Bonjour, c’est Alexandre pour vous parler de culture face à la crise. Nous commencerons avec le témoignage de David Lemaire, le directeur du Musées des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds, serein en temps de covid.

Nous irons ensuite faire un tour du côté des artistes qui choisissent des sneakers comme toile et du côté des petits éditeurs face à la pandémie.

Pour finir, sachez que vous pouvez suivre ce vendredi soir en direct sur notre page Facebook, la conférence de Marylin Maeso, Xavier Gorce et Raphaël Enthoven à l’occasion du Salon du livre en ville de Genève qui se passe aussi dans nos locaux.

Alexandre Lanz, Lausanne
30.10.2020

«C’est dans les notes en bas de page que s’inscrit la complexité de l’histoire de l’art»

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David Lemaire devant une oeuvre prêtée par le mudac. Photo: Aline Henchoz, Ville de La Chaux-de-Fonds.

Samedi 17 octobre, la foule est au rendez-vous du vernissage des deux nouvelles expositions du Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds: «Camille Graeser. Devenir concret» et «Jeanne-Odette. Points de repère». Sur l’esplanade à l’extérieur du musée, l’artiste Jeanne-Odette à ses côtés, le directeur David Lemaire remercie solennellement ses équipes pour le travail effectué devant un public local et venu des quatre coins de Suisse romande: «Ce sont des gros montages et nous tirons tous à la même corde». Ni le froid ambiant, ni le virus menaçant, encore moins les nouvelles mesures de protection qui l’accompagnent n’ont réussi à faire changer d’avis aux amoureux des arts. Quelques jours plus tard, David Lemaire se souvient de l’événement: «Il y avait beaucoup de monde, les gens étaient contents. J’ai appelé Jeanne-Odette ce matin, elle n’était pas encore redescendue de son petit nuage», se réjouit-il.

A la tête de l’institution depuis le 1er janvier 2018, David Lemaire a de l’allure, une prestance physique qui n’est pas sans rappeler les personnages du peintre autrichien Egon Schiele. Avant d’humer l’air à 1000 mètres d’altitude, l’historien de l’art s’est fait un nom au MAMCO de Genève, où il était conservateur-adjoint. «Il a fallu que je prenne possession du musée, dit-il. J’ai eu conscience dès le départ de la singularité de la ville. La Chaux-de-Fonds est caractérisée par une richesse artistique latente très importante.»

Pour lui, le Musée des beaux-arts tient le rôle d’animateur de la scène locale. «Une maison dans laquelle les artistes de la région viennent partager ou confronter leurs réflexions avec des artistes plus établis ou plus connus.» Immergé dans le foisonnement de cette scène culturelle, il observe: «Il est important d’incarner le musée au cœur de la ville, au marché, au théâtre, au bistrot aussi! Cela participe d’un sentiment d’appartenance entre la ville et son musée. La Chaux-de-Fonds est une super ville à vivre. Sa vie culturelle et associative sont réellement riches, la vie de quartier y est très généreuse et, en temps de covid, elle est beaucoup moins anxiogène que des villes plus peuplées.»

Concernant la pandémie et ses innombrables dommages collatéraux au cœur de la culture, David Lemaire n’estime pas que la fermeture forcée du musée ait lourdement affecté l’institution. «La mission d’un musée ne se limite pas aux expositions, c’est également un outil de travail scientifique, déclare-t-il. Nous avons pu continuer le travail de conservation et d’étude. Au final, il était intéressant de constater que notre intuition programmatique s’est confirmée. Cette histoire de covid représente pour nous l’opportunité d’insister sur l’importance des marges. C’est dans les notes en bas de page que s’inscrit toute la complexité d’un récit artistique historique et esthétique. La particularité des petites institutions comme la nôtre réside dans le fait que la course à la grande star du calibre d’Andy Warhol ou Picasso est désamorcée dès le départ. On évite les grandes messes et les bains de foule. Par contre, on a cette force de réécriture et de complexification de l’histoire de l’art.»

En s’emparant des lieux, David Lemaire commence par mettre en place un sorte de protocole de programmation, «qui ne demande qu’à être transgressé», précise-t-il. Sous son ère, deux expositions dialoguent systématiquement entre elles. Pour stimuler la dynamique du récit, il choisit généralement un artiste associé à la région et un artiste jouissant d’une reconnaissance internationale, soit un artiste émergeant et un artistes établi. «Jusqu’à présent, nous avons toujours eu un homme et une femme», ajoute-t-il. La juxtaposition de ces dualités donne la profondeur au dialogue tout en le rendant inattendu.

«J’adore ce musée aussi pour son architecture, le bâtiment est une œuvre en soi»: lorsqu’il parle des lieux, son enthousiasme est contagieux. «2500 m2 de surface d’exposition, c’est assez grand! L’appareil décoratif du musée a été pensé par Charles L’Eplattenier, un des artistes importants dans la région qui était également le mentor de Le Corbusier. Même le mobilier sur lequel les visiteurs peuvent s’asseoir a été dessiné par lui, chaque détail est hyper précieux. J’aime beaucoup cette idée d’un bâtiment pensé par un artiste et un architecte ensemble. C’est un privilège énorme d’avoir ce joyau très décoré au milieu du Jura avec beaucoup d’œuvres intégrées aux façades.» Le hall surchargé raconte l’opulence des années 1920 de La Chaux-de-Fonds, qui était alors une ville très puissante grâce à l’horlogerie. «Après cette entrée un peu flashy, on débouche sur des espaces conçus pour explorer toutes sortes de vocabulaires d’accrochage, explique le directeur. Jusque dans son extension contemporaine, le musée a été pensé avant tout comme un outil de travail.»

Les défis écologiques et environnementaux auxquels l’humanité toute entière fait face, David Lemaire ne s’en dédouane pas dans son approche artistique, bien au contraire. Figure importante d’un milieu faisant souvent mine de ne pas y toucher, le directeur qui aura 40 ans en novembre évoque deux aspects essentiels à ses yeux. «D’une part, les artistes eux-mêmes ont des postures très engagées sur ces questions. L’art se définit à travers la capacité de l’artiste à exprimer un rapport au monde en termes esthétiques. Par exemple, le travail de Chloé Delarue que nous avons exposée à l’automne 2019 se montre assez inquiet sur l’idée d’un futur technologique. On peut aussi le lire avec des lunettes écologiques. Par ailleurs, dans notre positionnement de musée à portée régionale, nous favorisons un circuit court de la consommation de l’art. Contrairement à Paris ou Barcelone, on n’arrive pas en compagnie lowcost pour visiter une exposition au Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds. Nous proposons autre chose, un propos plus tricoté.» Conscient de la réalité des artistes qu’il expose, il est important pour lui de les exposer vivants. «Il s’agit d’une posture éthique, car les plasticiens sont des gens qui doivent payer un loyer et dont il faut acheter les œuvres pour leur permettre de survivre.»

Les sneakers, canevas de rêve pour les artistes suisses

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Mathias Forbach, alias Fichtre, fier de sa collaboration avec Le Grand Théâtre de Genève et Camper. Photo: Instagram/fichtre

L’univers visuel de l’illustrateur veveysan Mathias Forbach, alias Fichtre, est connu à la ronde. Et pour cause: les supports qu’il utilise n’ont pas de limite. Dans «le monde d’avant», il décorait intégralement un avion de la compagnie Swiss en l’honneur de la Fête des Vignerons. Un an plus tard, il dévoile fièrement sa nouvelle collaboration avec le Grand Théâtre de Genève et Camper: des chaussures illustrées, produites en édition limitée pour le personnel de l’institution genevoise et «quelques chanceux». Cette nouvelle collaboration le démontre: la customisation de sneakers est un phénomène culturel en plein essor.

Interviewé dans les colonnes du magazine 360° à l’occasion de l’exposition Sneaker Collab au Mudac de Lausanne en 2019, le conservateur Marco Costantini analyse: «Aujourd’hui, la sneaker a sa place dans un musée du design et des arts appliqués, car elle a une histoire. Elle s’inscrit dans une généalogie culturelle plus large que la mode. La sneaker est liée à l’émergence du rap et du street-art dans les années 80».

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Une raison d'espérer

Le magazine «Please!» partage sa playlist à savourer confiné. Temple du cool depuis sa création en 2007 sous l’impulsion de la photographe parisienne Olivia da Costa, le magazine «Please!» diffuse la culture pop haute en couleurs en ligne et sur les médias sociaux. Pour accompagner en musique les mois d’isolement à venir, le magazine partage sa nouvelle playlist «home sweet home» sur Spotify. Les fans de Juliette Armanet, Sade, Elton John, Dusty Springfield, Christophe et Vladimir Cosma, entre autres, seront comblés! A vos écouteurs, l’heure est venue de se trémousser dans votre salon!

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La culture en crise sur Heidi.news

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Le Grand Théâtre de Genève se voit contraint d’annuler les dernières représentations de L’Affaire Makropoulos, pour lequel une bande-son enregistrée avait déjà remplacé les musiciens de l’orchestre dans la fosse. Photo: Keystone

Les événements culturels annulés (et ceux qui survivent). Les mesures prises par les cantons romands pour freiner la propagation du Covid-19 donnaient déjà un avant-goût des annonces du Conseil Fédéral ce mercredi 28 octobre, très attendues et craintes par le secteur culturel. Tandis que les boîtes de nuit doivent toutes fermer, les évènements culturels sont désormais limités à 50 personnes dans tout le pays, un véritable coup de massue pour la culture. Dès jeudi matin, les annonces d’annulation ont commencé à tomber, comme celle du GIFF à Genève, du tout nouveau Festival 1000Jazz à la Chaux-de-Fonds, et du Festival JazzOnze+ à Lausanne.

Quelques institutions résistent et arrivent malgré tout à continuer de proposer leurs activités au public, malgré les limitations drastiques à 50 personnes, à l’image de L’Orchestre de Chambre de Genève et du Salon du livre en ville.

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L’écrivain Guillaume Gagnière et son livre. Photo: Nadia Sandino

Le casse-tête des petits éditeurs face à la pandémie. Ce vendredi 30 octobre, pour le Salon du livre en ville, la librairie du Rameau d’Or, à Genève, devait accueillir une rencontre autour des Toupies d’Indigo Street de Guillaume Gagnière, suivie d’une lecture accompagnée du musicien Robin Girod (Cheptel Records). L’avalanche de quarantaines en a décidé autrement: l’événement a été annulé. L’occasion, pour s’en consoler, de faire le point avec l’auteur sur l’itinéraire d’un ouvrage en pleine période de pandémie. Et surtout d’en tirer une idée de la situation des petits éditeurs romands en ces temps de crise.

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Les lauréats des Prix suisses de littérature ont leur podcast. Écouter l’interview et des extraits de textes lus par les lauréats des Prix suisses de littérature 2020, c’est possible depuis août et jusqu’à fin novembre. Contraint d’annuler sa tournée de lecture dans les librairies à cause du Covid-19, l’Office fédéral de la culture (OFC) produit une série de neufs podcasts plurilingues.

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VIDÉO - La biodiversité expliquée par Animal crossing. La vie est apparue sur Terre il y a environ 3,5 milliards d’années. Pendant des centaines de millions d’années, cette vie était réduite à des colonies de bactéries dans les océans. Puis elle a peu à peu évolué en une foisonnante diversité et la vie a colonisé absolument toutes les niches écologiques possibles. La vie est partout! C’est la biodiversité. Et nous allons tenter de vous expliquer ce concept avec le jeu Animal crossing dans cet épisode de PopScience, la série vidéo qui explique la science avec la pop culture.

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Reportage au cœur de la cellule de traçage genevoise. Le canton de Genève a franchi le cap du millier d’infections au Covid-19 enregistrées quotidiennement. Pour sa cellule d’enquêtes d’entourage, cela signifie plusieurs milliers de personnes à contacter chaque jour. L’équipe de contact tracing était initialement conçue pour traiter 20 fois moins de dossiers. Pour faire face à la tâche monumentale, les équipes ont semi-automatisé leurs processus. Bien que le système s’avère perfectible et malgré les retards enregistrés, les collaborateurs y croient encore et surveillent actuellement une soixantaine de clusters. Visite guidée d’un lieu qui transpire la ténacité.

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Pourquoi la deuxième semaine de novembre s’annonce cruciale. La task force scientifique de la Confédération vient de publier un nouveau point de situation épidémique, vendredi 30 octobre, en parallèle du point de situation sanitaire de la Confédération. Alors que les hôpitaux de plusieurs cantons suisses accusent le coup de la seconde vague, les experts s’accordent à estimer que la deuxième semaine de novembre sera cruciale. C’est à ce moment-là que les capacités en soins intensifs risquent d’atteindre leur limite et qu’on saura si l’épidémie connaît un reflux.

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Les surcoûts pour les cabinets médicaux sont estimés à 735 millions. Durant le semi-confinement de ce printemps, les médecins installés en cabinets ont dû arrêter les soins, ce qui a engendré des baisses de revenus. Une fois l’activité médicale à nouveau autorisée, ils ont dû consentir à des investissements pour adapter leurs cabinets aux mesures de protection en vigueur. La FMH et la Caisse des médecins arrivent enfin à évaluer le surcoût pour l’ensemble des cabinets du pays en 2020, soit 735 millions de francs.

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De Tonga à l’Albanie, une infinité de troisièmes sexes. 4e épisode de notre Exploration «Génération fluide». Sur certaines îles du Pacifique, pas question d’homosexualité. Lorsque les hommes virils ont des relations sexuelles avec des hommes «efféminés», très différents des femmes trans occidentales, c’est une relation hétérosexuelle. La colonisation et la globalisation influencent les normes de genre traditionnelles jusqu’à créer de nouvelles catégories.

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La petite équipe inclusive des masques genevois. Un rêve de masques made in Geneva, épisode 5. Les machines sont installées et les premiers tests vont bon train. L’équipe commence à s’étoffer. La rigueur requise par l’activité de production de matériel sanitaire n’empêche pas un style de management très inclusif.

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La santé au Parlement, entre implants et cornes de chèvres. Le menu des conseilleurs nationaux le 29 octobre était exclusivement consacré à des sujets de santé, de l’entrée au dessert en passant par le plat de résistance: réductions de loyer pour les commerçants, prix des médicaments génériques, rabais de primes d’assurance-maladie, concurrence entre les hôpitaux, déclaration des erreurs médicales, contrôle indépendant des implants, sécurité numérique des jouets et risques de cyberharcèlement pour les jeunes, en passant par la santé animale sous forme d’écornage des chèvres et d’utilisation des antibiotiques en médecine vétérinaire.

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Vers une baisse de loyer de 60% pour les commerçants? Les débats ont été vifs au Conseil national et le résultat du vote a généré des cris de joie à gauche, une grande déception à droite. Le score illustre parfaitement les tensions et les nombreuses prises de parole concernant le projet de loi prévoyant une réduction de loyer de 60% pour les établissements publics, tels que bars et restaurants, ayant dû fermer entre le 17 mars et le 21 juin 2020 à cause de la crise sanitaire.

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Le Jura décrète l’état de nécessité. Toutes les grandes étapes de la pandémie en Suisse et dans le monde. Mis à jour quotidiennement.

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