Bonjour, câest Annick pour votre Point fort.
Aujourd’hui, un sujet Ă©pineux: la grave pĂ©nurie de mĂ©dicaments en Suisse. Un mĂ©nage sur quatre y a Ă©tĂ© confrontĂ© dans les six derniers mois.
Alors que Berne multiplie les actions urgentes, une initiative vient d’ĂȘtre lancĂ©e pour rĂ©soudre le problĂšme de fond.
Et il y a du travail. |
Avant d'entrer dans le vif
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Peut-on en finir avec les pénuries?
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Pénuries de médicaments depuis 2015 en Suisse.
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đ Lire la version Ă©toffĂ©e (abonnĂ©s) đ
➢ La pĂ©nurie de mĂ©dicaments est inĂ©dite en Suisse: il n’y a jamais eu autant de tensions d’approvisionnement qu’en ce dĂ©but d’annĂ©e. Les ruptures concernent les produits d’importance vitale et ceux remis sous ordonnance.
➢ MĂ©dicaments vitaux. D’aprĂšs l’Office fĂ©dĂ©ral pour l’approvisionnement Ă©conomique du pays (OFAE), qui gĂšre la plateforme de notification obligatoire pour les mĂ©dicaments critiques:
«AprĂšs avoir reculĂ© durant les deux annĂ©es de la crise du Covid-19, le nombre de notifications enregistrĂ©es sur la plateforme mĂ©dicaments en 2022 a Ă©tĂ© supĂ©rieur d’environ 9% Ă celui de 2019. Plus de 150 demandes de libĂ©ration des rĂ©serves obligatoires ont par ailleurs Ă©tĂ© dĂ©posĂ©es en 2022, un nombre jamais atteint auparavant.»
➢ MĂ©dicaments sous ordonnance. Pour cette catĂ©gorie de produits, les ruptures atteignent Ă©galement des sommets jamais atteints auparavant. Pire, la durĂ©e d’indisponibilitĂ© s’allonge aussi (voir le graphe ci-dessus).
Serpent de mer politique. Les problĂšmes de pĂ©nurie ne datent pas d’hier: les premiĂšres alertes datent du dĂ©but des annĂ©es 2000.
➢ Entre 2016 et 2021, on dĂ©nombre plus de 80 interventions parlementaires sur le sujet. Rapports et interventions de la ConfĂ©dĂ©ration se sont succĂ©dĂ© en 2010, 2015, 2016 et 2022 (pour les plus importantes).
➢ DĂ©but 2022, le Conseil fĂ©dĂ©ral constatait son impuissance en ces termes:
«Onze mesures ont Ă©tĂ© mises en Ćuvre en 2016, mais elles nâont pas apportĂ© lâeffet escomptĂ©.»
Ce qui coince. Les causes de ces pénuries chroniques sont multiples:
➢ đ A lâinternational. Le marchĂ© s’est mondialisĂ© et concentrĂ©.
● Le nombre de sites de production de mĂ©dicaments et de prestataires sâest fortement contractĂ© ces derniĂšres annĂ©es.
● Les stocks ont Ă©galement Ă©tĂ© rĂ©duits et les chaĂźnes dâapprovisionnement fonctionnent le plus souvent en flux tendu, ce qui les rend plus vulnĂ©rables aux pics de demandes.
● A cela sâajoute la pression Ă la baisse sur les prix des mĂ©dicaments et la petite taille du marchĂ© helvĂ©tique, qui le rendent moins prioritaires aux yeux des fournisseurs.
➢ đšđ En Suisse. Le nombre dâacteurs fait problĂšme.
● Si les cantons sont responsables de cet approvisionnement, les hĂŽpitaux gĂšrent leurs propres chaĂźnes dâapprovisionnement. Idem du cĂŽtĂ© des pharmacies qui gĂšrent leurs stocks et leurs commandes directement auprĂšs de grossistes et de fournisseurs privĂ©s.
● A la ConfĂ©dĂ©ration, les responsabilitĂ©s sont rĂ©parties entre lâOFSP (rĂ©gulation), Swissmedic (autorisations de mise sur le marchĂ©) et lâOFAE (surveillance des substances vitales).
➥ Cette dilution des responsabilitĂ©s empĂȘche aussi dâavoir une vue dâensemble des pĂ©nuries. Les donnĂ©es sont soit parcellaires, soit absentes au niveau fĂ©dĂ©ral.
Il faut que ça change. LassĂ©s par les lenteurs bernoises et les blocages dans le secteur, 16 associations, organisations et entreprises du systĂšme de santĂ© ont dĂ©cidĂ© dâempoigner le problĂšme sĂ©rieusement.
➢ Lâinitiative populaire «Oui Ă la sĂ©curitĂ© de lâapprovisionnement mĂ©dical» lancĂ©e le 4 avril propose de sâattaquer au problĂšme en trois axes:
1ïžâŁ crĂ©er une compĂ©tence fĂ©dĂ©rale en lieu et place des 26 compĂ©tences cantonales;
2ïžâŁ renforcer la place Ă©conomique suisse (recherche, dĂ©veloppement, production et stockage);
3ïžâŁ crĂ©er des chaĂźnes logistiques fiables avec l’Ă©tranger.
➢ Andreas Faller, avocat spĂ©cialisĂ© en santĂ© Ă BĂąle et porte-parole du comitĂ© dâinitiative:
«Nous sommes persuadĂ©s que les cantons considĂšrent, eux aussi, qu’une compĂ©tence fĂ©dĂ©rale dans ce domaine est la meilleure voie Ă suivre. Nous ne pouvons pas avoir 26 solutions diffĂ©rentes Ă l’avenir. Nous risquerions alors de nous perdre dans des discussions intercantonales et notre pays, dĂ©jĂ petit, aurait encore moins de pouvoir de nĂ©gociation au niveau international.»
â Câest dâautant plus urgent que lâUnion europĂ©enne mĂšne dĂ©jĂ des travaux dans ce domaine, oĂč la Suisse est un simple spectateur.
đ Lire la version Ă©toffĂ©e sur Heidi.news đ (FR)
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Il est temps de raconter le monde
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Pénurie de médicaments vitaux depuis 2016.
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đ Dans le graphe âïž, la ligne rouge correspond au nombre de rĂ©fĂ©rences de mĂ©dicaments vitaux en rupture de stock. Il est en forte augmentation puisque les notifications de fin de pĂ©nurie, en gris foncĂ©, ne compensent pas les nouvelles notifications de pĂ©nurie, en gris clair.
đ Sur la source. L’Office fĂ©dĂ©ral pour l’approvisionnement Ă©conomique (OFAE) publie rĂ©guliĂšrement sur son site une liste des mĂ©dicaments en rupture de stock. Ces donnĂ©es ont Ă©tĂ© obtenues par Heidi.news, aprĂšs de multiples Ă©changes de mails. Elles sont correctes et Ă jour, contrairement Ă ce qui figure parfois dans les rapports annuels de l’office.
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Plus de médocs en stock!
Cet Ă©pisode d’«A bon entendeur» sur la RTS date de dĂ©but 2020. Il y a trois ans, plusieurs centaines de mĂ©dicaments manquaient en Suisse. Pharmaciens et mĂ©decins ne cachaient plus leur inquiĂ©tude et plusieurs solutions ont Ă©tĂ© esquissĂ©es.
RTS (accĂšs libre) (FR)
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