La Silicon Valley contre la démocratie

Elon Musk en conférence de presse dans le Bureau ovale pour expliquer les dernières décisions arbitraires du DOGE, aux côtés de Donald Trump, le 11 février 2025. | Keystone / EPA / Aaron Schwartz

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Le président américain est un tempérament, comme on dit poliment.

☝️ Certains assurent que Donald Trump calcule soigneusement ses prises de parole et ses décisions.

➢ Mais ceux qui l’ont connu de près le décrivent comme:
 ● ignare au dernier degré,
 ● incapable de se concentrer plus de quelques secondes,
 ● d’un narcissisme maladif.

👉 Vous en doutez? Lisez les témoignages de son ancien co-auteur, sa nièce, ou son ancien ex-conseiller à la sécurité nationale.

Mais Trump n’est pas seul. Dans son entourage, de barons de la tech au bras très long:
 ● Elon Musk, l’inénarrable patron de X, SpaceX et Tesla, placé à la tête du DOGE pour éventrer l’administration fédérale;
 ● David Sacks, entrepreneur milliardaire sud-africain, nommé responsable de l’IA et des cryptomonnaies à la Maison-Blanche;
 ● Marc Andreesen, gourou de la tech, associé d’un fonds de capital-risque à 42 milliards;
 ● Peter Thiel, investisseur multimilliardaire, patron de Palantir (data, renseignement) et d’Anduril (drones).

🚨 Le vice-président J.D. Vance est un proche de Peter Thiel, lequel a fait sa carrière privée et politique.

👉 Ces gens-là sont très loin d’être stupides et ils poursuivent tous des agendas cachés.

Leur idéologie. Avec des nuances, ces magnats pro-Trump défendent une idéologie inquiétante:
 ● un libertarisme radical, très en vogue dans la Silicon Valley,
 ● qui considère l’Etat comme lent, inefficace et illégitime,
 ● et aimerait substituer la technologie aux structures démocratiques.

➥ En tout état de cause, ces barons de la tech pro-MAGA ont la ferme intention de liquider la démocratie.

D’où vient cette pensée techno-libertarienne?

➢ Il faut lire à ce titre un long essai éclairant, publié le 8 février 2025 sur un blog.

➢ Il est signé Mike Brock, ex-PDG de la société TBD et vétéran de la Silicon Valley.

➢ Convaincu de l’urgence, Brock a entrepris d’exposer les rouages idéologiques à l’œuvre.

🪶 Nous avons traduit ce texte et le publions sous forme d’Exploration: «De la dictature en Amérique».

📢 Vous verrez, c’est absolument édifiant – et en accès libre.

Peter Thiel à une conférence BitCoin à Miami Beach en Floride en avril 2022. | Keystone / AP Photo / Rebecca Blackwell

Tous les épisodes

Donald Trump en train de faire la promotion de Tesla avec Elon Musk, le 11 mars 2025 à Washington. | Keystone / EPA / Samuel Corum

Episode 1. Le vrai projet d’Elon Musk et ses amis: tuer la démocratie. Quel est le programme d’Elon Musk, Peter Thiel et consorts, ces barons de la tech qui gravitent autour de Donald Trump et cherchent à imposer leur agenda politique? Rien moins que liquider la démocratie, argumente Mike Brock, vétéran de la Silicon Valley, dans un essai de salubrité publique que nous traduisons et publions en cinq épisodes. En voici le premier.

Episode 2. Comment la Silicon Valley et les fake news ont appris à faire bon ménage. C’est au cœur de la Silicon Valley qu’a émergé l’agenda d’Elon Musk, Peter Thiel et leurs amis, qui vise à abolir la démocratie au profit d’une gouvernance privée. Mais comment ces idées en vogue au sein d’une élite ont-elles diffusé au reste de l’Amérique? Pour cela, il faut replonger en début de mandat d’Obama, avec l’apparition du Tea Party et des médias de «réinformation».

Episode 3. Quand la Silicon Valley a décidé que la démocratie était obsolète. La crise des subprimes de 2008, à la fin du second mandat de George W. Bush, a préparé l’Amérique au déferlement d’idées néoréactionnaires portées par des médias alternatifs comme Zero Hedge et InfoWars. Mais c’est dans la Silicon Valley que ces idées ont trouvé un terreau favorable, et nous allons voir pourquoi.

Episode 4. Des bitcoins pour les gouverner tous. L’engouement pour le Bitcoin et les cryptomonnaies cache un projet politique: s’arroger le contrôle de la monnaie pour mieux s’affranchir de l’Etat. Ce fantasme en vogue parmi les «crypto bros» a levé les derniers tabous autour du remplacement de la démocratie par la technologie.

Episode 5. Le sujet, ce n’est pas Trump, c’est ce qui vient après lui. Devant nos yeux se joue à Washington bien plus qu’un simple coup d’Etat. Le second mandat de Donald Trump est l’aboutissement d’une idéologie née au cœur de la Silicon Valley, qu’il ne comprend pas vraiment, et qui lui survivra à coup sûr. Gloire au dieu Silicon, en train de prendre ses quartiers à la Maison-Blanche.

BONUS. Qui est Curtis Yarvin, le pape des «Lumières sombres» derrière Trump? Curtis Yarvin est la figure intellectuelle centrale au sein de l’entourage de Trump à la Maison-Blanche. Son projet politique, défini comme «néoréactionnaire», propose d’en finir avec la démocratie. Arnaud Miranda, spécialiste en théorie politique, nous explique qui est le pape des «Lumières sombres», ce contre-projet aux Lumières du 18e, et ce qu’il professe.

A la Bitcoin 2022 Conference, une réinterprétation du célèbre taureau de Wall Street en version cryptomonnaie. | Keystone / AP Photo / Wilfredo Lee