Bonjour, c’est Alexandre pour vous parler de culture, en pleine crise, à l’arrêt forcé mais pas muette pour autant.

En attendant de pouvoir envoyer sa newsletter culture quotidienne, Heidi.news se lance effectivement dans le domaine une fois par semaine, tous les vendredis, ici, dans le Point Coronavirus.

Aujourd’hui, je donne la parole au directeur de L’Arsenic à Lausanne. On vous parle aussi du nouveau droit d’auteur et des ateliers à distance dans les hautes écoles d’art.

Alexandre Lanz, Lausanne
08.05.2020

«Le Covid nous montre ce que l’art ne doit pas être»

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Patrick de Rham, directeur de L’Arsenic – Centre d’art scénique contemporain de Lausanne. Photo: Maxime Genoud

«On est passé en quelques semaines du #OnSeLèveEtOnSeCasse à #StayTheFuckHome, deux messages totalement contradictoires!», s’exclame Patrick de Rham. Au milieu de la logorrhée assourdissante, du tapage incessant et des lynchages sur les médias sociaux fortement amplifiés par l’épidémie du Covid-19, le directeur de L’Arsenic – Centre d’art scénique contemporain de Lausanne a délibérément choisi de ne pas y jouer les agitateurs. Volontairement distancé de la chasse aux sorcières du web qui a ponctué ces quelques semaines d’isolement, il se prépare au «reboot d’après», avec la reprise programmée en septembre 2020. A priori. «On peut voir une sorte de parallèle avec le 11 septembre 2001 et les prophéties de changement tentant de se cristalliser, observe-t-il. Mais pour moi, le Covid-19 n’est pas disruptif. Les urgences de demain sont exactement les mêmes que celles d’hier».

En ce qui le concerne, l’expérience d’un isolement très actif l’a éclairé sur plusieurs points, notamment sur ce qu’il refuse de subir à long-terme: «Je m’inquiète de la manipulation des réseaux, je ne veux pas subir les vagues d’opinions limite fascisantes de la part des gens paniqués, je ne veux pas perdre mon indépendance d’esprit».

Au fil de sa pensée se confronte de façon très limpide et sans jugement de valeur, la distinction entre art, culture et divertissement, par définition diamétralement opposés. Étriquées, lissées, policées sur les écrans qui remplacent temporairement les arts vivants en suspens, ces différences ont tendance à se brouiller dans leur perception. «Je n’ai jamais vu autant de mauvais art qu’en ce moment, dit-il en riant. Voir un orchestre, même des plus réputés, jouer le Boléro de Ravel via Skype, c’est du pur divertissement et ceux qui le font le savent. Le violoncelliste, dans son salon, sait qu’il participe à une opération de communication et pas à une œuvre. La population en a besoin et il n’y a aucune honte. Par contre, qu’on ne vienne pas théoriser sur le boom créatif provoqué par le Covid-19.»

Quand les artistes se prennent pour des influenceurs

Pour Patrick de Rham, l’idée que l’artiste affirme et partage une singularité, emmenant le public ailleurs, est très différente de celle d’une culture qui vise d’abord à rassembler. «Une idée de l’art utilitariste, dont certains politiciens ou commerciaux, par exemple, sont friands, précise-t-il. Quant à la liberté d’expression, elle n’a jamais été aussi pauvre que ces deux derniers mois ». Selon lui, l’artiste est résistant à l’effet de groupe. Plutôt que bon élève, il est le mauvais élève et c’est ce qui le rend inspirant. «L’Internet d’aujourd’hui est un endroit de communautés, mais il est devenu nuisible à l’indépendance de la pensée. Youtube, Facebook ou TikTok sont en outre très dirigistes. En faisant disparaître la nudité par exemple, on est dans le basique de la censure», affirme-t-il.

«Mis à part les artistes qui travaillent déjà pertinemment avec la virtualité ou à travers certaines initiatives médiatiques comme Radio40, peu des artistes contemporains que j’ai pu suivre se sont précipités sur internet», remarque-t-il. Par contre, il estime que ceux qui tombent le masque et cèdent aux sirènes de la communication se déportent immanquablement de leur rôle: «Quand on voit des metteurs en scène soi-disant critiques sur la société, comme Stanislas Nordey, Olivier Py ou Pascal Rambert, dire: ‘Faites comme moi, je suis chez moi, restez chez vous’ aux côtés de Mimie Mathy et Patrick Bruel, cela devient pathétique, même si ça part d’un bon sentiment.»

Loin du snobisme, Patrick de Rham veut simplement mettre en évidence une équation tangible aussitôt dite: les personnalités publiques censées affirmer leur indépendance ne peuvent pas troquer leur position contre celle d’un influenceur.

La puissance du collectif dans les ateliers à distance des hautes écoles d'art

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Tim Rod, étudiant en 1ère année de la formation supérieure en photographie au CEPV – Centre d’Enseignement Professionnel de Vevey, a photographié la vie quotidienne dans sa collocation de quinze personnes. Crédit photo : 2020 CEPV | Tim Rod

Comment font les hautes écoles d’art pour stimuler la créativité à distance? Comment ne pas s’essouffler, garder la force vive du groupe en confinement? La question est brûlante. D’autant plus dans les arts vivants, où l’apprentissage collectif de l’expression des corps est une condition siné qua non.

Eh bien elles adaptent leurs ateliers, font avec «les moyens du bord». La bonne surprise: un peu partout, la créativité emboite le pas sur les humeurs noires.

En attendant les précisions sur les modalités de réouverture des classes lundi 8 juin, beaucoup de questions logistiques restent en suspens. Comme un cri de ralliement dans l’intervalle de la fermeture des écoles imposée par la pandémie du Covid-19, directeurs et enseignants s’accordent tous à exprimer l’importance de maintenir le lien avec les étudiants.

Tour d’horizon en paroles et en images.

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Une raison d'espérer

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Lutz Huelle

Les 1000 et 1 vies d’un T-shirt. Lutz Huelle a le confinement créatif. Pendant que la plupart de ses confrères s’emploient à confectionner des masques sanitaires, le designer de mode allemand basé à Paris improvise des tutoriaux filmés dans son atelier. Ciseaux en main et regard rieur, il partage le mode d’emploi pour transformer, par exemple, un simple T-shirt en un top sexy et drapé: «Pour toutes celles qui souhaitent libérer la Bianca Jagger en elles en sirotant une margarita vautrées dans leur canapé devant Netflix», dit-il. Sur sa page Facebook, il annonce un cinquième et dernier modèle en préparation, avant de se remettre à travailler sur sa prochaine collection dès lundi.

Facebook de Lutz Huelle (FR)

Dans les coulisses de la culture

La révision du droit d’auteur est entrée en vigueur. Parce qu’il n’y a pas que le coronavirus dans la vie, on vous parle de l’entrée en vigueur en toute discrétion de la révision de la Loi fédérale sur le droit d’auteur et les droits voisins. En effet, elle ne va pas moins impacter de manière considérable les artistes et autres protagonistes du milieu du divertissement. Les explications de Me Alain Alberini, avocat à l’étude Sigma Legal.

Heidi.news (FR)

Enregistrer gratuit, non merci! A part celui du directeur de l’Arsenic, l’autre coup de gueule de la semaine est la lettre au vitriol du pianiste Marc Perrenoud à Alexandre Barrelet, chef de l’Unité Culture pour la RTS, publiée sur la page Facebook du musicien. Enjeu: le «cadeau» que voulait faire la RTS à des musiciens professionnels: accéder au magnifique studio Ernest Ansermet à Genève, mais… gratuitement. «Je n’ai pas besoin de visibilité, j’ai besoin de payer mon loyer!» dixit Marc Perrenoud.

Tribune de Genève (FR)

Les comiques résistent. Le Caustic Comedy Club, petite Mecque du stand-up de Suisse Romande animé par Olivia Gardet et Emilie Chapelle, engage son combat pour la survie des humoristes locaux – et la sienne. La salle de Carouge se réinvente et ouvre sa scène sur les réseaux en conditions live. Les spectateurs reront virtuels: des tablettes posées sur les sièges! C’est Wary Nichen qui ouvre les feux, lundi 11 mai à 20h05. Sur YouTube live, inscription ici!

Caustic Comedy Club (FR)

«Je ne pourrai pas dire au revoir au public.» Jeudi 7 mai restera une journée particulière pour Anaïs Emery: la co-fondatrice et directrice du Neuchâtel International Fantastic Film Festival –le NIFFF pour les intimes– a annoncé son départ à l’aube de la 20e édition du festival, repoussée sous sa forme classique à 2021 en raison du Covid-19. En janvier 2021, Anaïs Emery prendra le poste de Directrice générale et artistique du Geneva International Film Festival (GIFF). Entretien.

Heidi.news (FR)

Coronavirus sur Heidi.news

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Ce que le pangolin a fait avec le coronavirus, peut-il le défaire? Des chercheurs ont découvert que le pangolin présente un système immunitaire qui détecte mal les virus à ARN, dont les coronavirus. Cette anomalie évolutive pourrait être un avantage pour le petit mammifère à écailles, considéré comme un hôte intermédiaire plausible de Sars-CoV-2 entre la chauve-souris et l’homme. Cela pourrait expliquer sa tolérance pour le virus et constituer une piste de recherche pour combattre les formes graves de Covid-19 qui s’avère particulièrement dangereuse lorsqu’elle provoque un orage de cytokines, une hyper-inflammation liée à une activation anormale du système immunitaire.

Heidi.news (FR)

L’application de l’EPFL testée dès le 13 mai. Lors de sa séance du 8 mai, le Conseil fédéral s’est penché sur quatre points urgents en vue du déconfinement du 11 mai: lancement de l’application de contact tracing DP3T, aide financière d’urgence pour les crèches, réouverture des restaurants et des frontières. C’est Alain Berset, conseiller fédéral en charge de la santé, qui est venu présenter ces décisions.

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Stop Suicide s’attaque à l’isolement post-confinement. Il y a 20 ans, ils n’étaient encore qu’une poignée de collégiens genevois en colère. Suite au suicide d’un camarade et choqués par le silence de l’établissement après ce décès, ils ont monté l’association Stop Suicide afin de briser le tabou et faire de la prévention auprès des jeunes. Aujourd’hui, l’association compte cinq professionnels, deux stagiaires, une cinquantaine de bénévoles et s’inscrit dans le programme national de prévention du suicide. Afin de fêter cette belle évolution, Stop Suicide organise une campagne de prévention spéciale de 8 mois, adaptée à la crise sanitaire actuelle, avec un volet sur l’isolement prévu en juin.

Heidi.news (FR)

Dépister Covid-19 grâce aux chiens? Nos meilleurs amis à quatre pattes pourraient s’avérer de précieux alliés dans la lutte contre le coronavirus. En France, un programme mené par des vétérinaires et des pompiers a démarré il y a quelques jours pour entraîner des chiens à détecter l’éventuelle odeur émise par les personnes atteintes par la maladie. Le responsable du programme nous explique.

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Tracer les contacts des nouveaux cas, le travail de fourmi des cantons. Le nombre de nouvelles infections du coronavirus a assez baissé pour que l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) demande aux cantons de pratiquer le «contact tracing» pour casser les chaînes de transmission du virus. Les enquêtes d’entourage seront obligatoires dès le 11 mai, tout comme les mesures d’isolement et de quarantaine. Heidi.news a fait le tour des six cantons romands pour savoir comment ils allaient procéder.

Heidi.news (FR)

Le coronavirus pourra-t-il être nvoqué comme cas de force majeure en as de litige? Le flou juridique généré par la pandémie du coronavirus et par les décisions du Conseil fédéral risquent de submerger les tribunaux de litiges. Les explications de Xenia Minder, ancienne juge au tribunal civil de Genève.

Heidi.news (FR)

Pas d’inscription obligatoire au restaurant. Toutes les annonces du Conseil fédéral ainsi que les grandes étapes de la pandémie en Suisse et dans le monde.

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