đ A lire en version Ă©toffĂ©e (abonnĂ©s) đ
đłïž Le Conseil national vient de retoquer deux initiatives cantonales qui avaient la consommation de sucres en ligne de mire.
Les textes.
đ Le canton de Fribourg voulait rendre obligatoire l’affichage de la teneur en sucres dans la dĂ©claration nutritionnelle, et Ă rendre celle-ci plus lisible.
➥ RejetĂ© Ă 117 voix contre 67, et 0 abstention.
đ Le cantons de GenĂšve voulait Ă©tablir une limite de teneur en sucres pour les boissons et les aliments transformĂ©s.
➥ RejetĂ© Ă 121 voix contre 67, et 1 abstention.
â ïž Chambre basse, chambre haute, mĂȘme combat. Fin 2021, le Conseil aux Etats avait rejetĂ© ces deux initiatives.
Pourquoi limiter les sucres?
âïž LâexcĂšs de sucres est associĂ© Ă plus de risques dâobĂ©sitĂ©, de diabĂšte et de maladies cardiovasculaires, qui constituent la premiĂšre cause de dĂ©cĂšs en Suisse.
đ 38% des sucres ajoutĂ©s que nous ingĂ©rons proviennent des boissons, derriĂšre les sucreries (48%) et devant les produits laitiers (7%).
đ LâOMS recommande moins 50 g de sucres libres (glucose, fructose ou saccharose ajoutĂ©s + sucres prĂ©sents dans les jus et sirops).
đč IdĂ©alement, c’est mĂȘme 25 g â Ă une louche prĂšs, un peu plus de deux verres de thĂ© glacĂ©.
Peu de suspense. Plusieurs pistes expliquent ce revers:
➢ La Suisse prĂ©fĂšre miser sur les industriels plutĂŽt que sur la rĂ©glementation.
➢ Sont mises en avant la responsabilitĂ© individuelle et la libertĂ© de choix du consommateur.
➢ Autre facteur indirect possible: lâattachement du pays pour sa production indigĂšne en sucres. La Suisse est autonome Ă environ 65% et a choisi de soutenir jusquâen 2026 sa production.
Les grands gagnants. Plusieurs structures peuvent se rĂ©jouir de l’issue du vote:
● La CommunautĂ© de travail de la branche suisse des boissons, faĂźtiĂšre qui rĂ©unit 30â000 entreprises et pĂšse 14 milliards de francs de chiffre dâaffaires.
● LâAssociation suisse des sources dâeaux minĂ©rales et des producteurs de soft drinks, avec une centaine de membres, dont Coca-Cola, Evian-Volvic et PepsiCo, qui pĂšsent 1,2 milliard de francs de CA annuel.
● LâAlliance des milieux Ă©conomiques pour une politique de prĂ©vention modĂ©rĂ©e, dâune vingtaine de membres de diffĂ©rents secteurs (tabac, biĂšre, boulangerie, boissons), active sur les questions de rĂ©glementation.
● Sucre Suisse, unique entreprise Ă fournir le pays (220â000 tonnes de sucre par an).
● Le Groupe dâinformation sur les boissons rafraĂźchissantes, un groupe dâinfluence qui promeut les choix des consommateurs plutĂŽt que la rĂ©glementation.
● Sans oublier les fabricants et distributeurs de produits transformĂ©s comme NestlĂ©, Coop et Migros, opposĂ©s Ă des mesures coercitives et engagĂ©s Ă rĂ©duire la teneur en sucre de plusieurs de leurs produits.
Les perdants. Parmi les déçus, on peut compter:
● Des mĂ©decins et diĂ©tĂ©ticiens, qui appellent Ă une approche globale de la rĂ©duction de consommation de sucre. En sus de lâinformation et le volontarisme industriel, sont Ă©voquĂ©s une taxe sur les boissons sucrĂ©es, un changement dâenvironnement dans les cafĂ©tĂ©rias ou encore lâencadrement du marketing des produits destinĂ©s aux enfants.
● La FĂ©dĂ©ration romande des consommateurs, qui soutenait dĂ©jĂ lors du vote des initiatives au Conseil des Etats:
«Câest en premier lieu la teneur en sucres des aliments pour enfants qui devrait ĂȘtre limitĂ©e pour protĂ©ger le capital santĂ© des enfants.»
Et les consommateurs? Cher lecteur, on vous laisse juge.
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