Bonjour, c’est Alexandre pour vous parler de culture et de poésie en temps de Covid avec le témoignage de l’artiste Flynn Maria Bergmann. Faisons également un tour d’horizon des salles de cinéma en Suisse romande deux semaines après leur réouverture.

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Alexandre Lanz, Lausanne
19.06.2020

Un poète face au Covid : le souffle de l’intime et de l’universel

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Flynn Maria Bergmann chez son éditeur art&fiction à Lausanne. Photo: Alexandre Lanz

«Inspirer, expirer, prendre son souffle à l’intérieur de soi avant de le redonner à l’extérieur. Pour moi, le confinement et le déconfinement correspondent exactement à ça: aller vers soi pour aller ensuite vers les autres et tenter d’y trouver un équilibre.» Le poète et plasticien vaudois Flynn Maria Bergmann me reçoit chez son éditeur lausannois art&fiction en ce début d’été. Au moment où paraît son FlynnZine #2, dans lequel il rend un hommage sans fard et bouleversant à sa mère disparue en 2018, l’artiste de 51 ans esquisse des parallèles entre sa vie personnelle et le monde chaotique dans lequel il vit: «Concrètement, j’ai lié la pandémie mondiale du Covid-19 qui attaque en particulier le système respiratoire à l’existence de ma maman qui souffrait de problèmes pulmonaires et me répétait souvent son impression de se noyer, de suffoquer littéralement, les derniers mois de sa vie.» Mis entre parenthèses comme tout le reste pendant les premiers mois de l’année 2020, les enjeux écologiques témoignent eux aussi de notre planète à l’asphyxie selon lui.

Pour l’artiste, tout s’entremêle: l’urgence climatique, le statut des femmes dans la société, la question du racisme et le virus qui a tout figé sur son passage. «Ces thématiques forment un ensemble et tissent des liens. C’est toujours le même propos, une histoire de violence, d’autorité, de manque d’amour et d’attention à l’autre. C’est très intéressant de questionner l’autorité, avec tous ces feux qui s’embrasent au même moment par rapport aux injustices liées à la couleur de la peau, au genres, aux vieux mecs blancs qui détiennent le pouvoir à Hollywood. On assiste à une solidarité mondiale qui tend à se mettre en place. Je vois tous ces jeunes qui se bougent, je trouve ça plein de promesses et d’espoir, dit-il. C’est quand même incroyable qu’une toute jeune fille, Greta Thunberg, réussisse à éveiller les consciences partout dans le monde. Le temps est venu de s’auto-responsabiliser, de cesser de voir le système de façon archaïque et pyramidal pour atteindre quelque chose de plus subtil, pluriel, et que la voix de chacun ait la même valeur.»

Flynn Maria Bergmann fait partie de ces figures qui ne passent pas inaperçues à Lausanne. Polyvalent, c’est aujourd’hui le poète qui s’exprime avec tout ce que cela implique comme tribut: l’acuité d’un ultra-sensible, l’intensité d’un écorché et le tempérament d’un «bad boy» à fleur de peau, qu’il a très tatouée. «Je n’ai pas vécu le confinement comme une mauvaise chose, je suis assez attiré par la délicatesse du monde intérieur. Se replier sur soi-même ne signifie pas forcément une restriction de liberté», confie-t-il avant de préciser: «Lorsqu’on a été confiné, j’ai observé une fois de plus la virulence de cet autre virus, l’addiction à la machine.» La machine, ou plutôt les écrans sur lesquels se fracassent les projections humaines au fil des médias sociaux. Il sort et lit un extrait du texte qu’il avait écrit pour le spectacle Blabla data machine au Théâtre La Grange de Dorigny – Université de Lausanne en janvier 2020. «Je suis une machine, une machine poésie qui depuis sa naissance cherche à débrancher l’avenir pour embrasser l’éphémère beauté d’une respiration. Qu’est-ce qu’une machine poésie peut faire contre une machine monde? Rien. Être engloutie, diluée, détournée, référencée, simplifiée, régurgitée, assassinée. Tu likes ma photo, tu m’aimes. J’existe. Merci. Tu laisses un commentaire, nous sommes amis. J’existe. Merci. Tu partages mon événement, tu crois en moi. Merci. J’existe. Être des junkies, c’est ça qu’on veut? Plus besoin d’héroïne, de crack, de pills, d’alcool. Trop cool. Juste besoin de wifi. Data Detox. Non merci. Data Detox. Plutôt crever. Ma tendresse qui s’écrase comme un avion sur vos écrans d’ordinateur, je n’ai que ça à t’offrir, à vous offrir».

Au contraire, il y trouve son inspiration, son souffle. Sorte d’OVNI artistique et éditorial, le FlynnZine #2 se déploie en grand format sur des pages remplies de lettres pyrogravées, ponctuées des dessins RIP K7 de l’artiste valaisan Alexandre Loye et sublimées par les photos réalisées par sa fille de 22 ans Tennessee MacDougall, artiste elle aussi. Au cœur des temporalités différentes créées par les mots écrits, les images et les cassettes, «ces objets fétiches du temps perdu, comme une relique d’une époque», s’élève le dialogue intime et essentiel entre la vie et la mort avec sa mère défunte. «En écrivant cette histoire avec du feu sur du bois, j’ai beaucoup pensé à ces moines qui passaient leur vie à recopier, à faire des enluminures. C’était une expérience proche de la prière, confesse-t-il. C’est comme des étincelles et des cendres qui seront toujours là. Je suis très ému par les trois photos de ma fille, exceptionnellement belles. Sur l’une d’elles, on sent la présence de ma mère laissée par l’empreinte de son corps sur un coussin du canapé.» Il se souvient d’une nuit particulière: «J’ai écrit la dernière page dans la maison de ma mère, j’avais accroché des dizaines de radiographies de ses poumons sur la baie vitrée, la lumière passait à travers les parties les plus claires comme les vitraux d’une cathédrale. Cet ouvrage est pour moi une manière de retenir une mélodie. Celle de la voix de ma mère qui me dirait les choses qu’elle n’avait jamais réussi à me dire de son vivant.»

Vernissage du FlynnZine #2 lors de l’événement SummerBooks sur réservation au Kiosque d’art&fiction à Lausanne, samedi 20 juin, de 11h à 21h

«Le plaisir de revenir en salle», le public répond présent dans les salles de cinéma

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La salle de cinéma Studio à Neuchâtel. Photo: Schwab-System

Samedi 6 juin, les cinémas pouvaient à nouveau accueillir leurs spectateurs après trois mois de fermeture dûs au Covid-19. Bonne nouvelle: malgré les mesures de sécurité, la programmation restreinte et la capacité des salles réduite à 50%, cela n’empêche pas l’élan du public de retourner voir des films sur grand écran.

Edna Epelbaum exploite des salles dans les villes de Neuchâtel, La Chaux-de-Fonds, Bienne, Delémont et Berne. Elle raconte: «Certaines séances affichent ‘sold-out’. Certains sont venus trois fois durant la première semaine et d’autres sont venus voir des films qu’ils ne verraient pas en temps normal, uniquement pour le plaisir de revenir en salle».

Deux semaines après la réouverture de la plupart des salles dans le pays, les exploitants romands se disent satisfaits de la fréquentation, tout en soulignant que cela ne sera pas viable au long terme. Pour attirer le public, ces derniers organisent des projections événementielles enrichies de rencontres avec les réalisateurs ou de concerts intimistes. Tour d’horizon et prise de température.

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Deux raisons d'espérer

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Sculpture de Trix & Robert Haussmann. Photo: Sculpture Garden

Des sculptures en plein air. Après sa première édition en été 2018, la biennale Sculpture Garden se tient pour la deuxième fois de mi-juin à fin septembre au cœur de Genève. «Pour cet été 2020 très particulier, marqué par la pandémie et l’annulation des festivals, Sculpture Garden, en permettant des promenades, démontre s’il le fallait la pertinence de la présence de l’art dans l’espace public», commente Sami Kanaan, Conseiller administratif en charge de la culture et du sport. Initiée et organisée par artgenève en collaboration avec le MAMCO et la Ville, l’édition 2020 présente une trentaine de sculptures de grand format, dont de nombreuses produites expressément pour l’exposition par de jeunes artistes. La durée de l’exposition sera rythmée par l’irruption d’œuvres nouvelles tout au long de l’été.

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Dansons, maintenant! Scène Danse Virtuelle Genève organise dès aujourd’hui un événement de performances live en ligne réunissant 60 artistes sur trois jours, jusqu’au 21 juin. Connus et moins connus, avec une diffusion à l’international ou spécifiquement locale, en danse contemporaine pure ou tissant des liens étroits avec la musique, les arts plastiques, l’écriture, les danses urbaines, le tango, ou encore le cirque contemporain, tous ont un lien avec Genève: qu’ils y vivent, y travaillent, y ont étudié, lancé leur compagnie ou encore entretiennent des liens étroits avec cette ville et leurs artistes.

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Pendant ce temps sur Heidi.news

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VIDÉO - L’attaque d’un virus expliquée par la Casa de Papel Un virus, comme la grippe, la varicelle, le VIH ou le SARS COV 2, c’est un organisme microscopique, qui ne peut se reproduire avec les autres membres de son espèce. Il a besoin, pour ce faire, d’utiliser la machinerie cellulaire d’un autre organisme. Un virus a donc le besoin impérieux d’infecter un hôte. Il lui faut, de ce fait, pénétrer à l’intérieur d’un organisme. Or, un organisme, le nôtre par exemple, c’est une véritable une forteresse encore mieux gardée que ne l’est La Fabrica de la Moneda y Timbre de la Casa de Papel. Pour comprendre comment ça se passe, regardez ce nouvel épisode de PopScience, l’émission de Heidi.news qui utilise le meilleur de la pop culture pour expliquer les bases des plus fascinants (mais parfois très complexes) concepts de la science.

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«Nous pouvons lever presque toutes les restrictions dès le 22 juin.» La situation extraordinaire se termine ce 19 juin sur de bonnes nouvelles de la part du Conseil fédéral. Les assouplissements se poursuivent rapidement comme l’ont annoncé Simonetta Sommaruga et Alain Berset. La quatrième étape du déconfinement débute dès lundi 22 juin.

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Comment le smartphone change (aussi positivement) la vie. Dans un livre numérique qui sort en libre accès ce vendredi 19 juin, le professeur à la Haute École d’art et de design (HEAD) à Genève, Nicolas Nova, spécialiste de l’histoire des cultures numériques, s’est penché sur la transformation de notre quotidien par les smartphones. Il revient en particulier sur les poncifs (perte de l’attention, addiction, isolement…) qui entourent le discours sur ces usages pour révéler des transformations sociales qui apportent aussi leur lot de progrès et de surprises.

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Quelles étaient les chances de croiser un porteur de Covid-19? Les modèles épidémiologiques sont bels et bons, mais peinent parfois à éclairer la réalité qui nous entoure. Un lecteur nous le rappelle judicieusement en nous adressant cette question frappée au coin du bon sens: «Au pire moment de la pandémie à Lausanne ou à Genève, dans une foule de 100 personnes (train, magasin, etc.), quel était le risque approximatif d’être en présence d’une personne infectée ou contaminante? Ou sur les personnes passant devant un caissier de magasin, quel pourcentage approximatif était infecté ou contaminant?» La réponse d’Yvan Pandelé, journaliste (grand-genevois) au Flux Santé.

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Les oisillons chouettes ont le sens du partage. Chez les chouettes effraies, les aînés de fratrie peuvent se montrer altruistes et partager leur nourriture avec leurs cadets. C’est ce que viennent de montrer des chercheurs de l’Université de Lausanne dans une étude publiée le 10 juin dans la revue The American Naturalist.

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Le CERN valide l’intérêt d’un nouvel accélérateur. La mise à jour de la stratégie européenne en physique des particules, initiée en 2018, était attendue de longue date. Le conseil du CERN l’a dévoilée ce 19 juin 2020. A la clé, de grandes attentes envers le projet High-Luminosity LHC, qui vise à améliorer les performances de l’accélérateur phare du CERN et à en étendre la durée de vie jusqu’à 2038. Mais aussi la possible construction d’un nouvel accélérateur, envisagée dès 2048, qui permettrait de produire davantage de bosons de Higgs (découverts en 2012, à l’origine d’un prix Nobel) et de faciliter leur étude…

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