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Bonjour, c’est GrĂ©goire pour votre Point fort du jour.

Vous l’avez sans doute entendu, les CFF se mettent Ă  la reconnaissance faciale. Des camĂ©ras doivent ĂȘtre dĂ©ployĂ©es dans une cinquantaine de gares en Suisse.

Aucune loi n’interdit formellement une telle surveillance technologique de l’espace public. InquiĂ©tant, non?

photo journaliste

Grégoire Barbey, GenÚve

20.02.2023

Avant d'entrer dans le vif

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Traqués à notre insu: à défaut de dire non, la Suisse a dit oui

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DĂ©ployer des camĂ©ras dotĂ©es de logiciel de reconnaissance faciale dans le domaine public? C’est techniquement possible en Suisse. Sans dĂ©bat politique prĂ©alable.

Pourquoi on en parle. Le magazine alĂ©manique K-Tipp a rĂ©vĂ©lĂ© l’existence d’un projet des CFF incluant l’usage de la reconnaissance faciale.

  🚉 D’aprĂšs un appel d’offre publiĂ©, l’entreprise de transport ferroviaire prĂ©voit de dĂ©ployer des camĂ©ras augmentĂ©es dans une cinquantaine de gares en Suisse.

  đŸ›ïž L’objectif? Suivre les comportements d’achat des usagers pour permettre d’optimiser le chiffre d’affaires des commerces situĂ©s dans les gares. Le loyer perçu par les CFF est proportionnel au volume de ventes des boutiques.

  👀 Comment? En suivant chaque personne de maniĂšre individuelle pour analyser ses comportements d’achat: montants dĂ©pensĂ©s, commerces visitĂ©s, profil de consommateur (Ăąge, taille, sexe, objets transportĂ©s)…

  đŸ•”ïžâ€â™‚ïž Les CFF affirment que les donnĂ©es seront anonymisĂ©es.

Les garde-fous. Il n’existe pas aujourd’hui de loi qui encadre spĂ©cifiquement le recours aux technologies de reconnaissance faciale. Leur usage doit toutefois respecter la lĂ©gislation en matiĂšre de protection des donnĂ©es.

Le prĂ©posĂ© fĂ©dĂ©ral Ă  la protection des donnĂ©es a demandĂ© aux CFF de rĂ©aliser une «étude d’impact» pour dĂ©terminer les risques d’un tel projet, comme la possibilitĂ© de rĂ©-identifier une personne en croisant d’autres informations.

Les CFF devront présenter un plan de protection qui permettra de réduire les risques. «Aucun projet ne peut toutefois garantir une sécurité absolue», nuance le préposé fédéral Adrian Lobsiger, contacté par Heidi.news.

Si le plan de protection est jugĂ© insatisfaisant, le prĂ©posĂ© fĂ©dĂ©ral pourra Ă©mettre une recommandation aux CFF. Si elle n’Ă©tait pas suivie, l’affaire pourrait alors ĂȘtre portĂ©e devant le Tribunal fĂ©dĂ©ral administratif.

Si les CFF prĂ©sentent un plan de protection jugĂ© satisfaisant, ils seront dĂšs lors autorisĂ©s Ă  dĂ©ployer des camĂ©ras dotĂ©es de logiciel de reconnaissance faciale dans l’espace public.

Faire entrer le loup dans la bergerie.

Le juriste spĂ©cialisĂ© dans la protection des donnĂ©es François Charlet s’interroge sur la capacitĂ© Ă  anonymiser en pratique des donnĂ©es de reconnaissance faciale.

«Actuellement, il n’y a pas de droit Ă  l’oubli avec un logiciel d’apprentissage machine», rappelle le spĂ©cialiste. Par nature, les donnĂ©es stockĂ©es sont hautement individualisĂ©es.

L’avocat Nicolas Capt, spĂ©cialiste des nouvelles technologies, estime que la question qui doit se poser est celle de l’usage Ă  moyen terme de cette technologie. Si pour l’instant, les CFF veulent l’introduire avec des limitations, ils seront sans doute tentĂ©s Ă  l’avenir de lever ces restrictions.

«On propose en quelque sorte de faire entrer le loup dans la bergerie, mais avec une museliĂšre», illustre l’homme de loi.

La question de l’interdiction.

L’organe europĂ©en de protection des donnĂ©es plaide tout bonnement pour une interdiction de cette technologie dans l’espace public. La Commission europĂ©enne travaille actuellement sur un projet qui vise Ă  encadrer l’intelligence artificielle – ce qui inclut la reconnaissance faciale.

Pour la conseillĂšre aux Etats Johanna Gapany (PLR/FR), «la question du recours Ă  la reconnaissance faciale dans des lieux jugĂ©s dangereux pour amĂ©liorer la sĂ©curitĂ© peut se poser, mais son usage Ă  des fins commerciales n’est pas admissible».

Le conseiller communal BenoĂźt Gaillard (PS), qui a demandĂ© une interdiction de la reconnaissance faciale dans l’espace public Ă  Lausanne, estime que l’usage de cette technologie Ă  des fins commerciales est «problĂ©matique». Il craint qu’une fois installĂ©s, de tels Ă©quipements puissent ensuite ĂȘtre utilisĂ©s pour d’autres motifs, comme la surveillance.

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Le Monde (accÚs abonnés) (FR)

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