Bonjour, c’est Sophie et Sarah en région parisienne, où les hôpitaux s’organisent pour accueillir de plus en plus de malades du Covid-19, et où des essais cliniques se mettent en place. Voici, le premier Point Coronavirus envoyé de France.

Ce soir, deux témoignages en blouse blanche depuis Paris: une infirmière de réanimation et une infectiologue.

Sophie Gaitzsch et Sarah Sermondadaz, Paris
23.03.2020

Les services de réanimation se réorganisent

Témoignage de Flora*, infirmière de réanimation dans un hôpital parisien de l’APHP. «J’avais quitté mon poste depuis mars pour prendre du recul par rapport à la fonction publique hospitalière. Je suis infirmière depuis huit ans, et nous manquons de moyens de façon chronique. Même avant le coronavirus, la situation était difficile. Mais lorsqu’a éclaté cette crise, j’ai volontairement choisi de revenir. Je suis formée en réanimation, ce qui n’est pas le cas de tous mes collègues.

Dans l’hôpital parisien (nom connu de la rédaction) où je travaille, nous avons réorganisé nos forces pour pouvoir prendre en charge de façon séparée les patients atteints du Covid-19 et les autres. J’ai ainsi assisté à la transformation d’une unité de chirurgie ambulatoire en unité de réanimation dédiée uniquement aux patients non Covid-19. Partout en France, dans d’autres hôpitaux publics, dans des cliniques privées également, on observe des réorganisations semblables.

L’enjeu de ces unités spécialisées est aussi d’éviter de mélanger les patients atteints du coronavirus avec les autres patients, ce qui serait risquer davantage de contagion. Comme de nombreux soignants en France, nous manquons de masques, lorsque ces derniers ne sont pas tout simplement volés (voitures forcées, vols directement à l’hôpital…). Nous devrions en avoir assez pour prendre en charge les patients Covid+, mais peut-être pas suffisamment pour les autres. Cela nous inquiète, nous soignants, car aujourd’hui, tous les patients ne sont pas testés. Mais le fond de mon discours reste positif: il y a une incroyable mobilisation collective entre les soignants, tout le monde est très motivé.»

Le laboratoire parisien

Valentina, infectiologue à l’hôpital Bichat, travaille sur le protocole d’essai clinique européen Discovery, lancé hier en France. «Nous allons tester trois substances: le remdesivir, le lopinavir et l’hydroxychloroquine sur des patients atteints de Covid-19. Pour ces médicaments, nous disposons de données in vitro, sur le modèle animal et des expériences lors d’autres épidémies. L’objectif est maintenant de voir lequel est le plus efficace contre le Covid-19, de récolter des informations sur le profil sécuritaire, la tolérance, les interactions avec les autres médicaments. L’essai clinique randomisé est la seule façon de montrer l’efficacité d’une substance de manière robuste. Ce qui est intéressant, c’est aussi que cet essai clinique sera adaptatif: si une nouvelle molécule apparaît, nous pourrons l’intégrer. A l’inverse, si nous constatons que l’un des médicaments n’est pas efficace, nous pourrons l’exclure.

Nous sommes très motivés. L’ambiance est positive et il y a une belle collaboration entre les médecins. Pour l’instant, j’ai la sensation que tout est bien organisé et que l’on gère. Nous avons vu ce qui s’est passé en Italie et en Espagne, et avons eu le temps de réagir un peu en amont. Je suis italienne, de Parme, et je communique beaucoup avec mes amis médecins sur place. Là- bas, l’explosion a eu lieu du jour au lendemain.

Le plus difficile? C’est le rythme de travail. Nous n’avons pas un instant pour souffler. Et en tant qu’Italienne, avoir vu la situation devenir catastrophique chez moi a été également très dur. Je viens de l’une des régions les plus touchées. J’ai beaucoup douté et me suis demandé si je devais rentrer pour apporter mon aide. J’ai finalement renoncé. Je suis très engagée ici et nous effectuons un travail énorme qui permettra d’apporter des réponses concernant les traitements.

Cette semaine, je suis sortie deux fois du travail vers 20 h. Sur mon vélo, fatiguée, dans les rues vides, je me suis retrouvée sous les applaudissements des Parisiennes et des Parisiens à leurs fenêtres. Je suis très émue de cette chaleur et du soutien de la population. Recevoir toute cette énergie de cette façon, c’est vraiment une expérience incroyable!»

Le coronavirus sur Heidi.news

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Chloroquine: ce que dit vraiment l’essai clinique de Marseille. Le 25 février dernier, le célèbre biologiste Didier Raoult, directeur de l’institut hospitalo-universitaire Méditerranée-Infections de Marseille, annonçait une «fin de partie» pour Covid-19, grâce à un traitement antipaludique classique. Autorisé à mener un essai clinique pour évaluer cette hypothèse, le Pr Raoult et son équipe ont obtenu des premiers résultats qui semblent spectaculaires. Néanmoins, la méthodologie de l’étude invite à la prudence.

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Pourquoi la Suisse manque de tests face au coronavirus. Les Hôpitaux universitaires genevois (HUG) – et l’ensemble des structures diagnostiques en Suisse et en Europe – sont confrontés à une difficulté d’approvisionnement de réactifs permettant de diagnostiquer Covid-19. Nous faisons le point avec le professeur Nicolas Vuilleumier, médecin chef du service de médecine de laboratoire aux HUG.

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L’éthique dans la gestion de crise par la Confédération. Pour Lazare Benaroyo, professeur honoraire d’éthique et de philosophie de la médecine à l’Université de Lausanne, la Suisse adopte une gestion de la crise liée à la pandémie de coronavirus cohérente avec l’application des principes éthiques. Mais l’équilibre des droits est fragile, et la médecine ne doit pas dominer la décision publique. Le professeur explique aussi en quoi choisir de confiner la population pourrait mener à d’autres problèmes, en favorisant par exemple les violences domestiques ou les conduites addictives.

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Le coronavirus, une «drôle de guerre». Sarah Sermondadaz est journaliste scientifique pour le Flux Sciences de Heidi.news. Située en France au moment où le gouvernement français a décidé de confiner la population, elle livre un texte personnel depuis son appartement en région parisienne, dont elle n’a plus le droit, comme les autres Français, de sortir, hormis pour les achats de première nécessité.

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