sont rapides à concevoir,
 ● relativement peu coûteux à produire,
 ● et très faciles à produire en masse.

🦠 Parce qu’ils préviennent la multiplication des bactéries, et donc le pool génétique susceptible d’évoluer, les vaccins bactériens réduisent mécaniquement les possibilités d’émergence de souches résistantes.

L’avenir. Reste que la mise en place d’essais cliniques vis-à-vis de bactéries qui infectent les personnes de manière sporadique, et non pas sur un mode épidémique, est un défi.

➢ Les chercheurs ont encore du pain sur la planche, relève Steve Pascolo:
 «Il n’est pas toujours clair de savoir si l’immunité seule peut éliminer certaines bactéries, quel type d’immunité doit être induite et contre quel antigène. Il y a donc encore beaucoup d’inconnues dans le cas de vaccins à ARN messager contre les bactéries.»

On en avait parlé

Heidi.news

Un vaccin universel contre la grippe. Un group de chercheurs menés par Nobert Pardi (photo) à l’Université de Pennsylvanie a testé sur des rongeurs un vaccin à ARN messager qui cible les 20 principales souches du virus de la grippe. Avec succès.

Pandémie silencieuse. Une équipe internationale menée par des chercheurs de l’Université de Washington a compulsé 471 millions dossiers médicaux individuels dans 204 pays pour analyser les effets de la résistance aux antibiotiques de 23 bactéries sur l’année 2019. Il en ressort une estimation de 1,27 million de décès directs en un an. Plus que le sida et le paludisme combinés.

Les plantes aussi. Dans les serres de GreenLight en Caroline du Nord poussent des choux, du maïs, du raisin, des fraises et des tomates sans pesticides ni OGM. Pourtant, ces plantes ne sont pas sans défense: elles ont reçu des injections de vaccin ARN. Reportage.

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Bonnes lectures

L’Odyssée de l’ARN messager. Dans une Exploration publiée en 2021, Heidi.news racontait les 60 ans d’épopée scientifique puis technologique qui avaient formé le terreau pour la mise au point en un an seulement des premiers vaccins à ARN messager contre le Covid-19. Une histoire devenue depuis un livre, publié par Odile Jacob, et prochainement un documentaire sur Arte.

L’accélérateur pandémique. Les antibiotiques n’ont à peu près aucun effet sur le Covid-19. Mais leur emploi faute de mieux dans l’urgence de la pandémie, en particulier dans des pays pauvres ne disposant pas d’alternatives, a accéléré le phénomène d’antibiorésistance. Un fléau discret, parce qu’il n’embolise pas les systèmes de santé, mais particulièrement létal.