Bonjour, câest Yvan pour votre Point fort du jour.
Aujourd’hui, je vous parle d’une rĂ©ussite spectaculaire qui nous vient de GenĂšve.
Un patient de 41 ans atteint d’une infection respiratoire rĂ©sistante, sans espoir de rĂ©mission, a Ă©tĂ© guĂ©ri en un Ă©clair.
Comment? GrĂące Ă des virus de bactĂ©ries, les fameux phages dont on nous prĂ©dit l’essor depuis 15 ans.
Et sur ce dernier point aussi, cette histoire en dit long. |
Avant d'entrer dans le vif
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Un cas spectaculaire â et qui fait rĂ©flĂ©chir
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Illustration en 3D d’un des phages (dits T4) les plus communs (en orange). Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un virus de bactĂ©rie, et les fibres caudales servent Ă reconnaĂźtre les marqueurs spĂ©cifiques des bactĂ©ries auxquelles s’attaque le phage. | Shutterstock
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➢ Les virus ne tuent pas que les humains, loin sâen faut: beaucoup ciblent les bactĂ©ries. đŠ On appelle ces virus des (bactĂ©rio)phages.
➢ L’existence des phages a Ă©tĂ© conceptualisĂ©e au tournant de la PremiĂšre Guerre mondiale, Ă partir dâun phĂ©nomĂšne Ă©trange: des guĂ©risons du cholĂ©ra chez des pĂšlerins ayant bu de lâeau du Gange.
➢ Dans les annĂ©es 1920, les phages ont suscitĂ© lâespoir de lutter efficacement contre les infections bactĂ©riennes⊠avant de tomber en dĂ©suĂ©tude avec la dĂ©couverte des antibiotiques, beaucoup plus simples d’emploi.
➢ Une exception: les pays soviĂ©tiques, oĂč les recherches sur les phages sont restĂ©es vivaces. Aujourdâhui encore, la GĂ©orgie (Institut Eliava) et la Pologne (Institut Hirszfeld) font figure de pionniers.
Pourquoi on en parle. â Au 21e siĂšcle, les «phages» sont de nouveau Ă la mode.
➢ Lâutilisation massive et souvent inconsidĂ©rĂ©e des antibiotiques depuis prĂšs dâun siĂšcle a provoquĂ© lâessor dâinfections bactĂ©riennes multirĂ©sistantes.
➢ Câest vrai aussi pour les infections par des champignons, alors mĂȘme quâon continue de pulvĂ©riser des antifongiques sur les vignes vaudoises â un exemple parmi beaucoup.
➢ Les phages offrent la perspective dâune relĂšve aux antibiotiques, mais ils sont encore trĂšs expĂ©rimentaux.
â ïž Les grandes agences rĂ©glementaires comme Swissmedic ou l’EMA (Europe) nâont encore jamais validĂ© de tel traitement.
Le patient genevois. đ„ Aux HUG, un patient vient dâĂȘtre sauvĂ© par des phages pour la premiĂšre fois en Suisse romande.
➢ Le patient: JosĂ©, 45 ans, atteint dâune maladie gĂ©nĂ©tique qui favorise les infections pulmonaires, et tĂ©traplĂ©gique aprĂšs un accident de vĂ©lo.
➢ AprĂšs plusieurs mois Ă lâhĂŽpital, avec des antibiotiques en perfusion, il envisage le suicide assistĂ©.
«Ma situation sâest fortement dĂ©gradĂ©e, mes muscles respiratoires Ă©taient diminuĂ©s, je nâarrive plus Ă expulser mes sĂ©crĂ©tions.»
Un traitement de la derniĂšre chance. ⥠En juin 2019, lâĂ©quipe des HUG propose Ă JosĂ© un traitement expĂ©rimental par phage, quâil accepte.
➢ Le Pr Christian van Delden, infectiologue en charge:
«Jâavais extrĂȘmement peur, jâĂ©tais extrĂȘmement stressĂ©. Imaginez donner un aĂ©rosol Ă un patient qui suffoque, sans savoir si ça ne va pas accentuer le phĂ©nomĂšne.»
➢ Câest une rĂ©ussite Ă©clair: en six jours, les signes dâinfection aiguĂ« disparaissent et le patient quitte l’hĂŽpital. Aujourd’hui, il peut gĂ©rer ses infections rĂ©siduelles Ă domicile et a repris son activitĂ© professionnelle.
đ° Ce cas clinique spectaculaire vient d’ĂȘtre publiĂ© dans Nature Communications.
Ce qui sâest passĂ©. đŻ L’Ă©quipe a utilisĂ© un protocole personnalisĂ© visant Ă sĂ©lectionner le bon phage pour le patient.
➢ En criblant des banques de phages, lâĂ©quipe a fini par trouver, Ă Yale, un spĂ©cimen capable de sâattaquer prĂ©cisĂ©ment Ă la bactĂ©rie responsable de la pneumonie.
➢ InjectĂ© par aĂ©rosol, le phage sâest attaquĂ© Ă la bactĂ©rie rĂ©sistante aux antibiotiques, lâĂ©radiquant pratiquement des poumons du patient.
Lâenjeu. â° Ce traitement nâa pu ĂȘtre proposĂ© quâen derniĂšre chance, Ă titre compassionnel.
➢ Lâenjeu est important: en Suisse, on compte environ mille dĂ©cĂšs par infections multirĂ©sistantes par an Ă lâhĂŽpital. Sans parler des infections non lĂ©tales mais rĂ©currentes, urinaires ou osseuses (prothĂšse), qui pĂ©jorent grandement la qualitĂ© de vie.
➥ Christian van Delden aimerait profiter de ce cas pour aider Ă lever les barriĂšres rĂ©glementaires autour de la phagothĂ©rapie.
«Je regrette la lenteur des instances sanitaires sur ces dossiers. Je ne crois pas qu’ils aient mis en balance le temps qu’il nous faudra pour monter des thĂ©rapies alternatives ou complĂ©mentaires aux antibiotiques et l’urgence sanitaire au niveau mondial.»
đ Lire la version Ă©toffĂ©e sur Heidi.news đ (FR)
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«Phage seul contre tous les antibiotiques». | Dimitri Procofieff pour Heidi.news
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Antibiotiques: les phages contre-attaquent.
Pour lutter contre les infections bactĂ©riennes, il y a deux mĂ©thodes: les antibiotiques et les phages. La premiĂšre mĂ©thode sâapparente Ă la pĂȘche Ă la grenade, la seconde Ă la pĂȘche Ă la ligne. Au 20e siĂšcle, lâOccident a massivement choisi les antibiotiques, par souci d’efficacitĂ©, pour traiter les humains et les animaux. Or la montĂ©e en puissance des bactĂ©ries multirĂ©sistantes aux antibiotiques remet en selle les phages, dont la plus grande collection au monde a Ă©tĂ© prĂ©servĂ©e par miracle Ă Tbilissi, au coeur du Caucase. Lâengouement gagne les start-up, de Suisse et de Californie. Mais pour lâinstant, pour se faire soigner, il faut aller en GĂ©orgie, comme notre journaliste Malka Gouzer. Et c’est le dĂ©but de notre grande Exploration sur les phages.
Heidi.news (FR)
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Tout sur la vie des phages.
Les phages vous passionnent et vous aimeriez tout savoir sur ce pan de la biologie encore mĂ©connu? Avec ce long article destinĂ© Ă des enseignants de sciences de la vie, Ă©crit par d’excellents spĂ©cialistes, vous ĂȘtes au bon endroit.
Planet-Vie (accĂšs libre) (FR)
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Avenue du Bouchet 2
1209 GenĂšve
Suisse
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