Bonjour, c’est Adrien à Lausanne, où les labos de l’Université reprennent progressivement leurs activités.

Aujourd’hui, nous retournons à la Clinique de La Source, où nous entendrons une infirmière responsable de l’anesthésie en salle de réveil, et un infirmier qui s’occupe de patients Covid en sortie de soins.

Adrien Miqueu, Lausanne
28.04.2020

S'occuper des patients après les soins intensifs

«Après avoir été sédaté pendant plusieurs semaines, les gens ne sont pas au courant de ce qui s’est passé à l’extérieur!» Stellio Giacomini, infirmier du pool à la Clinique de La Source, travaille avec les patients revenus de soins intensifs. «C’est comme s’ils avaient dormi pendant tout ce temps. Alors on leur explique: ‘Tout est fermé maintenant, les gens ne sortent plus’. La récupération neurologique peut être longue. Certains sont assez ralentis, et d’un seul coup, ça reprend! C’est impressionnant à voir. Au début, ils n’arrivent pas à manger seul, car ils n’ont pas utilisé de fourchette et de couteau pendant des semaines. Et du jour au lendemain, c’est bon. Mais il faut vraiment réapprendre tous ces gestes de la vie quotidienne, et cela dépend de chaque patient, de son âge, de ses autres pathologies. Alors on les aide, on les stimule. Une dame avait de la peine à tenir sa cuillère, et il y a eu un déclic en 48 heures.»

Comme nous vous l’avions expliqué il y a quelques semaines, la clinique a réorganisé ses services pour accueillir des patients Covid en soins intensifs et en unité de soins continus. «On nous a demandé qui était d’accord pour aller travailler en zone Covid, et je me suis proposé. Je n’avais pas spécialement peur, et j’avais plus de disponibilité que d’autres comme je faisais partie du pool de la clinique. Nous avons des chambres d’isolement toute l’année, pour la grippe par exemple, donc nous connaissions déjà la marche à suivre. Ce qui était nouveau, c’est que ça concernait toute une aile de la clinique. Pour un ‘isolement gouttelettes’, on se protège avant d’entrer en chambre: protection des yeux, masque, gant, surblouse. Comme ça, on peut évoluer autour du patient sans se contaminer, surtout si on fait des soins proche de lui. On enlève tout quand on ressort, et on recommence à chaque chambre.» Actuellement, il y a un patient Covid aux soins intensifs, et trois en unité de soins.

L’isolement gouttelettes demande aussi une adaptation dans l’usage du matériel. «Tout ce qui rentre en chambre n’en ressort pas. D’habitude, on laisse du stock de petit matériel, de compresses, de pansements, pour éviter les aller-retours. Là, il faut bien réfléchir à ce que l’on emmène. Dans notre routine, on utilise beaucoup de matériel à usage unique, on ne s’en rend plus trop compte. Mais depuis la pandémie, on fait plus attention à comment on l’utilise. Nous n’avons jamais manqué, mais nous sommes plus vigilants.»

«Dans la vie de tous les jours, c’est clair que l’on prend plus de précautions. Même si par déformation professionnelle, on faisait déjà très attention à l’hygiène des mains. C’est sûr que je n’ai pas vu beaucoup ma famille ces derniers temps. Mes parents sont dans la tranche d’âge à risque. En un mois et demi, je les ai vu une fois à travers la fenêtre!»

Une raison d'espérer

Des médecins annoncent avoir trouvé un premier traitement efficace. C’est le premier traitement candidat à faire ses preuves dans la prise en charge de Covid-19: le tocilizumab, un immunomodulateur employé dans la prise en charge des maladies auto-immunes, est parvenu à améliorer le devenir de patients Covid-19 dans un état moyen ou sévère, hospitalisés et placés sous oxygène. La molécule a permis de réduire le nombre de patients placés en soins intensifs ou décédés dans un essai clinique randomisé.

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Les opérations recommencent mais s'adaptent au virus

Depuis hier, les opérations non-urgentes ont repris dans les hôpitaux et les cliniques. Audrey Schumacher, infirmière responsable anesthésie en salle de réveil, témoigne de la façon dont la pandémie a affecté son service à la Clinique de La Source. «Nous avons dû complètement réorganiser la salle de réveil, car l’unité de Soins intensifs a été entièrement dédiée aux patients Covid. Nous avons donc dû accueillir les soins intensifs non Covid en salle de réveil, et cela a demandé beaucoup d’anticipation et d’organisation. Dans le courant de la semaine dernière, les soins intensifs ont réintégré leurs locaux et la salle de réveil a retrouvé sa configuration pré-Covid.»

«Les patients sont testés 72h maximum avant toute hospitalisation, et nous sommes très protégés. En temps normal, nous avions juste des masques chirurgicaux. Désormais, nous portons des masques FFP2, et nous avons des blouses imperméables et des lunettes de protection. Ça demande une grande réactivité des équipes pour prendre de nouvelles habitudes. On est dans cette incertitude comme tout le monde, on en apprend un peu plus tous les jours. Alors les décisions sont prises avec les infos disponibles à un instant donné. C’est dur de voir à long terme, on fonctionne vraiment au jour le jour. Mais ça se passe bien, il y a eu un renforcement de la cohésion, de la collégialité d’équipe. Les gens sont impliqués et professionnels, au top.»

«Les gens n’avaient pas forcément conscience de notre charge de travail. Il y a une prise de conscience par rapport à avant, une mise en avant de notre profession. Les applaudissements, ça touche, mais c’est juste mon métier. Je fais ça avec mes convictions.»

Le labo de l'EPFL

Crise du coronavirus et économie de l’innovation. La réorientation soudaine des investissements pour financer la recherche sur le Covid-19, et en particulier la quête d’un vaccin, est-elle optimale? Comment la «coopétition» scientifique accélère-t-elle cet effort? Quels seront les effets à long terme de cette réorganisation de la production scientifique? Autant de questions auxquelles répondent plusieurs économistes du Collège du management de la technologie de l’EPFL, dans un rapport de synthèse destiné à tous les publics, novices comme initiés.

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Le coronavirus sur Heidi.news

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Isabelle Moret, présidente du Conseil national, siègera à cette place dès le 4 mai pour la session parlementaire extraordinaire sur le site de Bernexpo. | Keystone / Peter Klaunzer

«Je ne porterai pas de masque durant la session parlementaire.» La session parlementaire extraordinaire aura lieu du 4 au 7 mai sur le site de Bernexpo. Les locaux ont été aménagés pour que les parlementaires puissent siéger en respectant les recommandations émises par l’OFSP. Visite des lieux avec les deux présidents en exercice: Hans Stöckli, Conseil des Etats, et Isabelle Moret, Conseil national.

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La délicate question des passeports immunitaires. En Allemagne, au Royaume-Uni, en Italie, aux Etats-Unis, en Chine ou encore au Chili, les gouvernements envisagent la mise en place d’un «passeport immunitaire» attestant que l’on a contracté le Covid-19. L’idée se décline aussi sous la forme d’un certificat qui permettrait de retourner plus tôt au travail et de s’affranchir des restrictions liées au confinement. Le problème, c’est que l’on ne sait pas encore si les patients guéris du Covid-19 sont immunisés. Et les questions éthiques posées semblent difficiles à surmonter.

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Quelles mesures pour un déconfinement réussi? La première étape du déconfinement a débuté ce lundi 27 avril en Suisse. Tout au long de la semaine, Antoine Flahault, épidémiologiste genevois, va poser en vidéo les enjeux auxquels nous allons faire face.

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En Italie, trop de questions restent encore sans réponses. Tous les Italiens étaient devant leur télé, dimanche, pour écouter les annonces du Premier ministre sur la fin du confinement. Internautes et spectateurs espéraient des précisions sur les tests, le prix des masques, la libre circulation… Ils espèrent toujours. Le Premier ministre a laissé beaucoup de questions en suspens, regrette Gea, notre correspondante à Milan.

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Adrien Miqueu est doctorant en histoire des sciences à l’UNIL. Malgré son master de physique à l’EPFL, il a préféré être aussi journaliste scientifique et dessinateur de BD. Vous pouvez lui écrire ici.

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