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Bonjour, c’est Nina pour votre Point fort.

Aujourd’hui, on met Ă  nouveau le nez dans le sucre. Le Conseil national vient de retoquer sĂšchement deux initiatives visant Ă  limiter sa consommation.

Qu’est-ce qui vient de se jouer? Qui sont les gagnants et les perdants de ce vote?

C’est ce qu’on va voir.

photo journaliste

Nina Schretr, GenĂšve

27.02.2023

Avant d'entrer dans le vif

đŸ‘„ Poutine et Zelensky se sont serrĂ© la main. Sous le regard de Kim Jong Un. Vous vous en doutez, il y a un loup. Mais dans le monde des sosies, tout est possible.

🚜 Que peut apprendre la France de l’agriculture suisse? … et inversement. De part et d’autre du Jura, on s’envoie quelques compliments mĂątinĂ©s de bĂ©mols. Si, si.

⚔ Comprendre la guerre en Ukraine grĂące Ă  l’histoire. Aucune nation n’est immortelle, et chacun des deux camps le sait. On prend quelques siĂšcles de recul.

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La Suisse refuse de limiter les sucres dans les produits

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Image d’illustration. | Keystone / Peter Klaunzer

🌐 A lire en version Ă©toffĂ©e (abonnĂ©s) 🌐

đŸ—łïž Le Conseil national vient de retoquer deux initiatives cantonales qui avaient la consommation de sucres en ligne de mire.

Les textes.
📝 Le canton de Fribourg voulait rendre obligatoire l’affichage de la teneur en sucres dans la dĂ©claration nutritionnelle, et Ă  rendre celle-ci plus lisible.
Rejeté à 117 voix contre 67, et 0 abstention.

📝 Le cantons de GenĂšve voulait Ă©tablir une limite de teneur en sucres pour les boissons et les aliments transformĂ©s.
Rejeté à 121 voix contre 67, et 1 abstention.

⚠ Chambre basse, chambre haute, mĂȘme combat. Fin 2021, le Conseil aux Etats avait rejetĂ© ces deux initiatives.

Pourquoi limiter les sucres?
⚕ L’excĂšs de sucres est associĂ© Ă  plus de risques d’obĂ©sitĂ©, de diabĂšte et de maladies cardiovasculaires, qui constituent la premiĂšre cause de dĂ©cĂšs en Suisse.

📊 38% des sucres ajoutĂ©s que nous ingĂ©rons proviennent des boissons, derriĂšre les sucreries (48%) et devant les produits laitiers (7%).

📑 L’OMS recommande moins 50 g de sucres libres (glucose, fructose ou saccharose ajoutĂ©s + sucres prĂ©sents dans les jus et sirops).

đŸč IdĂ©alement, c’est mĂȘme 25 g – Ă  une louche prĂšs, un peu plus de deux verres de thĂ© glacĂ©.

Peu de suspense. Plusieurs pistes expliquent ce revers:

La Suisse préfÚre miser sur les industriels plutÎt que sur la réglementation.

Sont mises en avant la responsabilité individuelle et la liberté de choix du consommateur.

Autre facteur indirect possible: l’attachement du pays pour sa production indigùne en sucres. La Suisse est autonome à environ 65% et a choisi de soutenir jusqu’en 2026 sa production.

Les grands gagnants. Plusieurs structures peuvent se rĂ©jouir de l’issue du vote:

La CommunautĂ© de travail de la branche suisse des boissons, faĂźtiĂšre qui rĂ©unit 30’000 entreprises et pĂšse 14 milliards de francs de chiffre d’affaires.

L’Association suisse des sources d’eaux minĂ©rales et des producteurs de soft drinks, avec une centaine de membres, dont Coca-Cola, Evian-Volvic et PepsiCo, qui pĂšsent 1,2 milliard de francs de CA annuel.

L’Alliance des milieux Ă©conomiques pour une politique de prĂ©vention modĂ©rĂ©e, d’une vingtaine de membres de diffĂ©rents secteurs (tabac, biĂšre, boulangerie, boissons), active sur les questions de rĂ©glementation.

Sucre Suisse, unique entreprise à fournir le pays (220’000 tonnes de sucre par an).

Le Groupe d’information sur les boissons rafraĂźchissantes, un groupe d’influence qui promeut les choix des consommateurs plutĂŽt que la rĂ©glementation.

Sans oublier les fabricants et distributeurs de produits transformés comme Nestlé, Coop et Migros, opposés à des mesures coercitives et engagés à réduire la teneur en sucre de plusieurs de leurs produits.

Les perdants. Parmi les déçus, on peut compter:

Des mĂ©decins et diĂ©tĂ©ticiens, qui appellent Ă  une approche globale de la rĂ©duction de consommation de sucre. En sus de l’information et le volontarisme industriel, sont Ă©voquĂ©s une taxe sur les boissons sucrĂ©es, un changement d’environnement dans les cafĂ©tĂ©rias ou encore l’encadrement du marketing des produits destinĂ©s aux enfants.

La Fédération romande des consommateurs, qui soutenait déjà lors du vote des initiatives au Conseil des Etats:

«C’est en premier lieu la teneur en sucres des aliments pour enfants qui devrait ĂȘtre limitĂ©e pour protĂ©ger le capital santĂ© des enfants.»

Et les consommateurs? Cher lecteur, on vous laisse juge.

A lire sur Heidi.news (FR)

On en avait parlé

Taxer les boissons sucrĂ©es, c’est efficace, selon les donnĂ©es scientifiques. Entretien avec la diĂ©tĂ©ticienne genevoise Sophie Bucher Della Torre, experte des mesures sur le sucre.

Coca-Cola s’invite au Palais fĂ©dĂ©ral. La firme a conviĂ© des Ă©lus Ă  un «évĂšnement des dĂ©lices». Dans un restaurant Ă  Berne, le 15 mars prochain, en pleine session parlementaire.

La surconsommation de sucre laisse les sĂ©nateurs de marbre. Le Conseil des Etats a suivi l’avis de la Commission de la science, de l’Ă©ducation et de la culture pour rejeter les initiatives.

Il est temps de raconter le monde

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25 grammes de sucres par jour...

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C’est (trĂšs) peu. Un bol de cĂ©rĂ©ales pour petit-dĂ©jeuner, 23 g de sucres en moyenne. Un menu burger, frites, boisson et crĂšme glacĂ©e, 119 g. Autant dire que la limite de 50 g de sucres recommandĂ©e par l’OMS est trĂšs vite dĂ©passĂ©e. La FĂ©dĂ©ration romande des consommateurs (FRC) propose quelques illustrations pour s’en rendre compte au quotidien.

Fédération romande des consommateurs (accÚs libre) (FR)

De bonnes lectures et Ă©coutes

Sur les traces du lobby du sucre. Quel rĂŽle joue l’association des boissons rafraĂźchissantes et sans alcool dans les choix politiques vis-Ă -vis du sucre? Le journaliste Antoine Harari a menĂ© l’enquĂȘte. Un Ă©pisode d’une sĂ©rie de l’Ă©mission Vacarme (RTS) sur la malbouffe en Suisse.

RTS (accĂšs libre) (FR)

La Suisse, un pays de douceurs insoupçonnées. Du carac au «Schoggiweggli», le pays regorge de créations pour les becs sucrés. Plongée dans les délices sucrés locaux.

Le Temps (abonnés) (FR)

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