Bonjour, c’est Sarah pour votre parler de sciences. Ce soir, le climat est à l’honneur, avec la reprise du parcours parlementaire (et du combattant) de la loi sur le CO2. Egalement au programme, un entretien sur la justice climatique avec le philosophe suisse Michel Bourban.

Et si vous avez encore le temps, une histoire surprenante, celle des saumons d’Alaska qui rétrécissent à cause du changement climatique!

Sarah Sermondadaz, Genève
07.09.2020

«L'urgence climatique peut plonger le citoyen dans une situation de dissonance morale»

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SALVATORE DI NOLFI/KEYSTONE

Michel Bourban est chercheur en philosophie, auteur d’un essai publié en 2018 intitulé «Penser la justice climatique». Alors que 2019 avait vu essaimer dans le monde les grèves étudiantes pour le climat, lancées en août 2018 par Greta Thunberg, ainsi que le mouvement Extinction Rebellion, créé la même année au Royaume-Uni, comment penser la justice climatique à la lumière des défis actuels? En 2020, ces enjeux ont été mis en sourdine par la crise du Covid-19. Et pourtant, l’urgence demeure.

Heidi.news — Quels sont les concepts intellectuels à mobiliser pour comprendre ce qu’est la justice climatique?
Michel Bourban — La justice climatique se trouve à la fois sur le terrain de l’éthique et de la philosophie politique. L’éthique s’intéresse à la façon dont les choses devraient être. La description du monde, elle, est issue des observations scientifiques comme celles du GIEC. La philosophie politique permet d’articuler ensuite les approches individuelles et collectives en tant que moyens d’action. L’enjeu, c’est de construire des outils qui permettent de penser les injustices climatiques et de proposer des réformes institutionnelles justes et faisables.

Dans mes travaux, je m’intéresse aux droits humains, tels que le droit à la vie, à la subsistance, à la santé… On réalise que ces droits sont menacés par le changement climatique, à travers des phénomènes extrêmes comme la survenue plus fréquente d’ouragans, d’inondations ou encore de sécheresses dans certaines régions du monde. Il nous faut penser ces inégalités à partir des données scientifiques factuelles comme celles du GIEC, mais également à travers des réflexions philosophiques qui partent des principes de justice. Par exemple le principe de non-nuisance, qui avance qu’il ne faut pas nuire à autrui et réparer les dommages déjà causés, et qui s’articule avec celui du pollueur-payeur.

Quel sera l’impact de la crise du Covid-19? D’un côté, elle pourrait faire émerger un véritable «principe responsabilité» intergénérationnel, en généralisant au climat le souci de ne pas risquer de contaminer autrui. De l’autre, une posture de relance trop centrée sur l’économie pourrait nous faire rater le coche de la transition climatique…
A moyen terme, la crise du Covid-19 a certes entraîné une réduction des émissions de CO2 pour 2020, mais risque d’entraîner un rattrapage conséquent sur les années suivantes, tant que le changement ne porte pas sur les infrastructures énergétiques. A plus long terme, les plans de relance économique risquent de nous placer sur une trajectoire dangereuse. Le risque, c’est de se trouver ensuite sur une trajectoire climatique qui favorise l’émergence de nouvelles crises sanitaires, puis économiques… Lors de la crise financière de 2008, nous avions également une fenêtre d’action, qui a été manquée.

En ce sens, la crise de 2020 est un test: comment allons-nous réagir? Allons-nous prendre nos responsabilités? Non seulement envers nous-mêmes, mais également nos descendants, les autres humains qui vivent ailleurs sur cette Terre? Pour l’instant, il est trop tôt pour le dire! Les tendances sont contrastées: d’un côté, les pays européens tendent à conditionner l’octroi de prêts aux entreprises à des engagements en faveur des énergies renouvelables. Mais la Chine et surtout les Etats-Unis suivent le chemin inverse.

La justice climatique pose un problème concret: l’adaptation des droits nationaux. En Suisse, l’exemple de la loi CO2 qui traîne en longueur est emblématique: obtenir un consensus politique pour légiférer se révèle compliqué. Comment penser et dépasser ce problème?
Tout ce qui touche à l’environnement révèle de profonds clivages politiques entre la gauche et la droite, qui ont des valeurs très différentes sur ce point. Ce qui est difficile à concilier, c’est le poids accordé aux droits des individus à poursuivre leurs projets de vie, qui balayent tous les autres droits, et notamment les droits humains d’autrui. Alors que le droit absolu n’existe pas! C’est ce que nous apprend le philosophe John Rawls, qui s’inscrit dans une posture libérale, au sens américain du terme.

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Le climat sur Heidi.news

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Hagerty Ryan, USFW

Ces saumons qui rétrécissent. Sur les cinq espèces de saumons du Pacifique qui remontent les cours d’eau en Alaska, quatre ont rétréci au cours des 60 dernières années. Une question de taille due à l’âge: les saumons remonteraient de plus en plus jeunes dans les rivières de leur naissance. Parmi les causes identifiées: le changement climatique et une compétition en hausse pour les ressources alimentaires.

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Le Conseil des Etats doit délibérer ce lundi 7 septembre sur les derniers désaccords qui subsistent sur le texte de la loi sur le CO2. Si des divergences persistent encore à la fin de la séance, le texte repartira directement au National le 10 septembre, avant de revenir enfin le 17 septembre à la chambre haute, puis pour le vote final le 18 septembre. Ce texte, jugé trop contraignant par les uns, pas assez ambitieux pour les autres, est pourtant essentiel pour que la Suisse respecte ses engagements pris lors de la signature de l’Accord de Paris en 2015. Ce nouveau jeu de ping-pong parlementaire n’est que le reflet du destin connu par le texte depuis les deux dernières années. Rétrospective.

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Extinction Rebellion agite le Royaume-Uni. Le groupe activiste Extinction Rebellion a (re)mis la question du climat à l’agenda de la rentrée britannique. Avec des actions hautes en couleurs, entre marches anti-gouvernementales et blocages routiers, et même l’occupation de deux imprimeries en charge des éditions du Sun, du Times, du Daily mail et du Daily Telegraph pour empêcher la distribution des titres. Au terme d’une semaine houleuse, le gouvernement britannique a demandé au ministre de l’Intérieur d’envisager de catégoriser Extinction Rebellion en tant qu’organisation criminelle.

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Une raison d'espérer

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Une coronapiste à Genève | MARTIAL TREZZINI/KEYSTONE

Le vélo continue de progresser à Genève. Les deux postes de comptage permanents situés à l’avenue d’Aïre et au quai Ernest-Ansermet ont dénombré 236’282 cyclistes au cours des vacances scolaires, contre 193’799 pour la même période de l’an dernier. Il s’agit d’une hausse de 22%, précise le Département des infrastructures du Canton. De quoi démontrer l’intérêt des pistes cyclables temporaires mises en place pour faire face à la crise du Covid-19 au mois de mai.

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Sciences, séance de rattrapage

Si vous les aviez ratés, voici quelques articles publiés ces derniers jours sur le Flux Sciences.

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En dépit de sa petite taille, la Suisse est le cinquième pays européen à bénéficier des financements pour la recherche d’excellence. | Institut Rathenau

La recherche européenne menacée de gel budgétaire. Depuis sa création en 2007, le Conseil Européen de la Recherche finance des recherches sur la base de leur excellence scientifique (et non pas sur la base des contributions nationales au budget européen de la recherche). Ce mécanisme est la grande «success story» du financement de la recherche européenne. Cette année, la Suisse a obtenu 34 bourses «ERC Starting Grants», dédiées aux jeunes scientifiques, sur 436 au total. Mais aujourd’hui, le Conseil redoute que les coupes budgétaires envisagées dans le cadre du prochain programme Horizon Europe ne stoppent son expansion.

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Les eaux usées peuvent-elles propager le coronavirus? On ne sait pas très bien comment les virus infectieux survivent dans les eaux usées, car ils y sont très durs à détecter. Depuis les débuts de l’épidémie, une équipe de l’EPFL s’intéresse d’ailleurs à la détection du SARS-Cov-2 dans les eaux usées, et de son intérêt épidémiologique. Qu’en est-il de leur potentiel infectieux? Les eaux usées suisses ne présentent probablement pas de danger, mais plusieurs questions demeurent. Un article initialement publié en allemand par notre partenaire éditorial Higgs.ch, traduit en français par Heidi.news.

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Arnaques, crimes et botanique. On adresse souvent ses condoléances avec des fleurs. Les espèces botaniques, en retour, pourraient bien révéler des informations inédites sur la mort, fort utiles dans le contexte d’enquêtes criminelles par exemple, avancent des chercheurs de l’Université du Tennessee. Ces derniers imaginent déjà les espèces végétales montrer aux enquêteurs scientifiques où chercher un cadavre… Un scénario tout droit sorti d’un épisode des Experts, et inenvisageable aujourd’hui, qui esquisse malgré tout des pistes de recherche.

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Le succès du vélo électrique. Au cours de la dernière décennie, un nouveau véhicule s’est répandu sur les routes suisses: le vélo électrique. Un vélo neuf sur trois est maintenant équipé d’un moteur, et les personnes âgées ne sont plus les seules à profiter de l’assistance au pédalage. Une révolution dans les modes de transport urbains? Pas si simple. Depuis les débuts de l’épidémie de Covid-19 en Suisse, la circulation des vélos a largement augmenté, au vu de ses avantages en temps de crise sanitaire. Higgs.ch revient sur ce phénomène dans cet article que nous avons traduit en français.

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Une membrane pour tuer les bactéries. La pandémie de Covid-19 n’a pas fait disparaître d’un coup de baguette magique les autres maux. Bonne nouvelle: pour combattre les infections bactériennes directement dans une plaie, des chercheurs de l’Empa (Laboratoire d’essai des matériaux à Dubendorf) ont développé des membranes cellulosiques dotées d’éléments protéiques antimicrobiens. Les premiers résultats le montrent: ces membranes de matière végétale tuent les bactéries de manière extrêmement efficace.

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Estuaires menacés. Aujourd’hui, 21 des 30 plus grandes agglomérations au monde sont installées à proximité d’un estuaire. Or, ces environnements sont mis en danger par l’élévation du niveau des mers, qui pourrait atteindre un mètre d’ici 2100 d’après le dernier rapport du Giec sur les océans. Cette montée des eaux modifie significativement la force des vagues, des marées et des tempêtes en bordure de mer, et entraîne une augmentation des risques d’inondation et d’érosion.

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La Chine dans les pas de SpaceX. Les médias officiels chinois ont annoncé le tir et la récupération du premier vaisseau spatial non habité réutilisable du pays. Alors que l’entreprise américaine SpaceX en a fait l’un de ses atouts, la Chine entend démontrer que son programme spatial ne cède en rien aux accomplissements des États-Unis, qu’ils soient publics ou privés.

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Pendant ce temps sur Heidi.news

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Amal Djaili Amadou | DR

Littérature féministe, ou l’art d’«être la voix de celles qui n’en ont pas». En 2017, l’auteure camerounaise Amal Djaili Amadou publie «Munyal, les larmes de la patience» aux éditions Yaoundé. Le dernier roman d’une série d’ouvrages qui racontent les femmes, les violences qu’elles subissent et les atteintes à leurs droits. Un combat débuté en 2010, à la publication de son premier roman. C’est pour parler d’engagement au féminin que Amal Djaili Amadou était présente à Morges, dans le cadre du festival Le livre sur les quais. Une interview vidéo à retrouver sur Heidi.news.

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Entretien avec Alexandra Calmy. Alexandra Calmy, médecin infectiologue, est responsable de l’Unité VIH/sida aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Elle a connu Ebola en Sierra Leone et a été en première ligne dans la lutte contre le coronavirus. Elle revient sur son expérience de ce printemps,entre doutes et humilité, et avec franc-parler, n’hésitant pas à lancer: «J’avais honte quand nous étions applaudis le soir».

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Portrait-robot du militant anti-masque. Femme, libertaire, complotiste… un chercheur en sciences sociales français s’est penché sur le profil des militants anti-masques, en interrogeant 1000 abonnés à des groupes Facebook dédiés. Il en dresse un portrait-robot largement repris dans la presse hexagonale.

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L’ouverture du Festival Images Vevey en met plein la vue. Images Vevey, c’est parti! Au programme de cette 7e édition estampillée Stefano Stoll, les propositions inédites de 59 artistes de 17 pays différents sont à découvrir gratuitement, en plein air comme en intérieur. A voir jusqu’au 27 septembre. Pour le coup d’envoi, discours très applaudi du directeur Stefano Stoll pour un festival organisé dans des conditions plus qu’acrobatiques: avec une équipe de 40 personnes, c’est le premier festival de sortie de confinement avec le Livre sur les quais de Morges, dont Heidi.news est également partenaire

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Les grandes étapes de la pandémie. Le point sur les chiffres en graphes et en cartes, et le rappel des grandes étapes de la crise du Covid-19 en Suisse.

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Sarah Sermondadaz est journaliste scientifique et responsable du Flux Sciences pour Heidi.news. Pour lui écrire, c’est par ici.

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