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Bonjour, c’est Laetitia Guinand, journaliste et productrice du poinG sur LĂ©man Bleu, pour vous donner mon Point de vue.

Le vendredi, c’est le jour oĂč votre newsletter laisse place Ă  une chronique, sur l’international, les sciences, la justice climatique ou, en ce qui me concerne, la politique.

Aujourd’hui nous parlons de notre prĂ©sident, Alain Berset, dont la tourmente en dit long sur le systĂšme suisse.

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Laetitia Guinand, GenĂšve

03.02.2023

Avant d'entrer dans le vif

🩠 L’OMS tarde-t-elle Ă  tourner la page de la pandĂ©mie? L’agence maintient l’urgence tout en reconnaissant un mieux dans la situation globale. Comment comprendre ce paradoxe?

😼‍💹 Plus d’un jeune Romand sur deux a dĂ©jĂ  fumĂ© une «puff». Qu’est-ce donc que ces cigarettes Ă©lectroniques jetables qui font fureur dans les cours d’Ă©cole?

âœ‹đŸœ La femme qui met la Suisse face Ă  son racisme. Rencontre avec Catherine Namakula, Ă  la tĂȘte du groupe d’experts de l’ONU sur les personnes afrodescendantes.

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Pourquoi Alain Berset ne sera jamais François Mitterrand

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Alain Berset avant une conférence de presse sur le Covid-19, le 11 août 2021 à Berne. | Keystone / Peter Schneider

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«Alain Berset est averti. Comme il est intelligent, il entendra et ça s’arrĂȘtera lĂ .»

VoilĂ  le pronostic d’un parlementaire face Ă  l’affaire des fuites CoronaLeaks et Ă  leurs consĂ©quences.

Mais que va donc entendre notre cher prĂ©sident? Qu’il lui faut mettre de l’ordre dans ses affaires? Ou mĂȘme commencer Ă  prĂ©parer son dĂ©part, parce que onze ans au Conseil fĂ©dĂ©ral c’est beaucoup, et que les places Ă  la tĂȘte de la ConfĂ©dĂ©ration seront chĂšres en dĂ©cembre prochain, aprĂšs les Ă©lections fĂ©dĂ©rales?

Doit-il surtout entendre le rappel Ă  l’ordre du systĂšme qui est le nĂŽtre, pour le meilleur et le pire: en Suisse, on ne tolĂšre pas (trop longtemps) les dirigeants trop puissants? MĂȘme quand ils savent y faire et que le peuple les adore.

Cela n’a rien de personnel, c’est constitutif de notre ADN, de notre systùme et de notre histoire.

Berset ou la surpuissance

Alain Berset a beau ĂȘtre le chouchou des Suisses (encore aujourd’hui, malgrĂ© l’affaire des fuites). Il a beau ĂȘtre l’un des seuls conseillers fĂ©dĂ©raux dont la plupart des citoyens connaissent le nom et le visage. On peut saluer la gestion brillante de ses dossiers – pas seulement dans la crise Covid –, son intelligence politique hors pair et une maĂźtrise (presque) parfaite des mĂ©dias. Mais l’actuel prĂ©sident de la ConfĂ©dĂ©ration n’en reste pas moins un simple conseiller fĂ©dĂ©ral au pouvoir institutionnellement limitĂ©.

L’affaire des fuites arrive Ă  point nommĂ© pour le lui rappeler. Pas de superstar de la politique qui tienne; ici en Suisse, on ne fabrique pas de François Mitterrand, mĂȘme de notre meilleur bois. Tout notre Ă©difice politique est construit autour de ce principe centrifuge: ventiler au maximum les compĂ©tences. Les conseillers fĂ©dĂ©raux sont un collĂšge, le Parlement garde la main, mais individuellement chaque parlementaire ne pĂšse pas lourd.

Quant au peuple, il n’élit pas l’exĂ©cutif (pas de mauvaises tentations populistes) mais dĂ©tient plusieurs leviers de contrĂŽle sur ses politiques. Tout le monde se tient mais au final, personne ne dĂ©tient grand-chose.

Chez nous, on n’a pas besoin d’un papa

Pourquoi? Parce que les Suisses, historiquement, ne sont pas des sujets, contrairement aux Français (au hasard). Ils ne recherchent pas dans leurs dirigeants un papa ou un roi qui les biberonne, les protĂšge et Ă  qui ils accorderaient en Ă©change puissance et privilĂšge. Ni mĂȘme une reine. Notre hĂ©ros, Roger, fĂ©dĂšre mais bien loin du champ politique.

En Suisse, peuple de bourgeois et de paysans, le boss, c’est nous, vous et moi, qui confions la gestion du pays Ă  des mandataires, comme on confierait ses Ă©conomies Ă  un banquier. Les politiques sont lĂ  pour nous reprĂ©senter, toutes et tous, et faire tourner la boutique. Une bonne gestion du pays et la paix sociale, voilĂ  ce qu’on attend d’eux. Ni moins ni plus.

Pour le meilleur ou le pire?

Le systĂšme a ses limites et ses exceptions, bien sĂ»r. Pour le Conseil fĂ©dĂ©ral, il produit beaucoup de gentils et faibles gestionnaires dont les livres d’histoires ne garderont aucune trace, beaucoup de moyennement compĂ©tents qui font l’affaire – preuve qu’on peut faire avec. Et parfois aussi quelques Ă©toiles.

C’est alors le grand frisson. Le chant des sirĂšnes auquel nous pouvons, tout comme Ulysse, nous soumettre sans crainte, les mains bien attachĂ©es au mĂąt du navire par les partis et les parlementaires.

Dommage, peut-ĂȘtre, mais Ă  bien regarder ailleurs, on peut se fĂ©liciter d’ĂȘtre immunisĂ©, ici, contre la tentation du pouvoir absolu.

A lire sur Heidi.news (FR)

On en avait parlé

Entendu par la justice, Alain Berset Ă  nouveau dans la tourmente. Retour sur l’affaire des CoronaLeaks, qui a vu le prĂ©sident de la ConfĂ©dĂ©ration passer 6 heures dans le bureau du procureur extraordinaire Peter Marti, magistrat UDC zurichois aux mĂ©thodes rĂ©putĂ©es musclĂ©es. Depuis, une enquĂȘte parlementaire a Ă©tĂ© ouverte contre lui, aux rĂ©sonances directement politiques.

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Toutes ces fois oĂč le Blick a eu un coup d’avance. L’affaire des Coronaleaks a aussi un volet mĂ©diatique, incarnĂ© par Marc Walder, CEO de Ringier, dĂ©sormais sur la sellette. Nous avons plongĂ© dans les archives du Conseil fĂ©dĂ©ral et du Blick pour aider Ă  dĂ©terminer si le journal alĂ©manique avait pu bĂ©nĂ©ficier des indiscrĂ©tions communiquĂ©es par le DFI Ă  son patron.

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Le Covid-19 a-t-il mis le fĂ©dĂ©ralisme d’exĂ©cution «au pied du mur»? Si Alain Berset agace ou dĂ©range, c’est aussi parce qu’il reste l’homme de la pandĂ©mie, laquelle a fait trembler le systĂšme politique suisse sur ses bases. Ce sĂ©isme a un nom: situation extraordinaire. A l’Ă©poque, FrĂ©dĂ©ric Ney, avocat fiscaliste Ă  GenĂšve, nous avait livrĂ© son Ă©clairage. Une analyse prĂ©cieuse pour qui s’intĂ©resse aux rouages intimes de la ConfĂ©dĂ©ration.

Heidi.news (accĂšs libre) (FR)

Il est temps de raconter le monde

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Bien vu

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Pitch Comment, pour Heidi.news

Plus de fuite ou ce sera la fessĂ©e. MalgrĂ© ce dessin issu de l’imagination fertile de Pitch Comment, on se doute que l’ambiance n’Ă©tait pas Ă  la fĂȘte la semaine derniĂšre, Ă  la sĂ©ance du mercredi du Conseil fĂ©dĂ©ral. Pour preuve, une confĂ©rence de presse tendue oĂč le porte-parole de l’exĂ©cutif, AndrĂ© Simonazzi, s’est attachĂ© Ă  lire le communiquĂ© sĂ©vĂšre des Sept Sages (discutĂ© Ă  six) sur l’affaire des CoronaLeaks. «Le Conseil fĂ©dĂ©ral ne tolĂšre pas les indiscrĂ©tions et les condamne fermement. (…) [Il] entend mener la conduite des affaires sur la base d’une confiance rĂ©tablie», a-t-il cinglĂ©, tandis qu’Alain Bersait tentait de faire bonne figure Ă  ses cĂŽtĂ©s, devant la presse venue en masse.

S’ensuit un ballet surrĂ©aliste entre des journalistes excĂ©dĂ©s, un porte-parole prĂȘt Ă  «relire dix fois le communiquĂ© s’il le faut», et un Alain Berset louvoyant, rĂ©servant ses rĂ©ponses Ă  l’enquĂȘte parlementaire. AprĂšs 10 minutes d’Ă©changes stĂ©riles, un journaliste du Tages Anzeiger se demande, pince sans-rire, s’il n’aurait pas meilleur temps de regarder Infrarouge. Rires du ministre de la santĂ©, invitĂ© Ă  la RTS le soir mĂȘme. Un journaliste tessinois fait mine de n’avoir pas saisi la dĂ©claration du Conseil fĂ©dĂ©ral, lue en français et en allemand mais pas en italien. «La confiance a Ă©tĂ© rĂ©tablie, ça veut dire qu’il n’y avait pas la confiance avant, c’est juste?». «En effet», laisse Ă©chapper AndrĂ© Simonazzi, avant de se reprendre. Un peu tard.

Sur Youtube (FR)

De bonnes lectures

Ma vie de journaliste Ă  Berne: des histoires de fuites. Michel Guillaume, correspondant du Temps Ă  Berne et plus de 30 ans de carriĂšre au compteur, relate les fuites dont il a Ă©tĂ© le rĂ©cipiendaire. Et comment un journaliste politique navigue pour Ă  la fois protĂ©ger ses sources, informer le public et Ă©viter d’ĂȘtre instrumentalisĂ©. Une passionnante quadrature du cercle.

Le Temps (accĂšs libre) (FR)

«Berset n’est plus crĂ©dible»: le monde politique rĂ©agit aux Covid-leaks. Le site en ligne Watson a compilĂ© quelques rĂ©actions politiques Ă  l’affaire des CoronaLeaks. Appels Ă  la dĂ©mission du cĂŽtĂ© de l’UDC, critiques nourries au sein du PLR mais aussi, en contraste avec un silence gĂȘnĂ© dans les rangs du PS, de vives condamnations du cĂŽtĂ© des Vert·e·s. Ce n’est pas encore ce qu’on appelle un carton plein, mais ça y ressemble.

Watson (accĂšs libre) (FR)

Alain Berset: «J’ai traversĂ© des moments d’une brutalitĂ© sans prĂ©cĂ©dent.» Pour son interview de Nouvel An, le prĂ©sident de la ConfĂ©dĂ©ration se livre Ă  SwissInfo en Ă©voquant la brutalitĂ© des attaques subies pendant la pandĂ©mie. Avait-il aussi en tĂȘte l’Ă©mergence, dĂ©jĂ  largement prĂ©visible Ă  ce stade, de l’affaire dite des CoronaLeaks dans la presse alĂ©manique quelques jours plus tard?

SwissInfo (accĂšs libre) (FR)

Un mot sur notre chroniqueuse

Ancienne journaliste de la RTS, Laetitia Guinand est journaliste productrice de l’émission de dĂ©bat Le poinG sur LĂ©man Bleu, Ă©mission de dĂ©bat politique et sociĂ©tal, tous les mercredis Ă  20 heures.

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