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En Ukraine, la Russie rase des villes et vient de faire sauter un barrage. Mais en matiĂšre de cyberattaque, on dirait presque que c’est la retenue qui domine.

Aujourd’hui, nous parlons de cette cyberguerre qui n’a pas eu lieu.

Ou peut-ĂȘtre que si.

photo journaliste

Grégoire Barbey, GenÚve

07.06.2023

Avant d'entrer dans le vif

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Pourquoi la cyberguerre n'a pas eu lieu en Ukraine?

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Image d’illustration. / Photo Keystone / Peter Schneider

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C’est une phrase qui revient beaucoup dans les discussions autour de l’invasion russe en Ukraine: «La cyberguerre n’a pas eu lieu». La contre-offensive ukrainienne va-t-elle changer la donne?

De quoi on parle. Le 24 fĂ©vrier 2022, lorsque la Russie a lancĂ© l’assaut contre l’Ukraine, une attaque informatique a visĂ© le satellite Ka-Sat.

La panne qui a rĂ©sultĂ© de l’attaque a eu des rĂ©percussions au-delĂ  des frontiĂšres ukrainiennes. En France ou en Allemagne, des problĂšmes d’accĂšs Ă  internet ont Ă©tĂ© recensĂ©s.

L’attaque a Ă©tĂ© attribuĂ©e Ă  la Russie, et laissait prĂ©sager le pire dans l’usage de moyens cyber pour conduire la guerre.

La cyberguerre, ça existe vraiment? Louis PĂ©tiniaud est spĂ©cialiste des enjeux gĂ©opolitiques autour du numĂ©rique dans l’espace post-soviĂ©tique, au centre Geode de l’UniversitĂ© Paris 8. Il prĂŽne la prudence:

«C’est un sujet complexe. Toutes les opĂ©rations cyber ne sont pas divulguĂ©es. C’est difficile d’avoir une vue d’ensemble du rĂŽle du cyber dans la guerre.»

D’aprĂšs l’expert, la guerre en Ukraine a fait rejaillir la notion de «Pearl Harbor numĂ©rique» nĂ©e dans les annĂ©es 1990. Mais malgrĂ© l’imaginaire collectif, «on ne gagne pas la guerre avec des ordinateurs». En tout cas en 2023.

Sa collĂšgue Aude GĂ©ry, docteure en droit international et chercheuse au Centre Geode, prĂ©cise: «La matĂ©rialitĂ© propre Ă  la guerre ne se retrouve pas dans l’usage de capacitĂ©s cyber. On associe la guerre Ă  un cĂŽtĂ© spectaculaire, comme les bombardements, qui ne correspond pas au fonctionnement du cyberespace».

Pour Thomas Rid, auteur de Cyber War Will Not Take Place, le terme de cyberguerre doit ĂȘtre maniĂ© avec prĂ©caution. Il revĂȘt une conception classique de la guerre, avec sa matĂ©rialitĂ© et sa violence, qui n’a plus grand-chose Ă  voir avec les vrais enjeux.

Un avant et un aprĂšs Ukraine. StĂ©phane Duguin, directeur du CyberPeace Institute, une ONG qui a largement documentĂ© la dimension cyber de la guerre en Ukraine, n’aime pas non plus la notion de cyberguerre.

«MalgrĂ© tout, il y aura un avant et un aprĂšs le 24 fĂ©vrier 2022. Le conflit a largement participĂ© Ă  l’escalade des moyens d’attaque dans le cyberespace. L’intervention de civils, sous la forme de cybermilices, a participĂ© Ă  dĂ©centraliser la doctrine militaire dans le cyberespace.»

Le CyberPeace Institute a recensĂ© quelque 1850 cyberattaques et autres opĂ©rations depuis le dĂ©but de la guerre. «Ce sont 49 pays qui ont Ă©tĂ© ciblĂ©s», observe StĂ©phane Duguin. Et parmi les pays les plus touchĂ©s, on relĂšve la Pologne, la Lettonie, l’Allemagne, la Lituanie et les Etats-Unis.

L’Ă©crasante majoritĂ© des cyberincidents recensĂ©s appartient Ă  la catĂ©gorie des attaques par dĂ©ni de service (DDoS), qui consistent Ă  surcharger des serveurs pour les rendre temporairement inaccessibles.

«Ce qui nous occupe aujourd’hui, c’est la maniĂšre dont la dĂ©sescalade pourra avoir lieu aprĂšs la guerre, conclut le directeur du CyberPeace Institute. Est-ce que les civils qui prennent part au conflit dans sa dimension cyber cesseront leurs activitĂ©s en cas de cessez-le-feu? Personne ne le sait.»

Si la cyberguerre n’a pas eu lieu, force est de constater que la dimension cyber n’a jamais Ă©tĂ© aussi importante dans un conflit.

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Pour aller plus loin

OSINT: La guerre en Ukraine enflamme les espions du dimanche. Le conflit dont est victime l’Ukraine depuis le 24 fĂ©vrier 2022 est la premiĂšre guerre live-streamĂ©e en permanence, au point oĂč n’importe qui pense pouvoir faire du renseignement de sources ouvertes (OSINT). Ce n’est pourtant pas Ă  prendre Ă  la lĂ©gĂšre.

Heidi.news (FR)

L’ubĂ©risation des attaques DDoS pourrait entraĂźner une escalade du conflit. L’Ukraine continue de se dĂ©fendre contre l’envahisseur russe et compte notamment sur des cybervolontaires pour protĂ©ger ses infrastructures numĂ©riques des hackers. Mais aussi pour dĂ©stabiliser la Russie, en perpĂ©trant des cyberattaques ciblĂ©es. Parmi les mĂ©thodes employĂ©es, il y a les fameuses «attaques par dĂ©ni de service», plus connues sous l’acronyme DDoS (distributed denial of service attack).

Heidi.news (FR)

OPINION – La guerre Ă  l’Ăąge du numĂ©rique: le «crowdsourcing» d’un conflit armĂ©. Le directeur du CyberPeace Institute StĂ©phane Duguin estime que la participation de civils Ă  la guerre en Ukraine par le biais de capacitĂ©s cyber soulĂšve d’importantes questions sur le plan du droit international. Avec le risque de participer Ă  l’escalade du conflit.

Heidi.news (FR)

Il est temps de raconter le monde

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De bonnes lectures

Un nouveau logiciel espion dĂ©couvert en Russie. La sociĂ©tĂ© russe de cybersĂ©curitĂ© Kaspersky affirme avoir dĂ©couvert un nouveau logiciel espion, intitulĂ© Triangulation. Il aurait Ă©tĂ© retrouvĂ© sur les iPhones de plusieurs cadres de l’entreprise. Tout comme Pegasus, ce spyware utilise des failles propres Ă  la fonctionnalitĂ© iMessage des appareils d’Apple pour s’introduire, sans intervention de la victime, dans les smartphones. La Russie a accusĂ© la NSA d’ĂȘtre derriĂšre l’opĂ©ration.

Le Monde (accĂšs libre) (FR)

Course Ă  la sĂ©curisation des satellites. L’attaque perpĂ©trĂ©e contre le satellite Ka-Sat le 24 fĂ©vrier 2022, attribuĂ©e Ă  la Russie, a rappelĂ© combien ces infrastructures spatiales utilisĂ©es pour les tĂ©lĂ©communications pouvaient ĂȘtre des cibles stratĂ©giques dans le cadre d’opĂ©rations de dĂ©stabilisation. Un groupe international d’experts travaille sur une nouvelle gĂ©nĂ©ration de systĂšmes satellitaires sĂ©curisĂ©s par conception.

Cyberscoop (accĂšs libre) (EN)

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