Avant d'entrer dans le vif

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Comment vivre avec le fait qu'on ne saura pas

Image d’illustration. | Shutterstock / Wetzkaz Graphics

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➢ Fuite d’un labo ou hôte animal intermédiaire? Les origines du Sars-CoV-2 continuent de déchaîner les passions, plus de trois ans après le début de la pandémie de Covid-19.

➢ La quête digne d’un polar a connu de nouveau rebondissements fin février et mi-mars. Deux séquences qui relancent les deux hypothèses.

  🧪 Le ministère américain de l’Energie et le FBI estiment qu’une fuite depuis l’Institut de virologie de Wuhan est l’hypothèse qui s’impose, mais avec un niveau de certitude «faible» (pour le premier) ou «modéré» (pour le second).

  🦝 La chercheuse française Florence Débarre a identifié des données brutes jamais versées au débat, dans la base de données internationale Gisaid. A l’analyse, elles suggèrent que des mammifères présents sur le marché de Huanan à Wuhan début 2020 pourraient avoir été porteurs du Sars-CoV-2. Le chien viverrin est le suspect privilégié.

Pas de certitudes. Dans les deux cas, les données scientifiques manquent à l’appel. Impossible, dès lors, de déterminer de manière définitive si le Sars-CoV-2 est issu d’une fuite de laboratoire ou s’il est né sur le désormais célèbre marché aux animaux.

Et si on passait à autre chose? Face à une quête aussi difficile, plusieurs scientifiques estiment désormais qu’il serait préférable de passer à autre chose et de vivre avec le fait qu’on ne saura sans doute jamais avec certitude laquelle des deux hypothèses est la bonne.

➢ L’idée est de tenir pour acquis que les deux pistes sont valables. Cela permettrait d’établir de nouvelles réglementations plus strictes pour les laboratoires de haute sécurité (P4) et de développer des protocoles d’hygiène plus stricts dans les marchés chinois.

➢ La Pre Lone Simonsen, épidémiologiste au Département des sciences et de l’environnement à l’Université de Roskilde au Danemark et figure de la pandémie dans son pays, soutient cette approche:
 «Comme nous ne connaissons pas tous les détails et toutes les données et que nous ne savons pas exactement ce qui s’est passé à Wuhan, nous devons passer à autre chose.
 Mais il est utile de se préparer à la prochaine pandémie en minimisant le risque lié à la présence d’animaux sur les marchés, et il est utile d’assurer le contrôle des expériences dites de «gain de fonction», c’est-à-dire des expériences qui peuvent aboutir à la création de virus pandémiques potentiels dans les laboratoires.»



➢ Le Pr Arnaud Fontanet, responsable de l’unité d’épidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur (Paris) et membre du conseil scientifique Covid-19 auprès du gouvernement français de mars 2020 à juillet 2022, abonde:
 «Il sera en effet difficile de savoir si le virus s’est échappé d’un laboratoire ou s’il est passé à l’homme au marché de Huanan à Wuhan. Retenir les deux hypothèses comme valides devrait permettre d’assurer une meilleure surveillance dans les laboratoires et aussi sur les marchés où l’on trouve des animaux vivants.»

➥ Cette approche devrait permettre de minimiser les risques futurs sur les deux tableaux.

On en avait parlé

La thèse d’une émergence sur le marché de Wuhan se précise. L’enquête sur l’origine du Covid-19 a fait un bond l’an dernier. Deux études notables, publiées dans Science l’été dernier, viennent renforcer l’hypothèse dominante selon laquelle le désormais célèbre marché de Huanan est le premier lieu d’émergence du virus chez l’homme.

«La fenêtre se referme» alertent les experts de la mission OMS. En août 2021, la mission conjointe Chine-OMS sur l’origine de la pandémie avait suscité de vives critiques. Dans une tribune conjointe parue dans la revue Nature, les enquêteurs étaient revenus sur leurs travaux. Ils dressaient alors le portrait d’un travail très contraint par la Chine et appelaient la communauté scientifique à produire les données manquantes avant qu’il ne soit trop tard.

Le livre qui veut rendre «virale» la théorie de la fuite de laboratoire. Alina Chan, biologiste au Broad Institute et Matt Ridley, journaliste scientifique (par ailleurs ex-banquier), ont publié Viral en décembre 2021. Une enquête sur les origines du Sars-CoV-2 qui pointe les faiblesses de la thèse de l’origine animale, sans toutefois l’écarter.

Il est temps de raconter le monde

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De bonnes lectures

La découverte française sur des chauves-souris qui a changé la donne. L’origine du Covid-19 est toujours un mystère, mais des travaux de l’Institut Pasteur publiés en février 2022 ont levé une partie du voile et montré qu’une des caractéristiques du Sars-Cov2 existe dans la nature.

Les faux mystères de RaTG13, virus cousin du Sars-CoV-2. Début 2020, la description par des chercheurs chinois d’un virus de chauve-souris très proche du Sars-CoV-2 faisait naître des spéculations sur des dissimulations à son sujet, depuis dissipées.

De nouvelles données relancent la piste du chien viverrin. Un pangolin, une mine infestée de chauve-souris, un laboratoire, et maintenant le chien viverrin. L’enquête sur les origines du Covid-19 tient un nouveau suspect sérieux: ce petit canidé, proche du raton laveur, très sensible au Sars-Cov-2 et vendu pour sa fourrure ou sa viande sur… le marché de Wuhan. C’est la découverte qu’ont faite plusieurs chercheurs en analysant des données issues des tout premiers prélèvements faits sur le marché début 2020.