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Bonjour, c’est David à Belgrade pour une édition spéciale de votre Point fort.

Impossible de l’ignorer, ce sera demain le triste anniversaire de l’invasion russe en Ukraine. Partout vous lirez, ou avez dĂ©jĂ  lu, des reportages poignants et de profondes analyses.

Heidi.news m’a confiĂ© une autre mission: vous relater l’histoire de l’Ukraine en dix dates clĂ©s. ⚔️ SacrĂ© dĂ©fi!

On commence par le baptĂŞme d’un Viking au bord de la mer Noire, en 988 après JĂ©sus-Christ.

photo journaliste

David Laufer, Belgrade

23.02.2023

Avant d'entrer dans le vif

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đź›’ Le prix des produits alimentaires continue de grimper. Pas de rĂ©pit pour l’inflation en ce dĂ©but 2023: pour notre observatoire des prix de l’alimentation en Suisse, ça monte sec.

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Ma mission: résumer une année de guerre en mille ans d’histoire

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Une scène du film Ă  grand spectacle «Viking, la naissance d’une nation» (2016) du rĂ©alisateur russe Andrei Kravchuk.


Helvetia Felix!
Bienheureuse HelvĂ©tie. ProtĂ©gĂ©e par ses monstres de granit, vide de toute ressource naturelle, personne, parmi ses belliqueux voisins, n’a jamais fomentĂ© le projet de l’envahir. Pourquoi s’y risquer lorsqu’on doit affronter des sommets effrayants et qu’on ne trouve, une fois sur place, ni plaine Ă  blĂ©, ni mine d’or, ni port maritime? Seul NapolĂ©on s’y est essayĂ©, mais c’Ă©tait sur l’insistance des Suisses eux-mĂŞmes. Le Premier consul les dota d’ailleurs d’une première Constitution.

Ainsi donc, la Suisse existe, grâce Ă  sa dĂ©courageante gĂ©ographie et grâce Ă  ses voisins qui s’en servent comme d’une banque ou d’une Ă©cole pour leurs rejetons.

L’Ukraine n’a pas connu cette chance. C’est mĂŞme un euphĂ©misme, lorsque l’on jette un coup d’Ĺ“il Ă  son histoire. Entrez «bataille de Kiev» dans un moteur de recherche, vous aurez le choix entre 23 dates, entre l’an 898 et 2022. Sur le territoire ukrainien, guerres et massacres se sont succĂ©dĂ© avec la rĂ©gularitĂ© des marĂ©es bretonnes. L’annĂ©e qui vient de s’Ă©couler nous le rappelle pĂ©niblement.

Peut-ĂŞtre sommes-nous trop obnubilĂ©s par les mouvements de troupes dans le Donbass et les livraisons de chars d’assaut allemands pour comprendre ce qu’est l’Ukraine.

Comme la Suisse, l’Ukraine existe

Car comme la Suisse, l’Ukraine existe. Comme la Suisse, l’Ukraine est situĂ©e Ă  la charnière de plusieurs peuples. Mais contrairement Ă  elle, rien n’y dĂ©courage les envahisseurs. Pire: depuis plus de mille ans, ses plaines gorgĂ©es de rivières encouragent tous ses voisins Ă  venir y tester le fil de leurs Ă©pĂ©es ou la vĂ©locitĂ© de leurs missiles. Et comme si cela ne suffisait pas, ces plaines sont aussi les plus fertiles et les plus vastes d’Europe. Elles nourrissent depuis des millĂ©naires les peuples alentour, jusqu’au-delĂ  des ocĂ©ans.

Contrairement Ă  la Suisse, l’Ukraine existe en dĂ©pit de sa gĂ©ographie et de ses voisins, et non grâce Ă  eux.

A l’heure oĂą l’on commĂ©more le lugubre anniversaire de l’invasion russe du 24 fĂ©vrier 2022, il est utile de revenir sur cette Ă©popĂ©e. Mille ans d’histoire pour comprendre un an de guerre. VoilĂ  la mission que m’a assignĂ©e la rĂ©daction de Heidi.news pour cette sĂ©rie, que je vais tenter de mener Ă  bien en dix Ă©pisodes. Chacun dĂ©taillant une date, ses protagonistes et ses consĂ©quences.

Dix articles pour comprendre d’abord que l’Ukraine existe, qu’elle n’est ni une crĂ©ation soviĂ©tique, ni une rĂ©action Ă  l’agression poutinienne et encore moins un croupion archaĂŻque de la Russie moderne. Pour saisir aussi que non seulement l’Ukraine existe, mais qu’elle est un pays clĂ© de l’histoire europĂ©enne, depuis des siècles. Que sa culture religieuse, ses relations avec ses voisins, ont jouĂ© un rĂ´le crucial, trop souvent nĂ©gligĂ© Ă  l’Ouest.

Des frères ennemis

Pour essayer de comprendre, enfin, cette confondante tension entre Russes et Ukrainiens, pour le meilleur et plus souvent pour le pire. Slaves et orthodoxes, voisins et cousins, la rivalitĂ© qui les oppose est obscure et sacrĂ©e, comme toutes les haines fratricides. L’Europe est minĂ©e de conflits familiaux de cette nature – Catalans contre Castillans, Serbes contre Croates, Ecossais contre Anglais, tous si proches et ressemblants mais rĂ©solument ennemis. En esprit, si ce n’est en actes.

Dans le cas des Russes et des Ukrainiens, la volonté des premiers de soumettre les seconds est en train de changer la face du monde. Les blocs se réalignent, la planète entière est sommée de choisir son camp.

Il ne sera donc pas trop de dix dates pour prendre du champ sur la guerre en cours. Première étape, le baptême de Vladimir ou Volodymyr, ou plus exactement Valdemar, un Viking ayant conquis les bords du Dniepr.

Plus de mille ans plus tard, malgrĂ© sa gĂ©ographie, malgrĂ© ses ressources, malgrĂ© la Russie, malgrĂ© la paresse et l’ignorance du monde occidental, malgrĂ© l’impĂ©ritie de ses propres dirigeants, envers et contre tout, l’Ukraine existe encore.

Premier Ă©pisode: 28 juillet 988

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Le «baptême de la Russie», huile sur toile de 1887 par Vasily Ivanovich Navozov. Collection privée

Une guerre qui prend racine il y a mille ans. C’est l’histoire d’un Viking. Les siens se sont emparĂ©s de l’Ukraine parce que leurs terres du nord n’Ă©taient pas assez fertiles. Lui prend le pouvoir sans pitiĂ© et règne sur Kiev. Pour consolider son règne en Ă©pousant une princesse chrĂ©tienne de Constantinople, il se convertit en CrimĂ©e peu avant l’An Mil. Valdemar devient Vladimir ou Volodymyr, les prĂ©noms des deux ennemis d’aujourd’hui, Poutine et Zelensky. Il est donc le premier Ukrainien, le premier Russe et se retrouve, un millĂ©naire plus tard, au cĹ“ur d’une surenchère identitaire dont se nourrit la tentative russe d’invasion de l’Ukraine.

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Il est temps de raconter le monde

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Bien vu

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Mortellement blessé. Peinture de 1873 de Vassili Verechtchaguine. Collection Tretyakov

Un peintre de guerre pacifiste. Vassili Verechtchaguine (1842-1904) fut le peintre officiel des armĂ©es russes. Il a pourtant Ă©tĂ© accusĂ© de trahison Ă  la patrie pour ses idĂ©es pacifistes et avoir montrĂ© la souffrance des troupes du tsar en Asie centrale ou dans les Balkans. Un article du critique et historien de l’art Sergei Khachaturov, publiĂ© dans nos colonnes.

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Votre auteur

David Laufer, nĂ© en Suisse en 1971, est marchand d’art et auteur, basĂ© Ă  Belgrade. Après une maturitĂ© fĂ©dĂ©rale Ă  Saint-Maurice, il obtient une maĂ®trise d’histoire mĂ©diĂ©vale Ă  la Sorbonne. Il a collaborĂ© avec plusieurs publications suisses, françaises et amĂ©ricaines et publiĂ© deux romans ainsi que des essais historiques et politiques. Il organise dĂ©sormais des expositions d’artistes serbes, croates et de l’Est en gĂ©nĂ©ral, en Europe et aux Etats-Unis.

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