Bonjour, c’est Sarah à Paris, où la vague de coronavirus est arrivée. Pour éviter la saturation la France souhaite multiplier par trois le nombre de lits de réanimation. La course contre la montre est lancée.

Au programme ce soir: le coup de gueule d’un médecin face à la désorganisation des autorités, la question de l’accompagnement en soins palliatifs des malades trop âgés pour la réanimation, et la réorganisation des services d’imagerie médicale pour faire face à l’explosion du nombre de malades du Covid-19.

Sarah Sermondadaz, Genève
06.04.2020

Face à une maladie nouvelle, la difficile place du médecin

«Je ne peux pas être à la fois sur le front et en même temps trier la littérature scientifique.» Avant fin 2019, le monde ignorait encore tout de l’existence du virus SARS-Cov-2. Aujourd’hui, le pathogène est devenu responsable d’une pandémie mondiale. Malgré l’effort inédit de la communauté scientifique internationale en vue d’identifier des traitements ainsi qu’un vaccin, à ce jour, aucune recommandation claire n’a encore émergé. Quant aux directives des autorités, en France ou en Suisse, elles changent régulièrement au gré des avancées scientifiques et de l’inertie des administrations. Clélia* (identité et lieu de travail connus de la rédaction), médecin en EHPAD (l’équivalent français des EMS suisse) en France voisine, déplore les difficultés à tenir son rôle de médecin dans ces conditions.

«Je note une absence de consensus sur la diversité des symptômes, sur la prise en charge thérapeutique, sur le retour au travail de soignants positifs, lorsqu’ils sont asymptomatiques ou avec des symptômes légers… Je suis effarée de lire tout et son contraire. Cela montre que même plus de trois mois après le début de l’épidémie en Asie, certaines choses ne sont toujours pas claires. Or, certaines informations, comme la durée de vie du pathogène dans l’organisme, sur les surfaces et les matériels de protection médicale, sont cruciales pour prendre des décisions de prévention et notamment le retour des soignants au travail. En France et en Suisse, on préconise de reprendre le travail 48 heures après la fin des symptômes, alors que l’OMS préconise 14 jours après le début des symptômes. Du côté des autorités régionales, je suis aussi inquiète du manque de transparence. On n’a les informations qu’au compte-goutte, quand il y aurait a minima besoin d’un point hebdomadaire.

Dans tout cela, nous, médecins, perdons notre plus-value pour informer et rassurer les équipes de soins, et nos décisions thérapeutiques sont mises à l’épreuve. Voyez par exemple: on nous recommande de tester seulement les patients présentant des signes de gravité, à savoir des signes pulmonaires. Or de nombreux patients ne présentent pas de signes respiratoires: seulement de la fatigue, une rhinite, des maux de gorge ou la perte du goût et de l’odorat… Le récent virage à 180° des autorités françaises sur l’intérêt des masques pour toute la population est à cet égard éloquent. Se pose aussi la question de nos familles. Les soignants s’interrogent sur comment protéger leurs proches à risque: faut-il porter un masque lorsqu’on rentre à la maison? Devons-nous nous éloigner de notre famille, comme le font certains en se relogeant par exemple à l’hôtel?

Le problème, c’est qu’il suffit d’une semaine pour que la doctrine change, et nous perdons alors notre crédibilité auprès des patients. C’est extrêmement déstabilisant. J’ai hâte que certains essais cliniques en cours, notamment Discovery, livrent enfin leurs résultats, et qu’on y voie plus clair. Je ne peux pas être à la fois sur le front, et en même temps trier les nouveaux articles de la littérature scientifique pour me tenir à jour.» 

La vague de Covid-19 pose la question de l’accompagnement en fin de vie

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La difficile question des soins palliatifs. Face à la pandémie de coronavirus, les personnes âgées sont particulièrement à risque. Et encore plus particulièrement lorsqu’ils résident en structure spécialisée, qui peuvent vite se transformer en foyers de contagion. La semaine dernière, Sylvie, médecin en EHPAD (l’équivalent français des EMS) s’exprimait dans notre Point Coronavirus sur la bonne préparation de son établissement face à l’épidémie de Covid-19. Mais la situation évolue défavorablement. «Changement d’atmosphère total», a-t-elle depuis précisé, pudiquement. De nouveaux témoignages croisés, notamment celui d’une autre médecin en maison de retraite et d’une infirmière en soins palliatifs dans une autre région française frontalière de la Suisse, posent la question de l’accompagnement thérapeutique en fin de vie pour les patients âgés qui seront trop affaiblis pour supporter une intubation en cas de syndrome de détresse respiratoire aiguë. Et dessinent les choix difficiles que les soignants auront à faire, dans un contexte de tension sur l’approvisionnement de certains médicaments…

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A Paris, le témoignage d’une technicienne d’imagerie médicale

La réorganisation d’un scanner. Le Covid-19 peut provoquer des complications pulmonaires graves. A cet égard, l’imagerie médicale, et en particulier le scanner, tiennent une place à part dans le suivi de la maladie. Au point que dans certains pays a pu se poser la question de l’intérêt du scanner pour confirmer le diagnostic de la maladie. Si la Suisse privilégie pour l’instant le dépistage par PCR, réservant l’imagerie au suivi de cas confirmés, certains hôpitaux parisiens voient la fréquentation de leurs appareils de tomodensitométrie exploser face au manque de tests. Céline* (identité et lieu de travail connus de la rédaction), technicienne en imagerie médicale à Paris, témoigne sur la situation.

«Nous sommes une profession assez méconnue en France, nous ne sommes que 35’000, c’est une goutte d’eau par rapport aux confrères infirmiers. Contrairement à ce que l’on peut penser dans l’inconscient collectif, ce ne sont pas les infirmiers qui se chargent des manipulations radio, mais les techniciens en imagerie médicale. Nous travaillons dans ce qu’on appelle l’imagerie diagnostique, qui regroupe les radiographies, les scanners, l’IRM, les échographies, mais aussi la médecine nucléaire: scintigraphie, TEP scan, radiothérapie… Depuis l’an dernier, notre profession connaît un mouvement de grève national, car nous sommes souvent les grands oubliés au sein du milieu médical.

Pour ma part, je travaille sur plusieurs postes: radio, IRM, scanner, contrôle radio directement au bloc opératoire, ou au lit du patient… Je suis l’une des référentes de l’organisation scanner de mon hôpital mis en place pour les patients Covid. Actuellement, nous prenons en charge une soixantaine de patients par jour, dont plus de 90% sont des positifs confirmés ou suspectés. Cela fait un patient toutes les 12 minutes, c’est tendu! C’est toute notre organisation qui a dû changer. Tous les autres examens ont été déprogrammés, hormis certains cas particuliers, comme les patients en cancérologie qui nécessitaient un nouveau scanner avant une nouvelle chimiothérapie ou certains patients suivis en infectiologie. Comme l’hôpital a libéré beaucoup de lits en anticipation du coronavirus, de nombreux examens ont été reportés, que ce soit en radio, scanner ou IRM, nous ne savons par encore à quand. On a toujours eu une grosse activité en scanner. La différence aujourd’hui, c’est que les urgences ne sont plus encombrées par la bobologie.

Nous ne faisons désormais quasiment plus que des scanners du thorax, en basse dose pour limiter les niveaux d’irradiation. Selon les directives de la Société française de radiologie, la radio thoracique au lit pour le Covid-19 n’est pas utile, mais comme il existe des comorbidités avec d’autres pathologies, nous en pratiquons quand même. Et même si nous ne sommes pas supposés utiliser le scanner à des fins de dépistage, nous ne faisons malgré tout que ça, car les hôpitaux manquent de tests PCR. Surtout, le scanner permet de confirmer le diagnostic lorsque la PCR donne un faux négatif.»

Une raison d'espérer

L’Autriche annonce ses premières mesures pour sortir du confinement. En Autriche, les petits commerces devraient pouvoir rouvrir le mardi 14 avril, après les fêtes de Pâques, a annoncé le gouvernement ce lundi. Les autres commerces suivront mi-mai, tandis que les hôtels et restaurants devront attendre fin mai. Les manifestations restent interdites jusqu’à la fin du mois de juin au moins. Quant aux restrictions de sortie pour la population, elles demeurent en vigueur jusqu’à fin avril. Le gouvernement a également décidé de rendre le port du masque obligatoire dans les transports publics.

Der Standard (DE)

Le coronavirus sur Heidi.news

Un logiciel de l’EPFL facilite le partage des données entre pays. MedCo se fonde sur neuf ans de recherche. Ce logiciel, développé dans le laboratoire pour la sécurité des données (LDS) de l’EPFL en collaboration avec le CHUV, offre la possibilité aux chercheurs d’effectuer des calculs sur des bases de données médicales décentralisées sans décrypter les données et sans les transférer, protégeant ainsi la vie privée des patients. Le logiciel vient d’être déployé dans les hôpitaux universitaires de Lausanne, de Genève et de Berne.

Heidi.news (FR)

Hackathon #VersusVirus: coopération et solidarité au coeur de l’innovation. Les équipes du hackathon en ligne #VersusVirus se sont mises au travail afin de mettre en oeuvre leurs idées destinées à aider la Suisse à passer la crise pandémique actuelle. Au fur et à mesure que les projets prennent forme et que le temps passe, les besoins deviennent plus précis.

Heidi.news (FR)

Le modèle suédois donne des signes de faiblesse. Seul pays européen à ne pas avoir adopté des mesures de confinement, la Suède donnait l’impression jusqu’à présent d’être capable de maintenir une activité économique et scolaire normale. Mais certains signes indiquant que le taux de mortalité (6830 cas confirmés, 401 morts) augmente plus vite dans le pays que chez ses voisins scandinaves, mettent le gouvernement social-démocrate de Stefan Lofven sous pression.

Heidi.news (FR)

L’employeur qui a demandé une réduction de travail doit-il payer l’intégralité du salaire? La crise du coronavirus met de nombreuses entreprises et salariés en grande difficulté. Des mesures de soutien ont été décidées et connaître ses droits est plus important que jamais. Heidi.news crée un nouvel espace de questions-réponses juridiques, en partenariat avec l’étude d’avocats SIGMA LEGAL. Posez-vos questions à l’adresse redaction@heidi.news

Heidi.news (FR)

Pourquoi le pays des pharmas est-il si nul face au corona? La rencontre de Géraldine Savary avec le patron de Debiopharm. Toutes les deux semaines, elle contribue à Heidi.news au travers d’une rencontre afin de dessiner, article après article, une constellation de personnalités dont le tracé serait totalement subjectif, aléatoire et transparent.

Heidi.news (FR)

Le garage des ambulances du CHUV transformé en hôpital. Porte d’entrée du dispositif hospitalier, le Service des urgences du CHUV à Lausanne a dû être adapté. Objectif: être en mesure d’absorber une éventuelle vague de patients touchés par le Covid-19. Reportage au garage, où les lits ont remplacé les ambulances.

Heidi.news (FR)

Encore un mois sans soutien-gorge. Le confinement aurait dû prendre fin vendredi 3 avril en Italie, mais il est possible qu’il dure encore plus d’un mois. Comment cette réclusion affecte-t-elle nos vies intimes? C’est la question à laquelle Gea, notre correspondante à Milan, s’efforce de répondre en publiant des bribes de messages échangés entre amis.

Heidi.news (FR)

Plus de 21’000 cas en Suisse. Les grandes étapes de la pandémie de coronavirus, mis à jour quotidiennement…

Heidi.news (FR)

Sarah Sermondadaz est journaliste scientifique pour Heidi.news et chef d’édition du flux sciences. Pour lui écrire, c’est par ici.

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