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Bonjour, c’est Yvan, chef d’Ă©dition de Heidi.news, pour vous parler d’une Exploration qui devrait vous accrocher.

Il s’agit de «Ritaline mon amour», le rĂ©cit de vie d’une Genevoise qui a dĂ©couvert les mĂ©dicaments psychotropes Ă  19 ans. Et ne les a plus jamais lĂąchĂ©s depuis.

Aujourd’hui encore, son autrice, la journaliste Malka Gouzer carbure sec: antidĂ©presseur, amphĂ©tamine, hypnotique, anxiolytique, demandez le menu.

D’une plume drĂŽle et acerbe, elle dĂ©crit un long voyage qui commence sur un campus amĂ©ricain et se termine… vous verrez bien!

photo journaliste

Yvan Pandelé, GenÚve

08.05.2024

Avant d'entrer dans le vif

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Sevgil Musayeva, rĂ©dactrice en chef d’Ukrainska Pravda. | Page Facebook de Sevgil Musayeva

Avec les incorruptibles qui font trembler le pouvoir ukrainien. FondĂ© en 2000, le journal en ligne ukrainien Ukrainska Pravda soutient les aspirations pro-europĂ©ennes et dĂ©mocratiques du pays. MalgrĂ© la guerre et l’unitĂ© requise contre l’ennemi russe, le titre s’enorgueillit de ne faire aucune concession, et continue de publier des enquĂȘtes parfois trĂšs gĂȘnantes pour le pouvoir en place. Rencontre avec une bande d’incorruptibles.

Heidi.news

Ritaline mon amour

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Malka Gouzer et Delphine Presles

🌐 DĂ©couvrir l’Exploration en ligne 🌐

đŸȘ¶ La parole Ă  l’autrice.

«Tous les matins, j’ingurgite:
40 mg de Seropram, un antidĂ©presseur produit par la sociĂ©tĂ© pharmaceutique danoise Lundbeck,
30 mg d’Elvanse, une amphĂ©tamine que l’on doit au Japonais Takeda,
la journée, des pastilles de Ritaline, amphétamine produite par Novartis,
au coucher, entre 5 et 10 mg de Zolpidem, un somnifĂšre commercialisĂ© par Streuli,
et au besoin, un 1 mg de Temesta, l’anxiolytique de Pfizer.»


A 38 ans, un mari, une fille et un appartement cossu Ă  GenĂšve, Malka n’a a priori pas le profil d’une polytoxicomane. «Une bonne femme normale qui fait du Pilates et qui prend des bains», comme elle se dĂ©finit elle-mĂȘme.

Comment tout cela a dĂ©rapĂ©? C’est le sujet de «Ritaline mon amour», ou l’histoire d’une lobotomie chimique.

đŸ—œ Il Ă©tait une fois dans l’Est.

A 19 ans, notre journaliste quitte GenĂšve pour partir Ă©tudier prĂšs de New York.
«C’est un pays de primates», prĂ©vient le paternel avant des adieux dĂ©chirants.
«C’est la derniĂšre fois que mon pĂšre m’a vue sobre», conclut Malka.

Sur le campus, elle fait des rencontres essentielles:
Feue Gertrude Elizabeth Anscombe, papesse de la philosophie analytique, Ă  fuir absolument.
Le voisin de palier Jack, cool et passablement stupide, par qui viendra la premiĂšre amphĂšte: l’Adderall. C’est l’illumination.
La belle Georgia aux cheveux d’or, pour une dĂ©couverte de la cocaĂŻne. DĂ©ception.
Le «meilleur psychiatre de New York», qui prescrira antidépresseur et anxiolytique en soupirant.

Rien ne vaut les amphĂštes comme l’Adderall, et Bret Easton Ellis n’a qu’Ă  bien se tenir.

💊 Papa, c’est quoi une amphĂšte?

Les amphĂštes sont des psychostimulants trĂšs puissants, qui donnent l’impression d’ĂȘtre plus Ă©veillĂ©, plus intelligent, plus actif. Elles contribuent Ă  une «épidĂ©mie» suspecte de troubles de l’attention, et sont aussi largement dĂ©tournĂ©es.

Sur les campus amĂ©ricains depuis les annĂ©es 2000, tout le monde carbure Ă  l’Adderall, ou depuis une dizaine d’annĂ©es, une Ă©niĂšme dĂ©clinaison d’amphĂšte, le Modafinil.

En premiÚre personne, ça donne:
«Comme tous les stimulants, les amphĂ©tamines dĂ©rĂšglent votre horloge interne. Lorsque vous souhaitez donner un coup de reins le matin pour vous rĂ©veiller, c’est le bonheur absolu mais lorsqu’en fin de journĂ©e, votre cerveau est grillĂ©, qu’il n’a plus rien Ă  juter et qu’il attend de se faire vider par le sommeil comme le sac d’un aspirateur trop plein, c’est franchement pĂ©nible. Vous vous allongez, fermez vos yeux, mais le sommeil vous est refusĂ© et vos idĂ©es continuent de tourner dans le vide comme la roue d’un hamster en cage.»

☝ Une brĂšve histoire.

Il était une fois la Benzedrine, la premiÚre amphétamine.
InventĂ©e en 1928, elle est d’abord utilisĂ©e comme… dĂ©congestionnant nasal.
Les bennies stimulent l’intellect, la crĂ©ativitĂ©, l’Ă©nergie. Elles font fureur dĂšs les annĂ©es 30.
JFK, Marilyn Monroe, Winston Churchill sur la fin, en consomment avec enthousiasme.

En 1944 est inventĂ©e la Ritaline, une molĂ©cule proche de l’amphĂ©tamine.
La Ritaline est employĂ©e pour soigner les troubles de l’attention chez les enfants.
A partir des années 60, la Ritaline devient un vrai phénomÚne de société.

Dans les annĂ©es 90 apparaĂźt l’Adderall, qui signifie «Attention Deficit Disorder for all».
Cousin proche de la Ritaline, il marche mieux chez certaines personnes.
Avec une stratégie marketing agressive, il devient le nouveau stimulant à la mode dans les années 2000.

Les modes vont et viennent, mais il y a sans cesse de nouveux stimulants. Et Ă  la fin, tout le monde se drogue…

Une Exploration Ă  lire sur Heidi.news

Les épisodes publiés à ce jour

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Malka Gouzer et Delphine Presles, pour Heidi.news

Episode 1. Il n’est pas sans danger de partir Ă©tudier la philosophie en AmĂ©rique. A peine majeure, notre journaliste quitte GenĂšve pour une universitĂ© de l’Etat de New York. ChaperonnĂ©e par son pĂšre, elle se remĂ©more les mises en garde qui lui ont Ă©tĂ© adressĂ©es. Ses apprĂ©hensions traduisent un mauvais prĂ©sage. Mais lequel? Dans un monde oĂč les forĂȘts sauvages ont Ă©tĂ© ratiboisĂ©es, il arrive que ce soit sur les sentiers battus que l’on croise le grand mĂ©chant loup.

Heidi.news (accĂšs libre)

Episode 2. Bleu comme ma premiĂšre pastille d’amphĂ©tamine. Notre journaliste s’emporte sur la France, pays qui suscite la fascination des AmĂ©ricains et des complexes chez les Suisses. Elle nous raconte sa premiĂšre expĂ©rience sous amphĂ©tamines avec son voisin de palier et, ce faisant, esquisse les contours d’une Ă©pidĂ©mie qui, en 2005, n’avait pas encore dĂ©ferlĂ© sur le Vieux Continent: celle des troubles du dĂ©ficit de l’attention (TDA/H) chez les enfants.

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Episode 3. L’histoire absurde du «speed» et de l’époque oĂč la drogue dure soignait le rhume. DĂ©couvertes il y a un siĂšcle, amphĂ©tamine et mĂ©thamphĂ©tamine demeurent Ă  ce jour les stimulants les plus puissants jamais avalĂ©s par l’homme. Lequel se croyait alors capable de pousser des rochers en haut des montagnes. D’abord commercialisĂ©es comme des vitamines, elles seront interdites et criminalisĂ©es dans les annĂ©es 1970. Depuis, les amphĂ©tamines ont trouvĂ© une nouvelle lĂ©gitimitĂ© sur le dos des enfants et du trouble du dĂ©ficit de l’attention.

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Episode 4. Pourquoi s’ennuyer avec la cocaĂŻne quand un mĂ©decin peut vous prescrire du speed? Notre journaliste se lamente de la tournure analytique des lectures que lui impose son dĂ©partement de philosophie. Jack, son fournisseur d’Adderall, l’emmĂšne Ă  une fĂȘte de campus oĂč l’on boit de la biĂšre dans des gobelets rouges alors que la belle Georgia lui propose des lignes de cocaĂŻne dont les effets s’avĂšrent plutĂŽt dĂ©cevants.

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Episode 5. La grande vague du dĂ©ficit de l’attention et des pastilles pour le soigner L’Adderall s’est imposĂ© sur le marchĂ© amĂ©ricain comme alternative Ă  la Ritaline. Son succĂšs repose sur de la chance, des connexions politiques et le «rebranding» fĂ©roce d’une substance pourtant dĂ©clarĂ©e illĂ©gale en 1971: l’amphĂ©tamine. De fait, les patients ne manquent pas: en 2013, 15% des enfants amĂ©ricains Ă©taient diagnostiquĂ©s TDA/H. Ils font la fortune des groupes pharmaceutiques.

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Episode 6. Chez le meilleur psychiatre de New York. Craignant de sombrer dans une consommation d’amphĂ©tamines dite rĂ©crĂ©ative et donc illicite, notre journaliste se rend chez un psychiatre huppĂ© de New York. Ce dernier lui administre une cascade de drogues dures, c’est-Ă -dire des mĂ©dicaments et, ce faisant, lui donne la bĂ©nĂ©diction de s’intoxiquer en toute lĂ©galitĂ©. Ce sixiĂšme Ă©pisode narre le passage d’une dĂ©pendance proscrite Ă  prescrite.

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Episode 7. Tenter de surpasser l’angoisse en lisant Kierkegaard sous amphĂ©tamines. Avant d’aborder, la prison, la vraie, notre journaliste se penche sur les assujettissements que l’on s’inflige Ă  soi-mĂȘme. Outre les effets des amphĂ©tamines, ce rĂ©cit Ă©voque des tranches de porc qui sentent le saumon ainsi qu’une robe en lĂ©opard qui dĂ©via les ambitions qu’avait notre journaliste de poursuivre des Ă©tudes de droit puis d’épouser un banquier genevois.

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Episode 8. Je me retrouve en prison
 pour enseigner l’allemand Vert, c’est la couleur des uniformes que portent les dĂ©tenus d’Eastern Correctional Facility, une prison de haute sĂ©curitĂ© pour hommes situĂ©e dans l’Etat de New York. Noir, c’est la couleur de la peau de la majoritĂ© des hommes qui y sont encagĂ©s. Dans cet Ă©pisode, notre journaliste revient sur son expĂ©rience de tutrice d’allemand en milieu carcĂ©ral. Ses visites, elle les a toutes effectuĂ©es sous l’influence de substances prescrites et remboursĂ©es. Face aux drogues, certains sont plus Ă©gaux que d’autres.

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Et ce n’est pas fini! Il reste une demi-douzaine de nouveaux Ă©pisodes Ă  paraĂźtre sur notre site.

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Delphine Presles pour Heidi.news

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