Bonjour, câest Sarah pour votre Point fort.
Ce soir, je vous parle de la centrale nucléaire de Zaporijjia, en Ukraine.
Alors que l’Ă©vacuation des civils a commencĂ© dans la rĂ©gion sous contrĂŽle russe, l’Agence internationale de l’Ă©nergie atomique (AEIA) redoute un «grave accident nuclĂ©aire».
Qu’est-ce qui pourrait mal tourner? Voyons voir. |
Avant d'entrer dans le vif
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Centrale de Zaporijjia évacuée, quels sont les risques?
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Creative Commons / Ralf1969
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➢ Un ordre d’Ă©vacuation partiel vient d’ĂȘtre lancĂ© par les autoritĂ©s russes dans la rĂ©gion autour de la centrale nuclĂ©aire.
➢ L’Agence internationale de lâĂ©nergie de lâĂ©nergie atomique (AIEA) parle d’une situation «de plus en plus imprĂ©visible et potentiellement dangereuse» et redoute «un grave accident nuclĂ©aire».
âïž Doit-on craindre l’accident nuclĂ©aire?
đ€Ż Un «Tchernobyl 2.0» trĂšs improbable.
➢ La centrale de Zaporijjia sâappuie sur une technologie trĂšs diffĂ©rente de celle de Tchernobyl. Il sâagit dâun rĂ©acteur Ă eau pressurisĂ©e, assez proche des EPR, dotĂ© de deux circuits de refroidissement. A contrario, Ă Tchernobyl, il nây avait quâun seul niveau, lâeau radioactive Ă©tait directement en contact avec la turbine qui produit lâĂ©lectricitĂ©.
➢ Cette diffĂ©rence de conception a des implications importantes: si le rĂ©acteur monte en tempĂ©rature, la rĂ©action ne sera pas accĂ©lĂ©rĂ©e (comme lors de la catastrophe Tchernobyl), mais au contraire stabilisĂ©e.
đ Une centrale dĂ©jĂ Ă l’arrĂȘt… ou presque. La centrale de Zaporijjia, la plus grande dâEurope, se compose de six rĂ©acteurs de 1000 MW, ce qui lui permet en temps normal dâapprovisionner en Ă©lectricitĂ© environ 4 millions de foyers.
● En aoĂ»t 2022, seuls deux rĂ©acteurs Ă©taient encore en fonctionnement.
● Aujourdâhui, plus aucun rĂ©acteur ne produit dâĂ©lectricitĂ©. Techniquement, cinq sont en «arrĂȘt Ă froid» et un en «arrĂȘt Ă chaud» afin de produire de la vapeur, nĂ©cessaire au traitement des eaux usĂ©es.
⥠Suspendue Ă un fil (Ă©lectrique) et quelques jerricans de diesel. MĂȘme quasi Ă©teinte, la centrale a besoin dâĂ©lectricitĂ© pour rester en sĂ©curitĂ©.
➢ L’arrĂȘt Ă froid de cinq rĂ©acteurs sur six permet de limiter la consommation d’Ă©lectricitĂ© des pompes des circuits primaires, mais il faut encore refroidir le combustible usagĂ©, stockĂ© dans des piscines Ă lâintĂ©rieur de lâenceinte de chaque rĂ©acteur.
➢ Depuis la guerre, il ne subsiste plus qu’une seule ligne Ă trĂšs haute tension sur quatre Ă raccorder la centrale au rĂ©seau extĂ©rieur.
➢ A six reprises depuis 2022, la centrale nuclĂ©aire a perdu toute alimentation Ă©lectrique â dĂ©clenchant des procĂ©dures dâurgence pour dĂ©marrer des groupes Ă©lectrogĂšnes qui dĂ©pendent de stocks de diesel limitĂ©s, et ceci afin de permettre d’assurer la sĂ»retĂ© des rĂ©acteurs encore en fonctionnement.
đŁ Un risque de «bombe sale» en surface?
➢ Il y a aussi le «stockage Ă sec» de combustible usagĂ© â dans des conteneurs en bĂ©ton. Un entreposage en surface vulnĂ©rable aux attaques aĂ©riennes.
➢ Par ailleurs, les forces russes auraient temporairement stockĂ© du matĂ©riel militaire â dont des Ă©quipements explosifs â dans la salle des turbines de plusieurs rĂ©acteurs.
➥ Une attaque ciblĂ©e pourrait provoquer la dispersion de particules de combustibles usagĂ©es et dâaĂ©rosols radioactifs, de façon Ă©quivalente à «une bombe sale».
đ· Le facteur humain. Il risque d’ĂȘtre le maillon faible, alertait l’AIEA:
«La chaĂźne de commande et de responsabilitĂ© en cas dâurgence nâest plus sous contrĂŽle ukrainien. Cela pourrait nuire Ă l’efficacitĂ© des mesures d’urgence en cas dâaccident ou dâincident nuclĂ©aire, il y a un manque de clartĂ© sur les personnels et les organisations en charge dâavertir les autoritĂ©s et le public, ce qui pourrait entraĂźner des retards.»
đłïž A quoi joue donc la Russie? La question reste en suspens:
● Sâagit-il d’acter une dĂ©gradation objective des conditions de sĂ©curitĂ© de la centrale?
● De se prĂ©parer militairement Ă une contre-offensive ukrainienne dans la zone?
● Ou dâamorcer un narratif qui rendrait lâUkraine responsable en cas dâaccident?
➥ Une chose est sĂ»re, Zaporijjia n’a pas fini de rythmer l’agenda international.
đČ Â«Le monde joue aux dĂ©s, un jour, nous arriverons Ă court de chance», alertait en mars dernier le directeur de l’AIEA.
đ Lire la version Ă©toffĂ©e sur Heidi.news (abonnĂ©s) đ (FR)
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L’autre crise du nuclĂ©aire ukrainien.
L’Ukraine pourra-t-elle sauver son fleuron nuclĂ©aire? Les trois centrales du pays encore en activitĂ© font face Ă un Ă©norme dĂ©fi: leur approvisionnement en combustible fissile neuf dĂ©pend du gĂ©ant russe Rosatom. Et son concurrent amĂ©ricain direct, Westinghouse Ă©lectrique, a un carnet de commandes dĂ©jĂ plein…
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